Journal libéral démocratique d'Ypres et de F Arrondissement
Encore Fexpulsion de
Vinchem
et le Journal d Ypres
Le bal de la «Fraternelle»
A Vinchem.
Samedi, 6 Aout 1898.
5 centimes le numéro.
46 année. A0 59.
On s'abonne au bureau dn journal, bue de Dixjiude, 51, Ypbes. Pour
les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence
Hayas, Beüxelles, bue de la Madeleine, 32 et a Pabis, Agence de la
Boubse.
L'éducation mixte.
A'os Anciens Pompiers
a Ostende.
Une enquête s. v. p.
iaaraissfttil Se &amefli.
L UNION FAIT LA FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT
poub LA ville, Par an 3 francs.
pr la pbovince, Par an fr. 3-50.
ÉfUxU IVoss aOsliers ólaul:
lei'iuós a l'occasion de
la Tuindag, LaLdiitte-
I>e Strij d ne paraitra
pasVendredi prochaiu
Le système américam de l'école mixte, oü
assistent dans la même classe, aux mêmes
cours les garcons fi cöté des lilies, s'implante
en Angleterre il serait a souhaiter qu'on l'in-
troduisit cliez nous.
Ce système, absolument rationel, est le re-
mède tout indiqué a deux maux, résultantes
inéluctables de notre faQon actuelle d'instruire
et d'élever les enfants. L'esprit de commérage
oiseux des fiIles, la brutalité vulgaire des gar-
Cons disparaxtront forcément le jour oü' les
deux sexes se rencontreront jouruellement en
classe.
Regardez sortir, a la fin de la journée sco-
laire, les filles de l'école moyenne ou du cou-
ventles garpons du lycée ou du college
celles-ci, par groupes de quelques-unes, rnè-
nent des colloques ammés, pérorent, jliscutent,
le tout sur le compte de quelque institutrice
mal habillée ou d'une compagne gauche a
leurs yeux ceux-la, déversant comme un flot
dévastateur par la rue tranquille, se battent,
se jettent des pierres, ou en jettent sur les
autres passants mal en peine.
Les filles mèlées aux garcons arrêteraient
forcément cette sauvagerie dont la vivacité na
turelle a un écolier libéré peut trés bien se
passer les gareons, mêlés aux filles et ne pre-
nant pas inté'êt aux caquets précocement mé-
chants de ces futures commères, empêche-
raient tout naturellement ces vilains bavarda-
ges. II y a des bénéfices plus nombreux, plus
importants a retirer du système mixte lTniel-
ligence feminine tend, au plus et mieux de ses
moyens, fi monter au niveau de fintelligence
masculine. Bien les épouses et les mè.res ont
besoin de comprendre et d'aider les époux et
les fils.
Mais, par une singulière anomalie, par une
outrance de réserve qui défait son propre but,
par un scrupule de convenance des plus incon-
venants, on ëlève ces futures femmes lom de
ces futurs hommes. Enfants d'une même pa-
trie, d'une même cité, nés dans un rang uni
forme, en général, destinés a se croiser sans
cesse sur les mêmes chemins, sort is de foyers
semblables, grandissant dans des régies pared-
les, ils sont séparés, strictemenl, aux heures
les plus importantes de leur jeunesse, aux heu
res oü, partageant les mêmes études, cöté fi
cöte, ils pourraient se connaitre, se pénétrer,
s'accoutumer a leurs dissemblances forcées et
se les pardonner trouver leurs ressemblances
fortuites, et en jouir. Les cerveaux, éclairés en
même temps par les mêmes lumières, ne se-
raient-ils pas plus proches les uns des autres?
Nous, qui souffrons si souvent dans la vie par
suite d'un malentendu, n'éviterions-nous pas
ces malentendus a nos enfants, en les prépa-
rant a l'existence future par l'existence pré
sente? Que j'en ai entendnes, des jeunes fem
mes qui me disaient tnstement Mon mari
n'aime pas telle chose moi, j'y tiens. En re
vanche, j'adore telle autre chose qu'il dédai-
gne que les hommes sont dröles Combien
de mes amis m'ont avoué, avec les meilleures
intentions, ne pouvoir satisfaire l'esprit fémi-
nin, faute de le connaitre
Je ne dis point que le système mixte ferait
absolument disparaitre ces erreurs de juge-
ment ou de pénétration mais je prétends qu'il
faut habituer les uns aux autres ces hommes et
ces femmes qui au sortir des années de classe
vont avoir besoin les uns des autres, s'umront
par l'intérêt, par le manage, se retrouveront
frères et soeurs dans Ie frottis continue! de la
vie de familie. N'est-ce pas cette éducation for
cément plus virile, et cette compagnie, et cette
rivalité, et ces amitiés, et ces discussions, et
ces jeux mêmes des garijons qui préparent si
bien l'Américaine fi sa vie d'épouse. Quelle
femme mariée est plus heureuse que l'Améri
caine? Quelle femme plus libre, plus respectée
par les hommes, plus protégée par eux
On ohjecte que nos gar?ons, grossiers, bru-
taux, batailleurs, plus tard souvent irrespec-
tueux de la faiblesse ou de la candeurde leurs
compagnes, pourraient les offenser. C'est
oiseux. I'ourquoi nos garqons seraient-ils, une
fois fi l'épreuve, pires que ceux des autres
races? Pourquoi nos filles ne sauraient-elles
pas se faire respecter aussi bien que leurs
soeurs du Continent libre Alais non vieux
routiniers que nous sommes, charmés de tour-
ner toute notre vie la meule vieux système,
avec les yeux bandés, nous reculons épouvan-
tés devant toute réforme, importante ou mini-
me, si elle attaque en quoique ce soit la cuu-
tume. La crainte du qu'en dira-t-on est l'ob-
stacle vrai qui s'oppose ici fi tout changement
nul n'ose donuer l'exetriple, on se tate, on s'm-
terroge, on mterroge les voisins. Pendant ce
temps l'entreprise, quelle qu'elle soit, péricli-
te, faute de protection.
Quant fi la raison qui fait dire a nos fortes
têtes que rien n'est plus dangereux que'de faire
iravailler ensemble, sous surveillance, des
garQons et des filles de dix a huit-ans, et qui
fait conduire par les mêmes fortes têtes les
demoiselles et les jeunes gens de vingt a
trente ans a tous les bals possibles, valses,
cotillons et comédies de salons, avec répéti-
lions innombrables a la clémoi qui ne
suis qu'une tête légère, je ne I'ai jamais dé-
couverte Marguerite Coppin.
Le Bien public, bénévolement repro
duit par ie Journal d' Ypres a lu ['ar
ticle de iVl. G. Lorand, para dans la
Réformeoü ie député de V ïrton publie
les résultats de l'euquête qu'il a faite
a Vmchem pour contrölei' les dires du
Patrio te et du Bien public au sujet de
['expulsion de L)e Gullen pour crime
d'opinions iibérales.
Le Bien public reiève victoneusernent
une erreur manifeste dans l'article de
la Réforme. iVl. Lorand a écrit - ou ia
Réforme lui a fait écrire quelque
part les élections communaies Üe
189Ö». Le Bien public et ie Journal
d'Ypres se rabattent sur cette erreur de
plume ou de typographic que tout ie
monde aura recutiée, pour éviter de
discuter les TA ITS avancés, avec preu-
ves a i'appui, par la Réforme.
De cette attitude piteuse de l'organe
de i'épiscopat gantois, nous pouvons
conclure que les faits sont établis teis
que les journaux libéraux les ont
avancés. Ge n'est pas en faisant la béte
ou en rééditant des phrases creuses sur
ie respect des ciéncaux pour la liberté,
que le Bien public et le Journal dJ Ypres
changeront quelque chose aux faits.
A blanchir un nègre ils perdront leur
savon freiaté. iJH. de G.
Notre excellente Harmonie libérale
vient d'apporter un éclat nouveau a
son renom artistique, en se faisant ac-
clamer le 24 Juiilet deruier au Kursaal
d'üstende. Ge n'était certes pas une
entreprisedépourvue de hardiesse pour
notre jeune société que d'alier se sou-
mettre au jugement capricieux du pu
blic de nos plages. Nos populations
balnéaires sont en eff'et saturées de
concerts et les habitués du Kursaal eD-
tendent jouruellement des artistes de
premier choix. Aussi est-ce avec or-
gueil que nous enregistrons dans nos
colonnes le bnllant succes obtenu par
nos musiciens. L'accueil enthousiaste
qui leur a été réservé, les applaudis-
sements frénétiques, qui ont souligné
leur irréprochable exécution, les arti
cles élogieux, que leur a consacrés la
presse ostendaise, nous ont prouvé une
fois de plus que nos Anciens Pompiers
d'aujourd'hui sont restés a la hauteur
des vainqueurs du concours d'Avesces.
Tous ceux, qui comme nous s'inté-
ressent a la vitalité de notre Harmo
nie, se réjouirontde son triomphe, qui
la range dès ores parmi les premières
phalanges musicales de notre contrée.
N'en déplaise a la modestie trop
bien connue du sympathique directeur,
Monsieur Henri Moerman, nous ne
pouvons nous empêcher de reporter
sur lui la plus grande part du succès
remporté le 24 Juiliot dernier. Mon
sieur Henri Moerman est un directeur
ém'érite, un musicien de grand talent.
II est profonaément attaché a la iSo-
ciété,qu'il dinge et lui consacre le plus
ent-ier dévoüment. Iljouit de l'estime
de ses musiciens et exerce sur eux une
autorité indiscutée et mdiscutable. A
tous les points de vue, la Société des
Anciens Pompiers lui doit une grande
reconnaissance.
Aussi n'hésitons-nous pas a procia-
mer, bien haut, que si notre Harmonie
en est arnvóe a se conserver un nom
envié dans ie monde musical, c'est a
lui qu'elle le doit. Monsieur Henri
Moerman, en acceptant ia direction
des Anciens Pompiers, y a certes trou-
vé un excellent noyau de musiciens,
mais nul n'ignore qu'il est parvenu par
ses efforts constants a renforcer consi-
dérablement ce noyau, en y ajoutant
de nombreux et excellents élèves for-
més a son école et ïmbus de son eusei-
guement. G'esf un témoignage, que
lui rendent volontiers, tous ceux qui
de prés ou de lom s'mteressent aux
Anciens Pompiers et ils sont nom
breux. La réputation musicale de Mon
sieur Henri Moerman est trop grande,
ses oeuvres sont trop notoirement con-
nues et appréciées, pour que nous lui
fassions i'mjure de les discuter en ré-
pondant aux inepties que publie ie
Journal d' Ypres en sou numéro du 30
Juiilet dernier. La gloire des Anciens
Pompiers porte ombrage a l'organe
des Blaurce Koussen, il ne parvient pas
a dissimuler son dépit sa rage se ma
nifeste au grand jour; il essaie de
l'assouvir en retombant, faute d'argu-
ments et suivant sa cléricale habitude,
dans une vulgaire discussion de per-
sonnalités. Nous ne le suivrons pas sur
ce terrain nous répudions toute polé-
mique de ce genre. Nous ne souhaitons
qu'une chose, pour l'honneur de notre
cité, c'est que Ia ville d'Ypres puisse
produire nombreux des musiciens de
ia trempe des Moerman. Reusje.
II n'est bruit en ville, que de faits
d'mdélicatesse, pour ne pas dire plus,
qui auraient été commis par un fonc-
taonnaire communal assez fraichement
nommé.
Une enquête administrative s'impo-
se, car si ce que l'on raconte est exact,
la révocation de l'mtéressé ne peut être
retardée.
Le Journal d' Ypres pourra probable-
ment nous en dire plus long. Nous lui
donuons la parole.
Bien rarement fête a été aussi favo-
risée par le temps que celle de Diman-
che dernier. Une vraie température
d'été qui a permis a un grand nombre
de personnes de se rendre a la soirée
dansante organisée dans les jardins de
la Ciladelle par cette vaillante et pros-
père société de jeunes gens. Ges der-
niers ne s'étant épargnés aucune peine
pour la réussite de la fête, leurs efforts
ont été couronnés de succès car tout le
monde a répondu avec empressement
a leurs gracieuses invitations.
Des gentils petits bouquets furent
remis aux demoiselles et des coquets
carnets de bals aux cavaliers et leurs
dames. Lebal a été des plus animés
les dames et les demoiselles avaient re-
vêtu pour la circonstance les plus élé-
gantes toilettes. Aussi quel entrain
quelle animation
L'orchestre a été en tous points re-
marquable sous la direction de M.
Tasseel, il a exécuté une série de nou-
velles danses composées par M. Tas-
ANNONÜES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires1 fr. la ligne.
seel (ceci soit dit pour tranquilliser
l'honorable représentant de la société
des auteurs, compositeurs et éditeurs
de musique).
Terminons en félicitant et en remer-
ciant MM. Brunfaut, fils, et Van Al-
leynnes, les orgamsateurs de cette
charmante soirée, trop rare, hélas
mais dont la rareté même fait d'autant
plus apprécier le charme et la valeur
Un invité.
L'indignation causée par l'affaire De Dullen
et l'affluence des souscriptions en faveur du
malheureux dont on a démoli la maison paree
qu'il refusait de voter pour les cléricaux, ont
fini pararaener le Patriate et le Bien Public a
tenter une explication. Les faits ne sont pas
niés Ie propriétaire, dit le Patriotea de-
mandé a ses locataires de voter pour les cléri
caux De Dullen a refuse il a été assigné en
déguerpissement et sa maison a été démolie
par autorité de justice. Sur ces points, les
journaux cléricaux sont en aveu. Mais ils es-
sayent de se rattraper sur des détails. C'est ce
qui m'a amenéfi faire une petite enquête qui
me permet de dire non seulement que tous les
faits que nous avons rapportés sont rigoureuse-
ment exacts, mais que la vérité est pire et
qu'il n'y a pas un mot de vrai dans les tenta-
tives de justification du Patriote et du Bien
Public.
D'après ceux-ci, De Dullen aurait été en
retard de payer son loyer, et c'est pour cela
qu'on IGurait expulsé. J'ai sous les yeux ['as
signation qu'il a recue, au lendemain des élec
tions communaies de 1896, fi la veille de celles
qu'amena Jeur annulation il en résulte qu'au
moment oü il fut tnenacé d'expulsion il ne de-
vait pas un centime. Qu'il ne devait même rien
au moment de l'assignation. II ne cessa de
payer le loyer que pendant le procés. II l'avait
payé régulièrement depuis trente ans. Et quel
loyer Dix francs par an pour deux ares de
terre, ce qui fait que le landlord catholique
qui fait démolir les maisons et déplanter les
arbims de ceux de ses locataires qui ne votent
pas a son gré est aussi un monsieur qui loue
ses terres cinq cents francs I'hectare. Jolt mé
tier.
Et sur cette terre, il y av&it une maison qui
avait été construite par de précédents locatai
res, que De Dullen avait acheté d'eux au prix
de 817 francs en I860 et qui était restée
grevée d'une dette de 700 fr. pas du tout
au profit du propriétaire,mais d'une tierce per-
sonne. De Dullen avait travaillé pendant trente
ans a améliorer cette maison. C'est ce bien
d'autrui, fruit du travail d'autrui, que le pro
priétaire du sol, tant de fois rSmboursé par De
Dullen de la valeur de son sol, a fait démolir,
ce qui semble prouver que ces landlords catho-
liques ont, des droits de la propriété et du tra
vail une idéé moins en rapport avec la morale
qu'avec Ie code.
II avait offert, il est vrai, de l'acheter a De
Dullen. Les journaux cléricaux ont raison sur
ce point il offrait de la paver buit cents
francs et de la relouer buit francs par inois
dix pour cent, un intérêt digne de Grassus et
des usuriers romains de la bonne époque, lis
sont décidément trés forts, les propriétaires
cléricaux de la Flandre occidentale. Et c'est
paree que De Dullen a repoussé cette offre-la
que sa maison a été démolie par le proprié
taire du fond, les juges ayant dü decider que
la maison est l'accessoire du sol et que la mai
son du paysan, construite ou achetée de ses
deniers, sur un terrain dont il a payé dix ou
vingt fois Ia valeur, est a Ia merci du proprié
taire du sol, en vertu même de ce paiement
continue car il se peut que ce propriétaire
nesoit même pas propriétaire du tout, la plu
part de ces domaines ayant été constitués par
empièlement antiques sui les droits des com
munes, seules propriétaires légitimes primiti
ves du sol en Belgique comme partout.
Mais ce n'est pas qu'avec De Dullen qu'on
en a agi comme je viens de Ie dire. J'ai écrit
qu'on avait fait déplanter des arbres un autre
locataire du propriétaire de De Dullen, M. De
Puydt, pépiniériste, a dü déguerpir comme
lui pourn'avoir pas voté pour les cléricaux. 11
a eu fi enlever un milher d'arbres sinon le pro
priétaire les faisait couper comme il a fait dé
molir la maison De Dullen.
Ceci pour le Patriote qui insinue que M. de
Man a laissé tranquilles ceux de ses locataires
qui ont refusé de voter pour les cléricaux.
De Dullen a refusé trés poliment. II a même
répondu au curë,qiff l'avait fait mander, bien