Journal liberal démocratique d'Ypres et de 1'Arrondissement
Un pauvre homme.
Samedi, li Juin 1898
Quelques moyens
d'utiLité publique a Ypres.
Les élections provinciales
Entre conservalours
et démocrates-chrétiens t
Les démocrates-chrétiens ont opposé
des candidats aux cléricaux dans plu-
sieurs arrondissements de la Flandre
oriëntale, aux élections du 22 Mai.
Inutile de dire que les catholiques
démocrates ont été aussi vivement
combattu8 que les candidats anticléri-
On s'abonne au bureau dn journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour
les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence
Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 32 et a Paris, Agence de la
Bourse.
Le Service personnel
en Holiande.
g*araissant le Hantedi
L UNION FAIT LA FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la yille, Par an 3 francs,
p' LA province, Par an fr. S5-50.
(Suite).
Conclusion
Nous n'avons traité, dans ces notes
trop brieves que quelques points essen-
tiels qui intéressent la ville d'Ypres
d'autres questions d'utilité publique
pourraient être soulevées.
Nous n'exprimerons qu'un voeu ce
lui de voir examiner, sans parti pris,
les idéés que nous avons exprimées.
Toute manière de voir, présentée avec
sincérité, mérite qu'on s'y arrête.
Sur bien des questions, notre opinion
aura paru paradoxale, mais n'en est-il
pas ainsi de toutes les réformes El les
eïïraient au début pour paraitre tout
naturelles dans la suite.
Ne nous dissimulons pas qu'en ma-
tière de travaux d'hygiène et de trans
formation, il y a, a Ypres, beau co up a
faire. Ne nous laissons pas distancer
par les autres localités importantes de
la Belgique. Nous avous, au contraire,
les moyens de faire de notre petite
ville un des points les plus attrayants
du pays.
Nous n'avons ni commerce ni indus
trie la garnison, qui constitue une de
nos rares ressources, peut nous être
supprimée d'un moment a l'autre. At-
tirons done le touriste vers nos monu
ments publics et privés, entretenus
avec tous les soins possibles, mais sau-
vegardons la santé publique. Les
moyens d'existence et l'hygiène de la
population sont en jeu deux facteurs
qui doivent, de la part des mandatai-
res, faire l'objet des preoccupations
de tous les instants. X.
Les élections du 5 Juin n'ont pas
donné aux cléricaux ce qu'ils atten-
daient de leur nouvelle loi électorale
pour la province.
lis avaient découpé les grands can
tons libéraux pour s'y assurer une part
des conseillers provinciaux. Leur cal-
cul n'a abouti pour aucune des gran-
des villes, et si les anticléricaux com-
prennent leur devoir et leur intérêt,
les grandes villes ne seront pas repré-
sentées aux conseils provinciaux par
leurs pire8 ennemis.
Les ballottages sont trop nombreux
pour que les résultats du premier tour
permettent de juger des changements
apportés dans la composition des con
seils provinciaux. Ce sera pour la se-
maine prochaine.
On peut néanmoins constater deux
faits importants
1°) le reeul du parti clérical dans les
provinces wallonnes et dans le Bra
bant
2°) le reièvement du parti libéral,
dans l'arrondissement de Mons parti-
culièrement on s'était trop ható de
l'enterrer lesjournées du 22 Mai et
du 5 Juin ont prouvé qu'il vit encore,
et qu'il est capable de ressaisir sa part
d'inüuence quand il ne sera plus écrasé
par un régime électoral inique machi-
né surtout contre lui.
Les deux constatations nous sont
agréables a faire. Ph. de C.
caux et par les mêmes moyens. Leurs
déclarations a ce sujet sont des plus
édifianteselles complètent a merveille
d'autres révélations faitespardesdémo-
crates-chrétiens et dont nous avons,
en leur temps, fait part a nos lecteurs.
M. Hector Plancquaert fut candidat
dans l'arrondissement de Gand, oü il
recueillit 5,000 voix. Dans son journal
Het Rechtil explique ainsi qu'il suit
pourquoi son parti ne recueillit que la
moitié des votes sur lesquels il comp-
tait
Quatre cents chateaux et villas sont au-
tant de postes de garde qui empêehent le
peuple de marcher vers la iiberté et de déve-
loppement intellectuel.
Presque personne n'ose dire ce qu'il pense
et beaucoup de gens courent ici avec une
double ('ace. Us étendent les bras a l'église,
et a peine sortis, leur bouche vomit le lan-
gage le plus sale. Quand ils travaillent chez
un libéral, ils parient en libéraux. Quand ils
travaillent chez un catholique, ils sont catho
liques. Et si le diable leur donnait de l'ar-
gent, ils cracheraient a la face du Seigneur.
Trois siècles d'esclavage ont brisé le ca-
ractère du peuple Seule une propaganda
continue et la jeunesse qui se leve et qui a
recu une education nouvelle, y changeront
quelque chose.
La deuxième raison est l'attitude du cler-
gé en fidèles valets du capital, ils ont
couru de maison en maison, de personne a
personne. Menaces, oppressions de cons
cience, mensonges et calomnies, tout a été
mis en oeuvre. Les mères et les fiiles ont été
excitées contre les pères et les fils, on
invoquait le ciel et on menacait de l'enfer.
Et quand, le jour de Detection, aux bureaux
de vote, on regarde et on voit ces vieilles
gens et ces paysans a la vie solitaire, qui ne
viennent qu'une fois par semaine au village
et ne lisent pas une page par an, comment
voulez-vous qu'ils votent
Leur métairie appartient aux riches. Si la
ferme leur appartient, de quelle somme
n'est-elle pas grevée Ei si elle n'est pas
grevée, alors ils sont déja trop riches pour
s'occuper du peuple. Et quand au dernier
moment on est pressé par les riches et les
prêtres, il n'est pas étonnant que beaucoup
degens, qui, huit jours avant l'élection sont
tres démocrates, au moment de l'élection
sentent leur courage se fondre dans leurs
bottines.
Le même M. Plancquaert fait des
cléricaux le portrait que voici, peu
flatté, mais ressemblaut M. Planc
quaert, qui a vu les cléricaux de prés,
est bien placé pour les pemdre tout
vifs
Qu'entend-on le plus souvent par ca
tholiques C'est un mélange de braves gens,
tres simples, portant des chaines, conduits
par une bande de poiiticiens et de parvenus
qui sont arrivés a un certain degré de for
tune, qui donnent le ton et sont capables de
tout pour faire sentir leur domination.
Ce sont des tyrans qui se servent de la
bienfaisance publique pour enchatner le
peuple.
j> Ce sont des lècheurs de bottes des grands
et des puissants, a commencer par le sultan
rouge, le grand assassin de nos frères chré-
tiens.
Ce sont des gens sans pudeur qui tor-
dent le cou a la justice.
Ce sont... je devrais en dire encore da-
vantage, car sous le drapeau catholique se
trouvent rangés toutes sortes de gens qui se
disent hommes d'ordre, qiu n'ont pas un
grain defoi, qui jamais ne mettent le pied a
l'église, dont la conscience est chargée d'un
grand nombre de péché^commis a l'égard
des travailleurs libres, tels que la famine,
Vexploitationla tyrannie, le déshonneur,
etc.
II faut reconnaitre que le portrait
tracé par M. Plancquaert s'applique a
d'autres cléricaux que ceux de Gand.
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces j udiciaires 1
fr. la ligne.
M. Du Uatillon, qui mit le ministre
De Bruyn en ballottage a 1'ermonde,
explique aux lecteurs de Klokke Roe
landt les péripéties de la lutte qu'il a
soutenue
Grace au truquage, a la puissance finan-
cière et a la pression sur la conscience des
électeurs, M. De Bruyn a triomphé.
La lutte du ballottage avait l'aspect d'une
lutte des classes, la lutte de tous les exploités
contre les exploiteurs, sans distinction d'opi-
nion, qui ont écrasé les peinards sous le
poids de leurs trois voix.
L'intervention ministérielle fut ébontée.
A Bruxelles on avait compris qu'il ne s'agis-
sait pas seulement d'atteindre M. De Bruyn,
mais aussi le ministère réactionnaire. De ia,
le régime de terreur pesant sur les employés
de l'Etat, qui n'osèrent plus recevoir nos
écrits. Dès aujourd'hui, il est. décidé que
plusieurs employés du chemin de fer seront
déplacés, paree que convaincus ou soupcon-
nés de Ducatillonnisme. C'est une bonte
Le clergé avait recu les ordres les plus
sévères de levêché, pour nous combattre.
Aux naïfs, il faisait croire que les églises et
les couvents allaient être incendiés, si nous
étions élus. Dans certaines églises, le curé
prêohait que les électeurs qui voteraient
pour nous serfient damnés. Des électeurs
qui étaient a nous, ne recurent pas l'absolu-
tion avant la Pentecóie. Des prières publi-
ques, même le Veni Creator, fqrent cbantées
dans les école.s, les hospices, les couvents et
les oratoires a l'intention de M. De Bruyn.
C'était comme si l'Aütéchrist était né.
Ce n'en était pas assez des cnrés exci-
taientlesenfants,qui ne savaietitce qu'ils fai-
saient, contre nous lorsque nous passions
par le village. Ce fut le cas a Hamme-Ste-
Anne, a Overmeire, oü le curé aeheta et
distribua lui-même des petits sifflets. Beau
système d'éducation Belle application de
la doctrine du ChristAimez votre prochain
comme vous-même Si de bons catholi
ques désertent l'Eglise, ce ne sera pas notre
faute.
Les autorités civiles agirent de même. Les
bourgmestres avaient été avertis qu'ils
avaient. a travailler nuit et jour. Tout con-
seiller communal avait recu une circulaire,
l'invitant a faire de la propagande indivi-
duelle. Nous pouvons citer une commune,
dont le bourgmestre, nommé contre la vo-
lonté de M. De Bruyn, a poussé la bassesse
jusqu'a apprendre a voter a des électeurs,
soutenus par le bureau de bienfaisance. On
sait ce que cela signifie. On se serait cru au
beau temps des fraudes deNapoléon-le-Petit.
C'est a raison qu'un homme politique de
l'arrondissement a dit Je m'occupe de-
puis trente ans de politique jamais je n'ai
assisté a une campagne si scandaleuse.
Les manifestes des cléricaux étaient
écoeurants. Cenx du cornite électoral de
Wetteren surtout dépassaient en bassesse
tout ce que nous avons lu jusqu'ici. Ces
gens n'ont reculé devant rien mensonges,
calomnies, triturations de texte, langage de
poissardes, o'étaient leur monnaie courante.
II faut être inconscient ou hystérique pour
en agir ainsi.
Au meeting, on a été tout aussi vil. Des
orateurs, defendant M. De Bruyn, n'hési-
taient pas a me trainer dans la boue.
Finalement on dut m'accuser d'êtro sou-
tenu par la loge et par les socialistes.
Les démocrates-chrétiens sont victi-
mes des mêmes procédés qui ont été
mis en oeuvre contre les libéraux et les
socialistes. Les moyens que le parti
clérical emploie pour combattre ses
adversaires sont partout aussi malpro-
pres, quel que soit le drapeau sous
lequel marchent ces adversaires.
A Olsene, prés de Gand, un cabare
tier commit le crime de donner a boire
a des propagandistes du cartel. La nuit
suivante, sa maison flambaitle ca
baretier accuse les cléricaux de s'être
vengés. Lesjournaux cléricaux n'ont
dit mot de l'incident.
Voila ce que les gens qui prétendent
au monopole de la morale ont fait des
paysans fanatisés des hypocrites sui-
vant M Plancquaert, des incendiaires
suivant le cabaretier d'Olsene.
Combien faudra-t-il consacrer d'an-
nées a l'instruction et a la propagan
de, combien de générations faudra-t-il
éduquer pour détruire l'oéuvre néfaste
d'asservissement accomplie par les
cléricaux en Flandre Ph. de G.
Voici la fortune du pape telle que
l'estiment certains journaux italiens
Sans compter le colossal palais du
Vatican avec ses 11,000 chambres, le
pape ne possède pas moins de 3,000
maisons, terrains, villas, chateaux,
amsi que 30,000 hectares de champ3 et
forêts.
En testaments et dotations le pape
reqoit annuellement de 80 a 100 mil
lions de francs. Le denier de Saint-
Pierre produit de 100 a 150 millions.
Enfin, d'après les journaux italiens,
Léon XIII ne possède pas moins de 2
milliards 220 millions de francs.
Léon XIII se dit le représentant sur
terre de celui qui n'avait pas une pierre
pour reposer sa tête. Le représentant
est devenu bien différent de celui dont
il se réclame.
Pendant qu'il amasse i'or par quan-
tités prodigieuses, ses compatriotes,
crevant de faim, se font fusilier plutót
que de supporter plus longternps leur
misère. Et le délégué du Pape a Milan
s'enfuit lorque l'armée de Humbert Ier
mïtraille les Milanais désespérés
Edifiants spectacles, avec ceux qu'a
donnés le Pape se désintéressant du
sort de 300,000 Arménietis chrétiens
massacrés par les Turcs, et de celui de
500,000 Cubains luttant pour la Iiberté
contre leurs bourréaux espaguols
La secoude chambre a terminé Sa
medi la discussion du projet de loi sur
le service personnel. Elle a été menée
rendementen quelques séances les
136 articles ont été votés.
L'article lr, établissant le principe
du service personnel, a été adopté par
71 voix contre 19. Tous les opposants
sont catholiques. Seul, le "docteur
Schaepman a voté pour. Deux députés,
MM. van der Zwaag, socialiste, et van
Dedem, antirévolutionnaire, absents a
l'heure du vote, ont été dispensés de
se prononcer.
Les autres articles ont été approuvés
sans scrutin. Le vote définitif sur l'en-
semble aura lieu Mercredi.
Le débat n'a pris une tournure assez
vive que sur la question des immuni-
tés ecclésiastiques vrijstellingenM.
Pyttersen, libéral-radical, et M. Troel
stra, socialiste, ont défendu des amen-
dements tendant a la suppression des
exemptions en faveur du clergé. II pa-
rait qu'en Holiande comme chez nous,
le clergé abandonne aux laïcs tout sou-
ci de patriotisme sa patrie est Rome,
il ne veut pas en servir d'autres. Le
docteur Schaepman, qui avait a plu
sieurs reprises violemment interrompu
les orateurs, est intervenu dans la dis
cussion. II a fait des jeux d'esprit aux
dépens de M. Pyttersen, et usé d'un
langage acerbe dans sa réponse a l'a-
vocat Troelstra, qui avait reproché a
l'Eglise catholique son amour des ri-
chesses, employées a édifier de super
bes églises au détriment de ses pauvres
volontairement négligés.
Le docteur Schaepman a eu des mots
imprudents et malheureux sur le ca-
ractère du clergé, les pretentions et