Journal liberal démocratique d'Ypres et de F Arrondissement Mort de M. Félix Faure. L'Uninominal. L'influence des villes sur les campagnes. La Bande Noire. Samedi, 18 Février 1899. o cenlimes ie numéro. 56 année. X" 16. 3*arais»ant ie Hamert'i. La réforme électorale. L UNION FAIT LA FORCE- PRIX DE IFABONNEMENT pour la ville, Par an 3 francs, pr LA province, Par an fr. 2-50. Les jonrnaux parus la nuit annon- cent que M. Félix Faure est mort, Jeudi, a dix heures du soir, des suites d'une attaque d'apoplexie. Les détails circonstanciés manquent encore. A deux reprises déja, M. Vanden- peereboom a été mis en demeure de faire connaitre non Ie projet de loi qu'il prépare pour réglementer les élections législatives mais le princi- Ee fondamental de ce projet de loi. ors de Interpellation Lorand-Van- dervelde, il y a dix jours, comme lors de sa première apparition devant les Chambres en qualité de chef de cabi net, M. Vandenpeereboom a refusé de répondre, se bornant a protester de la pureté de ses intentions. Entretemps, le chef du cabinet con- voque chez lui, par petits groupes, les députés de droite, afin de les convertir a ses projets. Inutile d'attirer l'atten- tion sur les marchandages et les tripo- tages auxquels prêtent ces conciliabu- les mysténeux, oü l'intérêt du pays est laissé a l'arrière-plan, loin derrière les intéréts particuliers ou personnels des députés qu'inquiète le seul souci de leur réélection. Pareils agissements sont la négation du régime représentatif. Le cabinet ar- rivera devant les Ghambres avec une mixture pour laquelle il se sera assuré une majorité. La discussion publique ne sera, dans ces conditions, qu'une indigne comédie. C'est ie régime du bon plaisir, masqué sous des apparen- ces régulières,quecontinue a pratiquer le R. P. Boom, assuré, en échange de complaisances diverses, du concours d'une haute personnalité qui s'est trop mis en avant dans ces derniers temps pour qu'on craigne d'y faire allusion. 11 est certain que la loi préparée, dans les réunions mtimes, par M. Van denpeereboom et les réunions de droi te, n'aura nullement le but de substi- tuer a notre régime électoral actuel un régime juste, équitable. La droite ne cherchera qu'a se perpétuer en majo rité, et pour cela tous les tnpotages lui seront, bons. Elle sacnfiera peut-être quelques unités de sa formidable ma jorité, mais ce sera pour mieux garder les autres, quelle que soit l'opinion de la majorité du pays. Beaucoup de députés cléricaux se sont déclarés partisans delareprésenta- tion proportionnelle appliquée honnê- tement, sans le frauduleux quorum de M. Scholiaert, a des circonscriptions faciles a établir si on le veut. Nous ver- rons combien il restera, au scrutin, de ces champions décidés de la R. P., qui après avoir consenti a la sophisti- quer pour les élections communales, feront peu de difficultés pour l'étrau- gler au cours du projet qui mijote si Ientement dans les cuisines politiques du R. P. Boom. Car on ne peut se dissimuler que la R. P. soit en danger. La droite la sacrifiera facilement a ses intéréts. D'autre part, si la gauche libérale et progressiste est prête a la voter a l'unanimité, la gauche socialis- te prétend ne l'accepter que si on lui apporte en même temps le suffrage universel pur et simple. Cette attitude intransigeante, cette politique du tout ou rien n a laquelle certains députés socialistes semblent vouloir se cramponner, risque fort d'entrainer l'échec de la R. P. et de fa- voriser les machinations obscures aux- On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixjiude, 51, Ypres. Pour les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence Havas, Bruxelles, rue de la Madeleine, 32 et a Paris, Agence de la Bourse. quelles le gouvernement et la droite sont occupés. II y a un seul moyen d'arrêter i'ceu- vre de mauvaise foi et de déloyauté que M. Vandenpeereboom prépare c'est une action d'ensemble de la gau che pour la R. P. intégrale. Nous vou- lons encore espérer qu'elle se produira et qu'elle forcera la droite a ne pas abuser de sa supériorité numérique disproportionnée pour perpétuer l'in- justice et l'inégalité. Ph. de C. M. Herman Pergameni vient de pu blier dans la Chronique. dès longtemps vouée a l'uninominal, un bomment frénétique en faveur de ce système électoral. Il faut reconnaitre que le savant pro- fesseur de littérature a l'Université de Bruxelles a tout au moins réussi a re- nouveler l'intérêt d'une controverse vénérable. D'après M. Herman Pergameni, il suffit des examples des pays étrangers, et surtout de l'Angleterre, pour nous rallier a ce système, plutót que de u faire un saut dans l'inconnu a la poursuite de la chimère de la repré- sentation proportionnelle. Et cette appreciation qui ravira M. Woeste, il la justifie en ces termes Je dis chimère et j'ajoute chimère dange- reuse, car elle repose sur ce faux principe que les minorités ont le droit d'etre repre sentees. Eh bien, non, les minorités n'ont pas le droit d'êire représentées dans un pays par lementaire. Puisque c'est ia majorité qui fera les lois au sein des Chambres, c'est aussi la majorité des groupes électoraux qui doit nommer les députés. Quant aux minorités, qu'elles fassent de la propagande, qu'elles travaillent, qu'elles luttent pour devenir des majorités a leur tour. Toute l'histoire du monde n'est que la mise en application de ce principe si simple. Mais quand bien même on admettrait le droit des minorités, la représentatiou proportion nelle offre encore un grave danger. C'est de composer un parlement non pas d'hommes politiques choisis directement par leurs électeurs et f'orts de toute ia force que leur donne leur mandat librement accepté, mais d'entités abstraites, d'êtres neutres issus d'un jeu de combinaisons mathématiques. Or, un parlement ne doit pas être une sorte de groupement d'unités mathémati ques. Dans un parlement, il faut des hom mes en chair et en os, des lutteurs qui savent ce qu'ils veulent, qui savent oü ils vont et que les électeurs ont choisis paree qu'ils les trouvaient plus capables que d'au- tres de représenter leurs intéréts. Voila qui est parfaitement clair et d'une incontestable origiualité Les minorités n'ont pas le droit d'etre représentées II nous semblait cependant que même l'uninominal était jusqu'ici pré- conisé, vailie que vaille, comme un mode de repiésentation des minorités. La conclusion logique de cette thèse absolue d'un publiciste que la Chroni que considère comme une autorité, c'est la recherche d'un système qui assure au parti prédominant non pas seulement la majorité, mais la totalité des mandats et l'unanimité des suffra ges dans les Chambres. (Independence beige). Dans les Annates de VInstitut des Scien ces sodales (n° de Décembre 1898), M, Em. Vandervelde étudie la situation économique de trois communes du Brabant wallon La Hulpe, Rixensart et Genval, et les modifications qu'elle a subies sous l'influence du voisinage de Bruxelles. Sans suxvre l'auteur dans tous les détails de son attachante étude, nous pouvons en résuiner les conclusions qui, croyons-nous, pourraient s'appli- quer, plus ou moins exactement a tous les villages situées dans le cercle d'in- fluence d'une agglomération importan te. L'introduction des machines dans l'industrie a tué le travail a domicile (le tissage a la maiu, dans les cas étu- diés par M. Vandervelde). Les ouvriers de la campagne sont deVenus magons, plafouneurs, briquetiers, vont travail- ier a la ville pour de plus forts salaires et abandonnent en même temps aux soins des femmesetdeseufantsleslopins de terre qu'ils cultivaient eux-mêmes. L'institution des abonnements d'ou- vriers au chemin de fer a facilité Fac tion de cette tendance, et dans les com munes citées, la majorité des ouvriers dans la force de l'age vont travailier a Bruxelles. La Hulpe, Rixensart, Genval sont prés de la limite du pays flamand et du pays wallon. Ceux de leurs habitants travaillaient autrefois a la papeterie de la Hulpe placés par des ouvriers fla- mands des communes voisines, qui se contentent d'uu moindre salaire, ayant des besoins moins développés. L'exorde journalier des travailleurs n'a pas nui aux relations de familie les salaires plus rémunérateurs ont contribué a élever la moralité et la dignité des ouvriers. Mais il y a lieu de tenir compte, en revanche, de la fatigue excessive résul- tant de ces déplacements quotidiens, fatigue qui n'a pas été sans diminuer la force de production des ouvriers. En outre, les travaux des champs retombent presque tout entier sur les femmes, avec toutes les conséquences mauvaises qui en résultent pour les soins du ménage et Féducation des enfants. Ces derniers, pour aider aux travaux des champs, désertent l'école depuis la fenaison jusqu'a la récolte des pommes de terre, soit quatre a cinq mois. Fixception doit être faite, cepen dant, pour les villages oü la culture s'est tellement divisée qu'elle n'est plus qu'un accessoire destiné a pro- duire pour l'usage journalier de la familie. Le nombre des débits de boissons a augmenté considérablement depuis 1870 conséquence de i'augmentation des loyers résultant du voisinage de la ville, a laquelle il faut subvenir par des ressources complémencaires que le cabaret rapporte. Mais il ne faut pas en conclure que l'alcoolisme ait aug menté les ouvriers ne boivent plus a Bruxelles, d'oü ils rentrent chaque jour en outre ils sont dispersés dans de nombreux cabarets,et y rencontrent moins de tentateurs les excitant a boire jusqu'a l'ivresse comp.lète. Les idéés cheminent encore avec une lenteur remarquable chez les ouvriers qui travaillent a Bruxelles, quoi qu'ils soient plus développés que ceux qui restent au village. La plupart se décla- rent socialistes, dit M. Vandervelde. Mais quand on leur demande pour- n quoi ils sont socialistes, ils donnent généralement des raisons qui n'ont rien a voir avec le socialisme les dotations princières, l'injustice du vote plural, l'iniquité du remplace- ment militaire. Ceux, d'ailleurs, qui ne sont pas socialistes invoquent de moins bonnes raisons encore pour ne pas l'être ia cramte du partage des biens, de la promiscuité des femmes ou de Ia damnation éternelle, par exemple. ANNONCES Annonces 10 centimes la iigne. Réclames25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. Quant aux ouvriers qui réfléchis- sent ie plus,... presque tous se font de la société dans laquelle ils vivent la plus étrange image. Le charron de X... nous demandait, par exemple, s'il existait un controle quelconque pour tous les millions que les contri- buables versent entre les mains du ministre des finances il a paru fort soulagé en apprenant 1'existence de la Cour des comptes. n D'autres sont inébranlablement convaincus que, pour être acquitté, devant un tribunal quelconque, il suffit d'être recommandé aux juges par un ami du gouvernement. Pour eux, le secret du vote n'est qu'un leurre, la formation des listes électo- rales une injustice permanente tous les secrétaires communaux ont regu l'ordre de n'accorder qu'un suffrage aux adversaires du parti dominant. b Bref, le monde leur apparait abso- lument déformé, avec toute une flo- raison d'abus imaginairesou démesu- rément grossis fantastique reflet des abus, trop réels, dont ils souff'rent directement. Une étude comme celle de M. Van dervelde éclairé d'une vive lueur et précise considérablement les traits caractéristiques de l'évolution écono mique et morale des campagnes aux environs des villes. Si la ville a transformé les cultures et déplacé les bornes des propriétés, son action intellectuelle se fait aussi sentir, quoique Ientement, dans les villages même éloignés. 11 y a la un encouragement pour ceux qui ont a coeur 1'émancipation des populations campagnardes. La moisson qu'ils sè- ment doit pousser dans un sol ingrat, mais enfin elle pousse. Ph. de C. Persécntion elérioale. L'abbé Daens adresse au Petit Bleu une lettre que nous nous empressons de reproduire, paree qu'elle montre jusqu'oü va la férocité des chrétiens d'Alost Alost, 10 Février 1899. La mort de ma regrettée soeur donne lieu a certaines fausses rumeurs qu'il est de mon devoir de démentir. II est inexact que deux soeurs noires aient refusé leur assistance a la défunte nous n'avons pas demandé les services de ces religieuses. II est inexact également qu'un vicaire de Saint-Martin ait refusé d'administrer ma soeur nous devons rendre hommage au vicaire qui est venu il a fait son devoir. Ce qui est vrai. malheureusement, c'est que le frère portier du college des jésuites a Alost, a qui nous demandions de quérir un confesseur pour ma soeur, a répondu en ri- canant Ha ha ha Est-ce que le prêtre Daens ne peut done pas confesser sa soeur J ai dénoncé ce fait au provincial des jé suites et je l'ai averti que je le rendrais pu blic. Il faut que ces choses abominables soient flétries par l'opinion publique et rendues impossibles a l'avenir. II est vrai aussi que ma pauvre soeur a été atteinte mortellement par la ruine totale de son commerce, due a un boycottage in- humain, et que cette femme, si inoffensive et qui n'a jamais fait de mal a personne, a été livrée a la risee publique dans des pam phlets et des soirées dramatiques du psrti conservateur d'Aiost, et qu'elle était insultée habituellement dans les rues et devant sa maison par les voyous du woestisme alos- tois, parmi lesquels se distinguaient les élèves des jésuites, qu'on fait parader dans •'va-vvWVUWVWv^---.

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De Strijd – La Lutte (1894-1899) | 1899 | | pagina 1