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Journal liberal démocratique d'Ypres et de l'Arrondissement
Science
et eaux alimentaires.
Un parti social.
Les petits cadeaux....
Samedi, io Janvier 1898.
5 centimes le numéro.
4e année. IV0 10.
La conversion du pécheur.
Ph. de C.
M*avaissant le Hamedi.
L ONION FAIT LA FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville, Par an 3 francs.
pr la province, Par an fr. 2-50.
J'ai dit que ce qui s'est fait a la porte
d'Elverdinghe l'a été en dépit de la
science et de l'expérience acquise.
J'ai dit que les cocasses installations
d'épuration par le fer, corrompent
l'eau. C'est ma première preuve.
Les bassins de décantation sont ma
seconde preuve. Yoici comment
La décantation est une opération
physique, qui ne peut s'efl'ectuer que
sur des liquides de densité différente ou
sur un liquide contenant en suspens
des corps solides plus denses.
Les eaux de Dickebuscli ne se trou-
vent pas dans ce cas. Les matières or-
ganiques qui les polluent y sont dis-
soutes.
Les combinaisons que ces matières
forment avec le fer sont des organates
de fer, une gélatine verdatre, ayant la
même densité que l'eau.
Les bassins de décantation, en cette
occurrence, sont sans effet utile. lis ont
coüté beaucoup d'argent et en coüte-
ront encore pour entretien.
On a établi judicieusement des bas
sins de décantation la oü on avait
affaire a l'eau d'une rivière a courant
rapide, qui charie des matières solides.
Mais toutes les analyses faites prouvent
que les eaux dormantes de l'étang de
Dickebusch ne se trouvent pas dans ce
cas.
Nous nous permettons de mettre sous
les yeux de M. le Bourgmestre et du
public la feuilie d'analyse du D1' Kem-
na du 25 Février 1891. Gette feuilie
accompagnait les analyses faites a la
demande de la ville, sur des eaux
recueillies,a la fois en amont de l'étang
de Dickebusch, dans l'étang et aux
robinets de la ville. Le savant spécia-
liste écrit ceci
Tous les échantillons sont troubles et
une décantation prolongée ne parvient pas
n a les clarifierïls ont une odeur et un
goüt marécageux trés prononcés. Le
n° 5' robinets en rille) a une odeur fran-
j> chement pntride. Tous montrent au
d bout de peu de jours une pullulation
n d'organismes inférieurs, surtout dans
l'échantillon n° 5.
n Dans leur état actuel, toutes ces
eaux sont non potables par suite de
leurs caractères organoleptiques et
de leurs caractères chimiques elles
contiennent un grand excès de ma-
n tière organique et d'ammoniaque
albuminoïde.
Les impuretés sont a la fois d'ori-
gine animale comme ie montrent les
chiftres pour l'ammoniaque aibumi-
noïde et d'origine végétale, comme
le montrent ceux pour les matières
organiques totales, mais la pollution
n est surtout d'origine végétale.
Une administration publique a re-
cours aux lumières d'un savant spécia-
liste qui rend compte d'une fagon aussi
catégorique. II déclare tous les échan
tillons non potables. II déclare qu'une
décantation prolongée est sans effet
La portée logique de cette feuilie
d'analyse était qu'il fallait avant tout
purifier l'eau par le fer, par le filtrage
au charbon, ou par le filtrage au sable,
comme d'ailleurs M. le professeur
Swarts l'avait déjaprescrit a la suite de
ses études en 1888.
Et qu'est-ce qu'on fait
Rien pour la purification et le filtra
ge. On a fait; dos bassins de décantation
proclamés inutiles d'avance et mauvais
pour la pollution de l'eau.
Que dit d'ailleurs la feuilie d'ana
lyse Tous les échantillons, mon-
trent au bout de peu de jours, une
pollution d'organismes inférieurs surtout
n dans Véchantillon n° 5. a
L'échantillon n° 5 était de l'eau prise
aux robinets de la ville done de l'eau
ayant subi le contact du fer, telle que
l'eau des bassins de décantation. Cette
eau forme done un véritable bouillon
de culture pour les organismes infé
rieurs infusoires bactéries et microbes.
Ce sont de véritables bassins de pollution
M. Temmerman n'y a rien compris.
Ni M. le Bourgmestre non plus
L'ignorance est la seule hypothèse
qui puisse expliquer comment on ait
pu dépenser si follement 230,000 fr.
pour avoir une eau plus mauvaise et arri-
ver au ralionnement de 5 heures sur 24,
au coeur de l'hiver.
C'est incroyable.
P. V.
Le pécheur, en l'occurrence, c'est
notre trés autocratique mayeur M.
Surmont de Volsberghe.
On se souvient qu'en Février dernier,
M. Surmont a prononcé au Sénat un
très-spirituel discours contre le pro
jet de loi Coremans-Devriendt, tendant
a la publication dans les deux langues
frangaise et fiamande d'un texte
ofSciel des lois votées par les Cham-
bres. Le discours de M. Surmont fit
beaucoup de tapage, et valut a M. Sur
mont des fiots de compliments a re-
bours qu'il n'avait pas volés et dont
hos lecteurs ont certes gardé souve-
nance.
La mine la plus féconde des facéties
de M. Surmont fut l'impossibilité ima
ginaire de traduire convenablement en
flamand foule de termes du langage des
lois et de la jurisprudence. Et ïl puisa
des exemples dans des traductions qui
furent faites parfois d'expressions ad-
ministratives: lapenséed'en voir beau
coup d'autres transcrites en langue fia
mande plongeait notre sénateur dans
une douce gaieté peu conforme a son
grave caractère.
II faut croire que, depuis un an M.
Surmont a étudié la question dont
avait parlé avec tant de suffisance ou
son puissant génie a su dissiper toutes
les difficultés qu'il avait cru découvrir
a propos de la loi Coremans-Devriendt.
En effet, il vient de faire publier en
üamand pour la première fois le
budget de la ville d'Ypres soumis a
l'examen des contribuables.
Toutes nos félicitations a M. Sur
mont. Son attitude d'autrefois lui a
valu pas mal de reproches auxquels il a
sans doute réfiéchiM. Surmont a la
réüexion lente, s'il ne l'a pas toujours
heureuse, témoin sa réplique a M.
Arthur Merghelynck, qui n'est pas
meilleure pour avoir mijoté quatre
mois.
La Justice socialeorgane démocrati
que chrétien, avait entre autres mal
traité M. Surmont dans les termes sui-
vants, au cours d'un article oü l'atti-
tude de notre sénateur était mise en
parallèle avec ceile de M. Edmond
Picard
II y avait a Rome des esclaves grecs
qui avaient pour besogne de faire rire
le maitre en faisant des lazzis plus ou
moins spirituels sur les défauts propres
a la race hellène.
n Senèque qu'en parle quelque part,
les appelle d'un nom peu traduisible
pour le lecteur frangais qui veut être
respecté mais correspondant a peu
prés au proverbe c'est un sale oiseau
que celui qui salit son nid.
En lisant le discours de M. Sur
mont de Volsberghe admirez la
désinence parieienne involontaire-
ment j'ai songé a ces groeculi.
Evidemment l'on ne peut en vou-
loir a l'honorable sénateur pour Ypres,
si les plaisanteries sur la langue fla-
mande, qui réjouissent les Godessarts
de Rebecq-Rognon, ont pour lui une
particulière saveur. C'est un malheur,
peut-être une compensation, que les
plus riches ne sont pas toujours les plus
intelligents en tous cas, c'est un fait
constaté par tous ceux qui ont fré-
quenté les colléges.
n Ce qui est inadmissible, c'est que
dans un débat parlementaire qui fait
palpiter de craintes et d'espérances les
intellectuels de notre population fia-
mande, le mandataire de la trè3 noble
et trés glorieuse commune de la West-
Flandre n'ait trouvé pour combattre ce
qu'il sait être le voeu exprimé ou pré-
surné de l'immense majorité de ses
mandants que de pareilles piétreries.
Cela indique autre chose qu'un
manque de substance grise....
D'autant plus que le noble seigneur
a pris soin de faire remarquer que la
plupart de ces fameux fiamingants
étaient les mêmes personnages que ces
fameux démocrates-chrétiens, vous sa-
vez ces pelés, ces galeux, d'oü vien-
nent tous les maux.
O braves paysans des Flandres,
vous qui trimez du matin au soir sur
lesterres del'aristocratique leliaert,»
qui tirez dévotieusement votre cas-
quette, le Dimanche, quand vous le
rencontrez, allant occuper son banc
dans l'église, qui, sur la recommanda-
tion du vicaire votez pour lui religieu-
sernent, vous avez bien de la chance de
n'être pas en Irlande
Mais M. Surmont est convertiil a
cessé de mériter l'appréciation a re-
bronsse-poil de la Justice sociale qui ne se
fera pas faute de le reconnaitre lorsque
M. Surmont, a la première occasion
aura fait amende honorable devant le
Sénat.
II sera beaucoup pardonné a M. Sur
mont, paree qu'il a beaucoup varié.
Dans notre dernier numéro, nous
avons résumé les idéés émises par M.
Solvay, dans la Revue de Belgique et les
Annales de l'Jnstitut des sciences sodales,
au sujet des faits et des doctrines éco-
nomiques qui doivent servir de base a
un parti social. Nous avons indiqué la
considération supérieure sur laquelle
ce parti, selon M. Solvay, doit s'ap-
puyer le principe du libre-examen
II ne sera pas inutile de revenir sur
ce qu'avance M. Solvay au point de
vue mtellectuel et moral.
II commence par établir que les
progrès dans les sciences positives doi
vent permettre d'arriver un jour a la
synthèse de l'univers et, chemin fai
sant, ont le résultat immédiat aussi
considérable que nécessaire de procu
rer au travailleur supérieur l'outil mo
derne le plus précieux et le plus indis
pensable a la production intégrale ils
paraissent done devoir être l'objectif
intellectuel le plus élevé du parti du
vrai progrès social.
II envisage ensuite la fagon dont le
parti social se comportera vis-a-vis de
la religion et de la morale
Puisque le vrai parti social aurait
pour mission la recherche de la vérité
en s'appuyant sur les lois immuables
de l'umver8 et le rejet de l'arbitraire,
son cadre sera nécessairement la scien
ce positive qui en découle ses garants,
les savants qui universellement la pro-
fessent ou l'admettent; son but immé
diat, l'extension graduelle de cette
science a tout homme selon son degré
de réceptivité et en raison du temps
progressivementéconomisédans la pro
duction intégrale.
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25 n
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
En dehors de ces vérités universel-
lement reconnues par l'élité des hom
mes constituant les sociétés civilisées,
le vrai parti social doit désirer que
Ton établisse, pour Tépoque que nous
traversons, unenseignement abrégó des
^vérités de légende si l'on peut ainsi
dire, qui sont admises seulement par
les adeptes des divers systèmes reli-
gieux correspondants. Mais il doit tenir
essentiellement a ce qu'on les présente
a la fois comparativement et pour ce
qu'elles sontc'est-a-dire qu'on doit
vouloir que Ton enseigne qu'elles sont
révoquées en doute et qu'elles ne sont
pas umverselles, et que Ton indique le
nombre approximatif et la valeur in-
tellectuelle de leurs partisans.
Et plus loin
En présence des progrès incessants
de la science positive et malgré la re
action plus apparente que réelle du
moment, lejour n'est pas éloigné oü
l'homme sincère, courageux et bon,
reconnaitra avec franchise ce qu'il y a
de malhonnête, de destructif de l'ave-
nir de l'homme psycologique, a lui en-
seigner comme étant de suprêmes véri
tés, des choses qui n'en ont pas le
moindre caractère, et cela mécanique-
ment, malgré lui, alors qu'il est inca
pable de protester, de comprendre et
de juger. II reconnaitra aussi ce qu'il
y a de pusillanime et d'enfantin pour
l'homme qui arrive a douter, a ne pas
s'éclairer entièrement et ce qu'il y de
peu digne et de mauvais pour celui qui
ne croit plus a conserver et transmet-
tre a ses descendants des croyances
abandonnées.
On ne peut méconnaitre qu'il y a
dans ces idéés de M. Solvay une hau
teur morale et une dignité qui tran-
chent entièrement sur la veulerie et
l'hypocrisie d'aujourd'hui.
Quant a la morale, voici ce qu'en dit
M. Solvay
i La morale, que Ton a dénaturée et
outragée en la faisant abstraite, non
eüective, non sociale, ne consiste-t-elle
pas tout entière a vouloir pour autrui,
en général, ce que Ton veut pour soi, a
vouloir le bien, a ne pas vouloir le mal
n Or, nous avons eu pour but de
chercher a établir les formules du bien
social et du mal social, et les principes
dont l'application permettrait a la so-
ciété d'arriver le plus sürement,le plus
pratiquement et endéans le moins de
temps possible, a cette solution finale:
la plus grande égalité matérielle et in-
tellectuelle possible entre les hommes
Ia plus petite inégalité, si l'on veut
et comme conséquence, l'accroisse-
ment universel de la vie moyenne de
l'homme en lequel se résumé pour nous
toute la morale sociale.
Ces formules sont-elles exactes
Si oui, adoptons-les, pratiquons-les,
enseignons-les ainsi nous serons mo-
raux et peu a peu ia société tout entière
deviendra morale.
C'est a la libre réflexion et a la libre
discussion de tous les hommes sans pré-
jugé de décider de l'exactitude des for
mules de progrès social et de morale
sociale proposés par M. Solvay. De
l'examen sincère et loyal des idéés jail-
lirait la lumière, et nous sommes cer
tains que le parti social qui se fonde-
rait ne pourrait manquer de faire
triompher les idéés libérales momen-
tanément éclipsées. Ph. de C.
A l'occasion du 60e anniversaire de
sa première messe, le Pape Léon XIII
a regu des cadeaux de la plupart des
souverains d'Europe.
On y voit figurer une bague en dia-