l*araimm6t le &ttme(li. t'union fait la force.
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Journal libéral démocratique d'Ypres et de 1'Arrondissement
La littérature
chez nos voisins.
Pour le désarmement
Samedi, o Septembre 1898. o centimes le numéro. 4e année.J\° 45.
Marguerite Coppin.
La Belgique et la Chine.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville, Par an 2 francs,
pr la province, Par an fr. 3-50.
Vous vous souvient-il des vers qu'on
écrivit a propos des oeuvres completes
d'Alfred de Musset
C'est léger disent-ils, la main sur le
volume.
Ce dont je veux parler en eet article, c'est
d'un livre léger.
Entendons-nousme conformant a la
plus, saine logique, je n'appelle leger que ce
qui n'est pas lourd. N'allez pas interpreter
autrement eet adjectif dangereux. J'appelle
léger le livre fait de rire et d'esprit, d'hu-
mour et de philosophie, de badinage et de
railleuse observation le livre qui me donee
une heure de réelle gaité et de déiassement
dont l'auteur ne s'est jamais prévalu comme
étant du i documentisme et qui ren ferme
cependaut pas mal de documents
Je parie ici de Three men in a boat s>
par Jérome K. Jérome. Ce que ce livre a
semé d'éclats de rires francs et frais sur sa
route est etonnant, étant donné la couche
de mélancolie noire, ou querelleuse, ou in
différente, ou boudeuse, ou exaspérée, qui
forme l'enduit actuei de nos caractères
couleur uniformément sombre, en dépit de
ses nuances, qui est comme Thabit noir de
nos ames.
L'étonnement de ce succes do gaité cesse
dès qu'on a lu le premier, chapitre. Et ie
secret de l'auteur est dans cette formule
simplicité, vérité.
Nous autres, en France (je prends ce mot
dans le sens le plus étendu et considère ici
les auteurs de littérature francaise, ou qu'ils
soiertt nés), nous cröyons de notre devoir,
pour éertre quelque chose de dröle, de nous
battre les flancs afin de trouver des évène-
ments bizarres, des mots plaisants, des si
tuations exhilarantes.
II y a cependant, dans la vie quotidienne,
des petits fails tres amusants pour eeux qui
daignent s'en laisser arnuser ce qui n est
pas tout !e monde, par exemple Tant de
gens trouveraient en dessous de leur dignité,
ou indigrte de leur renom d'esprit et de leur
intelligence, de condescendre jusqu'a pren
dre les choses en riant et les gens par leurs
eótés humoristiques.
Néanmoins, regardez les vrais vaudevilles
qui eonvulsent une salie entière les meil-
leures scènes et les plus dröles sont tonjours
celles qui sont basées sur un incident tout
trivial et ordinaire El les téussissent biett
mieux que Jorsque l'auteur raffinant mal a
propos, s'en va chercher bien loin le fil fin a
casser dont i! veut tisser sa trame.
Paul de Koek, de falotte et viellotte mé-
moire, avait compris ce point. II y a des
passages tres amusants et des dialogues
tres bouffons danscses romans, qui de trop
vant.es qu'ils furent, sont trop décriés, en
retour, aujourd'hui. II eüt malheureusement
tort de vouloir, contre vent et maree, mé-
langer a son burlesque une trop forte dose
de grivoiserie, croyant par la plaire davan-
tage a un public que cette adjonction même
rendit trop spécial pour la gloire de l'auteur
et le succes durable du genre. II se fait,
néanmoins, que quelques-unes de ses pages
sont réellement dröles et sollicitent le rire
ce sont celles oü la situation comique est
créée par le plus vulgaire incident, par des
petits faits tout naturels.
Jérome K. Jérome a admirablement
compris et mis en oeuvre cette remarque.
Son livre est l'histoire de trois jeunes gens
qui vont en bateau sur la Tamise, avec leur
chien, personnage des plus importants. II
n'arrive a ces trois jeunes gens, plus au
chien,que des incidents absolument simples,
prévus, ordinaires ils ont le caractère le
plus connu, le moins original du monde
leur bateau, qui est le bateau le moins com-
pliqué qu'on puisse désirer, vogue, avec tant
d'autres bateaux, sur une rivière des plus
explorées leur chien, bien qu'étant la per-
sonnalité la plus compliquée de l'équipage,
est un chien tout comme un autr e... et voiia,
ce vous semble, un scénario et des acteurs
qui réalisent le beau idéal de l'école réa-
liste
C'est avec ce scénario et ces acteurs que
l'écrivain anglais a réussi a égaler ia gaité
des meilleures machines de Labiche, et
a dépasser de beaucoup le pouvoir d'amuse-
ment des contes de M. Armand Silvestre
pour si saupoudrés de sel gaulois qu'ils puis
sent être
La manière de dresser une tenle pour la
nuit la facon dont M. Podger s'y prenart
pour suspendre un tableau au inur de son
salon ie voyage avec les fromages trop
rniirs et ['emballage des victuailles... Citous
ceci Harry et Georges pensèrent qu'il
valait mieux, étant donné le peu de temps
qui restait, qu'ils se missent a l'oeuvre. Je
m'assis ils commeneèrent d'un cceur léger
désirant, bien entendu. me montrer com
ment cela se fait
J'attendais, saus commentaires. Ils
débuièrent par casser une tasse. Justement
pour vous intéresser a la chose, vous savez.
Puis Harry embaila la conüture de fraises
sur le paquet de tomates et les tomates
refusant de rester solides a ce contact, il
fallut qu'il les ramassat a la cuiiler.
Puis, ce fut le tour de Georges je ne
dis rien, mais je m'assis sur le bord de la
table et les surveillai. Ils ne disaient rien
non plus, mais devenaient nerveuxetexcités;
et ils marchaient sur les provisions, et les
rnettaient les unes derrière les autres et ils
emballèrent les patés au fond du panier, et
mireat les assiettes dessus et poussèrent
dessus pour qu'elles entrassent et les patés
tournèrent en marmalade Le sei était sur
tout, etquant.au beurre Je n'ai jamais vu
deux hommes faire plus d'usage de deux
francs vingt cinq centimes de beurre
Après que Georges eüt fourré sa pantouffle
au beau miiieu, ils essayèrenl de le faire
entrer dans la bouilioire il n'y entra pas
bien mais étant dedans, ii ri'en voulut plus
sortir. Après des efforts réjouissants... pour
moi, ils réussirent a le retirer de la bouil
ioire et le posèrent sur une chaise en atten
dant et ilarry s'assit dessus et ils com-
mencèrent a chercher après dans toute la
chambre.
Je jurerais que je l'ai mis sur cette
chaise, dit Georges.
Je vous ai vu l'y mettre, répondit
Harry.
Ils prirent chacun un cöt.é de la cham
bre, cherehant tcujours et se retrouvèrent
au milieu, contemplant la chai e vide.
Puis Georges, en désespoir de cause,
retourna au panier, apercut le dos d'Harry
et vit ie beurre, oü ii était.
Eh bien, le voila cria-t-il.
Oü, cria Harry, courant en rond.
Jusqu'a ce que Georges l'ayant capture,
ils entrèrent le beurre dans la théière
Ce n'est pas plus compliqué que cela...
Le Journal des Dèbats a rócemment
publié sous ce titre un article dont
voici quelques passages
On assure qu'un nouveau convive,
la Belgique, va réclamer sa part en
Extrême-Orient. Certes, personne ne
pourrait dire qu'elle a été exclue des
avantages que les pays d'Europe se
sont fait octroyer récemment par la
Chine. Son röle a été prédominant dans
une des parties les plus importantes
qui se sont jouées ces derniers temps
auprès du Teune-Li-Yamen un syndi-
cat presque exclusivement beige s'est
fait concéder le chemin de fer de Pékin
a Hankeou, qu'on appelle déja le
Grand-Central Chinois. Si d'aucuns
prétendent que les diplomaties russe et
franqaise ont suppléé, dans cette af
faire, a 1 msuffisance de Faction politi
que que la Belgique peut exercer a
Fékin, sa conclusion n'en est pas moins
un grand succès pour l'iudustrie beige.
Le passé de nos voisins en Chine
ne permettait guère de prévoir cette
briflante entree en scène. II est difficile
d'av'öir un coihpte exact de la part
prise par la Belgique, comme d'ailleurs
par les autre3 Etats, dans le mouve
ment d'affaires du Oéleste-Empire.
L'ordounance des statistiques des doua
nes impériales chinoises est, nous
l'avons plusieurs fois montré, mau-
vaise elles attribuent a Hong-Kong,
c'est-a-dire au commerce britaumque,
une part considérable du commerce
extrême-orieutal des autres nations,
qui ne fait que transiter par eet entre
pot, cependant, le fait qu'en 1896 on
ne comptait en Chine que 5 maisons de
commerce et 72 résidents beiges sur
10,855 étrangers ne permet guère de
croire a un vif mouvement d'échanges
entre la Belgique et i'empire chinois.
Quoi qu'il en soit, d'après ce qu'as-
surent certains journaux, nos voisins
n'aspireraient pas seuiement a dé-
ployer plus d'activité que par le passé
sur le marché chinois ils songeraient
même, tout comme une grande puis
sance, a, se faire donner a bail quelque
port, quelque morceau du littoral,
déterminant, selon les conceptions que
i'Europe moderne a de ses droits a
l'égard des Etats a basse vitaiité, une
sphère d'inüuence dans le pays en
arrière. Tels sont du moius les grands
projets que méditerait le roiLéopold.
Après des considérations sur l'acti-
vité mdustrielle de ia Belgique et son
róle en Afrique, le Journal des Dèbats
conclut
En Chine, plus il y aura de con
currents et d'mfiuences rivales et
moins les questions auront de chance
de se poser avec la netteté et la bruta-
iité qui rendraient inévitable un grand
conflit. Les mille liens moraux et éco-
nomiques qui nous unissent a nos voi
sins du Nord sonf de nature a nous
faire désirer que la Belgique prenne
part a cette concurrence, et devienne
selon ses moyens une de ses influences
nous n'avons d'ailleurs aucune raison
de croire que son apparition sur le
terrain chinois doive être vue d'un
ceil moins favorable par les puissances
dont les intéréts sont sembiables aux
nótres dans l'Extrême Asie.
La part prise par la diplomatie fran
qaise et sur tont par ia diplomatie
russe, autrement infiuente a Pékin
dans la concession dn chemin de fer
Pékin-Hankeon a un syndicat belge-
frangais justifie surabondamment le
Jan gage bienveiliant du Journal des
Dèbats. Mais l'Angleterre, qui iutte
d'infiuence en Chine avec la Russie, est
loin de voir d'aussi bon oeii cette con
cession, et proteste énergiquement
contre son octroi, avec démonstrations
navales a l'appui.
Le partage de la Chine, suite de l'in-
tervention européenne a la suite de la
dernière guerre Sino-japonaise, surex-
cite tellement les convoitives russes et
anglaises, qu'on a pu émettre avec
quelque apparence de fondement, la
crainte d'en voir résulter une guerre
oü l'Angleterre, alliée aux Etats-Unis
d'Amérique, tenterait de reprendre
violemment sur la Russie et la France
les avantages qu'elles se sont acquis
diplomatiquemeut dans le Céleste Em
pire.
Au moment oü la Chine menace de
devenir en Extréme Asie ce que l'Em-
pire turc est plus prés de nous un guê-
pier, nous est avis qu'il ne faut y enga
ger ia Belgique polüiquement qu'avec
une extréme circonspection. Que l'in-
dustrie beige s'y assure le plus d'avan-
tages et de débouchés possibles, rien de
mieux. Mais il serait imprudent d'y
engager notre neutralité.
IL ne semble pas d'ailleurs qu'a ce
point de vue les choses en soient aussi
avancées que le laisse croire le Journal
des Dèbats.
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligue.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
S'occupant des affaires de Chine a
un autre point de vue, une correspon-
dance de Shangaï a VEtoile Beige an
nonce que la réorganisation de l'armée
chinoise sera vraisemblablement con-
fiée a des officiers japonais. Puis elle
ajoute
A propos de réorganisation de l'ar
mée, je dois vous dire que nos envois
successifs de missions a Pékin ont ea le
don d'éveilier la curiosité des nom-
breux diplomates qui ont ie bonheur
ineffable d'habiter cette charmante
capitale. Pensez done, une colonie de
15 a 18 beiges a Pékin Quoi qu'il en
soit, le comte d'Ursel vient de terminer
une partie.de sa mission: le traité entre
l'Etat indépendant du Congo et la
Chine a été signé. Pour le reste, il est,
parait--il, plus sage d'attendre quelque
temps. Le comte sera ici demain et
partira immédiatement pour le Japon.
Quant a la toute dernière mission com-
posée soi-disant de trois ingénieurs,
elle a été reque a Pékin avec un fin
sourire. Des renseignements venus de
Bruxelles annonqaient que ces trois
ingénieurs n'étaiënt autres que trois
officiers d'artillerie. D'ailleurs ces
messieurs ne s'en cachaient pas, et a
l'hótel de Pékm oü ils étaient descen-
dus, on a pu voir bien souvent les
domestiques brosser leurs uniformes et
fourbir leurs sabres.
En tous cas, notre mission a. été
amicalement invitée a quitter Pékin
pour ie moment, et a aller s'mstaller
a Très-Tsin oü elle attend sous l'orme
et l'arme au bras des temps plus pro-
pices....
Si le correspondant de VEtoile Beige
est bien informé, qu'y a-t-ü sous ie
petit mystère de ce déguisement officiel
des trois officiers d'artillerie partis de
Belgique pour la Chine au mois de Mai
dernier Cn disait alors que leur mis
sion consistait dans l'installation d'un
pare d'artillerie commandé par l'Em-
pire chinois a la sociétó Oockerilly
aurait-ii autre chose Ph. de C.
Lorsque ie czar Nicolas II succéda a
son père Alexandre III, il déclara que
l'objectif de sa politique serait le mam-
tien de la paix européenne. II vient de
prouver que ce n'était pas la une pa:
role banale un message adressé par
son ordre aux ambassadeurs des pays
représentés a Saint-Pétersbourg provo-
que la réunion ff'une conférence inter
nationale ayant pour but d'arriver au
désarmement partiel.
Voici le texte de eet important docu
ment, signé par le comte Mouravief,
ministre des affaires étrangères de
Russie et daté du 24 Aoüt
Le maintien de la paix générale et
une réduction possible des armements
excessifs qui pèseut sur toutes les na
tions se présentent dans la situation
actuelle du monde entier comme l'idéal
auquel devraient tendre les efforts de
tous les gouvernements.
Les vues humanitaires et magna-
nimes de Sa Majesté l'Empereur, mon
auguste maitre, y sont entièrement
acquises, dans la conviction que ce but
élevé répond aux intéréts les plus
essentiels et aux voeux légitimes de
toutes les puissances.
n Le gouvernement impérial croit
que le moment présent serait trés favo
rable a la recherche, dans les voies de
ladiscussion internationale, des moyens
les plus efficaces a assurer a tous les
peuples les bienfaits d'une paix réelle
et durable, et a mettre avant tout un
terme au développement progressif des
armements actuels.
waassBnmwnsm
Oh léger, quelle gloire Amis soyons légers
Légers commele feu, les ailes de la plume,
Gomme tout ce qui monte et tout ce qui parfume,
Gomme Tame des fleurs dans les bois d'orangers,