INTÉRIEUR.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
FEUILLETON.
te
1- ANNÉE. - N" 12.
JEUDI, 10 JUIN 1811.
RÉSULTAT DES ÉLECTIONS D'YPRES.
Correspondance du Progrès.
On s'abonne Ypres, rue du
Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
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Tout ce qui concerne la ré
daction doit être adressé, franco,
au rédacteur en chef, Ypres. -
Le Progrès parait le Dimanohc
et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligne.
YPRES, le 10 Juin.
Hier ont eu lieu les élections chacun connaît
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le résultat des opérations électorales; mais ce
que bien des électeurs ignorentce sont les
moyens mis en œuvre pour y arriver.
Nous pourrions tracer ici un tableau intéres
sant et original, décrire les rôles qui ont été
jouéstranscrire les paroles menaçantes sorties
de la bouche de plus d'un ministre de paix, et
parler des angoises et des tribulations d'un
grand nombre d'électeurs campagnards obligés
de nier leurs convictions personnelles.
Le résultat des élections a vivement affligé
les hommes modérés ils ont pu voir que l'as
tuce et l'intimidation peuvent l'emporter mo
mentanément sur la raison et la bonne foi. Qu'ils
ne se découragent pas toutefois car la vérité et
le bon droit finissent toujours par Remporter.
L'échec qu'ils viennent de subir, doit être
une leçon pour eux ils doivent maintenant
examiner avec soin qu'elles sont les causes de
leur défaite et les moyens d'obtenir un résultat
meilleur. Nous nous associerons de grand cœur
ce travail bien que l'on ait dit partout que
notre mission n'était que temporaire et que le
Progrès cesserait de paraître après les élections.
Nos adversaires ont fait sonner bien haut le
résultat des opérations dans le premier bureau;
ils en ont conclu qu'en vilje mêmeles candi
dats libéraux n'avaient pu obtenir la majorité
c'est une calomnie contre les électeurs d'Ypres;
ils ne composaient pas exclusivement ce bureau,
ceux de plusieurs communes environnantes
étaient également appelés y voter.
Hommes modérésserrons nos rangs, ralions-
nous on cherchera repandre parmi nous
la méfiance et la discorde neutralisons tous ces
efforts, continuons avec persévérance notre
œuvre de civilisation et de progrès car l'échec
même que nons venons d'éprouver est une
preuve évidente qu'il faut combattre et vaincre,
si nous ne voulons subir la pire et la plus dan
gereuse des dominations.
Ie BBR. 2eBDR. 3eBUK. 4eBUR. TOTAL.
Malou-Delbeke. 130 135 188 179 652
Deflorisone-Mazeman. 132 158 197 177 664
Boedt, avocat 124 40 18 55 237
Donny, Th. 125 38 M 63 240
1793
Votes nuls. 23
TOTAL. 1816
Bruxelles, 8 juin 1841.
Jamais, aucune époque, Bruxelles n'a offert un spectacle plus
bizarre ni plus animé que ce matin. Jrftaais, je pense, la capitale n'a
réuni un aussi grand nombre d'électeurs partagés seulement en deux
camps. La lutte n'avait pour but unique que le triomphe des idées
libérales sur les principes rétrogrades et vice versa. Toute autre
nuance politique était complètement effacée.
Toutes les vigilantestous les omnibustous les fiacres étaient en
course et déjà vers huit heures du matin, les troupeaux d'électeurs
étaient transportés en ville et littéralement parqués comme des bëtes
de somme. J'ai vu une de ces grandeset énormes voitures de démé
nagement tellement remplie de campagnards entassés debouts les uns
contre les autresque je n'ai pu comparer leur position qu'à celle des
cochons que l'on transporte des Flandres vers la France. Je ne me
rend pas compte qu'ils aient pu résister une pression aussi forte pen
dant plusieurs heures. Le curé suivait ce cortège, fortà son aise, dans
un élégant tilbury.
A peine faisait-il jour que des proclamations furent répandues A
profusion par les deux partis. Je crois que tous les imprimeurs de la
ville étaient occupés. Ce matin sept heuresun de mes amis a
rencontré un des colporteurs du parti 'rétrograde porteur de
5000 exemplaires de l'appel ci-inclils.
L'anxiété règne partout. Vous ne yoyez sur les figures qu'inquié
tude. J'interromps ma lettre pour courir la Maison de Ville.
I Bientôt la grande question sera résolue. Espérons!
4 heures de laprès midi. Victoire! le triomphe des libéraux est
complet la saine raison et le bon sens dû peuple ont prévalu sur
l'astuce et la perfidie! A y
Tous les candidats du parti libéral, l'exception de M. De Puydt,
remplacé par M. Vanvolxem, ont été proclamés membres de la
Chambre.
L'inquiétude de tantôt est remplacée par une joie calme et digne
d'une part, et par l'abattement le plus visiblement prononcé de
l'autre.
Yoici la pièce annexée cette lettre. C'est
une des moins virulentes qui ont été répandues
par les soins du parti-prêtre.
A MM. LES ÉLECTEURS DE L'ARRONDISSEH1 DE BRUXELLES.
Électeursprenez garde, on voudrait que vous
fassiez fausse route Arrêtez-vous un instant
et regardez.
Un parti, se qualifiant de seul libéral, de seul
ami du Roi et de la patrie, n'hésite pas re
courir la duplicité et au mensongepour sou
tenir une cause que ses excès ontpour ainsi
dire perdue.
Habitans des campagnesc'est vous surtout
qu'il cherche égarer en vous montrant dans
un avenir très-prochain lé fardeau des impôts
si pesants que vous devriez succomber sous le
poids.
Défiez-vousélecteurs cet épouvantail des
impôts plus que doublés, est bon tout au rRja
effrayer les petits enfants. "tsf-
Rappelez-vous que ce sont les patrons de
ce parti si véridique, qui ont voulu augmenter
les impôts sur le café et sur la bière, cçs bois
sons du peupleet que ce sont ceux qui l'ont
arrêté sur la voie qu'on vous conseille aujour-
d hui de répudier.
TÉlectèursce parti vôûs mépriseesrne craig
nant pas de chercher voué retirer de la bonnet
voieau moyen des mensonges dont la forme ri-ê
pas même l'habilité de déguiser la grossièreté
du fonds
Quel est donc celui d'entre vous qui croirait
un surcoît de charges de 20 millionset qui,
s'il entrevoyait la possibiliténe se rappelerait
que c'est l'opinion, aujourd'hui au pouvoir, qui
en a efnpèché faccroissementen renversant
HÉGÉSIPPE MOKEAU. Suite et Fia.
Pour consacrer sa renommée d'une Façon jarap s durable il n'a
manqué peut-être Hégésippe Moreau que de dypner une seconde
épreuve de son talentet d'imprimer une uouvi Jte œuvre le sceau
complet et définitif qu'on n'?perçoit pas assç^ dans la première. Mais,
avant toutil eût fallu vivre.
On se demande comment un homme si heureusement doué, et d'aiw
leurs d'un esprit si naturellement épanouia pu se laisser envahir par
le désespoir} comment il s'est heurté une mort qui ressemble pres
que un suicide. Que fallait-il donc Hégésippe Moreau pour bénir
la vie et remercier Dieu? avait-il bien le droit de se plaindre et d'j^
cuser! Favori de l'inspirationil en pouvait goûter toutes les joies
térieures. Non sans quelque appui en dehorsil était libre de choi
entre diverses conditions qui l'auraient mis en repos du côté d<
soins matériels en définitiveil avait un état dont il tirait plus or
e nécessaire. Dans cette immense cité où tant d'hommes sont seuh e
abandonnés comme dans un désert arije, Moreau comptait,lui, quel
ques amis j l'un surtout au sÉui[dnquÈjfi{ pouvait s'aller asseoir quand
il était malade ou fatigué. II av^it, chjwe plus précieuse et*plus rare,
fa'sainte amitié d'urfe fetame. Poëte^fb vit ses Vers chéris couchés
suf le papiersatinékt'Vêtùs du grand format; sitôt,Son'spparitioïi j
des.plurhel s^rppatbiqnes proclamèrent sa vehue poétique etvàntè-
rent son génie. Fn vérité, en est-il beaucoup qui puissent se promettre
tout autant? N'y a-t-il pas h. Paris et partout ailleurs bien des jeunes
gens, de talent aussi, plus mêcoifnus, plus isolés qu'il t>e le fut jamais,
t111 n'auront de leur vie ni les mêmes consolations, ni les mêmes
a
(igenr 'ils dont srs pas ont pu être affermis
ter.0li, usion frut-il tirer en dernier lieu de toutes ces fins
'eux ou rol - poëtei qui trop souvent viennent affliger le mondé?
gracieux et ''la ffie, cette chose qui nous vient de Dieu, doive*
parisienne, a t V st'n présent funeste, et comme une sorte de
cœur se côfugléeans 1 infdel ceux 1ui s"j (imitèrent L'inséra-
son/eofeuce, es objets ^ins <Iu'uO instrumente douleur, et
Le litre de ce J pièce rappellée «'taché nos flancs? Ou plutôt, ne
résoudrait par prtfdûectiouet 'îpa^Ae la poésie,-puisent dans leur
i
cm Le) Hç.
propre égarement la source de leurs malheurs, sans doute parce
manquent fortifier les dons dt l'intelligencerpar le dé
du caractère moral. Hégésipe Moreau, entre antres, n(
gret, semble avoir creusé lui-même de shs-"mains sa
rée, enfermant ainsi pour jamais sousla pierre tant dfc'
ne demandaient qu'àselancer librement.-Moreau n'a pas élé7à
dire, un vrai poète populaire paisible et fort, souffrant jet chant;
tout la fois. Avec un tajent de beaucoup supérieur Pcelui de qui
ques prolétaires poètes qui se sont produits dans ces derniers teiu]
l'auteur du Myosotis n'a eu en partage ni leur sipplicitêBni le;
trempe morale. C'était un fruit que la civilisation parisienne avait
atteint de son ver rongeur. Moreau ne sut point accepter la tâche
humaineil ne voulut pas se résigner la lutte qui fst le devoir de
chacun dyiei-bas. Il préféra maudire les obstacles que de les vaincre.
Drapé sfljic orgueil dans'son indigent martteau, il se tint immobile
au lieu de marcher d'un piedfésolu et les bras tendes au travail.
Il y a une admirable pensée de Vauvenarguef, la i.l' des Féjlext >n
posthumes, qui me paraît avoir remarquablement trait ces sortes
d'organisations, et qu^rouveta directement ici ron Application
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