Supplément a LA LUTTE-DE STRIJD
DU 3 OCTOBH.E 1898.
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Feuilleton du journal liLaLutte-De Strijd
32
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JEAN CHALON.
Maintenant les chantres au jubé entonnaient
le Dies irae et les prêtres officiants s'étaient
assis sur trois fauteuils de velours, en face du
curé de B., toujours debout. Entre celui-ci et
ceux-la, Georgette demeurait aussi immo
bile que la sainte Thérèse de platre sur elle
se fixaient avec une intensité extraordinaire
les regards de Jacques et d'Hélène, caressarit
la soie des épaules, chercbant a retrouver sous
le voile et sous la couronne blanche les traits
de leur fille qu'ils ne distinguaient pas, mais
qu'ils se rappelaient si bien... Depuis long-
temps, ces regards elle les ignorait... Cepen-
dant son père, en une sorte de délire froid, se
figurait que,sa volonté allait s'accomplir, que
la novice allait crier a ces prêtres noirs qui
chantaient pour elle, a ce cloitre qui l'atten-
dait et oü devaient s'ensevelir sa beauté, sa
jeunesse, il se figurait qu'elle allait crier
Non Je ne veux plus qu'elle allait fouler
aux pieds sa couronne et sou voile, se jeter
dans ses bras, demander pardon a sa mère...,
Le chant de l'office des morts se dérouluit
Dies irce, dies illa.
Solvet scecliim in favilla,
Teste David cum Sybilla...
L'orgue l'accompagnait grave, d'une inter
minable phrase mélodique, revenant en volu
tes, se modifiant. Sur les femmes ignorantes
du latin, la musique seule, dëbilitante, agis-
saitles prêtres, qui auraient pu saisir le sens
des phrases, pleines de lamentations et de ter-
reurs, les prêtres, émousses par la routine de
leur métier, ne donnaient aucune attention ni
aux paroles ni a l'harmonie, et la plupart
continuaient a regarder devant eux la muratlle
sans pensée...
Quantus tremor est futurus
Une buée flottait devant les yeux d'Hélène
les murs de la chapelle oscillaient autour
d'elle, et s'inclinaient avec des remous d'o-
céan des gouttes de sueur perlaient a son
frontelley porta la main, se 'sentant défail-
lir, et elle fit un grand effort pour respirer
elleeütvoulu pleurer, se déehirer les vête-
ments... une masse énorme, un écrasement de
cauchemar pesait sur elle... Tout a coup, le
chant s'éteignit, et un bruit de chaises
s'éleva les assistants s'asseyaient le sermon
allait commencer.
Dans la chaire parut le père Abdomer, pro
vincial des earmes, un homme superbe sous
son manteau bianc, rasé de frais, jeune, por-
tant une couronne de eheveux noirs trés drus.
D'un geste circulaire, il parut apaiser le tu-
multe un grand silence se fit, et de suite il
commenca a citer un texte de 1'Evangile
Quiconque aura quitté sa maison, ou-
ses frères, ou ses sceurs, ou son père, ou sa
mère, ou sa lemme, ou ses enfants, ou sou
champ a cause de mon nom, il en recevra
cent fois autant et héritera la vie éternelle
Sainte Paule abandonna quatre de ses enfants,
et avec sa fille Eutochium, elle alia a Bet'li-
léem et en Palestine fonder plusieurs couvenls.
Elle distribua sa grande fortune aux pativres
eta ces couvents, et laissa ses enfants char
gés de dettes. Pour cette noblê conduite,
l'Eglise la reQut au nombre des él us, dans la
gloire éternelle. Saint Alexis, qui élait ties
riche. instruisit sa femme dans la chastelé,
puis il Tabandonna et alia vivre dans un cou-
vent.
Sur le satin blanc de la robe de Georgette,
un rayon de soleil tombait obliquement, y fai-
sait courir des moires, des irisations, des bou
les de lumtère mourant aux plis, se poursui-
vant et toujours renaissantes. Elle aussi s'était
un peu déplacée alors on put la voir de pro
fil, exsangue, on l'eüt dite morte...
Dans sa tète, Jacques croyait senlir la chute
de grandes eaux, des eaux d'un fleuve inta-
rissable, avec un bruit qui l'assourdissait. La
parole de l'orateur lui était douloureuse, mille
coups d'aiguilles, un tatouage moral.
Si vos parents, disait le carme, vous
commandent une chose et votre conscience,
c'est-a-dire la vocation, c'est-a-dire la vo
lonté de Diett, une autre, vous devez obéir a
Dien et a nous, ses ministres. 11 faut obéir au
prêtre, même quand il est de mauvaisè vie. Si
pour leur malheur, vos parents vous ordon-
nent des choscs contraires a la foi, ou simple-
ment contraires a votre vocation, n'en tenez
aucuu compte ayez pitié d'eux, priez pour
eux ct venez avec nous (2).
Jacques se retenait d'injurier ce beau moine,
de se livrer a queique violence... mais alors
on l'eüt expulsé, lom de sa fille, qu'il voyait
pour la dermère fois, qu'il ne verrait plus
dans peu d'instants ii serrait par un spasme
les macboires, et ses tempes se gonflaient...
Mes sceurs, continuait le père, Notre-
Seigneur Jésus-CIirist place la lot divine au
dessus des liens terrestres de la familie. Tout
jeune, il abandonne Joseph et sa mère, et ce
n'est qu'au bout de trois jours que celle-ci,
pleine d'inquiétudes, le retrouve au temple,
disputant avec les docteurs. Et Jésus recoit du-
rement sa mère, lui déclare qu'elle doit le lais
ser s'occuper des affaires de son Père céleste...
Aux noces de Gana, il lui dit Femme,
qu'y a-t-il de commun entre vous et moi Et
dans 1'Evangile scion saint Marc, nous lisons
que Jésus était occnpé a discourir au milieu
d'une multitude et on lui ditVoild ta
mère el les frères sont ld dehors, qui te de-
mandent. Mais il répondit Qui est ma
mère, ou qui sont mes frères Et jetant les
yeux sur ceux qui étaient assis autour de lui,
il dit Voici ma mère et mes frères, car
quiconque fera Ia volonté de Dieu, celui-la est
mon frère et ma sceur, et ma mère. (IJ
Saint Thomas d'Aquin entra dans l'ordre
des frères prêcheurs a Uiige de dix-neuf ans,
et il dut soutenir de merveilleux combats pour
résisleraux larmes de sa mère qui ne voulait
pas qu'il embrassat la vie religieuse. Saint Si-
méon stylite ne souffrit pas que sa mère fran
chit la muraille dont il avait fait entourer sa
colonne, de peur qu'il ne congilt en la voyant
de mauvaises pensées il la laissa mourtr de
chagrin, et permit seulement qu'on upportat
son cadavre devant lui.
Hélène, écroulée sur sa chaise, étoull'ait ses
sanglots dans uu mouchoir, et mordait la toile,
la déchirait. Autour d'elles, plusieurs dames
qu'elle ne connaissait point la regardaient, et
ayant compris, pleuraient aussi
Le carme parlait toujours, d'une voix vi-
brante, endiseur sur de ses effets et de la
bienveillance de l'auditoire. II faisait rouler
les r, s'attardait, regardait comme des êtres
inférieurs ces femmes tassées autour de lui, et
ces vierges sales et abruties dessinant vague-
ment la blancheur de leurs capes de chmur
au dela du grillage. Hélène et Jacques ne per-
cevaient pas toutes les phrases, avec leur suite
et liaisons car, douloureusement sollicitées
ailleurs, leurs pensées s'échappaient et se
rencontraient sans doute en des lointains
gris et froids.
Nous lisons, reprenait le bel Abdomer,
dans la première épitre de saint Paul aux Co-
rintluens, chapitre septième II y a cette
difference entre la femme mariée et celle qui
ne Vest point, que l'une s'occupe des choses du
monde pour plaire a sou mari, et 1'autre, des
choses qui regardent le Seigneur pour deve-
nirune sainte. C'est pourquoi celui qui ma
rie sa fille fait bien mais celui qui ne la ma
rie pas fait mieux. Conforme ii l'esprit de saint
Paul, l'Eglise a toujours regardé l'état reli-
gieuxet le célibat comme bcaucoup plus par
faits que le mariage.
Saint Hilaire pria Dieu d'appeler au ciel
sa fille Appia, pour qu'elle ne se mariat
point. Dieu l'exau<?a et Appia mourut. Alors
sa femme désolée demanda ii Hilaire de la faire
mounr aussi, afin de rejoindre sa fille. Hilaire
de nouveau pria le Seigneur, qui satisfit son
désir, et la mère mourut peu après. (IJ
Sainte Cécile ayant été mariée contre son
gré au seigneur Valérien de trés il lustre fa
milie, lui déclara le jour même des noces que
son ange gardieit, trés jaloux d'elle, ferait
süremcnt mourir sur l'heure celui qui ose-
rait la toucher. Valérien, surpris, demanda
a voir eet ange, et Cécile lui répondit qu'il
ne le pourrait pas, n'étant pas baptisé
Je consens d'etre baptisé, répondit Valérien,
et veux bien me faire clirétien, afin de voir eet
ange qui vous accompagne. Cette sainte épouse
l'adressa au pape Urbain, qui l'instruisit et lui
conféra le saint baptême. 11 le recut avec une
trés grande dévotion, qui fut encore augmen-
tée par l'apparition d'un venerable vieillard,
qui était couvert d'une robe blanche comme
de ia neige, et qui tenait une tabletten la main
avec ces mots écrits en lettres d'or Un
Seigneurune foi et un baptêmeun Dieu,
qui est Père de tous, et qui est sur lout et en
tous. Amen (2) Après que le Valérien fut bap
tisé, il retourna a la maison de sou épouse,
qu'il trouva en prière avecl'ange du Seigneur
a son cöté, sous l'apparence d'un beau jeune
bomme qui brillait comme un soleil, et tenait
entre s^s mains dc-ux belles couronnes de ro
ses et de lis. II en présenta une a Cécile et
l'autre a Valérien. Aioi's ces deux bienheureux
époux s'engagèrent a vivre ensemble comme
s'ils n'étaient pas mariés (3). Mes soeurs, écou-
tez Imitation C'est un grand avanlage
que de vivre dans l'obéissance, d'avoir un su
périeur et de ne pas être le mattre de ses ac
tions. Vous ne retrouverez de repos qu'en vous
soumettant humblement a la conduite d'un su
périeur. II est beaucoup plus sur d'obéir que
de commander. (4)
sachaiit faire une bonne cuisine
ET
sachant condre
et seryir la table.
S'adresser au bureau du journal.
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2 Médailles d'Gr Exposition d'Anvers
Se trouve dans tons les magasins.
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zen, vlooien, mot-
ten, muggen, mie-
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Algemeene Depot voor Westvlaande-
ren, te Bousselare, bij Octave Ameye,
apotheker.
Fabriek en verzending J. ANDEL,
drogiste, Praag, (Oostenrijk).
r
EPV UfeS-A-GS-E
PAR
SUITE.
(1) Matthieu XIX, 29.
(2) Grand catéehlsme Namur. AVfismael IS72, pages 134
et 192.
(l). Luc 11,48. 49. Jean II, 4, Marc III, 31-34.
Je sais que les prêtres catlioliques ne citent pas volon-
tiersles passages des Evangiles oü il est question des
frères et des soeurs du Christ... qu'ils cherchent a expli
quet' la difflculté en les appelant cousins germains. Ces
passages sont les suivants
Mare Iir, 31VI 3. Mathieu XII, 46 XIII55 Luc XIII, 19
Jean, II, 12VII, 3. Actes, 1,14Saint Paul aux Galates, 1,
19. Premières aux Corinthiens. IX, 5.
Soit dix textes l'ormels et clairs. En outre, dans deux
autres textes. Jésus est désigné comme premier nó.
Mathieu 1, 25. Lue li, 7.
LA SUITE AU PROCHAIN NÜMÉBO.
(1). L'historien 11e nous dit pas quelle fut l'opinion d'Ap-
pia dans cette affaire.
(2). Sainte Cécile fut marlyriséeen 231. La Trinité n'a été
formulée que par le Concile d'Arles en 1260il n'en est ab-
solument pas question dans l'ancien testament, nl dans
les Evangiles, ni dans les actes des Apötres le premier
Père qui en parle est Tliéophile d'Antioche, vers la tin du
2'siècle.
(3; Vie des saints, par le P. Simon Martin, page 963.
(4J Livre I. ch. 9.
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