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Journal liberal démocratique d'Ypres et de 1'Arrondissement
LISTES ËLECTORALES.
Théatre d'Ypres.
Samedi, 22 0clobre 1898.
5 centimes le numéro.
ie année. 50.
Les eaux alimentaires.
Les biens des couvents.
Contre les anarchistes.
i^araissmil !e Hamedi,
L UNION FAIT LA FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville, Par an 3 francs.
pr-LA province, Par an fr. 2-50.
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne
Les réclamations n'é-
tant plusadmisesaprès
le 30 öctobre courant,
nous prions nos ;imis
de verifier les listes
électorales qui sont tló-
posées a l'inspection
des intéressés chez M.
15 run f"a u t, 3r*rési<ient
<le l'Associatioa Libé
rale, rue de I Alle, tons
les jours de lO a lir,jS.
Le Journal d'Ypres est dans lajoie
paree que Lille, la grande cité indus-
trielle, se trouve dans ie cas oü Ypres
se trouvait il y a quelques mois.
Lille se trouve dans la nécessité de
rationuer Peau alimentaire.
Ecoutez l'organe des édiles Yprois
11 est bon de faire remarquer a nos
concitoyens que le système d'eau de
n la capitale do Nord est a peu prés
n celui qui fut précomsé en tout temps
par M. Vermeulen et que la Lui te fait
encore sien,
La ville de Lille est depuis 1869 ali-
mentée par des eaux souterraines cap-
tées par galeries de drainage et elle a
une excellente eau pure et hygiém-
que moyenne de 19 milligrammes de
matières organiques au litre contre
une moyenne de milligrammes pour
les eaux d'Ypres (notons en passant
que la limite admise est de 50 milli
grammes^ au-dessus de laquelle toutes
les eaux doivent être prosentes comme
non potables et dangereuses).
Lille a une population mdustrielle
de 200,000 habitants environ qui s'ac-
croit de 2,500 habitants environ par
année. Son système d'alirnentation a
été augmenté au fur et a mesure des
besoins de sa population croissante.
Par suite d'une expansion extraordi
naire de son industrie et de sa popula
tion et d'une sécheresse prolongée, elle
se trouve dans la pénurie. II y sera
promptement porté remède.
Ah si la ville de Lille voulait utili-
ser les eaux superficielles de canal
d'étang ou de rivière, elle en a a foison.
Mais ses édiles sont trop intelligents et
prisent trop haut la santé des habi
tants.
Voila pour Lille.
Quelle est notre situation a Ypres
Nous avons environ 12,000 habitants
urbains a alimenter et presque pas
d'industrie, trés malheureusement.
Malgré tous les fameux travaux récents
a l'étang, les bassins de décantation,
etc., etc. et des dépenses nombreuses
et variées', nous sommes a deux doigts
de ia disette avec rationnement a la
clé. 11 n'v a a l'étang de Dickebusch
actuellement que quelques centimètres
d'eau au-dessus de lm70 de vase. S'il
ne pleut pas souvent et beaucoup, on
sera, avant peu, dans la nécessité de
nous rationner le jus de vase microbien
du marais de Dickebusch.
II en sera ainsi a tout instant.
Arrivons maintenant a la question
de Schaerbeek.
Yoici ce que le Journal d'Ypres en
dit
Le meilleur systèmeVuniqueconsiste
jj done a utiliser l'eau d'une rivièrecomme
M le fait la commune de Schaerbeekqui
j) utilise l'eau du Bocqou a accumuier
7> l'eau dans de vastes bassins comme
ceux de Dickebusch et de Zülebeke.»
C'est la tout bonnement un petit
mensonge catholique et romain,dans le
genre de celui sur ie compte deLaeken,
et que la Lutte lui fit si bien ravaler
dans le temps.
Les édiles de Schaerbeek le considé-
reraient comme une calomnie s'ils
savaient qu'on les accuse de vouloir se,
servir d'eau de rivière, ou d'étang,
comme eau alimentaire.
Les faubourgs de Bruxelles out for-
mé la Sociétè intercommunale des eaux
alimentaires pour assurer eux-mêmes
leur alimentation.
Cette société est inspirée et dirigée
par des savants et des praticiens de
grande expérience, il va sans dire que
cette société n'aura ni la sottise, ni
l'aveuglement de prendre de l'eau
d'une rivière ou d'un étang quelcon-
que. Au contraire, elle a adopté le
système des eaux souterrainescaptées par
galerie de drainage, comme M. Vermeulen
a préconisé, en lout temps elle est en train
de l'ètablir dans le bassin liyd.rographique
du Bocq.
Voila la vérité. P. V.
En France.
Une carte pnbliée récemment sur
l'étendue et la valeur des bien irnmo-
biliers connus des congrégations reli-
gieuses en France montre i'envahisse-
ment progressif da sol par les congré-
ganistes, hommes et femmes. La tache
noire a pris des proportions colossales
surtout dans les départements du Nord,
de Maine-et-Loire, du Rhone, de la
Gironde, de i'Lsère, de la Loire et dn
Pas-de-üalais, oü en quinze années la
valeur et l'étendue des immeubies des
congrégations religieuses ont doublé,
triplé et quadruplé.
Depuis 1881, date de l'application
des décrets dit du 29 Mars, ces immeu
bies, tant par 1'extension de leur super-
ficie ou par le développement de la
propriété batie que par i'augmentation
de leur valeur, sont moutés de 800 mil
lions a 2 milliards or ce ne sont que
les biens conous. II n'y a aucune exa-
gération a fixer dans ces conditions a
10 milliards tout ce que détiennent
les congrégations.
Get envahissement se produit surtout
dans leB départements riches et s'ag-
grave pour le petit commerce et la
petite industrie de l'avènement de l'in-
dustrie et du commerce organises par
les congrégations. 11 a pour conséquen-
ce de peser lourdement sur la situation
économique de la classe ouvrière et de
la petite bourgeoisie, en même temps
que de rendre plus puissante l'influen-
ce spirituelle du clergé tant dans les
administrations publiques que dans les
écoles.
En I 'rasse.
Ce phénomène signalé pour la France
se manifeste ailleurs encore. Ainsi en
Prusse, depuis 1875, époque a laquelle
la lutte contre le catholicisme, le Kul-
terkampfcomme on l'appelaiten Alle-
magne, a été terminée, ie nombre des
ordres religieux est toujours allé en
augmentant dans le royaume de
Prusse.
On devait s'attendre a ce résultat,
l'église catholique s'étant montrée par-
tout favorable aux tendances réaction-
naires les plus prononcées. Rien d'éton-
nant, dés lors, si dans la période 1886-
1894, I'augmentation a été plus sensible
et plus rapide, surtout dans ces derniè-
res années oü la réaction s'est accentuée
aussi bien dans le domaine politique
que dans la sphère économique.
Le tableau ci-après en fournit une
preuve éclatante et irréfutable
Années. Mais8religieuses. Nomb. de membres
1886
746
7,248
1887
890
8,305
1888
934
9,517
1889
988
10,428
1890
1,027
11,227
1891 1,094 12,152
1892 1,146 13,129
1893 1,316 14,644
1894., 1,399 17,398
On voit par les chifires de ce tableau
que le mouvement a surtout progressé
depuis 1890 car a cette époque il y
avait en Prusse 374 religieux par mil
lion d'habitants, tandis qu'en 1894,
malgré I'augmentation de la popula
tion, on en trouve 539e'est-a-dire
que, dans une période de cinq ans, le
nombre des religieux aurait augmenté
de 40 p. c. environ et celui des maisons
religieuses de 25 p. c.
Dans ces deux pays, bien qu'étant
de convictions religieuses difiérentes,
la France catholique et la Prusse pro
testante, on assiste au même phénomè
ne l'église s'appropriant les biens de
ce monde pour laisser aux naïfs les
biens si aiéatoires de l'autre monde.
(D'après YAvenir social, Oct. 1898).
Nous sommes convaincus qu'un rele-
vé exact et complet des biens des corpo
rations religieuses décèlerait une situa
tion peu différente de celle que la
Révolu.tion frangaise a violemment
détruite, maïs qu'une exploitation ha
bile et patiente des passions humaines
a permis au clergé régulier et séculier
de reconstituer a son profit.
L'amiral Ganevaro, ministre des af
faires étrangères d'italie, vient d'a-
dresser a tous les gouvernements d'Eu-
rope une note concernant ia réunion
d'une conférence internationale peur
prendre des mesures eu commun con
tre les anarchistes.
Nous eussions préféré que pareille
initiative partit d'un gouvernement
qui ait donné, plus que celui du roi
Humbert, des garanties de respect sin
cere pour )a liberté. Venant de l'Italie,
la note aux gouvernements ne nous dit
rien qui vaüle.
Le gouvernement italien, par sa
mégalomame qui flatte i'orguéil du roi
Humbert, a ruiué son pays, aflamé les
populations, les a poussé aux émeutes
du désespoir. Aux réclamations des
meurt-de-faim, il a répondu par les
massacres de Milan, que l'histoire
mettra a cótó de ceux de Juin 1848.
Aux protestations ou aux conseils de la
presse indépendante, le gouvernement
italien a donné pour suite les condam-
nations en masse par les conseils de
guerre bien stylés et les journalistes
non asservis par les fouds secrets ont
payé, par des auuées d'emprisonnement
des articles écrits six et buit mois avant
les évènements de Milan qu'ils sont
censés avoir provoqués Libéraux,
républicains, catboliques, socialistes,
on n'a pas fait de distinction entre les
journalistes les conseils de guerre ont
puni en bloc, sans souci de ia justice,
de la vérité, de la légalité, tous ceux
qu'ou leur présentait comme fauteurs
de désordre et d'anarcbie.
D'autre part, le gouvernement ita
lien aurait pu réfiéchir que les assas
sins de chefs d'Etat qui ont opéré
depuis quatre ans sont sortis de chez
lui: Gaserio, Luccheni. Avant d'inviter
les autres Etats a prendre des mesures,
l'Italie pourrait prendre chez elle les
précautions de police les plus élémen-
taires pour empêcber ses nationaux de
se distinguer par des assassinats reten-
tissants, mais laches et stupides.
Depuis l'assassinat de la malheu-
reuse impératrice d'Autriche, le gou
vernement Italien ne rève que com-
plots anarchistes. II a averti l'empereur
Guillaume en route pour un voyage en
Orient, d'un complot tramé en Egypte
et auquel personne ne croit dans la
presse allemande. II a même découvert
un projet d'attentat qui devait attein-
dre notre roi Léopold II lors de sa
visite a Anvers, Dimanche dernier.
Le but de ce zèle est évidemment de
terrorise!' les gouvernants pour les
pousser plus facilement dans la voie de
la réaction.
Nousestavisquesiles Italiensavaient
du pain a manger et de la liberté pour
occuper leur aclivité, les théories anar
chistes feraient parmi eux moins de
prosélytes capables de se signaler par
le crime. Le gouvernement du roi
Humbert n'on conviendra certainement
pas. Mais si les Etats européens lui
répondaientComme suite a votre
note, nous allons prendre des mesures
de police spéciales pour la surveillance
de ceux de vos sujets qui, mourant de
faim dans votre pays, sont établis ou
de passage chez nous le roi Hum-
bert aurait regu juste ce qu'il mérite.
II est probable, par le vent de réac
tion qui souffle sur l'Europe, que les
diplomates chercheront une solution
plus compliquée, permettant d'englo-
ber avec les anarchistes tous ceux dont
l'opposition gêne les gouvernements.
Mais l'opposition de l'Augleterre et de
la Suisse, qui out gardé ie respect de
la liberté, fêront sans doute rester dans
le domaine du rêve les conceptions
réactionnaires que l'Italie inspirera.
Des mesures de police intelligentes
non provocatrices suffiraient a éviter
le renouvellement des exploits des
assassins. Ph. de C.
L'Éjtrcuvc. -- Les Fourbcries de Scapin-
Le public est vraiment un être bien
capricieux
II y a quelques mois, la troupe de
comédie frangaise de M. Garay vint
donner a Ypres une représentation du
Dèpit amoureux et de Médecin malgré lui.
Lesjeunes artistes de M. Garay ob-
tinrent un vif succès, trés mérité
d'aiileurs, et les spectateurs furent
unanimes a reconnaitre que cette re
présentation était la meilleure qu'on
eüt eue a Ypres depuis longtemps.
Mardi, la même troupe revenait nous
donner, comme morceau de résistance,
les Fourberies de Scapin, une des plus
gaies comédies-farces sorties de l'inspi-
ration géniale de Molière. La troupe
a fait ses preuves elle donne aux ama
teurs de beau langage frangais l'occa-
sion d'entendre bien dire la langue
savoureuse de Molière elle apporte
aux amateurs de rire une comédie cent
fois plus amusante que les vaude
villes a calembourgs, et a laquelle
cependant chacun peut conduire sa
femme, sa soeur ou sa fille. Résultat
les Yprois restent chez eux, et les ar
tistes dépeuseut des trésors de talent
pour une salie a demi garnie. Ge serait
décourageant, si M. Garay et sa troupe
n'avaient le feu sacré qui finit par fon-
dre les indiflérences les plus obstinées,
et le talent qui attire forcément ceux
qui n'ont pas entiërement perdu le goüt
du beau.
Notez que les abstentionnistes sont,
pour une grande part, les mêmes qu'on
entend se plaindre a chaque instant que
les distractions manquent a Ypres.
Nous ne songeons pas a prétendre
qu'elles y abondent, et qu'on ait chaque
jour l'embarras du cboix. Mais cette
pénurie habituelle est un motif de plus,
nous sembie-t-il, pour ne pas découra-
ger ceux qui ont l'intention de nous
procurer de temps a autre une soirée
d'un amusement qui, pour être hon-
nête, n'en est pas moins vif et moins
précieux.
En créant a Bruxelles une troupe de
comédie frangaise pour l'interprétation
des oeuvres classiques du XVII0 et du
XVIILe siècle, M. Garay a fait non-
seulement oeuvre d'artiste, mais aussi
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