On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a PAgence Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 32 et a Paris, Agence de la Bourse. Journal liberal démocratique cTYpres et de 1'Arrondissement Pour le service d'un an. 4e année. N° 24. Quelques moyens d'utilité publique a Ypres. L'ignorance en Belgique. I^araissant le Samedi. L UNION FAIT LA FORCE. PRIX DE L'ABONNEMENT pour la ville, Par an 3 francs. pr la province, Par an fr. 2-50. (Suite). Ijes boulevai'ds et les anciens fossés die la ville. Les opinions sont fort partagées au sujet du maintien ou de la démolition des anciens remparts de la ville. Ces fossés larges et tortueux, ces antiques murailles et ces magnifiques promena des suspendues qui les couronnent, fournissent au spectateur des points de vue incomparables. A (prioril'on se demanderait comment il puisse venir a l'idée de quelqu'un de vouloir faire talie rase de ces vestiges qui donnent a notre ville un cachet et une célébritó qui chez nous deviennent de plus en plus rares. Je suis cependant de ceux qui veu- lent poursuivre la dispantion graduelle des remparts, et cela pour plusieurs raisons. Je leur reproche d'abord de constituer un obstacle a l'extension et a la modernisation de la ville et, en suite, de nuire a la santé publique. Messieurs les esthetes, dont je ne con- teste ni le talent ni les bonnes inten tions, ont le grand tort de ne vouloir faire que de l'esthétique. Regardons un demi-siècle en arrière pour quelles raisons la ville a-t-elle été, depuis, démantelée en grande partie A cette époque, elle ne possé- dait que quatre issues, a savoir les portes de Lille, de Menin, de Dixmude et du Temple. La création de nouvelles routes, la construction du chemin de fer, l'extension de quartiers nouveaux ont nécessité, progressivement, le per- cement, au travers des remparts, d'au- tres sorties et voila déja rasée une grande partie de nos anciens boule vards. C'était inévitable, et personne nesongerait aujourd'hui,a en critiquer l'administration locale d'alors, bien au contraire. De plus, les anciennes portes de Lille, de Menin et de Dix mude étaient de beaucoup trop exi- guës et l'on a dü, pour leur donner la largeur voulue, en détnolir les macon- neries. La porte du Temple même, vient de tomber sous la pioche du démolisseur pour le quart d'heure, elle ne gênait, cependant, personne et bien qu'elle n'offrit aucun caractère monumental, je l'aurais laissée, ne fut-ce que pour en conserver un spécimen. Quelques années après la suppression des portes de la ville, furent décrétés successivement la construction de la prison cellulaire, celie du bassin de natation, la création du nouveau quar- tier de la Station, avec le projet du Boulevard Maloupuis, tout récemment, les installations des eaux de la ville, travaux qui, tour a tour, ont entrainé la condamnation de plusieurs coins charmants des fortifications anciennes. Aurait-on pu songer jamais a respec ter celles-ci malgré tout En admet- tant même que l'administration de M. Vanheule n'eüt pas, en 1886, procédé au comblement d'une partie du Boter- plasles édiles actuals n'y eussent-ils pas été contraints aujourd'hui, pour permettre le déplacement vers la ville des routes de Vlamertinghe et de Lo- cre, déplacement nécessité par l'agran- dissement de la Station du chemin de fer Le Boterplascoüte que coüte, était done condamné. Et, dans peu d'années, n'éprouvera-t-on pas le be- soin de créer une nouvelle sortie de la ville, par le prolongement de la rue des Riches Claires, afin de ne pas tenir caché aux étrangers l'établissement de Bienfaisance, fondation Godtschalck, qui constituera, il faut, du moins, l'es- pérer, un monument moderne Voila comment, a Ypres, depuis un demi-siècle a peine, fortifications, fos- 8és, promenades publiques, ont dü, par la force des choses, être en grande partie transformés ou le seront dans un avenir prochain. Est-ce regretta ble Je ne le pense pas. C'est la des- tinée des anciennes villes fortifiées voyez Bruxelles, Anvers, Audenarde et Bruges même, qui, a l'heure qu'il est, veut épargner une partie de ses rem parts mais a quel prix Et ne devra- t-on, a Bruges, comme ailleurs, pas finir par céder Voila pour la modernisation de la ville. [A suivre). Dans le Bulletin de la Ligue de VEn- seignementM. Sluys, l'éminent direc teur de l'Ecole normale d'instituteurs de Bruxelles, publie une intéressante étude sur l'ignorance dans notre pays. Le sujet mérite d'êtremédité par tous ceux qu'inquiète l'avemr de la Belgi que. Nous en reproduisons quelques par ties d'après des confrères bruxellois. Un projet de loi sur Yinstruction obliga toire était soumis aux deliberations de la Chambre en 1884, lorsque fut renversé ie ministère Frère-Orban-Van Humbeeck. Depuis, tous les ministres de l'Instruction publique, MM. Jacobs, Thonissen, Devol- der, de Burlet, Schollaert, ont spécialement appliqué leurs efforts a détruire 1'éJifice scolaire de 1879. De même que nous sommes le peuple le plus alcoolisé du monde, nous sommes celui qui compte le plus d'illettrés. Tel est notre büan a la fin du XIXe siècle. Voici quelques chiffres puisés aux sources officielles le recensement de 1890 con state que sur 1 million 668,457 hommes de 21 ans et plus, ii y en avait 423,525, soit 25 p. c., qui ne savaient pas lire et écrire le nombre de femrnes illettrées était plus considérableencore368,046 sur 1,700,166, soit 33,4 p. c. Le corps électoral qui a élu les premières Chambres législatives sous le régime du suffrage universel comptait done environ un quart de citoyens illettrés. Et ce serait une illusion de croire que les trois autres quarts étaient eomposés d'hommes possé- dant tout au moins des connaissances pri- maires Les examens des miliciens sont édifiants a eet égard. II est reconnu aujourd'hui qu'il est im possible de vaincre l'ignorance sans recourir a une loi rendant l'instruction obligatoire, l'école primaire accessible a tous. Depuis 1883, la situation générale ne s'est pas améliorée, car la fréquentation scolaire est restée presque partout insuffi- sante et relachée et l'organisation pédago- gique, loin de s'améliorer, a été systémati- quement ébranlée tout a été mis en oeuvre pour diminuer la force éducative de l'école publique. Ledernier rapport triennal (datant de 1893) fait a eet égard de tristes aveux partout ies inspecteurs se plaignent du peu de durée et de régularité de la fréquentation des classes. L'inspecteur de Marche estime que l'in struction obligatoire est le corollaire obligé du grand accroissement du nombre de citoyens dorénavant appelés a participer a la puissance publique et dont dépend l'avenir du pays Le rapport triennal document ofRciel dit en terme de conclusion Quoi que l'on pense a ce sujet, on doit reconnaitre que les résultats définitifs obtenus par les écoles primaires ne sont pas brillants Sur 85,300 élèves qui ont quitté ies écoles com- munales sans espoir de retour, 19,663, c'est-a-dire 25,05 p. c. seulement, avaient fait un cours complet d'études primaires. Dans les écoles adoptées ou privées subsi- dées, la proportion est moindre encore 5,770 sur 31,746, soit 18,18 p. c. en Allemagne 2.4 ANNONCES Annonces 10 centimes la ligne. Réclames 25 Annonces judiciaires: 1 fr. la ligne. On a calculé que, d'après la proportion trés faible dans laquelle diminue annuelle- ment le nombre des illettrés, il faudra plus de deux siècles pour atteindre ce résultat si desirableY tous les Beiges de vingt ans possédant au moins les bases de l'instruction primaire C'est en comparant le degré d'instruotion des miliciens beiges a celui des divers peu- ples civilisés, qu'on se convainc de la néces sité d'une réforme sérieuse de notre orga nisation scolaire. En 1881, sur 1000 miliciens, on trouvait en Belgique207 illettrés. en Suisse23 en Suède. 4 en Danemarck3 En 1891 en Belgique159 illettrés. en France74 En 1895 en Belgique136 illettrés. en Allemagne1.5 C'est incontestablement a l'influence de lois rendant l'instruction obligatoire que sont dus les progrès indiqués, pour d'autres pays, par les chiffres ci-dessus. En vingt années (1874-1893), le nombre d'illettrés tombe, en Prusse, de 40 a 7, tan dis qu'en Belgique, il descend péniblement de 249 a 149, ou proportionnellement de 40 a 25. C'est a n'en pas douter a la loi d'obligation qus la Prusse doit ce résultat, tandis que c'est a l'inefficacité de nos lois scolaires qu'il faut attribuer l'état réellement honteux d'ignorance dans lequel le peuple beige se trouve encore et la lenteur désespérante de la pénétration de l'instruction primaire dans les couches profondes de la population. La statistique des illettrés par arron dissement est aussi éminemment sug gestive. On y voit, par exemple, que dans l'arrondissementd'Audenarde le nom bre des illettrés dépasse 48 p. c., dans celui d'Eecloo, 49 p. c., dans celui de Oourtrai, 50 p. c. II tombe a 26,7 p. c. dans l'arrondissement de Verviers, a 27,8 p. c. dans celui de Huy, enfin a 10 p. c. dans celui de Virton. Les arrondissements les plus fanati- ques sont aussi les plus ignorants. La cause est la même la misère et l'iso- lement des populations entrainent le fanatisme et l'ignorance, inévitable- ment. Ils entrainent aussi le développe- mant de la criminalité. Voici a ce pro pos un intéressant tableau tiré du résu mé statistique de la justice criminelle (1881-1885). En restituant a chaque province les accusés qui lui reviennent par la nais- sance ou par le domicile, on arrive aux résultats suivants Habitants sur un accusé indigène PROVINCES nés domiciliés d'la province dsla province Flandre occidentale 50,805 59,134 Flandre oriëntale 58,871 67,961 Limbourg 72,984 99,523 Anvers 88,797 112,165 Luxembourg 97,618 107,380 Brabant 131,118 129,275 Hainaut 139,174 139,174 Liége145,045 151,238 Namur 151,709 185,423 Les provinces dont les représentants et sénateurs sont tous cléricaux dé- tiennent le record de la criminalité. Preuve manifeste que la religion est insuffisante pour élever la moralité du peuple La misère et l'ignorance l'une cause de l'autre sont les deux fac teurs de Ja criminalité. C'est lorsqu'une pareille conséquen- ce crève les yeux que le gouvernement s'acharne de son mieux sur l'enseigne- ment populaire. Triste Ph. de C. La Chambre des représentants est saisie de deux projets de loi réduisant la durée de l'encasernementl'un, de M. Lorand, réduit a un an la durée du service actif pour l'infanterie, avec faculté de libération anticipée pour les miliciens qui, après six mois, au- raient fait preuve d'une instruction sufïïsante l'autre, de M. Colfs, réduit pour toutes les armes la durée du ser vice a un an et demi, sans faculté de libération anticipée. 11 est certain que ces projets ne vien- dront pas en discussion dans la session actuelle. Les membres de la droite ne manquent pas une occasion de se pro- clamer partisans d'une réduction du temps de service militaire; mais quand il s'agit de passer aux actes, leur en thousiasme tombe, on ne les trouve plus d'un coeur léger, ils laissent se perpétuer ce qu'ils jugent mauvais. Ce n'est pas en Belgique seulement que se pose la réduction du temps de service. La Chambre frangaise a été saisie récemment d'une proposition de réso- lution, signée par deux cents députés, pour inviter le gouvernement a prepa rer la réduction du temps de s rvice a deux ans. Naturellement, le général Billot, ministre de la guerre, a repous- sé la proposition, deux ans étant, selon lui, insuffisants pour former des soldats comme il les congoit. D'autre part, M. Urbain Gohier a commencé dans le Soleil et continue dans YAurore une énergique Campagne pour que la question du service d'un an soit posée devant le suffrage univer sel aux élections du mois de Mai. La situation militaire de la France est trop différente de la nótre pour que tous les arguments de AI. Gohier puis sent s'appliquer a la Belgique. Le but qu'il poursuit est cependant celui que doivent aussi avoir en vue tous ceux qu'intéresse l'avenir de la Belgique Tirer de la nation le maximum de puissance militaire en lui imposant le minimum de charges économiques; con- cilier les nécessités de la défense et les nécessités sociales voila le but. Rien n'empêche de l'atteindre, moyen- nant... l'organisation du service d'un M. Gohier établit que cinquanle-trois pour cent des jeunes Frangais, dans l'in fanterie, jouissent déja du service d'un an. Ce sont les enfants dont les pères ont de l'argent. Cette constatation s'expliqne par les dispenses et réduc- tion3 que la loi frangaise accorde aux jeunes gens qui ont fait ou font certai- nes études.Elle suflit a détruire l'ob- jection que douze mois de service efiec- tif ne peuvent arriver a former un soldat. La plupart des militaires profes- sionnels,écrit encore M. Gohier, quand ils ne parient pas en public et qu'ils sont de bonne foi,reconnaissent qu'une année de régiment, après instruction préparatoire, suffit trés bien a former des soldats. lis ne font que deux ob jections. La première touche leur commo- dité personnelle ils demandent com ment ils se procureront des ordonnances étant obligés actuellement d'attendre que les soldats aient achevé leurs clas ses pour les transformer en domesti- ques. Cette considération n'a pas la moindre importance, ün ne peut véri- tablement régler le régime militaire de la nation sur les convenances privées PM aSSBBBBBB dU, n

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De Strijd – La Lutte (1894-1899) | 1898 | | pagina 1