Nos Monuments.
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Journal liberal démocratique d'Ypres et de F Arrondissement
Samedi, lr Janvier 1898. 5 centimes le numéro. année.IV s 7-8.
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Réclames25
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Nous nous proposions d'examiner avec nos
lecteurs Ie travail peu sórieux, commeon a pu
s'en convaincre a première lecture du baron
Surmont de Volsberghe, sénateur et bourgmestre
d'Vpres, sur Nos Monuments. Mais M. Arthur
Merghetynck, étant direetement mis en cause,
avail, a raison de cette circonstance comme de sa
compétence spéciale, tous les droits a la priorité
d'une réplique. Nous avons la bonne fortune de
pouvoir publier la réfutation que M. Arthur Mer-
ghelynck oppose au rapport de M. Surmont a M.
Ie Gouverneur.
Nos lecteurs en apprécieront la valeur et sau-
ront gré a M. Arthur Merghelynck de la gra-
cieuseté qu'il a eue de leur donner la primeur de
son important travail.
A Monsieur le baron Surmont
de V olsber^he, Sénateur
et Bourgmestre de la vil ïe
d'Ypres.
Vous avez jugé bon, lors des explications qu'on
vous a demandé de fournir en réponse a mon rap
port sur la situation rétrospective et actuelle des
monuments a Ypres, (rapport que vous avez regu
par l'intermédiaire de M. ie Gouverneur), non seu-
lement de faire grand état de votre prétendue
réfutation en séance du Conseil communal du 6
Novembre dernier, maïs de la faire imprimer in-
extenso en supplément au Journal J Ypres du 4
de ce mois et puis en brochure.
Je n'ai pas a me plaindre de vos procédés, car
votre travail n'est nuliement élaboré, contraire-
ment au mien, dans l'intérêt des questions en jeu,
mais uniquement pour tacher de me rendre ridi
cule en haut lieu et aux yeux de mes concitoyens.
II me sera ainsi donné de me défendre contre vos
attaques etdedémasquerles intentions maiveillantes
a mon égard, qui foui'millent dans votre factum,
dont la lecture prouve, une fois de plus, que le
proverbe latin Ne,, sutorultra crepidam est
toujours vrai.
En efl'et, il est d'un bout a l'autre, une atta
que continuelle de ma personne, a tort et a
travers et a propos de tout. Vous m'y nommez tout
le temps esthete, bon esthète, excellent esthete, sur
un ton railleur que, heureusement, on voit s'appli-
quer fort rarement dans les correspondances admi-
nistratives. Vous voulez ainsi, en même temps que
me houspiller, contester les caractères sérieux de
mon rapport, et faire par la la legon a l'Autoritó
supérieure, qui se permit, sans vous en demander
la permission, de déroger aux habitudes, en intro-
duisant dans l'administration un élément nouveau.
Votre travail demande évidemment une réponse
et je tacherai d'être aussi bref que possible.
Au préambule vous y dites que je n'ai été con-
sulté que sur l'état dans lequel se trouve l'église
Saint Martin, que j'ai ajouté a ce premier point
les observations au sujet des autres constructions
de la ville, et quej'aurais ainsi mauvaise grace,
pour diminuer ma responsabilité, a me réfugier
derrière une demande qui m'a été faite.
J'ai a vous répondre a cela, que j'étais libre, je
pense, d'arranger ma besogne comme bon me sem-
blait. Quant a la responsabilité de mon oeuvre, je
Passume tout entière et je n'ai jamais eu un instant
l'intention de me soustraire a cette obligation, en
opposition a tant d'autres qui, a tout bout de
champ, retirent leur épingle du jeu.
D'abord, vous continuez a soutenir que mon rap
port était anonyme pour vous et que ce n'est qu'a,
la suite de ma lettre ouverte du 21 Juillet dernier,
que vous en avez connu l'auteur. Eh bien vous
vous faites illusion.
Voici pourquoiLe Lundi 3 Mai dernier, dans la
séance mensuelle de la Société d'Archéologie de
Bruxelles, il a été donné lecture de mon travail. En
votre qualité de membre efi'ectif de la dite Société
(annuaire 1897, page 122), vous avez été convoqué,
comme moi, par un billet donnant l'ordre du jour
détaillé de la séance. Ce fait ne yous a jamais per
mis de douter un seul instant du nom de l'auteur
du travail sur les Monuments d'Ypres, envoyé a
votre administration.
Quant a mon rapport qui renferme, suivant vous,
une fouie d'inexactitudes et d'attaques fausses,
injurieuses, calomnieuses même et d'insinuations
de tout genre, tous gros mots que vous avez pro-
noncés au Sénaö, enceinte oüon n'a pas l'habitude
de se servir de pareil vocabulaire, le public appré-
ciera. I)u reste les épithètes que vous appliquez a
mon travail, sont tout a fait gratuites, car il est évi
dent que, s'ii y avait eu la moindre prise vous
n'eussiez pas manqué votre coup.
Quant a mes intentions, s'ii vous était possible,
pour un instant, de n'être pas Surmont, vous
verriez qu'eiles étaient bonnes et inspirées unique
ment par i'amour que je professe, depuis nombre
d'annees, pour les reliques des temps jadis, et que
mes critiques, qui sont plutót des regrets, s'atta-
chaient prmcipalement aux faits et subsidiairement
seulement aux hommes que la chose concerne. La
preuve quil n'y a eu de parti pris contre personne,
c'est que, dans mon rapport, je me suis occupé ion-
guement de l'état de nos monuments avant l'arrivée
aux affaires de votre administration. Yous vous
vantez d'avoir calmé deux membres de la Commis
sion Royale des Monuments, lesquels au cours
d'une visite a Ypres,ont osé élever ia voix.Eh bien!
vos fagons vous ont desservi, comme elles ont des-
servi les intéréts do vos commettants. En efl'et, ces
Messieurs froissés et rendus ainsi peu disposés a
obliger dans la suite la ville, qui aura mdubitable-
ment besoin de leur service, ont emporté, en outre,
une mauvaise opinion de votre personne.
Vous vous plaignez des nombreuses lacunes que
renferme mon travail au point de vue admmistratif.
N'ayant pas eu a ma disposition vos archives mo-
dernes, comment voulez-vous m'imposer l'obliga-
tion dans laquelle j'aurais dü me trouver de
m'appesantir sur ces questions, iesquelles ne chan-
gent en rien, au point de vue réel, l'état pitoyabie
dans lequel se trouvent nos monuments et n'excu-
sent nuliement i'inaction ou l'impuissance de ceux
qui doivent veiller a leur conservation.
Quant aux erreurs et inexactitudes, dont four-
miiie mon oeuvre, dites-vous, les geus sensés appré
cieront si le fait de discuter autour d'une question
(comme c'est votre tactique), c'est la résoudre.
Vous mettez en doute, pour les besoins de la
cause, ma compétence en matière d'archéologie.
Personnellement en jeu, je puis difficilement ré
pondre mais je vous pne de me dire ce que vous
avez a votre actif sous ce rapport, pour vous ériger
ainsi en juge suprème en cette matière? Est-ce
peut-ètre la batisse de la pitoyabie construction,
four a brique, située rue de Lille et attenante a
votre maison, qui vous donne cette autorité et qui
vousproclame,du coup,unpédagogue archéologue?
Sous le rapport historique, il parait que vous
daignez ne pas ignorer que je possède des données
intéressantes et précieuses sur i'histoire et les mo
numents de la ville.
II vous en coüte,je suppose, de n'être pas arrivé a
contester les mérites que je puis avoir de ce cöté.
En avouant que je pourrais rendre des services, en
cette matière, aux restaurations des Halles, votre
éloge a un but intéressé, qui n'échappera a per
sonne. Si vous me faites l'honneur de parcourir
mon Vade-Mecum pratique et utile de connais-
n sances historiques, etc. ouvrage de longue ha-
leine, qui vient de paraitre, lequel est appelé, je
pense, a rendre des services sous beaucoup de rap
ports yous constaterez que vous n'avez encore
qu'une idéé tres imparfaite de la somme de rensei-
gnements de toute nature que j'ai acquis et classés
méthodiquement pendant un travail opiniatre de
vingt-cinq ans.
Vous continuez en donnant quelques conseils
d'usageau sujet de la manière de procéder a
une bonne restauration. J'ignore ce que ces pré-
ceptes,tirésprobablement de l'un ou l'autre manuel
de puérilité civile et honnête en matière esthéti-
que, viennent faire dans votre travail. Me suis-je
occupé de cette question? Ai-je objecté quelque
chose sous ce rapport Je n'avais a faire ni l'un ni
l'autre.
Vous citez 1'autorité et la compétence de M. J.
Dewaele, professeur a l'Académie de Gand, en ma
tière de restauration. Ai-je contesté le talent de
l'architecte chargé de la reconstitution du chateau
des Comtes a Gand
Réponse faite a vos considérations générales,
j'aborde la réfutation de votre fameuse note, pour
l'élaboration de laquelle vous avez eu de nombreux
collaborateurs, car pour l'agencement des argu
ments que vous faites valoir, les points de sou
dure se dessinent clairement et même la rédaction
de tous les articles n'émane pas, me semble-t-il, du
même auteur.
Premier poixrt. Etat de conservation
des diverses parties de l'église Saint Martin.
A propos des renseignements, que j'ai donnés sur
cette question, au président de la Société d'Archéo
logie de Bruxelles, a la demande d'un confrère de
cette Société, dont je connais le nom (et cela me
sufiit), vous remarquez que je n'ai rien appris de
neuf a ce sujet, et qu'il vous est impossible de
partager mon avis. Évidemment si j'avais pu faire
part de l'excellent état de l'intérieur de Saint
Martin, mon renseignement eut été une nouvelle
toute d'actualité, puisqu'il aurait prouvé que la
restauration de ce bel édifice était en train de se
faire. C'est précisément la négation de ce fait que
je déplore.
Second point. Interruption de la res
tauration de lég Use Saint Martin.
II parait que j'ai commis une bourde énorme, de
nature a faire crouler tous les arguments que j'ai
fait valoir, en disant qu'ii y a plus de 25 ans qu'on
ainterrompu la restauration de l'église Saint Mar
tin. Mettons qu'il y a 24 ans et 364 jours et n'en
parions plus. Je note en passant que vous vous
plaisez a souligner une faute qui se trouve dans
l'impression de mon rapport, donné a l'occasion de
votre prétendue réfutation. Ne pourriez-vous me
dire a qui cette incorrection est imputable Faut-il
l'attribuer a celui qui a copié mon rapport, a vous-
même, a votre imprimeur, ou a moi Ne pourriez-
vous vérifier au ministère si cette faute colossale
se trouve également a l'original
Quant aux incidents entre Tadministration fabri-
cienne de Saint Martin et la ville, le mode a pro
céder, le système a employer, les diflicultés quon
rencontre, etc., etc. tout cela ne fait rien au fond de
la question, qui reste debout. La restauration de
l'église Saint Martin a été interrompue depuis 1872,
puisque (a l'exception de la restauration du grand
portail, terminée en 1893, fait que je n'ai pas passé
sous silence) personne n'a vu exécuter a eet édifice
le moindre travail quelque peu conséquent, depuis
cette année, a l'exception du renouvellement des
toitures, opération qui constitue un travail d'entre-
tien et non de restauration. II est évident que si la
fabrique d'église, depuis nombre d'années, avait
annuellement procédé a la réfection des toitures et
renouvelé en même temps, par petites portions les
parties devenues mauvaises,la ville n'aurait pas du
maintenant s'unposer une dépense de 30,000 francs
pour un travail de première nécessité.
Troisdènie point. Les Halles d'Ypres.
Mauvais état des parties restaurèes en
1843 et annèes suivantes. -- Interruption des
travaux de restauration.
Une fois de plus, pour le plaisir de me contredirej
vous confondez les travaux d'entretien avec les
travaux de restauration. Je pourrais a la rigueur
ranger parmi ces derniers le dégagement du rez-de-
chaussée, l'aménagement des marchés couverts,
mais en tout cas vous n'avez pas a vous attnbuer
l'honneur de ces travaux qui étaient achevés depuis
longtemps et bien avant votre arrivée a l'Hötel-
de-ville.
Vous dites ne pas ignorer que les toitures des
Halles exigent un complet renouvellement et que
ce sera une forte dépense. Ce fait prouve évidem
ment que la ville a eu le tort, tout comme la fabri
que d'église de Saint Martin, de n'avoir pas sufli-
samment bien entretenu les combles de sou superbe
monument, dont la restauration totale, d'après
vous, coütera peut-être bien 300,000 francs, entre-
prise que la ville ne peut entamer que si l'État et la
Province interviennent pour une tres forte part.
SUPPLEMENT.