Journal libéral démocratique d'Ypres et de l'Arrondissement *11 Vrijzinnig volksgezind weekblad van leperen en van het Arrondissement La petite propriété h la Ghambre. Étranges libéraux. Le Dieu-Baal. Samedi, Id Mai 1897. 5 centimes le numéro. 5® année. N° 2 8. M. Colaert et la morale. Ph. de C. PRIX DE L'ABONNEMENT Par an 3 francs. Par an 3 fr. 50. Annonces10 centimes la ligne. Réclames25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne £v4i!; %~ï4t;?/Wïë:wW& 8*araissanl le Hametii. 1 ee schijnende des Zaterdags. L UNION FAIT LA FORCE. La semaine dernière, la Chambre a discuté un projet de lol sur la réduc- tion des droits de mutation pour les petites propriétés. La discussion a eu une ampleur de laquelle la Chambre nous a déshabi- tués. 11 est vrai que ni M. Colaert, ni M. Iweins, ni M. Yan Merris, m les grands propriétaires de la droite n'ont eprouvé le besoin d'étaler a nouveau leur universelle incompétence. La pe tite propriétéqu'est-ce que ces mes sieurs en connaissent Parmi les huit ou neuf discours pro- noncés, trois sont a citer, et nous en recommandons vivement la lecture aux personnesquis'intéressenta la question agraireceux de MM. H. Denis et Yandervelde, de la gauche socialiste, et celui de M. Vanderbruggen, député de Thielt. M. Hector Denis a rappelé que le projet en discussion a été déposé trois jours après un projet de loi du a sa propre initiative, établissant un impöt général sur le revenu destiné a rern- placer divers impóts, entre autres les droits de mutation et les droits de transcription et d'hypothèque réduits de 50 p. c. Le projeten discussion présente un caractère social, d'un cöté par la pré- occupation de rendre accessible l'ap- propriation de l'instrument de travail, la terre, a un plus grand nombre de l'autre, par la garantie de conserva tion qu'on y cherche en s'efforgant de former une digue contre le socialisme. D'après M. Denis, la science positive doit voir, dans le droit de mutation, non seulement la rémunération des services de l'Etat, garant de toutes les transactions, mais un prélèvement de la plus-value acquise par la propriété dans l'intervalle des mutations dont elle aétél'objet, plus-value a laquelle nul n'oserait dire que la société, par son développement, soit étrangère, et qui dans notre pays a été, pour la plus large mesure, le résultat de Taction sociale elle-inême infmiment plus que de celle du propriétaire et cepcndant e'est celui-ci qui Ta recueillie pour la plus grande partie. Cette fonction du droit de mutation n'est pas accomplie. pour deux causes principales. II atteint davantage les petites pro priétés, qui passent plus fréquemment d'une main a l'autre la grande pro priété, restant plus souvent dans les mêmes mains, échappe dans une large mesure a l'impót. Ensuite, l'orateur prouve par des chiö're8 que de 1846 a 1874, période de progression dans la valeur des immeu- bles, le droit de mutation n'a repré- senté qu'une faible partie de la plus- value acquise par les propriétés, le reste de la plus-value profitant unique- ment au propriétaire. Depuis 1874,pé riode de dépression de la valeur des immeubles,le droit agit comme une ag gravation de la diminution même de la valeur du sol. Quant aux acquéreurs, ce sont plu tót les capitalistes, les prêteurs qui ont acquis la terre, que ceux qui doivent la faire valoir par leur travail c'est ce que M. Denis conclut de la baisse proionde des profits et de la baisse partielle des sal aires que Ton a consta- Adminislralioii el Redaction rue tie Dixmude, 51, Yprcs. tées en même temps dans l'agriculture et qui ont dü limiter le champ de l'épargne agricole. L'orateur développe ensuite, d'ac- cord avec E. de Laveleye, cette thèse que le développement de la propriété collective (la reconstitution des domai- nes communaux en particulier (1) est une des conditions de stabilité de notre société. II examine le mouvement de la po pulation d'après les recensements dé- cennaux. En 1890, la population des communes de 5000 habitants était re3- tée sensibiement stationnaire, celle des communes de plus de 5000 habi tants s'était accrue de 500,000 habi tants. Le mouvement d'émigration étant trés réduit en Beigique, et Tindustrie ne résorbant pas d'une manière dura ble l'excédent produit par le déplace- ment de la population agricole, l'ora teur en conclut qu'il se forme dans notre pays une population üottante qui n'a plus de fixité, dont l'activité ne se répand pas d'une manière constante. C'est la un des éléments du problème social, c'est a, cette population üottante qu'il faut trouver un emploi dans notre pays. La question est assez importante pour fixer les préoccupations de tous. M. Denis croit aussi et avec rai- son, selon nous que la loi en discus sion sera impuissante a enrayer le mouvement socialiste. Si nos idéés n'ont aucun fondement dans la nature des choses, dit-il, il est fort inutile de s'appliquer a nous endi- guer nous irons nous perdre nous- uiêmes dans le sable. Si nous avons des racines dans les faits, alors vainement vous dresserez contre nous des digues et, au lieu de rester des conservateurs, vous deviendrez par la-même des révo- lutionnaires. Enfin, l'orateur montre que dans un pays a population aussi dense que le notre, le développement de la culture intensive est une condition nécessaire de l'évolution. Ce développement sera possible par l'association dans la cul ture appliquée a Herzele, elle a accru de 20 p. c. le produit de la terre. A l'association dans la culture succèdera l'association dans la propriété même, qui sera capable d'accompür des pro- grès que l'association des cultivateurs proprement dits serait impuissante a accomplir. M. Vanderbruggen croit a l'avenir de la petite culture, malgré Textension de la science agronomique et du ma- chinisme qui paraissent la condamner. Mais la petite culture peut lutter dans des conditions assez égales avec la moyenne et la grande culture grace a l'association. En Belgique même, il se fonde chaque jour des associations rurales. La coopération rurale sera, d'après le député de Thielt, le contrepoids du socialisme la plupart des coopérati- ves rurales sont fondées sur l'idée re- ligieuse (2). M. Vanderbruggen, qui a de la sym pathie pour les biens communaux, les condamne comme cultivateur ce se rait une faute culturale de les aug- menter. (1) Avis k nos maitres, qui vendent une a une toutes les propriétés communales d'Ypres. (2JII est assez bizarre de voir la religion s'occuper a la fois du fumier et a la direction des consciences. Selon lui, l'association ne peut s'ap pliquer qu'a des cultures spéciales, mais ne saurait détruire la petite cul ture, basée sur Tintérêt personnel res sort de toute activité. Enfin, M. Vanderbruggen essaie d'é- tablir que le socialisme est l'adversaire de la petite propriété, et a la petite culture. M. Vandervelde a commencé par constater ia difference de langage des défenseurs que les intéréts agricoles trouvent a droite, suivant les circon- stances quand il s'agit d'obtenir des droits protecteurs, on représente ie paysan comme accablé sous un labeur dégradant, écrasé par la concurrence quand il s'agit de prendre une mesure pour combattre ie socialisme, on fait un tableau patriarcal de la vie des cul tivateurs. L'orateur établit, par des chifires puisés aux sources officielles, que les deux tiers du sol beige sont cultivés par des locataires.Des 293,000 proprié taires constituant le dernier tiers des cultivateurs, il y en a 218,000 ayant en moyenne 2 hectares, trop peu pour subsister défalcation faite des grands propriétaires. il reste 60 a 75 exploita tions paysannes qui se suffisent a elies- mêmes. II affirme que les socialistes n'en veuient pas a ia petite propriété, qui conserve un caractère d'utilité sociale aussi longtemps qu'elle ne sert pas a son possesseur a exploiter d'autres tra val lleurs. II cite de nombreuses opi nions d'auteurs socialistes des plus éminents, pour prouver que le socia lisme veut, non la destruction de la petite propriété, mais sa transforma tion en propriété coopérative, forme qui pourra lui faire produire son maxi mum d'efiet. Mais M. Vandervelde croit que la petite propriété ne pourra résister a la concentration qui s'opère dans la pro priété foncière, et qu'elle sera absorbée et détruite par la propriété capitaliste. II voit avec joie la création de coopé- ratives agricoles, même religieuses, paree qu'elles développeront les ger- mes d'une solidarity a laquelle, selon lui, le socialisme seul donnera son ex pression défimtive. Le socialisme poursuit la réalisation graöuelle, mais non immédiate, de son idéal quant a l'orgamsation de la pro priété. Kn poursuivant résolument son idéal, il sait encore être positivement pratique. En terminant, M. Vandervelde a rencontré différentes objections et opi nions de M. Vanderbruggen et de M. Vandorlinden, rapporteur du projet de loi. Comme no3 lecteurs peuvent en ju- ger, nous l'espérons, par ce bref et sec résumé, nous avions raison de dire que le débat sur la réduction des droits de mutation a revêtu un caractère dont la Chambre nous avait déshabitués. Aussi croyons-nous qu'ils nous sau- ronc gré d'avoir attiré leur attention sur eet important débat et qu'ils vou- dront le lire et le méditer comme il mérite. (1) Ph. de C. M. Hector Denis a une fois da plus, a propos du budget de l'instruction (1) Le projet de loi a été voté a l'unanimité par la Chambre. EENDRACHT MAART MACHT. publique, exposé devant la Chambre les bases d'une morale efficace, non fondée sur des dogmes métaphysiques et pouvant subsister chez l'homme a travers toutes les modifications que peuvent subir ses convictions religieu ses ou philosophiques. M. Colaert a éprouvé le besoin d'in- tervenir dans le débat pour déclarer qu'il n'avait rien compris au discours de M. Denis, declaration qui n'a sur- pris personne. Puis Taigïe de Poperin- ghe a fait défiler le bataillon des lieux communs chers a ceux qui pensent ce que M. Coifs a osé dire qu'il est rare qu'on homme sans convictions soit un homme honnête. MM. Colfs, Colaert et autres éminents philosophes et moralistes ne pensent pas que l'exis- tence d'un seul homme honnête sans convictions religieuses (et il y en a plus d'un) suffirait a prouver la possibilité et l'efficacité d'une morale non basée sur des dogmes métaphysiques. 11 faut une sanction a une morale a dit M. Colaert. Et un papier clérical, amplifiant ce thème, a écrit que la crainte de Dieu et de l'enfer sont au moins aussi efficaces, que la crainte de la prison et des gendarmes. Ah ga est-il done impossible aux catholiques de faire le bien et d'éviter le mal sans l'espoir d'une récompense ou la crainte d'un chatiment Nous n'en croyons rien, malgré la liaute au torité de MM. Colaert et Colfs. La morale humaine n'a besoin ni d'obli- gation ni de sanction, et nous ne pen sons pas que les catholiques soient de- venus tout a fait incapables de la pra- tiquer. Ph de C. La Libertéle dernier organe doctri naire, fait chorus avec les cléricaux qui ont voué une haine inextinguible a l'oeuvre d'émancipation scolaire de 1879 Elle écrit ceci Sans la loi de 1879, sans l'absurde enquête scolaire qui s'ensuivit et qui acheva de déchainer la guerre reli- gieuse dans le pays, nous n'aurions connu ni la loi de 1884, ni la loi de 1895. Et nous vivrions encore sous le régime de la loi de 1842, qu'on pouvait ne pas aimer, qu'on pouvait critiquer au pomt de vue de la rigueur des prin cipes, mais qui était acceptée par le pays, que le parti libéral lui-même avait longtemps pratiquée et qui nous aurait préservés des intransigeances et des excès de tous les sectarismes. On se demande, après cela, pourquoi la Liberté s'intitule organe libéral. Etant donné que la loi de 1842 ad- mettait le clergé a l'école a litre cf auto rité, on ne voit pas comment la Liberté conqoit la liberté de conscience. Le Peuple, après avoir reproduit le passage ci-dessus, demandait ce qui distingue les libéraux de la Liberté des pires calotins. La Ghronique répond c'est que les calotins mettent plus de franchise dans leur guerre a la liberté de conscience. Appréciation sévère, mais juste. A la cérémonie funèbi'e célébrée a Notre-Dame de Paris pour les victimes de la catastrophe du Bazar de la Cha- rité, le prédicateur, le P. Olivier, a développécethème: que la catastrophe POUE, LA VILLE, POTTE LA PEOVINCE, Pour les annonces de France et de Belgique fexcepté les deux Flandres s'adresser a VAgence Havas, Bruxel- les, rue de la Madeleine, 32, et a Paris agence de la Bourse. jgüpï* ■■BBBnBBHBHBMEGaQBBBSnnmüBBDBBi

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De Strijd – La Lutte (1894-1899) | 1897 | | pagina 1