INTERIEUR.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ÂRRORDISSEMERT.
XV\ Ire ANNÉE. N* 24.
JEUDI, 22 JUILLET 1841.
L EXCOMMUNICATION.
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YPRES, le 21 Juillet.
Nous avons blâmé hautement les actes d'in
tolérance commis par le clergé au détriment
d'habitants de notre ville qui n'ont pu obtenir,
parce qu'ils appartenaient des sociétés ma
çonniques, la consécration religieuse du ma
riage.
Quelques organes du parti rétrograde ont
tâché d'adoucir ce que ces actes avaient d'Qdieux
et de ridicule, en les présentant d'une manière
bénigne et comme de simples refus d'admettre
ces personnes une cérémonie religieuse.
Ces faits présentent une plus haute gravité
ces refus de bénédiction nuptiale sont les effets
d'une excommunication fulminée par I Episco-
pat belge contre l'association de la franc-maçon
nerie. C'est là l'acte inconcevable d'intolérance
que nous avons blâmé et que tous les hommes
sages et indépendants ne peuvent flétrir assez
énergiquement. Les journaux rétrogrades s'é
tonnent cependant que nous crions l'intolé
rance.
Pour permettre nos lecteurs de juger ces
faits en connaissance de causenous entrerons
dans quelques détails au sujet de cette peine que
l'église catholique n'infligeait qu'à la dernière
extrémité et dont les conséquences, nulles main
tenant étaient autrefois terribles. Nous ferons
seulement remarquer que si de nos jours elle
ne produit plus ces mêmes effets nous devons
en rendre grâce la propagation des lumières
que nos libéraux de nouvelle date ont toujours
cherché entraver.
Elle était en usage chez les juifs ils chas
saient de la synagogue ceux qui avaient com
mis de grands crimes. Elle a été introduite
parmi les chrétiens vers l'an 54 après J.-C.,
et dès lors les chrétiens pécheurs scandaleux
jugés et condamnés par l'église, inspirèrent plus
d'éloignement que les payens mêmes. (Hist.
ecclésiastique par l'abbé Fleury, torri. 1er, p. 152.)
Le mot d'excommunication exprime un retran
chement de la communion pendant quelque
temps, tendant la correction du pécheur, et^
non l'anathême par lequel un iqcorrjgmlo est
retranché pour toujours et mis àu rang dçs in
fidèles. Ceci fut ordonné /yèçs-Tàn 305 après
J.-C.) par le concile dt'E||urfe qui est lg
ancien dont il restS»des canons de di«Sif>rîne
(ibid. tom. II, p. 54&.). Avant dé ft#nfirmer
l'excommunication <4è concile de Nicée (314
après J.-C.) avait décidé qu'il fallait examiner
si l'évêque ne l'avait pdînt lancée par faiblesse
ou animosilé.(IbicL tom. Ill,p 132.) Jusqu'alors
l'excommunication n'était qti une peine, ecclé
siastique. Mais la propagation de la foi chré
tienne rendit ses sectateurs plus puissants et
d'ecclésiastique'elle devint civileet attaqua
l'homme dans sa vie privée. Voici comment elle
était appliquée vers l'an 369 après J.-C.
S1 Athanase employa toute la rigueur des peines
ecclésiastiques contre le gouverneur de Lydie.
S' Athanase l'excommunia et en écrivit aux
autres évêques afin que tout le monde évitât
sa communion. S1 Bazile lui fit réponse qv'U
avait publié l'excommunication dans son église
et que le malheureux serait l'exécration des
fidèles, que personne n'aurait de commerce
avec lui ni de feu ni d'eau ni de couvert; il
ajoute qu'il a notifié cette condamnation tous
les domestiques, amis et hôtes du gouver
neur. Ibid. tom. IV. p. 194. On n'appli
quait pas l'excommunication tout le
monde indistinctement. S1 Augustin nous dit
qu'on ne doit appliquer cette peine qu'au cas
qu'il n'y ait aucun péril de schismeque les
particuliers soient sans appui et que la multi
tude aide le pasteur contre eux car quand la
maladie a gagné le grand nombre, il ne reste
aux gens de bien qu'à gémir de peur d'arra
cher le grain ave& l'ivtftie. (Ibid. tom. V,
p. 105.) On voit ici quelles étaient dès lors les
suites de l'excommunication même pour le com
merce de la vie civile.
On n'en resta pas là avec l'étendue de leur
domination grandit aussi l'intolérance. Plus
tard on défendit l'excommunié d'entrçr
l'église, de boire ou de manger avec aucun chré
tien. Défense fut faite au* chrétiens de prier
avec lui de recevoir des présents de le baiser et
de le saluer. Celui qui communique avec lui
son escient est aussi excommunié (ibid. tom. X,
p. 349. Cette peine fut au dixième siècle tel
lement prodiguée que St. Albon s'étendit sur
les règles de l'excommunication se plaignant de
l'abus qu'on en faisait, et exhortant le Roi y
porter remède. Car, dit-il, peine se trouve-t-
il quelqu'un dans votre royaume qui ne soit ex
communié pour avoir mangé avec un excom
munié ou lui avoir donné le baiser!' Ibid.
tom. XII p. 304). Vers ce temps on les priva
de la sépultùfe. (Id., id. p. 4811).
Enfin le fougeux Heldebrand, pape sous le-
nom de Grégoire Vil, décréta qu'il n'estimait
point homicide ceux qui brûlartt de zèle pour
l'eglise^ contre les excommuniés en quraçetil tué
quelques-uns. Toutefois,' dit-il, pour ne pas
abandonner la discipline de leglipeimposez
leur une pénitence de la manière que nous
avons dite, afin qu'ils puiÉSenf appaiser la jus
tice divine s'ils ont mêlé quelque faiblesse hu
maine cette action. (Ibid. tom. XIII p. 489.)
Arrêtons-nous ici, et remarquons celte preuve
de la mansuét ude du bénin papequi permet
tait de courir sus aux excommuniés. Que de
personnes ont été assassinées par leurs ennemis
personnels sous prétexte qu'elles étaient excom
muniées! Combien d'autres vouées l'exécra
tion des fidèles, comme dit-S' Bazile qui déjà
dans ces temps là nè suivaient plus les pré
ceptes d-*divin maître. Cependant Jésus-Chrj.sl
disait ses apôtres «Vous ne savez pas qiiel
esprit vous êtes appelésle fils de l'homme
n'est pas venu pour perdre les hommes mais
pourlessauver. (S*Luc. chap.IX, v, 55et 56.)
Depuis ces peines ont été surpasséesvers
l'an 1200 on forçait les excommuniés faire
amende honorable ou on saisissait leurs biens
et même leur personne. Dans ce même siècle,
les papes jetèrent les fondements de cet horri
ble tribunal de l'Inquisition.
Les inquisiteurs de la foi furent choisis dans
le nouvel ordre des dominicains, et depuis lors
les excommuniés furent traduits devant ce tri
bunal, torturés et quelquefois brûlés.
Personne n'ignore que le fanatique Philippe
II voulait introduire cette exécrable institution
dans nos provinces, et que ce fut une des cau
ses qui amenèrent la révolution de 1580 et qui
faillit soustraire la Belgique la domination
Espagnole.
Nous voyonsqu'aux premiers temps de l'Église,
l'excommunication était une simple peine ecclé
siastique; qu'après la conversion de Constantin,
les évêques forcèrent les empereurs donner
des lois civiles établissant des peines corporelles
contre les excommuniés; qu'enfin, après les
croisades et pendant la guerre des Albigeois,
une juridiction particulière sous le nom du St.
Office fut établie pour les punir. C'est alors que
les'inqtiisiteurs choisis dans la milice dû Christ
fondée par Dominique de Gusman, se rendirent
si exécrables sous la dénomination (Je familiers
de l'inquisition. v
En traçant l'histoire de l'excommunication et
de ses effets, nous avons voulu prouvera nçs
concitoyens qu'en appelant le blâme su/- cet acte
de l'épiscopat, et en le traitant d'intôlérant et
de fanatiquenous ne l'avons pas qualifié trop
sévèrement.
Les principes qui guidaient autrefois certains
prélats catholiques, régnent encore aujourd'hui.
Pourquoi nos évêques vouent-ils les francs-ma
çons l'exéciation et la haine de la tourbe
ignorante et fanatique qu'ils dirigent Les francs-
maçons ne sqcçupent jamais de religion, per
sonne o'ignôrè'ftu ifs «2mp!issèntune mission de
paix et dehrenfaiia&ee., comment donç se sont-
ils attiré cette haine furieuse d'une parti' A~
notrejclergé? C'est qu'il crainte 1,'à l ai
hiérarchie maçonnique, le^^g^j
viennent se discipliner et
.d'union que possèdent leursadversairês, et?
seule.j usqu'içi lèâa fait triorrtjïhèrWux électiof
Des ministres d'un Dieu de Paix qui, politi
quement n'exislent pas comme corporation, r
servent du caractè're dont ils sont revêtus p."
semer la discorde et la haiqe entre les citoye*
Ils n'ont aucune mission politique et cepeuda
il faudrait être aveugle pour ne point rema la
quer la condescendance servile du pouvoir",
leurs désirs. Il manque au gouvernement la for «y
ce ou la volonté nécessaire pour les tenir d~2K||
de justes bornes; et si les hommes indiWtwft
dants ne s'associent pour opposer une diguf 4
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