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IS
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour
les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence
Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 32 et a Paris, Agence de la
Bourse.
D'UNE NOMINATION.
Journal liberal démocratique d'Ypres et de 1'Arrondissement
La question cléricale
Samedi, 26 Novembre 1898.
56 année. i\° 1,
A PROPOS
Du póle de Farmée dans
la nation.
1
m
^ttftsisststtS ie Satnedi,
L UNION FAIT LA FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la yille, Par an 52 francs.
pr la province, Par an fr. 2-50.
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Lesieur Maurice Vergracht est pre
mier candidat a la place de sous-lieute-
nant devenue vacante par suite dü
départ de Monsieur Valentin Ceriez.
Le Conseil communal Pa préféré a
Messieurs Léon Donck et AlbertBoone,
dont les opinions catholiques, connues
de' longue date, ne lui ont pas paru
présenter des garanties suffisantes de
sincérité. Maurice Vergracht a été
proposé a l'unanimité des suffrages, et
sa nomination, affirme le Journal d'Y
presn'est pas douteuse.
C'est incontestablement un succès
pour le récipiendaire.
A la fin des fins le sieur Vergracht
Maurice est parvenu a satisfaire son or-
gueil. Pour y arriver il a su s'aplatir,
ramper devant ceux, qn'hier encore
il combattait de toute son énergie.
Par ses bassesses, ce farouche tom-
beur de nonnettes, excommissaire re-
négat des colonies scolaires gantoi-
ses, a su se faufiler dans ce corps
des pompiers, d'ou son père eut
été impitoyablement exclu, avec son
ami Monsieur Auguste Brunfaut, s'il
eut encore été en vie. Maurice Ver
gracht est allé grossir l'armée catholi-
que, au mépris de ses anciennes con
victions qu'il a misérablement re-
niées. II s'y trouvera en jolie posture
avec les Lahousse, les Jules Eeekhout,
les Charles Wouts, ces écoeurés, ces
honnêtes, dont parie le Journal d'Ypres
en son numéro du 19 Novembre der
nier.
Le quatuor est parfait. II est digne
des faveurs dont on le comble.
Pour nous la perte est peu sensible.
Nous avons un faux frère en moins. Sa
place était tout indiquée dans le parti
des jésuites. II l'a compris il a bien
fait. Si sa trahison fait plaisir au Jour
nal d' Ypres, elle nous laisse indifférents
et si nous en avons fait mention, c'est
que nous y avons trouvé une occasion,
de montrer une fois de plus le triste
choix, que font nos maitres de ceux,
auxquels ils confient des emplois pu
blics. Le poste d'officier au. corps
des pompiers communaux est un poste
d'honneur or, ceux qui désertent leur
drapeau ne sont rien moins qu'honora-
bles.
La Lutte en tout ceci est restée fidéle
a sa ligne de conduite pas d'immix-
tion dans. la vie privée des citoyens.
Ce n'est pas enfreindre a cette régie,
que de discuter l'attitude d'un indi
vidu, qui brigue un mandat public,
qui vise a l'homme politique. Le
sieur Maurice Vergracht s'est livré
lui-même a la discussion il nous est
donné dés maintenant de critiquer ses
actes
Un dernier mot a, l'auteur de Partiele
A propos d'une nomination paru
dans le Journal d'Ypres en date du 19
Novembre 1898. Ce rédacteur est un
imbécile, ou un infect jésuite.
Journellement nous voyons les chefs
les plus huppés de la droite coudoyer
des radicaux, soit a la Chambre, soit
dans leurs relations particulières; nous
les voyons même lier des relations d'a-
mitié avec eux. Nous ne pouvons les en
blamer. Les hommes peuvent, doivent
même différer d'opinion. Toutes les
croyances sont respectables, du mo
ment qu'elles sont sincères. 11 nous est
d'avis, que des adversaires politiques
ne doivent pas être nécessairement en-
nemis et il ne nous viendra jamais a la
pensée de dire ou d'écrire, qu'un catho-
lique convaincu nous donne des nau-
sées.
Raisonner de la sorte, c'est parler en
imbécile ou en hypocrite.
Nous n'avons de dégout que pour
ceux qui, étant indépendants par leur
situation personnelle, snbordonnent
leurs opinions a une question d'intérêt
ou de boutique.
Nous empruntons a VIndêpendance
beige un article trés édifiant sur les pro-
grès du cléricalisme en France. Nous
les livrons a la méditation de nos libé-
raux Yprois, qui ont ia coupable fai-
blesse de confier l'éducation de leurs
enfant8 a nos pires ennemis les jésui-
tes.
La crise que la France vient de traverser
et qui dure encore a remis au premier
plan la question cléricale. L'assaut' direct,
qui a été donné a la République, a l'embryon
destitutions libérales et démocratiaues déja
conquis, a démontré que l'éternel ennemi,
le parti prêtre, n'avait point désarmé. On a
senti la nécessité de lui asséner un de ces
coups vigoureux qui le replongent dans l'om-
bre.Or.ii est clair qu il tire une grande part
de sa puissance de la diffusion do son ensei-
gnernent. Ii était nature! que le parti répu-
blicain se posat cette interrogation N'y
a-t-il point danger de livrer plus longtemps
a l'Eglise notre jeunesse dont elle fausse le
jugc ment,dont elle pervertit la raison, qu'el-
le entraine a rebours du mouvement du siè
cle et du grand courant, de fraternité hu-
maine Du coup, c'était se demander
Convient-il de maintenir ou d'abroger la loi
Falloux
Nous ne serions pas étonné que d'ici peu
de vives discussions vinssent a s'élever au-
tour de ce texte qui est resté la charte du
cléricalisme, la garantie de sa mainmise sur
l'esprit public. Sans doute, le Parlement
francais sera appelé a statuer sur son sort,
dans le courant de eet. hiver.
On sait quel régime la loi Falloux a orga
nise pour notre éducation nationale. Posant
en principe la liberté de l'enseignement, elle
a été a l'encontre des doctrines que la Révo-
lution avait adoptées en cette matière et qui
réservaient a l'Etat l'enseignement, elle a
détruit l'ceuvre du premier Empire l'Uni-
versité, que, pendant 40 ans, les gouverne-
ments suecessifs avaient jalousement défen-
due elle a partagé entre l'Etat et l'Eglise
la faculté d'éduquer l'enfance. Dans l'ordre
primaire, elle a permis d'ouvrir une école a
tous ceux qui étaient pourvus d'un diplome,
et qui, a défaut, pouvaient exciper d'un sta
ge, d'un titre de ministre d'un des cultes re-
connus, ou même d'une lettre d'obédience
dans l'ordre secondaire, tout citoyen pou-
vait professer, a condition d'etre Lachelier
ou, a défaut, d'avoir obtenu un certificat de
capaeité. L'instruction religieuss était in-
scrite dans tous les programmes. Les minis-
tres des cultes avaient toujours acces dans
les écoles. Le conseil supérieur de l'instruc
tion publiquecomprenait sept ecclésiastiques;
quatre ecclésiastiques siégeaieutdans chacun
des conseils académiques.
Telles sont les dispositions essentielies de
cette loi qui porte la date du 27 Mars 1850
et qui a déchaïné sur la France une formi
dable propagande cléricale. Elle a été votée
par l'une des assemblées les plus férocement
catholiques, les plus résolument rétrogrades
que les électeurs aient réunies chez nous en
ce siècle. Composée aux deux tiers de catho
liques militants, dont Montalembert et Fal
loux étaient les chefs, laLégislative ne comp-
tait qu'un tiers environ de républicains de
toute nuance. Elle symbolisait avant tout la
résistance a la pou^sée sociale, qui s'était
affirmée au lendemain de Février, qui avait
éclaté en Juin 1848, et que toutes les forces
du passé, concentrées autour de Thiers,
s'employaient a refréner. La loi Falloux était
le produit d'un état d'esprit spécial dans
la pensée de son auteur (qui ne vint pas a la
Chambre pour la soutenir), elle devait, en
étendant la dictature morale de l'Eglise, con
jurer, pour l'avenir, tout nouveau sursaut
démocratique.
Le débat auquel elle donna lieu a la Le
gislative ne fut pas tres long. A peine une
dizaine d'orateurs y participèrentles deux
harangues maitres en furent celles de Victor
Hugo et de Montalembertl'un, parlant au
nom des républicains, prononca, ce jour-la,
l'un de ses plus admirables discours. Nul n'a
jamais mieux stigmatisé les basses convoiti-
ses que l'Eglise pare du nom de liberté.
Voire loi, s'écria-t-il, est une pensée d'as-
servissement qui se déguise sous le nom da
la tolérance. L'autre, corame i! était juste,
et selon la coutume cléricale, déclara que
l'Eglise ne sollicitait que le droit commun.
Pu;s, évoquant le spectre rouge, spéculant
sur les terreurs de son auditoire, il montra
que, seule, la religion pouvait endiguer et
arrêter la revolution renaissante. Après ces
deux orateurs, qui incarnaient tres nette-
rnent des idéés antagonistes. Thiers monta
a la tribune pour prononcer une allocution
des plus habiles. Représentant le projet
comme une transaction entre l'Etat et l'Egli
se, il affirma qu'il était grand temps pour la
philosophie de se réconcilier avec la foi. (La
loi fut adoptée par 487 voix contre 155).
Ce n'éiait pas l'égalité dans la concurren
ce, c'était le privilege, c'était presque le mo-
nopole que les congrégations de toute nature
veriaient d'enlever. Comment la société laï-
que, arrnée des rnaigres ressources de son
budget de l'instruction, pouvait-elle lutter
avec les congrégations richement rentées
Les Frères de la Doctrine chrétienne s'em-
pararent des enfants lesjeunes gens tom-
bèrent entre les mains des Jésuites que la
loi Fallouxpar une omission voulue
n'avait pas exclus en termes explicites. Pen
dant trente ans exactement, de 1850 a
1880. l'Eglise a triomphé dans l'enseigne
ment, et, en pleine liberté, avec une inso-
lente licence, elle a pu préparer, dresser la
jeunesse francaise contre les institutions dé-
mocratiques.
La suite et fin au prochain n
Ce titre est celui d'une importante
et intéressante étude publiée par M.
Gaston Moch dans la Revue blanche et
reproduite dans VIndêpendance beige de
Dimanche dernier.
L'auteur est un ancien officier de
l'armée franqaise, devenu récemment
un des directeurs de VIndêpendance beige
et bien connu par des travaux ayant
pour but le maintien et la consolida
tion de la paix européenne. Les idéés
d'un tel homme méritent qu'on s'y
arrê e, et pour nous, progressistes, qui
cherchons a réaliser d'une faqon solide
la défense nationale sans tomber dans
les excès du militarisme outrancier,
c'est un précieux encouragement que
de voir préconiser par M. G. Moch une
organisation militaire dont les congrès
progressistes ont popularisé l'idée.
De tout temps, dit M. Moch, les
armées ont été organisées en vue des
objets suivants
Défendre le territoire national
Conquérir des territoires étrangers
Assurer, a l'intérieur, le respect des
lois, en cas d'insuffisance de la police
et de la gendarmerie.
Enfin, depuis quelques années, on
leur assigne volontiers un quatrième
róle, celui d'éducatrices morales et
physiques de la nation, n
La défense du territoire est le pre
mier devoir de tout citoyen et de l'Etat
lui-même. Mais les guerres de conquète
ont fait leur temps sauf les guerres
coloniales. Et si les déclarations pacifi-
ques des gouvernements répudiant
toute idéé de conquète manquent par-
fois de sincérité, les peuples finissent
par les prendre au sérieux et par exi-
ger qu'elles soient respectées.
M. Moch réfute l'opinion courante
chez les militaires et les militaristes
que, pour se faire respecter de ses voi-
sins, il faut être en état de porter la
guerre chez eux, et qu'une nation qui
borne son ambition militaire a inter-
dire l'accès de son territoire est certai-
ne de subir l'invasion.
Pour se faire respecter d'un voisin
turbulent, dit-il en réponse a ce qu'il
nomme ie paradoxe de l'offensive
il soffit de lui inspirer la conviction
que, s'il prend lui-même l'offensive, il
rencontrera une résistance suffisante.
Pour prévenir une attaque, une orga
nisation purement défensive est tout a
fait suffisante, du moment qu'on saura
bien qu'elle est réellement appropriée
a ce but déterminé la défense du ter
ritoire.
En ce qui concerne le maintien de
l'ordre, M. G. Moch repousse la théorie
d'une armée dont les soldats seraient
astreints a combattre contre leurs pa
rents et leurs amis, contre leurs pro-
pres idéés, pour cette seule raison que
leur age les astreint du service militai
re. La défense des lois, dit-il avec
raison, n'est que trop souvent un pré-
texte, un moyen de masquer les entre-
prises les plus coupables, les exploita
tions les plus immorales trop souvent
les prétendus défenseurs de l'ordre
public ne songent a maintenir que
['oppression de leurs concitoyens, et
tous les abus qui s'y rattachent. Or,
eet emploi des forces militaires est
évidemment incompatible avec la con
ception moderne des armées issues du
service obligatoire.
Mais, ajoute-t-il bientót, les pro
testations que des minorités turbulen-
tes font entendre, quant au principe de
l'emploi de Farmée a la répression des
troubles, sont suspectes les mêmes
minorités, devenues majorités, n'hési-
teraient pas a maintenir l'ordre par les
mêmes moyens, et elles auraient rai
son.
Pour ces motifs, et étant donnée l'or-
ganisation démocratique qu'ont prise
ou que tendent a prendre les Etats
contemporains, il est légitime que la
société appelle, pour se défendre con
tre une minorité fomentant l'insurrec-
tion, le secours des bons citoyens
fidèles a leur devoir civique et n'atten-
dant rien que de la stricte observation
des lois.
II faut bien préciser, ajoute M.
Moch, car ce point délicat prête aux
plus graves abus. J'ai dit si des trou
bles graves ont pris naissance et non
si l'on suppose que des troubles graves
pourraient prendre naissance. II y a la
plus qu'une nuance, il y a une differen
ce capitale.
Et il condamne les déploiements de
troupes dits préventifs et qui, en
général, jouent le même eflet qu'une
provocation, et constituent un procés
de tendances a l'égard des mécontents
ils risquent beaucoup d'occasionner
une crise qui ne se serait pas produite
sans eux. Les exemples abondent, en
tous pays.
A l'appui de sa these, M. Moch cite
l'exemple de la Suisse ou, en cas de
troubles declares, la confédération léve
quelques bataillons de milice pris dans
un canton voisintout rentre bientót
dans l'ordre, sans effusion de sang.
Pour les gens a bonne intention, l'ar
mée a pour mission de compléter l'é
ducation civique des citoyens, d'être
pour eux une école de patriotisme, de
courage, de discipline et de dévoue-
ment.
C'est un troisième paradoxe, dit a
ce sujet M. G. Moch. Gar, première-
-f-