m
Sé
INAUGURATION
Schijn bedriegt
of kloosterzeden.
36 AU
CHATEAU D'EAU.
M. Anseele a répondu dans le Vooruit
et dans le Peuple du 22. Le Journal
dYpres n'a reproduit qu'une partie de
cette róponse.
Amsi le veut, parait-il, Vimpartiality
cléricale.
Enfin, pour en finir, quelques me-
nues rectifications.
M. Anseele n'est pas plus notre idole
que qui que ce soit. Idoles, veaux d'or,
ce sont cfioses inconnues dans notre
parti nous les laissons a celui du
Journal d'Ypres.
Anseele komtce sont les deux mots
qui, parait-il, prouvent que M. Anseele
est notre idole. Si nous avons bonne
mómoire, ces deux mots constituaient
le début d'une affiche placardée par le
Club socialiste d'Ypres pour annoncer
un meeting de M. Anseele. Nous nous
demandons ce que la reproduction de
ces mots par le Journal dYpres (qui y
tient) peut bien avoir a faire avec nous,
journal progressiste.
Recht voor allen n'est pas de nos amis,
Dieu nous en garde 11 est bien plutót
de ceux du Journal dYpres, a en juger
par la volupté avec lequel le Journal
le reproduit. Nous avons d'ailleurs
prouvé, il n'y a pas longtemps, que les
anarchistes sont bien plus prés des con-
servateurs que des démocrates les
débats du congrès de Londres nous ont
donné raison et c'est maintenant le
moment de le rappeler, car Recht voor
allen n'est pas, comme le dit le Journal
dYpresle journal officiel des socia-
listes hollandais c'est l'organe de
ceux qui out été exclus du congrès de
Londres comme anarchistes. Le jour
nal officiel du parti socialiste hollan-
dais est le SociaaldemocraatOu, le
Journal dYpres ignore le premier mot
des choses dont il parle, ou il ment
pour créer une confusion dans un but
facile a deviner.
L'abondance des matières nous obli
ge a remettre au prochain numéro un
article sur Le minimum de salaire au
Conseil communal de Bruxelles.
De beschuldigingsakt van 't open
baar Ministerie, betreffende eene zaak
van valsche testamenten, thans han
gend voor het Assisenhof van Braband,
toont ons in de persoon van eene kloos
ternon, zuster Michel, dat, al dragen
die nufjes het kloosterkleed, al heb
ben ze afstand gedaan der wereldsche
genotten, en dit bij God gezworen, zij
dien eed dikwijls onder de voeten
trappen.
Zuster Michel is beschuldigd, van
met de medehulp van een notarisklerk
6 valsche testamenten te hebben ge
maakt. De beschuldigingsakt meldt
ook, dat zuster Michel het voor geen
doodzonde aanzag soms haar klooster
kleed voor een dag af te leggen, en met
haar minnaar, den notarisklerk, een
kamer in een Hotel aan de Zuidstatie
te gaan betrekken, de Godin Yenus
vurig te aanbidden, en hare beste wel
daden af te smeeken, om dan des an
deren daags weêr met haar klooster
tronie, in haar kleed gehuld, hare
dagelijksche gebeden te prevelen.
Vervolgens ziet men die zuster Mi
chel, om zich te wreken, omdat de no
tarisklerk met haar niet huwen wilde,
de zaak aan de familie onthullen en
den notarisklerk beschuldigen, dat hij
met hare medehulp die valsche testa
menten gemaakt heeft.
De advokaat generaal zegt nog ver
der, dat de betrekkingen tusschen
zuster Michel en de notarisklerk zoo
innig geworden waren, dat hij met
haar doen kon, wat hij wilde O
Kloosterzeden, wat zijt ge laag geval
len
Ontucht, misdaad, wraak, zijn de
vruchten van het kloosterleven.
Zouden de penneknechten van de
Journal dYpres dit nieuwsje ook aan
hunne lezers niet willen opdisschen,
zij zijn meester genoeg in 't liegen, om
er een geuzenschandaal van te maken
tend n'avoir rien rétracté deses accu
sations (voir la Rèforme du 24 et le Peu
ple du 26) (1)comment se fait-il,alors,
qu'il n'ait même pas été cité comme
témoin a charge par le parquet Se-
rait-ce que le parquet a jugé que sa
déposition ferait perdre le temps du
tribunal Le Journal d'Ypres nous l'ex-
pliquera sans doute.
Dans son numéro du 21 Octobre, le
Journal d Ypres reproduit, d'après l'or
gane anarchiste Recht voor allendeux
nouvelles accusations contre M. An
seele.
Het Lichtorgaue des accusateurs du
Vooruitles avait produits saus citer de
noms. Sommé de préciser, il s'en est
bien gardé mais Recht voor allen qui,
se publiant en llollande, a inoiDs a
craindre les conséquences d'un procés
en diö'amation, avance les faits en de
mandant s'ils sont vrais ou non.
Le Journal dYpres lui-même trouve
ces faits particulièrementinvraisemblables;
est-ce sincéritó est-ce prudence imi-
tée de celle de Het Licht lui seul
pourrait le dire et encore
Et ce sont des choses devant lesquel-
les semble hésiter sa rage de dénigre-
ment que nous devrions mettre sous
les yeux de nos lecteurs Merci nous
avons meilleur usage a faire des colon
nes de notre journal.
Nous tenons a faire remarquer enco
re que c'est sans doute VimparHalite du
Journal dYpres qui l'empêche de re
produce la défense de M. Anseele
après avoir reproduit en long et en
large les attaques de ses accusateurs.
Aux accusations de voler les ouvriè-
res, d'en exiger une production exa-
gérée, M. Anseele a répondu par une
•lettre insérée dans les journaux du 9 et
du 10 Uctobre le Journal dYpres n'en
a, naturellement, soufflé mot.
Aux accusations de Recht voor allen
qui font les délices du Journal du 21,
Le Journal d'Ypres du 24 publiait la
lettre de M. Dewittc.
Feuilleton du journal ''La Lutte-De Strijd,,
JEAN CHALON.
Les quais d'Anvei's a l'aube. Dans un ciel
sans lune s'évanouissent les dernièi'es étoiles
l'oricnt commence a rosir, mais l'occident
reste noir encore. Sur le sol, sur les choses,
trainent l'humidité et le froid de la nmt.
L'Escaut gonflé par le reflux baltra bientöt son
plein sous l'ombre, il parait noir, livide,
luisant par places, avec des tourbillons perfi
des el des attractions de gouflYe. Le long de
ses bords s'alignent les navires nombreux en
partance ou qui vieiuient d'arnver les han
gars s'encombrent de merchandises lointaines,
colons, cafés, pétroles, blés et lards que nous
envoie rAmérique balles de riz qui crèvent,
peaux de boeuf qui s'empilent, ammomacales...
péle-mêle avec les produits nationaux prêts a
parlir, pieces de fer qui s'assembleront en
cent machines diverses, cornues a ga/., caisses
de verrerie, de coutollerie. Sur l'autre rive, en
Flandre, les fenêtres de quelques maisons oü
l'on s'est éveillé déja otivrent des yeux jaunes.
Le Waesland, lenorme bateau de la com
pagnie Ked Stak Line, vomit par ses deux
cheminées des images de fumée noire dans
une demi-heure Ic colosse leve l'ancre ponr
traverser l'Atlantique il descendra le fleuve
avec la maréc. Onze cents émigrants, Alle-
mands et Beiges, encombrent le pont et dans
leurs dortoirs, déja félides, se tassent... La
plupart sont arrivés la veille les derniers se
Latent de franchir la passerelle qui s'appuie
encore a la vieille Europe. Ces pauvres gens
étalent. leur misère, sans bonte, n'ayant plus
même de larmes pour pleiner... Ca et la on
entend trier des enfants qu'on ne voit pas. Les
hommes, les femmes attendent immobiles,
mal protégés contre le froid par des couvertu
res en lambeaux, s'accorant les uns aux au-
ti es, flétris par l'hiver misérable qu'ils vien-
nent de traverser, abrutis par les longues licu-
res de cbemin de fer qui les ont amcnés la, du
fond de leurs villages! Errant de groupe en
groupe, un barbet noir, fangeux, lamentable,
cbercbe son maitre. Dans les coins trainent
des tas d'ustensiles, de guenilles, quelques in
struments agricoles, une marraite décrochée
de l'atie oü elle a bouilli longtemps. Et puis
des malles qui ressemblent a de petils cer-
cueils, de pauvres malles, toutes pareillcs,
noires, en bois grossièrement cloué avec des
joints béants le long de leurs couvercles bom-
bés. En bate on les descend dans la cale aux
bagages; la chaine de la grue a vapeur s'y
enroule, les prenant quatre ou cinq a la fois,
en botte, et elles disparaissent avec des gnn-
cementsde ferrailles et de poulies, des heurts,
des cns rauques dans les tlancs immenses du
Waesland. Les paquets de linge et de vieux
vêtements. les matelas qu'une mauvaise corde
tient roulés, on les précipite simplement
Gare dessous En bas, a des profondeurs ver-
tigineuses, mal éclairés par quelques lampes,
on voit des hommes d'équipe arnmant les co-
lis a mesure qu'ils arrivent.
L'eau du lleuve commence maintenant a
cooler vers la mer les bouées se sont retour-
nées. On va partir. (la et ia, les feux de posi
tion des navires a l'ancre palissent dans les
safrans de l'aurore montante. Les maisons de
la Tête de Flandre se distinguent nettement,
avec la grande silhouette du Kursaal et la flo-
tille des embarcations de plaisance amarrées
non loin. Quelques cbaloupes commencent
circuler sur le lleuve, des patrons venant en
ville, des marins, des pilotes s'embarquant.
L'Escaut semble encore d'encre, malévole avec
des dessous elfrayanls.
A l'arnère du Waesland, appuyé contre le
bordage et regardant macbinaleinent le mou
vement du quai, le coup de fièvre de la der-
mcre lieure, se tient Jacques Delmas. Son ceil
si fier, si beau, quand il eommandait ses vail-
lants forgerons, s'est terni et les résolulions
viriles en ont disparu. Ses années heureuses,
les joies vécues jadis remontent vers lui, com
me une autre marée formidable, et le souve
nir de sa jeuncsse, si lointaine déja el inutile,
l'écrase.
Prés de lui est assise Hélène, en deuil
combien flétrie, et maigrie, et ridée Elle léve
la tête vers Jacques qui ne l'apercoit point.
Jacques dit-elle d'une voix faible.
Mais son mari ne l'entend pas.
Jacques! Mon ami... Et ses mots de-
viennent pnères, supplications, presque san-
glots... Comme j'ai'eu tort! Comme je t'ai
méconnu, toi si courageux et si aimant Com
me je me suis trompée, et que je voudrais re-
commencer la vie Tu ne me pardonneras ja
mais Entre nous deux j'ai ereusé un abime.
Au lieu de nous unir, nous nous sommes dés-
unis, par ma faute. Tu aurais dü étre mon seul
guide, mon appui dans la vie je ne l'ai pas
voulu. J'ai fa?onné de mes mains ton malheur
tn dois me hair...
Jacques, immobile, regardait l'eau noire qui
léchait les flancs de l'énorme navire.
Nous avions une fille, continuait la pau-
vre femme par ma faute, par mon aveugle-
ment, nous l'avons perdue. Penses-tu que je
ne suis pas cruellement punie, moi aussi
L'enfant aurait dü être entre nous la joie et ia
paix j'en ai fait la discorde... Comme je suis
coupableJ'aurais pu m'instruire, t'écouter,
partager tes idéés, ne plus croire par habitude
ou par paresse de penser ce que racontent les
prêtres... aujourd'hui je ne crois plus... la re
ligion qui me prend mon enfant ne peut être
divine et vraie... veux-tu me conseiller, me
diriger
Jacques a fait un mouvement son attention
se fixe sur la malheu reuse femme.
Oh je reste ta servante maintenant, je
me traïne a tes pieds. Tu ne peux pas m'em-
pêcher de te suivre en Amérique tu dois me
souffrir a tes cötés, sous le même toit, mais si
petite, si humble que tu ne m'apercevras pas.
Ta présence sera mon remords... jamais, je
n'oubiierai. J'abandonne mes parents, qui n'ont
plus que moi, qui mourront sans me revoir...
je les abandonne pour te suivre et pourtant,
depuis que Georgette nous a quitté, je sais
combien est amère l'éternelle séparation. Jac
ques... un jour...plus tard... tu me pardonneras?
Vingt ans de froissements journaliers et de
vives querelles ne s'elfacent pas en une heure
Hélêne avait perdu leur enfantelle-même
venait de le reeonnaitre. Jacques était trop
meurtri, paz elle. pour lui pardonner déja,
sans expiation, et lui rendre l'amour qui les
attachait autrefois. Entre eux se dressait Fin-
oubliable.
'l'ous Ies deux la-bas, dit-il d'une voix
brève et sourde, nous pleurerons Georgette
morte. Le souvenir de son enfance sera avec
nous. Pauvre, pauvre Miette
Oh tu me fais un mal affreux, lui ré-
pondit sa femme, quand tu rappelles ce nom
de ses jeunes années... Et les sanglots étouffè-
rent sa voix.
Le Waesland avait siftlé trois fois, et les
sons rauques qui, en cas de brume sur la mer,
renseignent la présence du navire, s'étei-
gnaientles hommes d'équipe halaient la pas
serelle, quand un dernier passager, criant de
loin et faisant des signes, accourut en un in
stant il fut a bord.
Claude s'écria Jacques. Mon bon Clau
de Ah cela me fait du bien de te voir.
Les deux hommes échangèreut une longue
poignée de main
II y aura Lien tot un quart de siècle, di-
sait Delmas, nous nous serrionsaussi la main,
en die kloosternon als een lid van den
Slonsenbond te doen doorgaan.
N. B Let wel op, dat de masseur
alles voor het Assisenhof in 't publiek
heeft bekend.
nu
C'est done après demain, Dimanche,
que se fera enfin l'inauguration de
notre beau chateau d'eau.
M. Surmont, en séance du conseil
communal, avait fixé la date mémora-
ble au lr Novembre 1896.
II veut tenir sa parole nous ne nous
v serions jamais attendus. Mais, enfin,
une fois n'est pas coutume d'autant
plus que nous ne sommes pas dans la
saison des chenilles.
On a mis le feu, hier, Jeudiau
jourd'hui les chaudières sont sous pres-
sion. Les dernières pluies ont amené
tellement d'eau dans les bassins qu'en
y ajoutant l'appoint deseaux de Dicke-
busch, les Yprois peuvent se tranquilli
ser jusqu'au printemps prochain.
Samedi l'eau sera pompée dans le
réservoir, grace aux puissants moteurs
établis, et sa distribution se fera Di
manche dans la matinée.
On prêteaM. le Doyen Boonel'in-
tention d'aller bénir le CHATEAU
avant que l'eau fut livrée a la consom-
mation. Nous en doutons fort pour
deux motifs.
D'abord cela supprimerait la vente
(sous forme de pourboires forcés) de
l'eau bénite par les sacristains ensuite
l'eau bénite ordinaire, d'après les rités
de l'église, doit être préalablement
filtrée. L'eau sera débitée telle qu'elle
vient de Dickebusch même un péu
plus polluée par l'exposition dans les
le jour de mon mariage... il me semble que
c'était hier... aujourd'hui tout est fini.
Le grand navire descend maintenant le
fleuve, lentement et majestueusement. Lejour
s'est complètement levé les flèches d'or du
soleil sur la terre des polders projettent en
longues ombres les arbres et les mals de na
vires, tachent les maisons de tons clairs, tei-
gnent les couches d'air de lurainosités roses.
Et la tour de la cathédrale s'enlève vigoureu-
sement dans le ciel d'un vert pale, ouaté de
fins, tres fins nuages biancs. Le Waesland
tourne les premiers plans d'Anvers dispa-
raissentTespace s'élargit, s'étale, immense,
a perte de vue et dans les lointains gris py-
ramident les clochers de villages flamands dont
on ne sait pas les noms.
Anvers entière, la nouvelle Carthage, sem
ble r'entrer sous terre, et le campanile de No-
tre-Dame s'élève seule, tantöt babord, tan-
töt a tribord, selon les circonvoiutions du
fleuve.
Les émigrants allemands, devant ce specta
cle grandiose, se sont groupés a l'avant du na
vire, et pour adieux au sol d'Europe, a la rnè-
re-patrie, ïls chantent un des airs de leur pays,
un air simple et large. Cet hymne, ïls le chan-
teront la-bas encore, sur la terre vierge la-
quelle ïls vont demander subsistance, et ce leur
sera un souvenir tnste et doux de leurs vieux
toits de chaume oü nichaient les cigognes.
Non, dit Bertin a son ami Jacques non,
tout n'est pas fini. Ces émigrants, dirige-les,
aide-les de tes conseils, de ta science d'ingé-
nieur. Un homme de coeur comme toi ne se
laisse pas abattre. Travaille Sans le travail,
vois-tu, la vie serait vraiment trop triste.
Le travail est bon, répondit Delmas,
mais que vaut-il si nous ne mettons nosacles
d'aecord avec nos convictions J'avais un
idéal élever une familie dans l'esprit scienti-
fique qui est la religion de l'avenirideal
manqué, vie perdue. Oui, je travaillerai enco
re, mais qui me rendra la jeunesse et la flam-
me sacrée
A Flessingue, Bertin descendit dans le ba<-
teau du pilote, par une houle déja forte qui
balamjait la coquille de noix contre les flancs
de töledu géantsous Ia brise rude qui em-
portait les embruns. Et le voir s'éloigner fut
pour Delmas un suprème déchirement.
Le Waesland a toute vapeur fend mainte
nant de sa proue les hautes vagues vertes qui
le ballottent de roulis et de tangage, insou-
ciantes de sa masse. Hapidement il diminue,
et bientöt une trace de fumée a l'horizon indi-
que seule le point inliniment petit qu'il occu-
pe sur l'immensité glauque.
PAR
SUITE ET FIN.