l'cnion fait la force.
Journal libéral démocratique d'Ypres et de l'Arrondissement
Samedi, 25 Mars 1899
5 centimes le numéro
56 année. 21
Uii nouvel escamotage.
Les distilleries agricoles.
Oifi.aoisi€f!!@ locale*
Le portrait de Fldole.
Fondation Godtsclialck.
M*araisstenl ie Hamedi.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la yille, Par an 2 francs.
pr la province, Par an fr. S-SO.
Répondant Mardi, a la Chambre des
représentants, a une question de M.
Carton de Wiart,M. Vandenpeereboom
a déclaré que le projet annoncé et at-
tendu relativement a la réforme élec-
torale serait déposé dans les premiers
jours qui suivront les vacances de Pa-
ques.
Le Petit Bleu dit que des sourires de
scepticisme ont accueilli cette déclara-
tion ministérielle. Le scepticisme est
bien de rnise en l'occurrence.
II y a deux mois que M. Vandenpee
reboom prenait la succession de M. de
Smet de Naeyer, démissionnaire, paree
que la majonté du cabinet voulait une
réforme électorale basée sur autre
chose que la représentation propor-
tionnelle.
On pouvait s'attendre a connaitre
sans délax les projets du ministère re-
manié vaine attente. Les conciliabu-
les out succédé aux réumons intimes et
aux manoeuvres particulières, et le
R. P. Boom ne sait pas encore ce qu'il
veutil a l'esprit lent, eet homme
lui faut encore trois ou quatre semai-
nes pour fixer ses idéés.
Dans l'intervalle, la Chambre a né
gligé la discussion des budgets pour
discuter des lois dont nous ne mécon-
naissons pas l'irnportance, mais qu'on
aurait pu voter sans entraver le fonc-
tionnement normal de nos institutions
parlementaires.
Grace au dépot tardif des budgets,
ceux-ci ne sont plus jamais votés avant
le début de l'exercice auquel ils se
rapportent. Le système des erédits pro-
visoires sévit, et lorsque les budgets
sont votés, ils sont déja dépensés au
tiers ou a moitié. L'examen des bud
gets, qui devrait être en fait comme
en théorie le controle le plus efficace
de la représentation nationale sur les
actes du gouvernement, n'est plus
qu'une formalité accomplie en général
dans la hate et la bousculade d'une
fin de session.
Cette année, la situation a encore
empiré.
Les Chambres vont prendre trois se-
rnaines de vacances, comme d'habitu-
de. A leur rentrée, nos députés et séna-
teurR vont se trouver en présence, en-
tre autres
1°) De plusieurs budgets importants,
qu'ilsne peuvent pas ne pas discuter,
a moins d'abdiquer entre les mains de
M. Vandenpeereboom
2°) Du projet de loi relatif au privi-
lège de la Banque nationale, pour le-
quel le ministre s'est engagé a obtenir
la promulgation avant le 31 Mai, sous
peine pour i'Etat de voir retarder la
mise en vigueur desmaigres avantages
que lui a consentis l'administration de
la Banque
3°) Du projet de réforme électorale,
qui provoquera inévitablement des
contre-projets et des amendements, et
d'oü sortira sans doute un ramassis
d'incohérences et de canailleries lé-
gales comme la majorité cléricale
nous en a baclés plusieurs.
Comment veut-on qu'en quelques
courtes séances les Chambres arrivent
a faire convenablement pareille beso
gne? La majorité votera, sans réfiéchir,
ce que le gouvernement lui demandera,
et il sera prouvé une fois de plus que
les cléricaux, qui ont le régime parle
mentaire en horreur, ont su, par la
servilité et la négligence de leur majo
rité frauduleuse, 1'anmhiler pour lui
substituer le régime du bon plaisir et
de l'arbitraire ministériels mis au ser
vice d'une réaction fanatique.
Quand les électeurs auront-ils con
science que le maintien du ministère
clérical constitue pour le pays la pire
catastrophe Ph. de C.
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 51, Ypres. Pour
les annonces de Belgique (excepté les deux Flandres) s'adresser a 1'Agence
Havas, Brüxelles, rue de la Madeleine, 32 et a Paris, Agence de la
Bourse.
On sait que la loi du 15 Avril 1896 a
accordé aux distilleries agricoles une
réduction d'impot de 15 fr. par hecto
litre de flegmes a 50 degrés qu'elles
produisent. Cette réduction est moti-
vée soi-disant par l'intérêt de l'agri-
culture il s'agit de procurer aux cul-
tivateurs des résidus a bon marché,
pour faciliter l'élevage du bétail.
Les coopératives jouissent de la
même réduction.
Le maximum de la production quo-
tidienne des distilleries agricoles est
de 400 litres celle des coopératives,
de 1200 litres.
M. Liebaert, ministre des finances, a
annoncé 1'intention de réduire a 500
litres le maximum de production des
coopératives. L'intention est louable,
maïs, en admettant qu'il donne suite a
son projet, il est facile de piévoir que
les dispositions légales seraient faciles
a tourner. II sufïïrait d'établir deux ou
trois coopératives agricoles au lieu
d'une seule.
Ileütfallu, au lieu de favoriser les
distilleries agricoles, les supprimer
purement et simplement. Maïs la loi
néfaste de 1896 avait un but tout op-
posé. Elle a voulu les favoriser et elle
a cru devoir accorder aux distilleries
industrielies deux compensations la
fabrication de la levure et le monopole
de la rectification.
Ces deux dispositions sont bonnes,
surtout la dernière, paree qu'elie con
stitue une sorte d'acheminement au
monopole de I'Etat. Mais, prise dans
son ensemble, la loi est une des oeuvres
les plus détest.ables qu'ait produites
une iégislature quelconque.
On a encouragé Ia création, sur tous
les points du térritoire, de nornbreuses
distilleries on a surexcité iaconsom-
mation.
Et veut-on savoir combien il faut
produire d'alcool pour nourrir une
seule vache
Quatre mille litres On nourrit les
vaches et l'on tue les hommes.
S'il f'aut, a ce prix, encourager l'agri-
culture souflrante, le remède serait,
franchement, pire que le mal.
Mais il est faux de dire que la distil-
lerie agricole, c'est-a-dire la décentra-
lisation, l'émiettement de cette in
dustrie constitue un bienfait pour
l'agriculture.
En Angleterre, il n'existe de distille
ries que dans les villes et cependant
l'agriculture anglaise est en progrès.
Même observation pour la Suisse oü la
suppression des distilleries agricoles en
1886 n'a pas fait dégénérer l'agricul
ture, pas plus qu'en Suède, ni en Nor-
wège. La Finlande a suppriiné les dis
tilleries agricoles en 1881, et, dix ans
après, la production des céréales a
monté de 8,427,000 hectolitres a
12,348,000 hectolitres. Les progrès ont
continué.
La prospérité de l'agriculture n'a
done rien de commun avec celle des
industries alcooliques.
Chez nous, cette faveur accordée
aux distilleries agricoles a produit un
résultat inattendu. C'est a la grande
industrie qu'elie a profité, ou, plus
exactement, a de puissantes sociétés
qui, en tournant la loi, se sont assuré,
pardesdistilleries soit-disant agricoles,
la réduction de 15 Elies jouissent
du double avantage d'obtenir gratis
leurs flegmes, en même temps qu'elles
rectifient a meilleur marché, a cause
de la perfection de leur outillage.
Cert.es, les auteurs de la loi ne s'at-
tendaient pas a cette conséquence.
Malgré toutes les tentatives de mo-
ralisation, l'alcool a gagné du terrain,
partout ou l'on n'a pas eu recours au
remède héroïque du monopole de
I'Etat, avec restriction de la consom-
mation. E. F.
L'image fort ressemblante du tsar
d'Ypres a été exposée a la vénération
des fidèles les 5 et 6 de ce mois, dans
une des salles de l'Hötel de Ville.
Sauf quelques-uns qui sont allés voir
a titre de curieux, toute la race asser-
vie a pu défiler et courber l'échine de-
vant la toile ou. sont fixés les traits ai-
mables du Gessier yprois.
Tout en cherchaut a jouer au criti
que d'art dans l'orgaue salarié de la
coterie cléricale, le régisseur profite
de la circonstance pour adresser au
modèle les plus plates adulations, trait
distinctif de ce clan qui ne demande
qu'a bruler de l'encens devant l'idole.
D'après lui, le portrait est un nouveau
succes pour Mademoiselle Louise Deliem
notre grande artistedont le talent est con-
nu et universellement proclamèmais il
n'a garde, au point de vue esthétique,
d'expliquer pourquoi, et pour cause....
Nous reconnaissons volontiers que le
portrait du maïeur est trés réussi, son
auteur a beaucoup de talent, quant a
la proclamer artiste éminentenous ne
le pouvons, étant moins prodigues que
notre confrère de termes ayant une
portée aussi grande.
II est regrettable, et ceci nou3 fut
dit par des gens compétents, que
cette artiste qui promettait tant, et
qui a beaucoup tenu malgré tout,
soit venue réhabiter si vite notre
ville il s'y trouve trop de gens prêts
a lui décerner. force éloges et il y en a
peu, pour ne pas ajouter point, qui se
raient a même de lui faire de judicieu-
ses critiques d'art si salutaires aux ar
tistes en quête de lumière et de progrès.
Pour ces derniers, il n'est pas de cita
tion plus applicable que celle de ce
vers de Boileau
Nous aurions mauvaise grace en pas
sant sous silence que le portrait du
Bourgmestre est meiiieur que ceux
exécutés antérieurement par Mademoi
selle Dehem pour d'autres personnes
la couleur de la carnation notamment
en est beaucoup plus naturelle, et c'est
un point essentiel dans l'espèce. Bien
campéil l'est, mais non pas comme le
dit le Journal f Ypres, d la fois ferme
et soupleplein de dignité et Yaisancequi
est la siennenous rectifions a la fois
raide et cassant, plein de fiel et d'ironie,
qui est la sienne. Oh oui, leBourgmestre
y est pris sur le vif. Mademoiselle Dehem
a rendu évidemment de facon maitresse le
regard éloquent du maïeur. Ge regard
seul vaut un poëme Le front haut (cha-
cun sait que notre maïeur a beaucoup
de front) et pensant (est ce a la fragiiité
des hommes politiques la courbe
énergique du corps (il pose done pour le
torse), les mains crispées (probablement
a son siège de sénateur et de bourg
mestre) qui sont les signes distinctifs de
son modèle.
Encore un coup, le bourgmestre est
pris sur le vif
Continuant ses flagorneries, le Jour
nal d'Ypres trouve que le maïeur a Vair
de converser avec quelqfun après Vétude
fun dossierou mieux encorec'est Lui
dans une séance du Conseil échevinal.
Notre opinion est quelque peu dis-
semblable le baron a l'air médita-
tif, il réfléchit...., nous devinons sa
pensée, il cherche la petite béte et se
fouillant le cerveau il se demande quel
trait il décochera contre l'un de ceux
qui ne lui plaisent pas.
Peut-être bien songe-t-il aussi que la
roche Tarpéienne est prés du Capitole?
Qu'adviendrait-il, en effet,si une bonne
fois, les ennemis qu'il s'est fait par ses
agi3sements hautains se coalisaient
Sa candidature en souffnrait beau
coup.
Serait-ce done la la cause de l'em-
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
pressement excessif qu'on a eu de faire
peindre le portrait du maïeur pour la
galerie des bourgmestres alors qu'il ne
compte même pas hnit ans de fonc-
tions? Nous sommes tentés de le croire,
en homme pratique qu'il est (non, il n'y
a pas a lui enlever cela) il se sera dit
que le plus sur moyen d'avoir un jour
son portrait a l'Hotel de Ville, était de
l'y faire mettre lui-même le plus tot
possible aux frais des contribuables.
Le portrait n'a rien d'ofiiciel, c'est
certain, (ce qui n'est pas une qualité a
nosyeux vu sa destination). Le maïeur
n'a ni son costume official ni ses déco-
rations. Le fait de se faire peindre de
la sorte démontre suffisamment que
notre bourgmestre entend absolument
faire les choses autrement que ses pré-
décesseurs, voire même les blamer
d'une manière implicite.Souscettepré-
tendue modestie il y a un orgueil bien
caractéristique a i'autocrate yprois.
Nul ne s'y trompera.
Comment les cléricaux exécutent le
testament d'un 1 ibre-pen.seur.
Dans une récente séance du Conseil
communal, M. D'Huvettere a critiqué
la Commission des Hospices de n'avoir
rien fait jnsqu'ici pour donner satis
faction aux volontés dernière3 de feu
M. Cb. Godtschalck concernant la
création d'un établissement agricole a
Wytschaet-e.
M. D'Huvettere a raison.
Si la Commission des Hospices a fait
preuve d'incurie, a eet égard, pendant
les sept dernières années, elle a, par
contre, posé des actes absolument con-
traires aux volontés du testateur et qui
appellent des critiques justes et fon-
dées. L'honorable notaire ne peut pas
ignorer ces actes bien qu'il n'y ait fait
"la momdre objection au sein du Con
seil communal ou il a cependant son
franc parler. Comme il semble résulter
de son interpellation qu'il doit les
avoir oubliés, nous nous permettrons
de lui rafraichir la mémoire en passant
ici en revue les rétroactes de la fonda-
tion de M. Godtschalck.
Ce généreux donateur est mort en
libre-penseur le 17 Février 1892.
Par son testament en date du 20 No-
vembre 1885, M. Ch. Godtschalck dis-
posa comme suit
J'institue pour mon légataire uni-
versel les Hospicescivils d'Ypres avec
n charge de créer un établissement
d'éducation agricole ou seront re-
cueillis les enfants orphelms ou
n abandonnés, d'abord de la ville d'Y-
n pres, et puis de l'arrondissement, et,
en troisième lieu, de la province
Ün complètera l'mstitution suivant
que les ressources ie permettront,
par l'adjonction ou la création d'une
Ecole ménagère pour les filles orphe-
lines ou abandonnées.
Mes désirs et intentions sont que
n les enfants admis dans l'établisse-
ment y soient élevés dans le but d'en
faire les garqons de bons ouvriers
n agricoles propres a tous les travaux
de jardinage, d'agriculture, de sur-
n veillants de bois et propriétés les
filles, de bonnes femmes de ménage,
n de bonnes cuisinières, gouvernantes
ou ménagères.
Je désire que eet établissement soit
construit sur ma propriété sise a
"Wytschaete, et porte mon nom.
Le coüt des constructions doit être
prélevésur les revenus de mes biens,
de manière que le capital légué reste
intact.
Les 3 Juiïlet et 6 Octobre 1892 cer
tains héritiers légaux de M. Godt
schalck formulèrent des réclamations
contre les dispositions testamentaires
reproduites ci-dessus et firent agir tou
tes les influences possibles auprès du
gouvernement pour que celui-ci refusat
Aimez qu'on vous conseil/e et non pas qu'on vous loue,