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Journal liberal démocratique d'Ypres et de F Arrondissement
Une solution,
Maigre résultat
Sarnedi, 15 Juillet 1899.
5 centimes le numéro.
oe ainiée.
57
Une opinion étrangère.
Bourreaux modernes.
£*araimani ie Samedi.
l'union pa it la force.
PRIX I)E L'ABONNEMENT
pour la ville, Par an 2 francs.
pr LA province, Par an fr. 2-50.
Le dénouement de la crise que la
Belgique vient de traverser par l'en-
comanssionuement de la réforme élec-
torale, peut faire affirmer d'une faqon
a peu prés positive que le statu quo sera
maiutenu, a l'état précaire et provisoi
re, jusqu'aux élections de 1900.
Or, les événements de ces dernières
semaines ont occasionné dans le pays
un puissant réveil de l'opinion libérale,
en même temps qu'ils ont fait faire un
pas définitif a l'idée de la coalition
anticléricale. Oelle-ci va se réaliser a
peu prés partout en vue des élections
communales d'Octobre, qui seront
dans la Belgique entière un retentissant
échec pour le gouvernementelle sera
conclue dans la plupart des arrondisse-
ments oü doivent se renouveler en Mai
procham les mandats législatifs, et
elle portera a la Chambre une majorité
antigouvernementale.
Nos maitres sont done menacés pres-
que a coup sur d'un balayage en régie.
Cette peu brillante perspective
préoccupe M. H. De Baets, conseiller
communal catholique a Gand, qui s'est
fait souvent remarquer par ses idéés
larges et ses tendances démocratiques.
II propose au gouvernement, pour em-
pêcher la redoutable événtualité de se
produire, de faire voter la R. P. au
cours de cette session, et de décider
ensuite qu'il y a lieu a revision de la
Constitution.
Voici son raisonnement trés intéres
sant publié par le Messager de Brunet
tes
La gauche voit fort bien que, au point oü
en sont, les ehoses, en iiant la representation
proportionnelle au suffrage universel, en
empêchant toute solution quelconque avant
les élections de 1900, elle prend, de plus en
plus, barre sur la droite. Si pas la loyauté,
vertu rare en politique, la tactique lui indi-
que d'acculer la droite aux elections majori-
taires, dans le statu quo du régime.
Aller aux élections sans réforme Y aller
avec un parti divisé, la moitié de la droite
se trouvant en opposition de vues a\ec
l'opinion générale des catholiques, avec la
presque unanimité de l'opinion publique,
l'autre moitié se trouvant impuissante
Affronter, dans la division et la faiblesse
évidentes, la coalition anticléricale ayant
tous les atouts en main Courir le risque
d'élections agitées, après de longs mois d'une
propagande active pour le suffrage univer
sel Quoi peut-on attendre de cette aventu-
re? Peut-être bien le succes du Cartel le
S. U. avec la R. P. si, dans le succes, les
a anticléricaux s> ne trouvent plus expédient
de faire le S. U. tout seul.
C'est. done une impasse Pas tout a fait
Les uninominalistes, pour l'amour d.une
porte (par laquelle il est impossible de sor-
tir), ont férmé toutes les autres... sauf une
On peut encore voter la représentation
proportionnelle integrale, tout en déclarant
qu'sl y a lieu a revision et en laissant aux
électeurs, votant sous le nouveau régime, le
soin de se prononcer sur la revision. Trente-
sept membres de la droite peuvent faire cela,
avec la gauche, pour ce qui regarde la
Chambre.
Le procédé paraitra radical aux membres
de la droite, au Sénat, au gouvernement.
J'en conviens J'eusse préféré la représen
tation proportionnelle, sans plus Mais...
on a fermé cette issue. J'en connais une
autre je la montre. Que celui qui en trouve
une meilleure, la fasse connaitre... pourvu
que nous sortions de la, n'est-ce pas
Pour être radical, le procédé nest pas
dangereux du tout. II assure que la revision
ne sera décidée que si la représentation pro
portionnelle du parti, la repretentatioa vraie
du pays, y consent aux deux tiers. II évite
que la revision ne sorte d'une majorité de
hasard, issue d'élections agitées.
La solution préconisée par M. De
Baets est trop empreinte d'équite et ue
logique pour être acceptée par M. Van-
denpeereboom et ses collègues du
cabinet. Nous sommes payés pour
savoir qu'il n'y a rien a attendre d'eux
de raisonnable ni de juste. lis détien-
nent le pouvoir, ils tenteront l'impos-
sible, par tous les moyens, queique
louches et déloyaux qu'ils soient, pour
le conserver.
A nous de le leur énlever.
Pour cela, il suffit d'être unis l'an
prochain comme nous le sommes au-
jourd'hui; et pour cimenter notre
union, quelle meilleure formule que le
S. U. et R. P. qui tigurent au program-
me de tous les partis d'opposition, et
dont l'avènement est d'ailleurs, de
l'avis de tous, absolument fatal
En avant done, et redoublons d'ef-
forts dans notre propagande pour le S.
U. et la R. P.
C'est probablement cette semaine
que la Conférence de La Haye clötu-
rera ses travaux. Deux des Commis
sions celles du désarmement et de
l'arbitrage ont fini leur tache et la
troisième qui étudie les questions
relatives a l'humanisation de ia guerre
ne tardera pas a achever la sienne.
On peut done, dés a présent, porter un
jugement sur l'oeuvre de la Confé
rence.
La première constatation qui s'im-
pose c'est que plus rien ne justitie le
titre de Conférence du désarmement
qui avait été primitivement donné a
l'assemblée de diplomates réume dans
la capitale hollandaise. Sous ce rap
port, ie fiasco est complet.
Le cauchemar de la paix armee con-
tinuera done a peser sur l'Europe.
Alors que tous les peuples, sans excep
tion, protestent contre des armements
a outrance qui menacent de ruiner les
Etats aussi bien que la guerre, les re-
présentants de tous les gouvernements
sont unanimes a déclarer qu'il n'y a
rien a faire.
Comme ia Conférence ne pouvait pas
toutefois sans dommage pour le pres
tige du tzar et pour celui des gouver
nements participants, aboutir a un
échec total, les délégués se sont effor-
cés de faire oeuvre positive en ce qui
concerne les questions, d'abord jugées
secondaires, soumises a la Conférence
celles de l'arbitrage et de l'humanisa
tion de la guerre.
Pour cette dernière la Commission
qui les examine n'a pas encore, comme
nous l'avons dit, terminé ses travaux.
En ce qui concerne l'arbitrage, si la
commission est loin d'avoir réalisé les
espérances des amis de la paix, elle a
néanmoins abouti a un résultat tel
quel. Elle a tracé la procédure a suivre
pour la conciliation et a voté i'établis-
sement d'un tribunal d'arbitrage.
La commission, il faut lui rendre
cette justice, voulait aller jusqu'au
bout dans l'application du principe
d'arbitrage, en rendant celui-ci obliga
toire pour tous les confiits ïnternatio-
naux. C'est l'Allemagne, dont les re-
présentants avaient déja combattu avec
laplus de virulence le projet de désar
mement partiel, quia fait échouer ce
projet, sous prétexte qu'il porte attein-
te a la souveraineté des Etats comme
si tous les règlements internationaux,
celui par exemple qui établit les tarifs
postaux pour ne citer qu'un seul cas,
ne limitaient pas déja cette souverai
neté et qu'il est inconciliable avec
l'autorité de droit divin que revendique
bitrage obligatoire. Les représentants
de l'Allemagne ont été soutenus d'ail
leurs par les représentants du grand
assassin. C'est a Guillaume II et a son
cher ami Abdul Hamid qu'il faut attri-
buer l'échec de l'arbitrage obligatoire.
M. Bourgeois, qui a déployé de loua-
bles efforts pour faire adopter le prin
cipe de l'obligation, a fait décider
qu'en cas de conflit entre deux pays,
les autres nations auront le droit de
leur rappeler qu'il existe un tribunal
permanent d'arbitrage. L'Allemagne
n'a fait aucune difficulté de se rallier a
cette proposition sans valeur pratique,
car il est bien évident que si deux
nations en conflit oublient i'existence
du tribunal permanent, c'est de propos
délibéré, et qu'il ne servira a rien de
la leur rappeler.
Voici done a quoi aboutissent finale-
ment ces s.olennelles assises internatio
nals.
II n'y a pas a le contester, le résul
tat est maigre
Le Conseil général de l'Association
pour la R. P. a tenu Mardi matin une
séance dans laquelle il a arrêté diverses
mesures de propagande. Après une
discussion a laquelle ont pris part MM.
Théodor, Houzeau, de Lehaye, Beer-
naert, Carlier, Arm. Anspach, Goblet
d'Alviella, Litnpens, Sam Wiener et
Solvay, le Conseil a voté a l'unanimité
l'ordre du jour suivant
Considérant qu'aucune modifica
tion au régime électoral ne peut ame-
ner la solution de la crise actuelle si
elle ne réalise pas loyalement et inté-
gralement la R. P. dans les élections
des deux Chambres pour tout le pays
n Que la question se trouve nette-
ment posée aujoard'hui entre la R. P.
et le scrutin uninominal
Que la plupart des Associations
politiques du pays ont adhéré a la R.
P., tandis que le scrutin uninominal a
été repoussé par l'immense majorité de
ces ligues
Que le projet de loi élaboré par
l'Association pour établir la vérité
électorale est l'oeuvre commune d'hom-
mes de tous les partis
Le Conseil général décide qu'il y a
lieu de redoubler d'efibrts pour hater
l'avènement de la réforme
Invite toutes les Associations poli
tiques a renouveler leurs voeux en
faveur rle la R. P.
Remercie la presse du puissant
concours qu'elle lui prête, et sur lequel
il continue a compter, pour éclairer
l'opinion publique.
La presse étrangère suit avec le plus
grand intérêt les événements qui rnar-
quent en notre pays la lutte de la réac-
tion et de la démocratie. Tout ce qui
a conservé queique notion de liberté
blame énergiquement i'entêtement du
ministère clérical et fait appel a la
sagesse du Roi pour amener la fin de la
crise. Citons entre autres eet article de
la Neue Freie Presse de Vienne, dont
VEtoile beige donne la traduction, et qui
mérite d'être médité par les conserva-
teurs clairvoyants
Les cléricaux ont une mission historique.
Non pas celle qu'ils s'assignent, mais une tout
autre, lis sont destinés a ruiner les peuples et
les Etats, et depuis des siècles ils sont restés
fidèles a cette tache. Sans doute contre leur
volonté, car ils ne poursuivent pas ce résultat
avec préméditation ils v sont poussés par la
force de Involution historique et naturelle. Ils
veulent dominer, et leur domination est né-
faste.
Quels fruits elle porte, c'est ce qu'enseigne
un regard sur la malheureuse Espagne. En
Belgique aussi, oü depuis biemöt quinze ans
ils ont accru a plaisir leur prépondérance,
apparaissent maintenant les funestes effets de
leur action. Ils sentaient que leur force, dont
l'exercice les avait rendus si arrogants, n'était
plus trés assurée, et pour la consoltder, ils ont
ANNONCES
Annonces 10 centimes la ligne.
Réclames25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
imagine une réforme qui, en apparence, va au
devant de quelques-uns des voeux du parti
libéral, mais qui, en réalité, n'est calculéeque
pour affermir la domination cléricale. Rare-
ment l'on a vu un projet de loi aussi perfide
que celui contre lequel s'éiève en ce moment
la partie éclairée du peuple beige. On peut
dire que ce sont moins les dispositions du pro
jet qui ont provoqué une si profonde et si
violente agitation, que l'esprit d'hypocrisie qui
les empreint. De même qu'en France la bour
geoisie républicaine s'unit aux socialistes pour
protéger la République, en Belgique les libé-
raux et les socialistes font alliance pour
déjouer ce coup d'Etat législatif sans exemple,
et même les démocrates-chrétiens se joignent
aux defenseurs du droit du peuple. A Bruxel
les s'élèvent déja les premières étincelles de la
Revolution dans les rues, oil la multitude
furieuse en vient aux mains avec la force
armée, éclatent des coups de feu, tombent, des
blessés, se dressent des barricades. En pro
vince aussi il y a de la menace et du gronde-
ment.
La grève générale que Ie conseil général
de la démocratie socialiste annonce pour le 5
Juillet, dans le cas oü commenceraient ce
jour-la les débats a la Chambre sur la loi élec
torale, parait presque négligeable auprès de la
formidable agitation qui s'est emparée de la
capitale. Sur le Roi reposent en ce moment
les espérances de tous les Beiges qui ne sont
pas asservis et abêtis par les cléricaux. A lui
d'arrêter, par un mot souverain, le torrent qui
menace d'anéantir plus qu'un ministère.
On commence a recevoir de divers cotés
des renseignements sur la facon dont Drey
fus fut traité a l'ite du Diablo. II parait qu'on
le sournettait a de véritables tortures,
lorsqu'il plaisait aux journalistes, aux depu
tes, ou mêuiri a sa familie de s'occuper de
lui. On n'a pertainement pas fait mieux aux
plus beaux jours de l'lnquisition.
Un rocher sous un ciel de feu, au milieu
de la mer. Autour de eet ilot, un fourmille-
ment de requins. Sur le rocher, choisi
expres paree que le condamné avait refuse
de faire les aveux qu'on jette a la tête de ses
defenseurs, une baraque a peu pres grande
comme celles des bergers, qu'on voit trainer
dans les champs. Autour, une palissade.
Entre la palissade et la baraque, quarante
centimetres De sorte que, lorsque Dreyfus
sortait de sa baraque, c'était littéralement
pour entrer dans un placard.
Des gard;ens qu'on a dü changer tous,
paree qu'aucun n'aurait pu résister, libre, a
ce qu'il a subi, captif. Des gardiens qui ne
lui ont jamais adressé une parole et qui
l'abordaient le doigt sur la gachette du re
volver chargé.
Eh bien le soleil, la mer, les requins, la
cabane, les gardiens, le silence, les revol
vers chargés ne suffisaient pas. Quand on
disait en France qu'il n'était pas coupable,
la-bas on lui mettait les fers aux pieds, les
fers qui lui mordaient les chevilles et leur
laissaient des cicatrices sanglantes
Quand on discutait la loi de dessaisisse-
inent, on le mettait un mois au pain et a
l'eau.
Et enfin, torture suprème, un être im-
monde se trouva qui lui ditVous savez
votre familie vous abandonne II aurait pu
le croire, car depuis des années, on ne lui
laissait plus voir l'écriture de sa femme,
comme on ne laissait plus voir son écriture
a sa femme. II hurla Vous mentez
pendant des jours et des nuits, et il dut
souflrir horriblement.
Paavres gardes-chiourme, qui ont peut-
être des enfants II ne faut pas plus leur en
vouloir qu'on n'en veut aux requins. Re
quins et gardiens accomplissaient leur des-
tinée, les uns avec leurs gueules pavées de
dents pointues, les autres avec leurs fers et
leurs revolvers. Mais les chefs Mais ceux
qui envoyaient pour les exécuter le fone-
tionnaire qu'on vient de révoquer Qua
méritent-ils
LU
«fflOOCCOWOCn