l'union fait la force.
Journal
libéral démocratique
d'Ypres et de l'Arrondissement
Vrijzinnig
volksgezind weekblad van
leperen en van het Arrondissement
Les affaires
d' A rménie et de Grète
Pour le respect des
convictions.
Nécrologie.
Un bon point.
Samedi, 27 Mars 1897.
5 centimes Ie numéro.
5e année. IV0 21.
Ph. de C.
PRIX I)E L'ABONNEMENT
Par an 3 francs.
M
3 fr. so.
ar an
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne
fpt
ës'armssmsi ie Samedi
Verschijnende des Zaterdags.
II. JL'Arménie.
Parmi les races qui peuplent l'em-
pire tare il en est deux qui, déja plus
civilisées que leurs conquérants a
l'époque de la conquête, sont deve-
nues incapables de supporter le joug
turc. Ce sont les Arméniens et les
Grecs.
Races commerqantes toutes deux,
elles ont profondément subi l'influence
de l'Europe occidentale, et leurs aspi
rations a la liberté et au progrès sont
devenues incompatibles avecl'immobi-
lisme de leurs dominateurs.
Dès la première moitié de notre siè
cle, Yenise et Vienne, puis Paris et
Londres ont été des centres d'éduca-
tion intellectuelle pour les Arméniens.
Dès 1848, l'Arménie, imprégnée des
idéés d'indépendance que ses enfants
avaient puisóes en Europe, a réclamé
avec persistence un régime démocrati
que ses efiorts aboutirent a la Consti
tution de 1860 dans le domaine politi
que, et dans le domaine intellectuel
a une riche littérature arménienne
florissant a Constantinople et qui a
porté dans toute l'Arménie les idéés de
progrès et d'émancipation.
La Constitution de 1860, accordée
par le Turc sous l'empire de la peur,
ne fut jamais que lettre morte. C'est
une roue quadrangulaire disait Aali-
Pacha pour en exprimer l'inutilité.
Aussi ne mit-elle pas fln a l'agitation
arménienne, au contraire. Convaincus
de l'impossibilité d'obtenir satisfaction
aussi longtemps que dominerait le
Turc, les Arméniens aspirèrent a une
Constitution républicaine régissant une
Arménie indépendante.
C'est le mouvement républicain
d'Arménie, devenu plus intense dans
ces dernières années et qui s'est parfois
affirmé avec violence c'est ce mouve
ment joint a la haine religieuse si fa
cile a exciter chez les musulmans, qui
a déterminé les derniers évènements
d'Arménie et en particulier les massa
cres qui ont soulevé l'indignation de
tout ce qui, en Europe, n'admet pas
que la force prime le droit.
A ces causes résultant du réveil eth-
nique de l'Arménie viennent se joindre
des causes purement politiques.
Au congrès de Berlin, après la der-
nière guerre turco-russe (1878), l'An-
gleterre avait obtenu pour la Turquie
des conditions moins durea que celles
du traité de San-Stéf'ano. Aussi depuis
lors l'influence anglaise devint-elle
prépondérante auprès du Sultan. Cette
influence, l'Angleterre l'employa tou-
jours a obtenir une réorganisation de
l'empire et comrue la race turque,
immobile par fatalisme, semblait inca
pable de former désormais une barrière
contre les Russes, c'est par les Armé
niens et les Grecs que l'Angleterre es-
pérait arrêter les progrès de l'ours
russe.
Aussi, tant que dura a Constantino
ple l'influence anglaise, les Arméniens
particulièrement furent favorisés par
('administration turque. Appelés aux
fonctions publiques, ils surent s'y ren-
dre presque indispensables, s'y mon-
trer bons et loyaux serviteurs le Sul
tan put les appoler la nation fidéle.
Mais en 1890 se dessine l'alliance
franco-russe, qui fait peur au Sultan.
II juge désormais trop précaire l'appui
Administration ct Redaction rue de Dixmude, 51, Yprcs.
de l'Angleterre, isolée devant la triple
alliance de M. de Bismarck et devant
l'alliance de l'autocrate russe avec la
république franqaise.
Dès lors, l'influence russe règne a
Constantinople. Les Arméniens' sont
rempiacés dans i'entourage du Sultan
par leurs pires ennemis les Arabes
syriens. Les Arméniens sont a nou
veau pressurés, tant par le gouver
nement turc que par les fonctionnaires
voleurs et par les chefs des tribus kur-
des orgamsées pour maintenir et au
besoin exterminer les Arméniens.
Car dès 1890 la question arménienne
qui occupe aujourd'hui l'Europe est
nettement posée. L'Arménie n'est plus
la nation fidéle Le Sultan, sur de
l'appui russe, certain d'autre part que
les réclamations des Arméniens sont
irréductibles, le Sultan n'a trouvé
qu'un moyen d'en venir a bout les
étoufler dans le sang. On supprimera
la question arménienne en supprimant
les Arméniens disait Saïd-Pacha.
Mot cynique, qui résumé toute l'atroce
et sanguinaire politique du Sultan en-
vers i'Arménie comme envers la Crète.
Pourquoi la Russie n'a-t-elle pas usé
de son influence pour sauver les Armé
niens
Au fond de l'inertie russe il y a l'an-
tagonisme éternel entre l'autocratie et
la démocratie, entre l'ambition russe
et les légitimes aspirations d'un peuple
qui veut sa place au soleil.
Nous l'avons dit, (1) i'objectif de la
politique russe est la possession de
Constantinople. Depuis le traité de
Berlin, la Russie a perdu l'espoir d'ar-
river a Constantinople par l'Europe
les peuples des Balkans, rendus a la
liberté, ne sont pas disposés a se la
laisser enlever par qui que ce soit. Le
seul cheinin ouvert pour le Russe est
le chemin d'Asie maïs ce chemin lui
sera fermé si Ie réveil des idéés natio-
nalistes en Arménie est couronné de
succès, si l'Arménie reprend son indé-
pendance. Voila pourquoi le Russe a
laissé passer la féroce politique du
Turc, voila pourquoi des centaines de
milliers d'Arméniens ont semé de leurs
os le territoire de leur patrie. Voila
pourquoi le Sultan se tord lors-
qu'on le menace de l'iutervention de
l'Europe ii sait que la Russie empê-
chera cette intervention.
La Russie possède elle-même une
partie de l'Arménie, et son joug n'est
pas plus doux pour les Armeniens que
celui de la Turquie. Défense est faite
d'enseigner, dans les ócoles de l'Armé
nie russe (Transcaucasie), la langue, la
religion, I'histoire et la géographie
arménienne ie russe est la seule lan
gue tolérée depuis 1887. Cette brutale
et inique russification a pour but d'é-
toufler dans l'Arménie russe toute idéé
d'émancipation. Le Turc est plus bru
tal pour arriver au même but. Mais
Russe et Turc out au même degró la
haine de la liberté.
C'est en Aout et Septembre 1894 que
se produisirent en Arménie les pre
miers massacres dont l'Europe eut
connaissance. Ce furent les Kurdes,
organisés depuis 1890, qui furent les
instruments ae la politique sanglante
d'Abdul-Ilamid. La population musul-
mane était d'ailleurs excitée par des
prêches fanatiques a aider de son
mieux les Kurdes massacreurs.
Voir notre dernier numéro.
Depuis lors. les tueries ont continué
en Arménie comme a Constantinople,
malgré les semblants d'enquête faits
par les ordonnateurs des massacres
sous la pression de l'opinion publique
européenne, malgré les projets de ré-
forme déposés par les puissances et
dont le Sultan n'a garde de tenir comp-
te. II sait que si ('ambassadeur russe
s'est joint a ses collègues pour protes
ter contre les massacres de Constanti
nople, c'est l'opmion publique révoltée
qui lui a imposé cette démarche son
abstention eüt été trop franchement
révélatrice du but poursuivi par la
Russie.
Le nombre des Arméniens massacrés
depuis deux ans et demi est inconnu.
Les plus modérés l'évaluent a 250,000;
d'autres augmentent notablement ce
chiffre la Turquie a massacré de
ses mains 400,000 Arméniens dit M.
Em. Antoine. (2)
Et on ne peut cesser de le redire
l'auteur responsable de ces égorge-
ments effroyables, c'est le Sultan Ab
dul-Ilamid, encouragé par la compli
city de la Russie et par l'inertie des
autres puissances européennes, plus
préoccupées de flatter le colosse russe
que touchées par les questions d'hu-
manité et même par leurs véritables
intéréts.
C'est la Russie qui s'est opposée aux
mesures de protection proposées par
l'Angleterre en Décembre 1895 et Jan
vier 1896. Rien ne permet de douter
de Ia bonne volonté du Sultan disait
le prince Lobanoff pour justifier Top-
position russe. En effet, le Sultan a
assez prouvé sa bonne volonté...
La diplomatie allemande, sous son
empereur Guillaume II qui vise a l'au
tocrate et se prétend le représentant
du droit divin des rois, partage les sen
timents antidémocratiques de la Rus
sie, qu'elle flatte d'ailleurs pour la
détacher de la France nous retrouve-
rons cette même politique a propos de
la Crète.
Quant a la France, la protectrice
des Chretiens d'Orient comme elle
s'appelait autrefois, elle est hypnotisée
par l'alliance russe et par les quelques
phrases d'amitié, soigneusement émas-
culées par la diplomatie, dont le czar
a payé les millions qu'il lui a emprun-
tés.
L'inertie de la Russie, de l'Allema-
gne et de la France paralyse nécessai-
rement les efforts de l'Angleterre, seule
a même de faire quelque chose pour
les Arméniens.
En face du mouvement d'émancipa
tion qui entraine l'Arménie comme il
entraine la Crète, comme il entraine
sous d'autres latitudesManille et Cuba,
se placent le despotisme russe et la bru-
talité cosaque, sans l'appui desquels
le Turc ne bougerait pas.
Le danger pour l'Europe, c'est le
gouvernement du czar qui, avec la
complicitó de la diplomatie allemande
et Tapprobation irréfléchiedelaFranee
aveuglée, laisse massacrer en Orient
ceux qui aspirent a secouer la tyrannie
turque, et qui plus tard s'essaiera
sans doute a étoufler dans ('Occident
tout mouvement démocratique et
émancipateur.
Dans cinquante aus, disait Napo
léon, l'Europe sera républicaine et
cosaque. La république frangaise ai
dant, elle n'est pas loin d'être cosaque.
(1) Les Massacres d'Arménie Bruxelles,
Soc. beige de librairie.
EENDRACHT MAAKT MACHT.
L'ennemi dans la question d'Orient,
on ne peut trop le répéter, c'est moins
le Turc que le Russe. Le Turc serait
impuissant, même pour le mal, sans
l'appui de la Russie et l'inaction de
l'Europe. Le Russe, au contraire, est
puissant pour le mal, et son ambition
le rend inaccessible a toute idéé d'hu-
manité en faveur de ceux qui gênent
son ambition.
La diplomatie européenne contribue
chaque jour, par sa servilite envers le
czar, a augmenter la puissance russe
et le danger qui menacera un jour
l'Europe occidentale.
Ce ne sont cependant pas les barriè
res de papier des diplomates qui sau-
veront l'Europe quand une nouvelle
invasion de Huns ou de Mongols es-
sayera de venir y noyer toute civilisa
tion. II faudra pour cela des barrières
de cadavres et des fleuves du sang
d'hommes résolus a mourir libre plu-
töt que de vivre esclaves.
Ces hommes, ils seront prêts au mo
ment du danger. Mais quelle plus belle
tache pourrait rêver la diplomatie que
d'épargner tous ces sacrifices indivi
duels, en rejetant le Russe dans ses
steppes, lorsqu'il en est encore temps
R ectificatio
Les formules de testament philoso-
phiques portaient en note ce testament
ne doit pas être écrit sur timbre.
Pourvu que le testament olographe
soit écrit en entierdaté et signé de la
main du testateur, il est valable. Mais
s'il n'est pas écrit sur timbre, il expose
a une amende celui qui en ferait usage
devantla justice en cas de contestation.
II sera done prudent d'écrire Je tes
tament philosophique sur timbre de
dimension de 50 centimes.
Jeudi a 2 heures ont eu lieu les fu-
nérailles civiles de M. Jules Capron,
décédé Dimanche matin.
M. J. Capron était un libéral con-
vaincu et dévoué. On ne lui demandait
jamais en vain son appui pour les idéés
qu'il a défendues toute sa vie. Les ceu-
vres libérales et philanthropiques l'ont
toujours compté parmi leurs plus fer-
mes soutiens. Aussi la mort de M. J.
Capron est-elle vivement ressentie par
le parti libéral tout entier.
De nombreux amis, d'Ypres et de
l'étranger, étaient venus apporter a la
dépouille mortelle de M. Capron un
dernier témoignage d'estime et de
sympathie.
Deux discours ont été prononcés
sur la tombe de M. Capron. Le texte
nous en est parvenu trop tard force
nous est d'en remettre la publication a
notre prochain numéro.
Nous n'avons pas a signaler, a pro
pos des funérailles civiles de M. J.
Capron, le renouvellement des scènes
qui se sont passées au cimetière lors
des funérailles du regretté docteur
Dalmote, (voir notre n° du 6 Juillet
1895).
POUE LA YILLE,
POUE LA PEOVINCE,
■BBBIBnBHnHfiHnaHHi
Pour les annonces de France et de Belgique [excepté les
deux Flandres, s'adresser a VAgence Havas, Bruxel-
les, rue de la Madeleine, 32, et a Paris,
agence de la Bourse.
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