JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
INTÉRIEUR.
l,e ANNÉE. - N° 76.
JEUDI, 20 JANVIER 1842.
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cepteurs des postes du royaume.
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T. T
Si
YPRES, le 19 Janvier.
A voir la marche des affairesil paraît peu
probable que nos chambres abordentdans le
cours de cette session, certaines lois vitales pour
le pays, et dont l'absence entraîne des maux
qui seront difficilement réparables.
Nous citerons la loi sur l'instruction publique,
qui attendue avec autant d'impatience que
d'anxiété.
Quand le congrès national la recommandait
comme urgenteil avait prévu les effets désas
treux que devait produire l'absence de règle
ments sur celte matière. Maintenant que les
prévisions les plus fatales 4e réalisent de jour
eif jour, il est craindrequand on consulte
les précédents tout récents de notre législature,
qu une loi mauvaise ne vienne empirer encore,
s'il est possiblele déplorable état de choses
qu'a causé l'absence de toute disposition régle
mentaire pendant douze ans.
La liberté d'enseignement, proclamée par la
constitution, n'a été qu'un leurre, qu'une vaine
promesse, faute de sages lois qui, en réglant
l'exercice, eussent prévenu les abus.
L'instruction publique est devenue la proie
d'une caste l'esprit exclusif et envahissant,
qui l'exploite de toutes manières. Elle y trouve
un prétexte pour faire ses adhérents des
appels de Fonds réitérés les élèves nombreux
qu'elle attire dans ses établissements, en les
enlevant, par les abus les plus criants de cer
taines influences, aux institutions rivales,' ren
dent cette exploitation doublement fructueuse.
De plus, elle y trouve le moyen de se créer
pour la suite des dociles instruments.
Aussi les écoles normales, crées par l'épiscopat,
et qui sont les seules en Belgique, sont là pour
fournir des instituteurs toutes les écoles pri
maires. Les petits séminaires les nombreuses
et brillantes maisons des jésuites, soutenues de
toute l'ihfluenceecclésiastique, font aux quelques
collèges de l'état, traités avec une remarquable
parcimoniela plus redoutable concurrence
enfin l'université catholique, pour laquelle ré
cemment on reclamait un si exhorbitant pri
vilège ne tend rien moins qu'au monopole
de 1 instruction supérieure.
Dans cet état des choses, quoiqu'il soit fort
craindre qu'une loi sur l'instruction, éma
nant des chambres actuellesne porte point
remède au mal, nous croyons qu'il est du de
voir des représentants de l opposition constitu
tionnelle, de la réclamer avec instance.
Le vole de celte loi vitale pour la Belgique,
signalera l'opinion publique, les intentions
des hommes qui sont censés la représenter.
Le nommé BellangéÉdouard pâtissier
Comines (France)vient d être écroué en la
prison de cette villesous prévention d'escro
queries commises Ypres et Proven.
Le 14 janvier 1842, on a trouvé noyée dans
un fossé Alveringhem la nommée Colette-
Sophie Delcourt, âgée de 17 ans, servante audit
Alveringhem. Tout porte croire que celte
mort est l'effet d'un suicide.
Le programme Rogier-Lebeau, nous annon
çait l'année dernière un beau projet d'organi
sation de l'instruction primaire et moyenne.
Le programme Nothombtout court, nous
annonce la même chose pour cette année. S'il
plaisait quelqu'un de penser qu il n'eu sera
plus parlé dans la session actuelle que dans la
précédentenous tiendrions le pariet bien
des gens que tout le monde connaît, le tien
draient avec nous. [Lynx.)
\J Émancipation donne les détails suivants
comme résultant des interrogatoires des accu
sés dans l'affaire du complot
Le général Vandermeeren nie formellement
avoir entretenu des rapports quelconques avec
le gouvernement hollandais. Des personnages
en apparence d'un rang élevé ont visité le châ
teau de Postel en son absencemais il n'a pas
supposé, comme l'affirmait un autre inculpé
que ce fussent le roi de Hollande et sa suite.
Le général nie également avoir voulu établir
un dépôt d'armes Bruxelles. 11 y aura lieu
sans doute établir un débat contradictoire
avec MM. Jones et Kessels.
Des fajts peu près semblables sont imputés
au général Vandersmissen. M!fe Vandersmissen
est prévenue d'avoir dirigé des tentatives d'em
bauchage dans la garnison. M. Parent nie for-
mellementavoir servi d'agentaux deux généraux
et distribué de l'argent pour leur compte. Il ex
plique ses démarches Spa et ailleurs, par son
commerce de tableaux, de gravures, et par des
essais ou spéculations sur de nouveaux systè
mes d'armures diverses.
Bien n'a été publié sur l'interrogatoire de
M. De Crehen, on sait cependant que ses dépo
sitions chargent d'autres inculpés. Les soupçons
charge de l'intendant Parys semblent se ré
duire. des relations privées avec les deux
généraux; son secrétaire M. Van Swae, a été
mis en liberté, ainsi que M. Vandewalle, agent
daffaires de M. Vandermeeren. Parmi les per
sonnes arrêtées en assez grand nombre, l'ori
gine on a élargi successivement MM. Perriir,
président d'une société d'ouvriers; Périer-Dau-
genetancien officier de volontaireset le
général Lecharlier.
Le général Daine a été interrogé sur une
lettre écrite au général Vandermeeren et dans
laquelle la justice a cru découvrir une allusion
sous une invitation de chasse. On sait la dis
grâce de ce chef. Presque tous les généraux de
l'armée et nombre d'officiers supérieurs de la
garnison ont été interrogés titre de rensei
gnements. Un général en non-activité a été
appelé quatre fois. Le général Vandermeeren
a été interrogé sur les rapports que pour
rait entreteniravec les deux oppositions
Feuilleton «lu Progrès.
ADOLF DE DACHSBERG.
TRADITION ALLEMANDE DU 12e SIÈCLE. [Suite.)
V.
T.e comté de Dachsburg était devenu l'heureux époux de la pi in
cesse de Danemarck. Il s'était rendu aussi cher au peuple par la jus
tice et la douceur de son administration, que redoutable par sa force
et sa bravoure.
Le vieux roi assembla les conseillers du royaume et lèur proposa
Adolf pour son successeur. Celui-ci fut élu prince royal, héritier de
la couronne de Danemarck.
Edvitha l'adorait. La naissance d'un fils auquel on donna le nom
de Sifroy, resserra davantage encore les liens de cette tendre affec
tion. Elevé la plus haute dignité d'un empire sur lequel il était
destiné régner un jour, Adolf devait être heureux, si son caractère
chevaleresque eut pu se plier cette vie douce et heureuse.
La royauté était élective en Danemarck. Elle n'y devint héré
ditaire qu'eu 1660.
Sa table était ouverte tous les étrangers de distinction car il
était avide de récits. Lorsque de nobles aventuriers venaient sa
cour, il les recevait avec courtoisie, et les comblait dé riches présents,
quand le récit de quelques hauts faits avait frappé sa bouillante ima
gination.
Il arriva qu'un jour, un chevalier français nommé Gaston de Blo-
nay, admis la table royales'écria, transporté d'admiration la vue
de la princesse
Il n'y a au monde que Geneviève de France qui soit plus belle!
Les dames sourirent dédaigneusement. Les courtisans se parlèrent
bas entre eux, en jetant des regards pleins de colère l'imprudent
chevalier.
Cette exclamation involontaire produisit sur le prince un effet
difficile décrire. Il se contint cependant} mais, au sortir de la ta
ble il s'approcha du français, et lui dit
Seigneur chevalier, quand vous m'ayez été présenté aujourd'hui
le temps me manquait pour m entretenir avec vous. Si quelque de
voir ne vous en empêche, veuillez nie suivre clans mon appartement.
Prince répondit le chevalier respectueusementj'obéis avec
plaisir a votre invitation.
La conversation tomba d'abord sur la chevalerie; mais, bientôt,
elle eût pour objet l'amour et les dames.
-h I.a France est très-renommée pour la beauté de ses femmes,
seigneur chevalier, dit le prince en fixant sur Gaston ses regards
pénétrants.
Gaston comprit l'instant sur quel terrain le prince voulait le
conduire, et répondit avec courtoisie
J'ai vu aujourd'hui que la beauté fleurit sous tous les points du
ciel, sire.
Je n'ai point remarqué qu'à notre table, vos yeux fussent long
temps embarrassés de se fixer, reprit le pi iuce votre premier regard
ne vous trompe-t-il jamais?
Auprès du flambeau qu'allume le voyageur, pour guider ses pas,
on peut remarquer les follets qui errent dans l'ombre, sire, mais 1 œil
ne s'arrête pas sur eux.
Mais quand luit le soleill'œil lie s'arrête plus sur la pâle lueur
du flambeau, dit le prince ironiquement. Gomment vos yeux habi
tués contempler le soleil dans son plus vif éclat, ont-ils daigné re -
marquer la faible clarté du flambeau
Sire» répondit Gaston forcé dans $es derniers retranchements.