JOffRBAl D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
I e ANNÉE. NB 22.
JEUDI, 1» JUILLET 1841.
NOUVEL ACTE D'INTOLÉRANCE.
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Y PU ES, le H Juillet.
Le Nouvelliste de Bruges.
Un nouvel acle d'intolérance qui'présente
des circonstances aggravantesa suivi de près
celui que nous avons signalé dans notre n° du
8 de ce mois. Le capitaine V... du 8e régiment
de ligne, membre d'une société maçonnique,
vient aussi de se voir refuser la bénédiction
nuptiale; il a dû se contenter du mariage civil.
M. V... s'est adressé en personne l'évêque
de Bruges qui se trouvait en notre ville. Après
avoir affirmé que depuis longtemps il ne fré
quentait plus les réunions maçonniques, dési
reux d'épargner sa jeune épouse le bruit et le
scandale qu engendrent toujours des refus in
qualifiables ,4g fit la promesse formelle de ne
plus les fréquenter l'avenir. On voulut qu'il
donnat cette promesse par écrit ne pouvant
malgré toute sa bonne volonté, céder de pareil
les exigences force lui fût de se désister.
Des réflexions sur ce fait vrai et pourtant in
croyable, seraient superflues. Il devient pro
bable que bientôt tout acte religieux devra être
dressé sur timbrepassé par devant notaire et
dûment enregistré.
Ceci nous amène parler d'un article que
nous trouvons dans le Nouvelliste de Bruges,
du 10 de ce mois; il est intitulé D'UN HEFUS
DE BÉNÉDICTION NUPTIALE. Quelques mots
de réponse au progres, journal d'ypkes.
i 7
Après l'avoir lu avec une extrême surprise,
nous nous sommes hâtés de recourir au n° du
Progrès qui y a donné lieupour chercher ce
que le Nouvelliste appelle des déclamations
vaines et absurdes, des imputations odieuses
et furibondes, erronnées et ridiculesmépri
sables et mensongères, imprudentes et irritantesj
de la logomachie un vieux souvenir de nos
racines grecques nous fait supposer que c'est le
mot que le confrère a en vue quand il parle de
logomathie), une polémique oiseusedéloyale
irritante et contemptrice.
Nous n'avons rien trouvé qui justifiât ce luxe
d'épithètes épuiser le vocabulaire. Elles s'a
dressent des lignes toutes de calme et de rai
son où nous nous élevons non sans quelqu'é-
nergie, dans l'intérêt d'une religion pour laquelle
nous professons le plus profond respect, contre
des actes insensés qui sont faits pour y porter
atteinte. Nous n'y faisions peut-être pas
assez ressortir toute l indignation que de pareils
actes doivent nécessairement inspirer.
En examinant attentivement notre article et
celui du Nouvellistenous nous sommes con
vaincus que, sans trop y songer, nous avions
touché une plaie vive et saignante: sans cela
aurions-nous arraché nos adversaires de tels
cris de défresseT"Car"qu'est-ce'enfin que celle
singulière élucubration de la feuille de Bruges?
Le clergé (il s'exprime par un de ses organes
avoués semble reconnaître tout l'odieux des
actes que nous avons stygmatisés. Il les rejette
sur l'obéissance entière due aux lois canoniques
mais nous lui dirons nousque les lois cano
niques ne se sont jamais occupé de maçonne
rie qu'il n'en est question que dans les édits
de deux papes dont le dernier fût', si nous ne
nous trompons Clément Vil ets'il ne s'agit
que d'édils pontificauxil en est bien d'autres
de la même portée, qu'il ne coûterait pas plus
d'exhumer. Tel recommande l'extermination
par le fer et par le feu des hérétiques et schis\
matiques. Tel autre ordonne l'établissement
de tribunaux d'inquisition dans tous les états
catholiques. Pourquoi ne pas aussi lés remettre
en vigueur
Il n'appartient pas d'ailleurs au clergé Belge
d'oser dire que ces mesures aussi impolitiques
qu'anti-chrétiennes sont exigées par les lois de
l'église quand les prélats de France et d'Alle
magne pour qui du moins les vicissitudes pas
sées ont été des leçons de sagessene croient
pas devoir y recourir.
Qu'est-ce encore que ce cri, la violation de
la liberté des cultes! que jette le Nouvelliste
Est-ce nous, par hasard, qui cherchons y por
ter atteinte? Ceci est du dernier drôle. Celte
liberté que nous garantit la constitution et que
nous n'avons pas peu de peine défendre
empêcherait donc de soumettre l'appréciation
de la nation entière menacée dans ses plus chers
intérêts les actes condamnables d'hommes qui
travaillent de tous leurs moyens (avilissement
de la religion dont ils se disent les ministres.
L'article de la feuille de Bruges est aussi ab
surde que les actes qu elle entreprend de dé
fendre et nous dirons ceux qui en incombe
la double responsabilité secouez, lavez votre
robe, ceci est une souillure que vous ne par
viendrez pas effacer.
Nous éprouvons le besoin de répéter ici com
bien nous sommes loin d'imputer ces turpitudes
au clergé belge en masse. Nul homme nest
plus respectable nos yeux que le ministre de
Dieu vraiment digne du sacerdoce elle nombre
en est grand parmi les prêtres belges. Il en est
plus d'un dont l'estime et l'amitié nous sont,
infiniment cjières et précieuses. Tous les vrais
apôtres de l'évangile marchent avec terreur et
désolation jdans la voie où on les a fatalement
engages.
Avant de déposer la plumenous vous de.^
vons encore quelques motsNouvelliste de
Bruges l Nôus voyons avec peine le mal que
"vous vous doublez poqr prouver parmi lesT...
FEUILLETON.
UH OMNIBUS MARITIME.
Le moment du départ d'une diligence terre est sans doute une
chose curieuse; mais qu'est-ce eu comparaison de celui qui précède le
départ d'un paquebot? Dans une diligence bien suspendue, on va
rouler doucement sur une route pavée et sabléesans que lajgojp^Fe^
accident vienne interrompre la monotonie du vbyagc tandiSque sur
mer, que d'événements imprévusque de sen^jpus'diversesl Kt,
quoi qu'en disent lesppètes, la plaine liquide est,souvent hi '"i rabo-
ifrréJ^'dc
teuse.
D'abord, plusieurs chaloupes acqosfeiit le navire, chargé*
troupes les soldats sout bien'ldjjés, le.gaillard d'avantest le*lieu tle
leur bivouac; mais voilà vingt petites barques qqi arrivent remplies
de monde et de bagages, ce sont les passagers du gaillard d'arriéré
et ceux-ci sont plu* difficiles ^contenter.
Un grand monsieur portait moustaches, ayant des éperons, et la
redingote bleue croisée sur la poitrine s'élance' sur le porit, comme
s'il montait l'assaut; son air frânc.ci décidé, son salut aisé, il
fcst facile de reconnaître qu'il n'en est pas sa première campagne
sur mer;et l'on peqt yu conclure que c'est un militaire; autrement
en lui voyarft des crtbustaohes et'des éperons, on aurait pu le prendre
pour un négociant ntiné ,'»se rendant Alger pour refaire sa fortune,
ou pour un magistrat qui va se mettre'en posseaijn d'un siège; eu-
^fin pour un abbé qui prétend la place de préfet apostolique. Car on
saura qu'eu Afrique cette marque dislinctive est un honneur.
Derrière notie ofîtçier» une jeune dame cherche k gravirjféchellè
de commandement; mais au lieu de se servir desjireveilîes qui
doivent la conduite dans son ascension, ses mains son l'occupées
tenir des cojifichéts ui\,mouvement (lu navire se fait sentir, hotre
Parisienne,, car àsa coquetterie ou l'a flfevioée, fait un faux pas, elle
va1 tomber la mer, lorsque quelquïu la retient assez tems pour
lui éviter une chute confie te, mais pas* assez, malheur* jsemeqtpour
une yici lie dame, qiii,*iunx>ut au pi !<1 de l'escalier, attendait «on
toilr jfiùr monter, et qui reçoit en partie .le corps de la jeune dame;
du'coup, elle va tomber elle-mêuie sur un troisième personnage;
celui-ci en entraîne un quatrièmeet tout est confusion dans le ca
not.
Ah? raôn Dieu s'écrie la jeune^dame, remise de sa frayeur,
voilà un escalier bien incommode.
Plaignez-vous donc, reprend aigrement la vieille, quand c'est
vous qui avez fait tout le mal a-t-oa jamais monté un escalier de
bord comme celui d'un appartement Aussipar votre maladresse
voilà un chapeau perdu.
Il avait son temps, répondit lestement notre parisienne.
C'est bon i c'est bon on ne demande pas votre avis là-dessus.
Mais où est donc le capitaine du bord
Eh monsieur, veniez tarte dire où est ma chambre.
Attendez-un moment, madame,pn s'occupera de vous loger
Mais voyet dpnemonsieur, daps quel état je suiset ce pauvre
MÂà1 JT.,Î o laili; écrasé, pauVre ami ÎJMais je ne vois pas Azor.\
Azo rHt n'ojvJjliuz, J&o 1 a cage au perrdquct. A h
t'en puis pb»'s,*vite, rooh flacon; m^is, cette odeur,
Madame qu'y a-t-il pour volr^ service? répoud celui-ci.
Râ i
quelle? çn
d'où vient-elle, M. le capitaine?
C'est celle du charbon. f
El cette vilaine fumée, ne pceiriez-rvous pas l'empêcher? *ïe
C'est impossible madame v nos foui#ieauxf restent toujours i
més en routemais cè sont de légers inconvénients qui diminu
une fois le bâtiment en marché. Tl
Ep ce Cjis, je ne puis pas.rester ainsi sur le pont.
--Eh bien! madame, veuillez suivretïe lieutenant, i! va Vous faire"
connaître votre couchette.
Aurons-nous beau temps, capitaine? demande un petit je
homme cheveux blonds la benjamine, des besicles la ba*-f
jeune Franoe et un costurfie l'avenant.
Le temps n'est pas sur, et la traversée s'en ressentira peut-êi
Ah tant mieux
Commenttant mieux
C'est que je suis venu en mer pour chercher des émotions,
a plus rien faire Paris, on. y meurt d'ennui; pas la plus
émeuteet je voudrais voir une tempête.