Journal liberal démocratique d'Ypres et de 1'Arrondissement Certificat. Doux ehrétiens Examen. Samedi, 50 Juillel 1898. 5 centimes' le numéro. 4e année. N° 58, S*a»mais»imt le Hamedi L'expulsion de Viochem. L'éiection de ISastogne. La paix proehaine. L UNION FAIT LA FORCE. PRIX DE L'ABONNEMENT POUR LA ville, Par an 3 francs, pr LA province, Par an fr. 3-5O Monsieur Albert Van Egroo, est depuis quelque temps victime de bruits calommeux, que des gens mal- veillants ou des envieux répandent en ville. Pour y couper court nous avons la satisfaction de publier le certificat élo- gieux, délivré par M. Gevaert, direc teur du Conservatoire Royal a Bru- xelles. Bruxelles, le 16 Juin 1898. Le soussigné Directeur du Conserva toire Royal de musique de Bruxelles, certilie que l'élève Van Egroo Albert a fréquente les cours du Conservatoire de 1896 a 1898. Ce jeune homme, bon musicien a non seulement remporté le premier prix de solfège avec distinc tion aux concours de l'annéa 1897 mais il a aussi suivi avec fruit le cours de violon de M. Colyns. M. Van Egroo a fait de bonnes études musicales et a été admis a faire partie de l'orchestre des concerts du Conservatoire dès le mois d'Octobre 1896. Le Directeur (signé) GEVAERT. (Communiqué). On sait que l'armée framjaise est cléricalisée jusqu'aux sommets de la hiërarchie. C'est le résultat d'un lent travail accompli par le clergé et les ordres religieux depuis 1870 surtout, travail qui a abouti a remettre le com- mandement de l'armée de la républi- que aux fils des émigrés qui ont com- battu la France, dans les rangs de l'ar mée de Coudé. Les chefs de l'armée franqaise ne manquent aucune occasion de montrer leur soumission au clergé, et celui-ci, d'autre part, ne ménage pas les flatte ries au sabre et a la force brutale. Le général Jamont, généralissime des armées franqaises, a présidé la dis tribution des prix a l'école des domi- nicains d'Arcueil le père Didon a prononcé en sa présence un discours oü l'appel le plus direct est fait a l'emploi de la force brutale pour ré- soudre toutes les difficultés qui sur- gissent en ce moment en France Lorsque je parle de la nécessité pour une nation d'étre mutiie de la force, je ne crains pas de préciser et de dire que j'entends par ler directement de la force matérielle, de celle dont l'armée est la plus puissante ex pression, de celle enfin dont on peut dire ee qu'on a dit du canon, qu'elle est la su prème raison des chefs d'Etat et des patries. Un pays pourrait plulót se passer de littérature et d'art, voire de science et de philosophie, que de force. Et puis Lorsque la persuasion a échoué, lorsque l'amour a été impuissant, il faut s'armer de la force coercitive, brandir le glaive; terro- risercouper les têtessévir et frapper, im- poser la justice. L'emploi de la force, en cette conjoncture, n'est pas seulement licite et legitime, il est obligatoire et la force ainsi employee n'est plus une puissance brutale elle devient énergie bienfaisante et saine. L'art suprème du gouvernement est de savoir l'heure exacte oü la tolerance devient de la complicité. Malheur a ceux qui mas- quent leur faiblesse criminelle derrière une insuffisante légalité, a ceux qui laissent le glaive s'èmoussera ceux dont la bonté tourne en débonnaireté le pays, livré a toutes les angoisses, les rejettera flétris, pour avoir pas su vouloir MÊME AU PRIX DU SANG le défendre et le sau- vor. On le voit, la pensée est parfaite- ment nette, et l'on ne peut, cette fois, reprocher a un moine catholique d'a- voir manqué de franchise. Tant pis pour ceux qui ont des oreilles et n'en- tendent pas On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 32 et a Paris, Agence de la Bourse. ANNONCES Annonces 10 centimes la ligue. Réclames25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. Le discours belliqueux du P. Didon n'a pas été, ces dermera jours, le seul morceau de prose catholique qui ait révélé une fois de plus le projet tou- jours caressé, souvent ajourné vu le malheur des temps de rétablir la suprématie de l'Eglise catholique par les moyens de contrainte. A propos de la procession du Saint- Sacrement du Miracle a Bruxelles, le Journal de Bruxellesd'ordinaire si mo- déré et si cauteleux, écrivait Et maintenant, qu'on nous laisse lafoi au dogme de 1'Euchanstie et la pieuse croyance au baint-Sacrement de Miracle. Libre a l'impiété de nier tout cela, elle se prosternera tót ou tard, de gré ou de forcedevant le Dieu de i'Eu- charistie qui est le roi du monde. La phrase oü avait percé le bout de l'oreille ayant été remarquée plus qu'il ne convenait a la politique du Journal de Bruxellesil a essayé d'expliquer qu'il n'a voulu parler que de la force morale dont usera l'Eglise. La Flandre libérale repousse cette explica tion en rappelant comme suit l'emploi que l'Eglise a fait de sa force morale depuis dix-neuf siècles N'user que de la force morale Est-ce vrai Est-ce que l'Eglise a recours a la force morale? Prenons au hasard dans l'his- toire. Est-ce que l'Eglise a recours a la force morale, lorsqu'elle prof'esse déja au lVe siè cle qu'il est permis de tuer tous les infiuè- les Saint Augustin n'est-il pas le partisan le plus fougueux des persecutions 11 est permisauxjustes,dit-il, detuerles méchants. Cela se fait d'après l'autorité de Dieu, qui sait parfaitement a qui il convient d'etre tué. Le pape Urbain dit Nous ne re- gardons pas comme homicides ceux qui, en- flammés d'un saint zèle centre les excom- muniés, se seraient portés a en tuer quel- ques-uns. Le pape Pie V expose, a son tour, que rien n'est plus cruel que la mi- séricorde envers les impies qui ont mérité le dernier supplice L'Eglise professe tou- jours que l'hérésié est le plus grand des crimes, plus grand que l'aduhère, que le vol, etc. Est-ce que la théologie moderne a répudie ces criminelles doctrines Non. Que l'Eglise nous dise si elle les a condamnées Que le Journal de Bruxelles nous le dise Faut-il rappeler les persecutions de Con- stantin Le concile de Latran ne décide-t-il pas que l'extermination des hérétiques doit devenir une loi rigoureuse et générale Pendant que la sainte inquisition fonotionne dans toute l'Europe, les Espagnols entre- prennent avec l'autorisation des papes et de l'Eglise, l'extermination des indigènes de l'Amérique du Sud dont le crime est de ne pas être ehrétiens. Marie Tudor, en Angle- terre, continue les persecutions de Henri VIII, son père, et établit un tribunal prin- cipalement compose d'ecclésiastiques,devant lequel sont cités, non seulement les heréti- ques, mais les personnes qui négligent d'as- sister a Ia messe, aux processions, etc. La sévérité de ces ordonnances, la cruauté des exécutions qui s'en suivent valent a cette femme d'étre appelée Marie la San- glante. Nulle part l'inquisition ne feurit autant qu'en Sspagne et a Rome. Jusqu'il y a trente ans, a Rome, les personnes convain- cues ou même soupconnées de libéralisme étaient envoyées auxgalères. En 1860, les prisons de l'Ombrie et des Marches étaient au nombre de vingt-huit. L'une d'elles, pour n'en citer qu'une, renfermait quatre cents prisonniers dont le plus grand nombre étaient détenus préventivement en attendant qu'ils voulussent se convertir. Faut-il rappeler les exécutions qui eurent lieu en France, en Belgique Elles sont a la mémoire de tout Ie monde. Sans doute, et pour le moment, l'Eglise n'exerce plus ses persécutions comme autrefois, comme il y a trente ans a Rome. Mais c'est la son grand regret, sa grande douleur, c^j elle n'a jamais blamé les horreurs commises par elle ou en son nom car elle n'a pas perdu l'espoir de nous faire nous prosterner, de gré ou de forcedevant ce qu'elle appelle le Dieu de l'Eueharistie et sans doute aussi le D;eu de miséricorde. Que l'on ne nous vienne done pas parler de la force morale que l'Eglise compte em ployer désormais pour nous obbger a ac cepter son joug. Cette force morale, lors qu'elle Ta employee, n'a abouti qu'aux plus odieuses contraintes et qu'aux supplices les plus épouvantables 11 y a quelque chose d'instructif, dans les lignes de eet écrivain libérai publiées quelques semaines avant le discours du P. Didon et l'article du Journal de Bruxellesd'oü il écrivait qu'aucun danger n'existe actuellement en Belgique pour la iiberté de con science. Les faits prouvent aujourd'hui que le cléricalisme est toujours le premier danger, celui devant lequel on ne peut désarmer sans forfaire. Ph. de G. Le Journal d) Ypres a reproduit, il y a quelques semaines, des informations du Patriote d'oü il aurait résulté, si elles eussent été exactes, que les jour- naux libéraux et l'opinion libérale au- raient été induit en erreur a propos de 1'affaire De Dullen. Nous avons fait observer alors (voir notre n" du 9 Juillet) que la correspon- dance publiée par le Patriote portait eu elle-même la marque de 1'inexacti- tude et de la mauvaise foi. Rn article de la Rèformepubliant les résultats d'une enquête faite par M. G. Lorand, démolit de fond en comble les affirmations du Patriote. D'après les journaux cléricaux, De Dullen aurait été expulsé paree qu'il était en retard de paiement. Voici ce que M. Lorand répond a cette affirma tion J'ai sous les yeux l'assignation qu'il a recue, au lendemain des elections communa- les de 1896, a la veille de celles qu'amena leur annulation il en résulte qu'au moment oü il fut menace d'expulsion il ne devait pas un centime. Qu'il ne devait même rien au moment de l'assignation. II ne cessa de payer le loyer que pendant Ie procés. II l'avait payé régulièrement depuis trente ans. Et quel loyer Dix francs par an pour deux ares de terre, ce qui fait que le landlord catholique qui fait démolir les maisons et déphnter les arbres de ceux de ses locatai res qui ne votant pas a son gré est aussi un monsieur qui loue ses terres cinq cents francs l'hectare. Joli métier. Et sur cette terre, il y avait une maison qui avait été construite par de précédents locataires, que De Dullen avait acheté d eux au prix de 817 francs en 1865 et qui était restée grevée d'une dette de 700 francs. pas du tout au profit du propriétaire, mais d'une tierce personne. De Dullen avait tra- vaillé pendant trente ans a améliorer cette maison. C'est ce bien d'autrui, fruit du tra vail d'autrui, que le propriétaire du sol, tant de fois remboursé par De Dullen de la valeur de son sol, a fait démolir, co qui semble prouver que ces landlords catholiques ont, des droits de la propriété et du travail une idéé moins en rapport avec la morale qu'avec le code. Le correspondant du Patriote avait insinué prudemment, par des on lanqa des snrnoms - et par d'autres formules hypocrites que De Dullen aurait insulté le propriétaire du sol sur lequel sa maison était batie. Voici ce qui reste de ces insinuations on verra qu'une fois de plus, le Patriote a joué le role de l'individu qui, ayant mis la main sur une paire de bottes a un étalage, s'enf'uyait en criant«au voleur On parle de procés pour injures ce n'est pas a De Dullen, a coup sur, qu'il en a été fait. Peut-être le Patriote ve'ut-il parler des cléricaux qui sont allés souiller la tombe de l'ancien bourgmestre liberal ou de ceux qui ont envoyé de Braine-le-Comte les circulai res anonymes et diffamatoires qui avaient motivé l'intervention du parquet. Et Ia preuve que tout cela est bien comme les libéraux de Vinchem le disent, c'est qu'ils étaient venus me dire tout cela dès qu'il fut question de l'aunulation de leurs elections communales, et que j'avais annon cé une interpellation a ce sujet. L'assigna tion a De Dullen et l'expulsion des autres locataires n'ont été que i'exécution des me naces que je me proposais de dénoncer a la Chambre. Un bon souvenir de ce dossier de Vinchem que je viens de rouvrir les cléri caux avaient distribué de la pailie aux élec- teurs pauvres, ce qui pouvait s'expliquer par les nécessités de ('alimentation des électeurs de ces messieurs mais comme en réalité les électeurs cléricaux ne mangent pas que du foin, dans cette paille on avait caché pour chaque électeur quelques kilos de lard, C'est le pendant des saucissons qui servent aux pays d'Alost et de Termonde a faire élire MM. Woeste et De Bruyn. Le Patriote en sera pour les frais d'imagination de son correspondant. Les libéraux qui ont contribué a in- demniser De Dullen de la perte qu'il a subie paree qu'il a eu le courage de rester libérai, peuvent être sürs de ne pas s'être emballés sur la foi de jour naux induits en erreuret ceux qui iront, le dernier Dimanche d'Aoüt, manifester a Vinchem, lorsque De Dullen sera remis en possession d'un domicile, inanifesteront bien contre la tyrannie cléricale et pour la Iiberté des opinions. Ph. de C. Voici le résultat de l'élection du 24, dans l'arrondissement de Bastogne M. Delvaux, clérical élu, 8193 voix. M. Franqois, libérai, 4251 voix. M. Troclet, socialiste, 395 voix. Bulletins blancs et nuls, 420. Pour le remplacement de M. Orban de Xivry, sénateur pour Marche-Bas- togne, décédé, il n'y a pas eu lutte. Son fils a été proclamé sénateur Sa- medi dernier. Le nouveau sénateur était conseiller provincial pour Louvain. Les fonctions de sénateur étant incompatibles avec celles de conseiller provincial, M. Orban de Xivry a été remplacé par un conseiller suppléant M. Bosmans. Q'a été la première application de la nou velle loi provinciale en ce qui concerne les suppléants. Monsieur JE&olbeirt Joos, d'Ypres, ancien élève du Collége com munal supprimé et du Collége de l'U- nion, vient de passer uvec X>IS- U I CTIOIN 9 devant le Jury de Gand, l'examen combiné de candi- dat en sciences naturelles et de candidat en médecine. Nous lui adressons toutes nos félici- tations. Comme il était aisé de le prévoir, la prise de Santiago par l'armée et la flotte américaines, ont déterminé l'Es- pagne a faire des propositions de paix. Les relations diplomatiques étant rom- pues entre les pays belligérants, c'est l'Ambassadeur de France a Washing ton, chargé des intéréts espagnols, qui a fait les ouvertures premières. Voici le texte de la note remise a M. Mac-Kinley par M. Cambon, ambassa deur de France Le gouvernement des Etats-Unis et celui de l'Espagne sont malheureuse- ment engagés dans une guerre née a la suite de la demande faite par le gou vernement américain a l'Espagne de se retirer de Cuba, demande a laquelle cette dernière a refusé de se rendre. Dans la lutte armée qui en est résultée, l'Espagne avoue avoir eu le dessous. Les soufl'rances que lui a causées cette guerre sont grandes et elle croit que le

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De Strijd – La Lutte (1894-1899) | 1898 | | pagina 1