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Journal liberal démocratique d'Ypres et de F Arrondissement
Chasse.
Samedi, 27 Aoüt 1898.
o centimes le numéro.
4e année. 3£° 42,
M^araissant ie Earnedi.
Les ei-reurs économisten.
La politique a I'armée.
Bassin de natation.
L UiMOH FAIT LA FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT
POUR LA ville, Par an 3 francs,
pr la province, Par an fr. 2-50.
II nous tombe sous ia main une bro
chure de 32 courtes pages, publiée en
1897 et nontenant le résumé d'un cours
d'économie politique professé pendant
25 ans.
Le contenu de ia brochure n'est ni
meilleur ni pire que celui de beaucoup
de livres plus étendus. L'auteur y a
condensé en quelques lignes les chapi-
tres d'ouvrages dus a des maitres de
la science économique. Mais précisé-
ment paree qu'il a éloigné, pour ne
conserver que ia substance, les raison-
nements sophistiques dans lesquels les
économistes enveloppent les erreurs,
ces erreurs sautent aux yeux, et il
nous étonne que l'auteur ne les ait pas
apergues ou que, les ayant apergues, il
les ait reproduites avec tant d'incon-
science. A quoi bon le nommer, lui
faire porter la responsabilité d'erreurs
qu'il a empruntées, les yeux fermés, a
ceux qui donnent le ton én économie
politique
Et tout d'abord, est-il exact d'appe-
ier l'économie politique, d'une formule
abrégé, la science cles richesses L'éco
nomie politique est-eile réeilement une
science.
Dans son état actuel, on peut hardi-
ment répondre non ün n'étudie pas
une science, sans la possession d'un
vocabulaire dont chaque terme ait un
sens précis, nettement déterminë, basé
sur l'observation des f'aits et admis sans
l'ombre d'une contestation par ceux
qui cuitivent cette science.
II ne viendra pas a l'idée de deux
bioiogistes de chicaner sur le sens du
mot tissu deux chimistes ne songeront,
pas a discuter le sens du mot acideni
deux mathématiciens a rédiger des
mémoires sur la défimtion du cercle.
Yous verrez au contraire deux méta-
physiciens se prendre par ce qu'il leur
reste de cheveux pour arriver a ne
savoir ni l'un ni l'autre ce que c'est
qu'une substanceet les économistes
partiront d'autant de défimtions diffé-
rentes du capital pour établir a grand
renfort de métaphores et de subtilités
que tout est pour le mienx dans le
meilleur des mondes, c'est-a-dire dans
celui qui existe.
Dès les premières pages de notre
brochure, ce qu'il y a de peu scientifi-
que et d'arbitraire dans l'économie
politique éclate a i'évidence.
Qu'est-ce que le travail, d'après notre
auteur G'est une action de Vhomme sur la
nature dans le but de lui faire produire des
choses utiles ou richesses, cest-d-dire des
choses capables de satisfaire un de ses be-
soins [de l'kommebien entendu).
Dans un domaine comme celui de
l'économie politique, ou rien n'est
scientifiquement délimité et oü les
opinions personnelles règnent en mai-
tresses, toute définition en vaut une
autre, pourvu que l'auteur sache ce
qu'il a voulu dire et sache rester dans
leslimites qu'il pose lui-même.
II ressort de la définition ci-dessus
que notre auteur appelle richesses les
produits de l'application du travail
fiumain aux matériaux naturels en tant
que ces produits soient capabl'es de
satisfaire un de nos besoins et c'est le
seul sens rationnel du mot richesses.
Pourquoi dès lors écrire a la page
suivante
II y a de grandes richesses qui sont
mises a notre disposition par la na,tu-
re, elles sont le plus souvent dites
sans valeiw, paree qu'on ne peut se
les approprierfair, VeauVespace, les
beautés de la nature.
On se demande en vain en quoi l'air,
l'eau (cette dernière parfaitement ap
propriable en partie), cette conception
métaphysique qu'on appelle l'espace,
ces rapports esthétiques qu'on qualifie
beautés de la nature (parfaitement
appropriates aussi, exemple la grotte
de Han) en quoi tout cela ré<uit. de
i'applicatioü du travail humain a la
nature II y a contradiction dans les
idéés comme dans les termes. IVIais
poursuivons
11 y a des richesses mater ielles
et des richesses immatérielles. Olas-
sez ia santé, la patiencele style, le
calculun métier', la verlu, 1'argent.
Nons prions nos lecteurs de croire
que nous crlons textuellement; ce n'est
pas notre faute si la langue frangaise
n'a pas de mots ass;.z forts pour expri-
mer l'ahurissement oü. nous piongent
pareiiles énormités, pareilies mcohé-
rences.
Et nous ie répétons, ce que notre
brochurier énouce ici en trois lignes,
de graves et savants économistes ie
délayent en dix ou cent pages et savent
le faire avaler a leurs bons lecteurs.
II y a plus qu'un manque de logique
dans ces abus de mots, et la faute pre
mière en remonte aux moralisten et
aux prédicateurs, grauds apötres de la
resignation. Pour consoler ceux qui
n'avaient rien, on a baptise richesses
tout ce qui n'est pas appropriable, tout
ce que quelques-uns n'ont pas pu acca-
parer au détriment de tous et voila
pourquoi les économistes, plus pressés
de justifier ce qui est que de faire
oeuvre scientifique, ont pris les méta
phores des prêcheurs pour de légitimes
extensions logiques voila pourquoi les
faiseurs de résumés savent, en les rap-
prochant, transformer en énormités
sans nom les sophismes adroits des
économistes phraseurs.
II faut vraiment faire fi des idéés au
profit des mots, pour attribuer a l'éco
nomie politique la connaissance de ce
qui ressort de la morale ou de la péda
gogie, et pour émettre la pretention de
lui faire expliquer comment sont produits
le plus abondammentse répartissent. cir-
culent et sont consommées ces richesses
immatérielles qu'on appelle santé
patience, style, etc
Poursuivons.
Les trois facteurs de la produc-
tion des richesses sont le travail, la
NATURE et le CAPITAL.
Le travail a déja été défini.
La nature, c'est I'ensemble des
choses créées.
Le capital est un produit mixte
des deux premiers facteurs.
Qu'est-ce qu'un facteur G'est celui
qui fait, qui agit.
Le travail est facteur dans la produc
tion. Mais la nature en quoi agit-elle
dans la production Elle en est i'élé-
ment passifc'est-a-dire tont le con
traire d'un élément actif, d'un factexir
il est vrai que la nature produit sans
Paction dc l'hommemaïs qu'est-ce
que pareiile production a de commun
avec l'économie politique, qui ne se
congoit pas sans Phomme agis3ant et
travaillant
Quant au capitals'il est un produit
du travail et de la nature, il est iden-
tiqne, dans sou essence, a ce que vous
appeliez tantot richesses. Osez done dire
répudiant toute iogomachie, que les
richesses sont un facteur de la produc
tion des richesses, et vous verrez alors,
économistes éminents, si le bon sens
public ne vous exécutera pas par le
ridicule Ce n'est que par le prestige
des mots que vous lui en imposez.
Notre brochure cherche a préciser,
plus loin, ce qu'est le capital.
Le capital est tout produit anté-
rieur que nous réservons pour aider
n a une production nouvelle.
Bon, ceci confirme que le capital est
un produit, non un facteur de la pro
duction, et contredit par conséquent
ce que notre auteur en disait plus haut.
M319 pour une fois que les économistes
sönt'd'accord avec les faits et avec la
logique, il leur est impossible de le
rester. Lisez
11 y a des capitaux immatériels com-
me des capitaux malériels. L'habileté
d'un artiste est un capital ïmmaté-
n riel.
G'est le même sophisme qu'a propos
des richesses. Sans faire incursion dans
ie domaine de ia psychologie, de la
pédagogie ou de la métaphore, nous
voudnons savoir de quelle production
autérieure ie capital appeló habileté
d'un artiste pourrait bien être le pro
duit nous voudrions savoir aussi com
ment elle est produite le plus abon
damment, comment elle est répartie i
comment elle circule(ü) et comment
elle est consommée L'étude de
tout cela est cependantle but que notre
auteur assigne a l'économie politique.
Soyons du moins reconnaissant a
notre auteur d'avoir reculé devant
ceux des économistes qui font du sol
un capital, c'est-a-dire un produit an-
térieur réservé pour aider a une pro
duction nouvelle.
Passons au chapitre de la circulation
des richesses, c'est-a-dire de l'échange.
L'échange crée des richesses dit
notre brochure. Mais alors l'échange
est un facteur de la production, et ie
premier de tous, puisqu'il crée au lieu
de produire simplement Inutile d'in-
sister de même qu'il y avait plus haut
confusion entre richesses et capital, il
y a ici confusion entre richesses et
valeur.
La monnaie est un moyen d'aug-
menter les échanges et leurs bienfaits.»
La monnaie serait done un moyen
de créer des richesses
Cinq lignes plus loin, nous lisons
deux milliards en or et en ar-
gent suffisent pour les échanges en
Angleterre, tandis qu'en France cinq
milliards y sont consacrés, et l'An-
gleterre fait dix fois plus d'échanges
que la France
Comment notre auteur, après les
économistes éminents, toujours ex-
plique-t-il ce fait avec lequel sa défini
tion de la monnaie est ep contradic
tion Par les effets de commerce, les
chèques, les accréditifs, les bons-
postes et mandats, les unions de crédit,
les Clearing house (maisons de com
pensation), c'est-a-dire précisément par
toutes les institutions qui ont pour but
de réduire au minimum le rólo de la
monnaie. II en. résulte que c'est en
supprimant autant que possible la
monnaie qui, suivant notre auteur,
est un moyen d'augmenter les échan
ges que l'on augmente les échanges.
Après celle-la, on pent tirer l'écheile.
Au fait, notre brochurier ne mérite
pas d'etre enveloppé dans la critique
que nous formulons au sujet des doc
trines des économistes. En en suppri
mant les combinaisons de mots, il en a
fait voir le vide aux yeux les moins
clairvoyants. Graces lui en soient ren-
dues Si pared travail, était répandu
parfcout, il obligerait les économistes
a tenir compte du bon sens, et prépare-
rait sans doute la création d'nne écono
mie politique qui serait vraiment une
science et d'oü l'homme ne serait pas
bani pour faire place a des échafauda-
ges de pures abstractions se sontenant a
grand renfort d'incohérences, de con
tradictions et d'absurdités. NX.
Notre bataillon dn 3me de ligne part
pour Ostende et sera remplacé par un
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne
bataillon du même régiment, actuelle-
ment en garnison a Ostende. Or, il
parait, que quatorze miliciens de notre
bataillon font partie-des fanfares ca-
tholiqnes. C'est la évidemment une
infraction aux règlements militaires,
qui défendent aux soldats de faire de
la politique active. Nons signalons
l'abus a 1'autor.ité compétente.
Aujourd'hui on nous affirme de
source certaine que les quatorze mili
ciens en question seront autorisés a
conserver garnison a Ypres, faveur que
l'on refuse aux officiers.
0 'est a se demander, si les règlements
militaires ne trouvent leur application
que iorsqu'il s'agit de libéraux ou de
socialistes. R.
Le triste accident, qui a causé la
mort a l'mfortuné sergent-major Gillet
et qui a produit en vilfe un profond
émoi, aura-t-il pour conséquence d'at-
tirer l'attention de notre édilité sur la
fagon déplorabie, dont le service de
sauvetage est orgamsé en notre bassin
de natation Nous aimons a le croire.
Notre intention n'est nullement d'in-
crimmer la conduite du personnel at
taché a notre bassin. Nous tenons a
reconnaitre qu'en l'occurrencelesauve-
teur attitré de notre bassin de natation
a fait tout son devoir qu'il a fait
preuve de courage et qu'il ne peut en
aucune fagon être rendu responsable de
l'accident survenu.
Seulement nons posons en fait et
tous ceux qui fréquentent notre bassin
en reconnaitront l'exactitude, c'est que
la surveillance, telle qu'elle s'exerce
actueliement en notre école de natation
est totalement insuffisanté. II arrive
journellement, que le sauveteur Vlae-
minck est appelé a donner des legons
de natation a des enfants se baignant
dans le petit bassin alors que des na-
geurs prennent leur bain dans le grand
bassin. Or, un baigneur ponrrait être
pris d'une indisposition au bout du
grand bassin et disparaitre sans que le
sauveteur' s'en apergoive, Même s'ii
8'en apercevait, nous sommes convain-
cus qu'il lui serait la plupart du temps
impossible de porter un secours effi-
cace.
Nons croyons done que l'autorité
compétente agirait sagement 1° en
obligeaut le sauveteur a se trouver
dans sa barquette chaque fois qu'il y a
des nageurs dans le grand bassm.
2° en lui prescrivant d'avoir a cöté
de lui les engins de sauvetage.
3° en lui défendant autant que possi
ble l'accè3 du buffet pendant les heures
de service. Actueliement les baigneurs
lui paient la goutte. Ne vaudrait-il pas
mieux, que ceux qui désirent lui don
ner un pourboire, le versent dans un
tronc a ce destiné.
II y a des mesures a prendre. En les
signalant a l'autorité, nous nous pla-
gons au dessus de toute question person-
nelle, ne désirant en l'occurrence.nous
inspirer que de l'intérêt public qui est
evident. R.
M. Begerem, ministre de la justice,
dans une circulaire envoyée aux offi
ciers de police du royaume, vient de
leur rappeler les dispositions des arti
cles 1 et 2 de la loi sur la chasse. Le
braconnage étant trop souvent 1'occa
sion de crimes les plus graves contre
les personnes, le moyen le plus effioace,
d'après M. Begerem, pour le réprimer,
est de lui farmer les débouchés en pa-
ralysant le commarca dn gibier en
temps prohibé et atteindre ainsi le
braconnage dans sa source.
U
TE
i
sAnm*mhmimmmmimmiiim