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Journal libéral démocratique cTYpres et de 1'Arrondissement
Groquis (Tun
démocrate-chrétien.
Le Péril national.
Saniedi, ISÖetobre 1898.
5 centimes le numéro.
4e année. iV° 49.
F
Le Gongrès socialiste
«al Iemand
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J
isaraissa»sS ie Hametii
L UNION FAIT LA FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la villePar an 52 francs.
vr LA province, Par an fr. 3-50.
M. Victor Charbonnel, l'ex-abbé qui
a jeté le froc aux orties pour des rai-
sons de conscience, a comparu la se-
rnaine dernière devant le tribunal cor-
rectionnel de Dinant, accusé d'avoir
souffleté l'éditeur d'une feuille catholi-
que qui.l'avait calommé.
II a envoyé a la Réforme quelques ré-
fiexions sur son proces. Nous en ex-
trayons les passages relatifs au député
Carton de Wiart, le démocrate-chré-
tien domestiqué, entré a la Chambre
sur les épaules de l'abbé Daens qu'il a
si proprement laché depuis.
Mais qui est venu soutenir a Dinant l'hon-
neur d'un Gérard et s'en prendre a ma per-
sonne avec des violences tranquillement et
froidement préparées Qui done L'avocat
Carton de Wiart, de son métier aussi poli
tician et entremetteur de ia démocratie
chrétienne.
Or, je n'ai pas été peu étonné de voir la,
au tribunal de Dinant, ce mirliflore du clé-
ricalisme, plus pommade, plus onctueux,
plus reluisant, plus solennel, et aussi, hélas!
plus épaissi que jamais. D me souvient d'un
temps oü M. Carton de Wiart me traita en
compere pour démocratie chrétienne, vint
me flagorner après des conférences a Bru-
xelles et quémanda gentiment, ayant des
pretentions littéraires, la petite réclame,
qu'on s'accorde entre copains. (1) Je n'eus
jamais grande conflance, et je fus bien
avisé. Quelques années après, je retrouve
mon homme en face de moi, dans de vulgai-
res chicanes oü son titre et sa robe d'avocat
lui permettent d'oublier les anciennes rela
tions personnelles et de bravement m'insul-
ter. On pourrait appeler ca de la «rosserie».
Mais non. Le sans-gêne des cléricaux me
désarme. Je n'ai plus d'indignation.
Pour comble, M. Carton de Wiart a pre-
tendu me rappeler a la pudeur, J'aurais dü,
sorti de l'Eglise, ne rien dire et ne pas dé-
ranger les cléricaux en parlant, j'ai man
que de pudeur. C'est bien a vous, mon pau-
vre Carton, de me faire cette lecon de
convenance, a vous qui auriez pu avoir un
peu plus, il me semble, la pudeur du souve
nir
Et de quel ton, avec quelle pompe et
quelle emphase, en quelle rhétorique de ser
mon, l'avocat démocrate-chrétien s'éleva
contre ce qu'il appela mon apostasie I
Ce fut un déversement de métapliores. Na-
turellement j'avais déchiré le sein de ma
mère l'Eglise. Tandis que j'écoutais cette
éloquence de rengaine, mes bons juges m'ob-
servaient avec attendrissement, persuadés
que ca devait m'émouvoir.
Et toujours M. Carton de Wiart tournait
ses feuilles, débitant une plaidoirie écrite et
apprise. Ce qui ne l'empêchait pas de dire
«Je suis saisi d'indignation... quand il
s'était indigné commodément sur son ma-
nuscrit, quinze jours d'avance. Et toujours
mes bons juges s'attendrissaient. J'en fus
vraiment, après avoir ri, trés touché.
Pourtant je ne fus pas plus dupe que les
autres. II m'apparut bien que M. Carton de
Wiart avait tenu a placer un grand dis
cours pour se signaler aux littérateurs
cléricaux. Ceux-ci auront jugé ca merveil-
leux, ce grand discours Ils ne sont pas
difficiles. L'habitude des sermons de Mgr
M. Carton de Wiart a répliqué a deux
appreciations de M. Charbonnel. Voici pour ce
qui concerne la première
M. Charbonnel a sans doute laissé sa mé-
moire au fond de son tricorne. Car les choses
ne se sont pas du tout passées comme il le dit,
et voici a quoi se sont réduites nos relations
Au début de 189b, M. l'abbé Charbonnel, que
je ne connaissais pas, me fit demander par un
tiers des renseignements sur l'art religieux
contemporain en Belgique. Je lui adressai quel
ques articles que j'avais écrits a ce sujet dans
YAvenir social en 1894, et ces articles, a peine
démarqués, firent le fond d'une conférence que
M. Charbonnel donna, peu de jours après, la
Libre Esthétique. A cela se borne notre com-
{jèrerie
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour
les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a I'Agence
Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 52 et a Paris, Agence de la
Bourse.
Cartuyvels, des articles de l'abbé Moelier et
autres pompiers cathoiiques Mais il faut
reienir combien un arriviste de la de
mocratie chrétienne sait tirer a soi le profit
des gifles que d'autres ont recues.
Trés malin,du reste,M.Carton de Wiart!
J'ai pu m'en apercevoir au temps de nos
bonnes relations. Je faisais, pour une revue
francaise, une enquête d'opinions sur une
question de politique catholique. Je deman-
dai au jeune démocrate-chrétien de me faire
connaitre son avis, qui serait publió. II lui
sembla gênant de donner ouvertement son
avis et de me le refuser, de répondre et de
ne pas me répondre. Qu'alla-t-il imaginer-?
Ceci, de refuser la lettre pour insuffisance
de timbres d'affranchissement. Dróle de
malice, mais enfin on fait ce qu'on peut, et
on joue comme on peut les Crispin de sa
cristie. (2)
M. Charbonnel, que le Bien public
avait déja mitié aux beautés de la po-
lémique des journaux cléricaux bei
ges, en a reconnu les procédés a l'au-
dience
Deux antres avocats ont tenu a pérorer
aussi dans ce procés de Dinant. Ils se sont
admirablement concertés pour un petit
truc trés clérical.
Comme ils voulaient me reprocher des ex
ces de parole auxquels je me serais laissé
aller dans une conférence a Dinant qui ame-
na les polémiques, l'un d'eux commenca par
me lire des citations quelconques qu'il me
fut possible, a peu prés, de reconnaitre pour
exactes. Pais l'autre, un maitre Legrand,
partit de la pour m'attribuer des phrases de
grossier charabia contre Ie pape qui est un
comédien contre «les moines qui s'en-
graissent i
Et le raisonnement de ce Legrand fut
superbe. Vous avez reconnu les premières
phrases qu'on vous a lues pourquoi n'au-
riez-vous pas prononcé les autres Pren
dre des phrases exactes, ajouter a ces phra
ses tout ce qu'on veut et vous faire dire des
énormités voila toute la ruse de deux avo
cats du cléricalisme. Et ils s'étaient mis a
deux pour trouve-r ca
Conclusion
Dieu a y songer de loin, quels êtres ri-
sibles, ces soutiens de la société cléricale
Quelles pauvretés intellectuelles Quelle
forfanterie de parvenus qua leur puissance
d'un jour a grisés O hommes du peuple de
Belgique, quand changerez-vous fout ce
monde
Le général Brialmont vient de pu
blier sous ce titre une brochure nou
velle, dont nous einpruntons a la Ré
forme la brève analyse qui suit. Nous
aurons, sans doute, l'occasion d'en re-
parler plus longuement.
Le sujet La question de Ia défense na
tionale, dont il présente un apercu histo-
rique trés lumineux. Nofre régime parle
mentaire majoritaire est traité durement
par l'auteur, dont toutes réserves faites
quant aux idéés qu'il défend on doit ad
mirer la verdeur et la vigueur.
Si, dit la Belgique militaireil y a des
militaires qui se résignent philosophique-
ment a accepter pour ministre de la guerre
M. Vandenpeereboom, et d'anciens sous-
officiers qui le bomdardent membre d'hon-
neur de leur société, le général Brialmont
n'en est pas.
Voici ce que dit a ce propos le général
Brialmont.
La situation de l'armée s'est aggravée
depuis deux ans par la présence a la tête du
(2) Répliqué de M. Carton de Wiart
Ceci est une bien cruelle énigme Si la let
tre de M. Charbonnel lui a été renvoyée pour
insuffisance de timbresil faut bien en con-
clure qu'elle n'avait pas été ouverte. Et si je
n'ai pas ouvert cette lettre, comment, diable
ai-je pu savoir ce qu'elle contenait et esquiver
par cette dróle de malice (sic) l'embarras
d'une réponse
Les rayons X seraient-ils de 1'atfaire
Voila comment, quand on se fache, on dit
des bêtises...
département de la guerre du ministre des
chemins de fer, postes et télégraphes, a qui
manquent la compélence et i'expérience
nécessaires, pour remplir convenablement
une tache devant laquelle plus d'un général
reculerait dans les circonstances actuelles.
Ce ministre ne se trouve pas dans les con
ditions de neutralité qu'exige l'administra-
tion d'une armée. C'est un politique mili
tant, qui, dans les mesures qu'il prend et
les choix qu'il fait, cede a l'infiuence d'idées
et de sentiments peu militaires. Au lieu de
s'abstenirde toute résolution pouvant enga
ger sa responsabilité, il déploie dans son
département-anxexe de la guerre une dan-
gereuse activité. Saus éprouver aucun scru
pule, il a modifié les régies de l'avancement
au grade de général et les dispositions en
vigueur pour Ie rappel des réservistes en
temps de mobilisation. II a fait aussi éla-
borer, d'après ses vues, un projet de trans
formation du camp retranché J'Anvers.
L'armée a la droit de se plaindre de n'être
plus représentée par un de ses membres
dans les conseils de la couronne et dans le
parlement.
Voici les conclusions du général
Les résolutions a prendre pour conjurer
Ie péril national seraient les suivantes
1° Reviser le code électoral pour que les
partis soient représentés dans Ie Parlement
en proportion du nombre de leurs électeurs
2° Dissoudre le Parlement, après que le
roi se serait adressé a la nation pour lui
faire comprendre la nécessité de nomrner
des mandataires décidés a voter les mesures
qu'exige le renforcement de la défense du
pays
3° Constituer un cabinet représentant
l'opinion moyenne de la nouvelle majorité ét
le composer de ministres pris en dehors du
Parlement ou qui renonceront a en faire
partie
4° Créer un Conseil d'Etat offrant par le
choix et le nombre de ses membres toutes les
garanties de capacité et d'indépendance
nécessaires
5° Charger une commission mixte de faire
une enquête sur les mesures nécessaires
pour mettre l'armée en état de défendre
efficacement la neutralité,
Presque simultanément avec la bro
chure du général Brialmont, le colonel
Van Bever en publiait une autre sur
la position militaire d'Anvers,
II conclut a l'mefficacité des fortifi
cations actuelles de cette ville.
Par des considérations dont les hom
mes du métier peuvent seuls apprécier
l'exactitude, il démontre la nécessité a
Anvers d'une garnison d'an moins
72,000 hommes et de nouvelles con
structions comprenant une nouvelle
enceinte, 17 redoutes et 6 batteries de
cöté. L'enceinte actuelle, reconnue
inutile, serait démolie.
Les constructions nouvelles coüte-
raient 21 millions, chiflre que le colo
nel Van Bever donne lui-même comme
un minimum.
C'est rassurant pour la bourse des
contribuables Et le gouvernement
clérical a prouvé, par la construction
des forts de la Meuse, qu'il a plutöt
l'envie que le courage de résister aux
militaristes outranciers.
Le dernier Congres socialiste alle-
mand, tenu a Stuttgard la semaine
dernière, a signalé a nouveau une ten
dance qui domine de plus en plus dans
les assises nationales ou internationa-
les du prolétariat socialiste organisé.
C'est celle qui consiste a ne plus cher-
cher le triomphe du socialisme dans
des coups de main ou des mouvements
révolutionnaires violents, mais a l'at-
tendre uniquement du développement
des doctrines socialistes dans les mas
ses ouvrières et de la conquête gra-
duelle des pouvoirs publics par les
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
voies légales au moyen du suffrage
universel.
Encore une fois, la tendance pacifi-
que a eu a lutter contre la tendance
violente mais cette dernière, de con-
grès en congrès, perd de terrain,et a
moins qu'un souverain mal inspiré,
comme Guillaume II menaqait de le
faire il y a quelques semaines, ne
s'imagine a nouveau pouvoir détruire
le socialisme par dos mesures d'excep-
tion et d'oppression, on peut consi-
dérer le parti socialiste allemand com
me définitivement acquis tout entier a
la théorie de l'évolution pacifique qui,
selon les collectivistes, doit aboutir a
l'instauration d'une société égalitaire.
Le parti socialiste allemand tend
aussi a éliminer de ses programmes les
considérants et les réformes qui ont un
caractère purement spéculatif, et a n'y
laisser subsister que les réformes pra
tiques, positives, dont on peut prévoir
la realisation dans un avenir plus ou
moins rapproché.
Nous ne planons pas dans les nua-
ges, nous vivons sur la terre disait le
délégué Ulrich. L'idée même de
but final m'horripile, dit le délégué
Peus, ancien député,car il n'y a pas de
but final. Notre but final atteint, il sur-
gira tout un monde de nouveaux buts.»
Le député Heine, vivement attaqué
pour la campagne qui a abouti a son
élection dans une circonscription de
Berlin, en Juin dernier, dit en se dé-
fendant Notre conscience scientifi-
que même nous interdit de présenter
aux masses aucun tableau de la so
ciété socialiste idéale de l'avenir.
Et Bebel confirme les paroles de son
collègue Nous ne devons en aucun
cas nous engager dans une peinture dé-
taillée de la société future, car nous
ignorons absolument ce que sera l'ave
nir de l'humanité.
üette réserve est louable, et marque
une évolution d'idées dont auraient
tort de ne pas tenir compte ceux qui
se représentent le socialisme sous la
forme du monstre élaboré par les bi-
lans rouges cherchant a tout détrui
re pour la réalisation d'on ne sait quel
rêve.
Un des symptómes les plus caracté-
ristiques de cette évolution vers les ré
formes pratiques, c'est l'accueil fait an
Congrès de Stuttgard par Vollmar, le
député socialiste de Munich.
II faillit, il y a peu de temps, être
expulsé du parti a cause de ses dis
cours opportunistes. II a regu a Stutt
gard un accueil enthousiaste son dis
cours sur les buts immédiats et le but
final a été souligné par une tempête
d'applaudissements. En voici un pas
sage oü la double tendance pacifique
et positive que nous signalons est par-
faitement marquée
A l'inverse de la citoyenne Luxembourg, je
déclare que le plus grand malheur qui piit ar-
river au socialisme allemand serait que nous
fussions obliges de prendre maintenant le pou
voir politique. Nous ne voulons pas obtenir ce
pouvoir par des moyens artificiels externes,
mais par Ia nécessité interne a laquelle per-
sonne ne peut résister. Nous ne voulons pas
obtenir du peuple le pouvoir par ruse ou par
violence, nous voulons qu'il nous l'accorde de
sa propre volonté.
La théorie de ceux qui prétendent qu'en
poursuivant résolument la réalisation des buts
immédiats on éloigne le but final, est la plus
antisociahste, la plus anti-marxiste qu'on puis-
se imaginer. Car le socialisme part de cette
idéé que toute notre agitation ne dépend pas
de notre propre gré, mais qu'elle est imposée
par le développement économique. Si celui-ci
ne tendait pas, en vertu d'une force immanen
te, automatique, a notre but final, nous n'au-
rions qu'a nous laisser enterrer avec toute
notre agitation. Heine, Schmidt et Bernstein
ont plus mérité du part; que ceux qui nous
exhument constamment les vieux clichés.
Le socialisme allemand a eu raison de ses
adversaires extérieurs, il saura aussi s'éman-
ciper de la phrase.
V;-.'-'
Sv'VaTj
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wM*3C0f300ee«=