JOURNAL DYPRES ET DÏI L'ARRONDISSEMENT.
I e ANNÉE. - N° 77.
DIMANCHE23 JANVIER 184?,
INTÉRIEUR.
Oïl s'abonne Ypres, rue du
Temple, 6, et chez tous les per
cepteurs des postes du royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT,
par trimestre.
Pour Ypresfr. 5-00
Pour les autres localités 6-00
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Toût ce qui concerne la ré
daction doit être adressé, franco,
l'éditeur du journal, Ypres. -
Le Progris parait le Dimanche
et le Jeudi de chaque semaine.
PRIX DES INSERTIONS.
Quinze centimes par ligner
YPRES, le 22 Janvier.
L'exposition au bénéfice des iridigens de
notre villedépasse toutes espérances que Von
avait pu concevoir. Nous écrivons, ces lignes
avec d'autant plus de confiance, qu'elles sont
l'expression fidèle de l'opinion émise par toutes
les personnes qui, depuis dimanche dernier, ont
visité la salle du trône l'hôtel-de-ville.
Nous avons eu occasion de visiter plus d'une
exposifton du genre de celle qui vient de
s'ouvrir Ypres; mais jamais, nous le procla
mons avec assurance, nous n'en avons vues qui
fussent -aussi remarquables dans leur ensemble
et dans leurs détails.
Décrire tous les ouvrages charmants offerts
par nos dames et travaillés par elles, (ce qui
leur donne un prix tout particulier), indiquer
les objets donnés par les habitans que la for
tune favorise, énumérer tous les dons apportés
avec empressement par les personnes moins
richesserait une tâche trop longue et trop
difficile qu'il nous suffise de dire qu'en cette
circonstance tous les Yprois sont dignes d'élo
ges, que chacun d'eux, suivant son état et sa
condition, s'est mqntré généreux et charitable.
L'obole du pauvre mérite autant de recon
naissance que l'écu d'or du riche.
Nous ne poruvons donner trop d'éloges'
MM. les membres de la commission directrice;
par leur zèleleur activité leur bon goûtils
ont contribué puissamment au succès de l'œu
vre qu'ils sont chargés de diriger les applau
dissements de toutes les personnes charitables',
la reconnaissance des pauvres seront leur
récompense.
La vente des actions pour le tirage au sort
des objets exposés a produit bien au-delà de ce
qu'on aurait pu attendre on avait espéré pla
cer 1,500 billets et déjà 3,700 sont vendus.
A côté des dons offerts par les personnes
charitables, figurent les produits de notre in
dustrie locale qui ont été dernièrement exposés
Bruxelles.
Ces objets excitent vivement la curiosité et
ne contribuent pas peu augmenter le nombre
des visiteurs.
Nos magistrats toujours prêts saisir l'occa
sion de récompenser le mérite et les bonnes
actions, ont décidé, dans, leur séance du 19,
sur la demande de la commission directrice,
que des médailles en vermeil et en argent
seront décernées au nom de la villeaux
industriels qui ont obtenu des récompenses
Bruxelles, et dont les produits figurent dans la
salle de l'exposition au bénéfice des indigens.
La remise solennelle de ces médailles aura lieu,
dimanche, 30, le malin même du jour fixé
pour le tirage de la tombola.
Dans un prochain article nous parlerons du
portrait du roi peint par M. Bhôm, et de quel
ques jolis tableaux placés dans la salle de
l'exposition.
Messieurs les membres de l'antique confrérie
de S' Sébastien d'Ypres, ont célébré jeudi, 20
de ce mois, la fête du saint sous le patronage
duquel la société a été érigée.
Après avoir assisté la messe qui, depuis un
lems immémorialse célèbre chaque année
pareil jourmessieurs les confrères se sont ré
unis eu un banquet. Tous les hauts dignitaires
et un grand nombre de membres de la société
assistaient cette fête de famille. Plusieurs
toasts ont été portés par Mr le chef-homme et
par des membres de la société. La franche
cordialité et l'union fraternelle qui ont régné
en cette circonstancelaisseront de longs et
agréables souvenirs tous les sociétaires qui
ont pris part la fête.
Nous saisissons cette occasion de rappeler
nos concitoyens que cette confrérie de S' Sébas
tien, qui existe depuis plusieurs siècles, possède
des archives fort intéressantes. Elle est célèbre
dans nos annales; car, après avoir assisté la
bataille de Roosebeke, elle contribua puissam
ment la défense de la ville lors du siège que lui
firent subir les Gantois rebelles unis aux Anglais.
La soirée musicale et dramatique donnée
jeudi dernier, par les sous-officiers de la gar
nison a été très-satisfaisante sous tous les
rapports. Elle avait attiré la foule.
Par décision royale du 21 décembre dernier,
des médailles d'or ont été décernées au briga
dier Claerhout et au gendarme Lambin, tous
deux de la brigade de Dixmude pour le cou
rage et le dévouement dont ils ont fait preuve
en procédant, le 29 septembre 1840, l arres-
tation du sapeur Dewulf et de sa bande en la
commune de Zarren.
Comme nous l'avons ditdes ordres ont été
donnés pour tenir prêt la station d'Ans, dans
la matinée de jeudi20 de ce mois, un convoi
spécialcomposé de 18 voituresy compris la
berline royale 4 diligences et dix waggons
équipages, pour conduire le roi de Prusse et sa
suite de cette station directement Ostende
où l'auguste voyageur s'embarquera bord d'un
Feuilleton (En Progrès
ADOLF DE DACHSBURG.
TRADITION ALLEMANDE DU 12e SIÈCLE. (Suiteet Fin.)
IV.
Adolf de Daclisburg et Gaston de Blonay arrivèrent en France
le vingt-cinquièine jour après leur départ de Copenhague.
Gaston présenta le comte au roi qui le reçut avec de grandes mar
ques de distinction, car Adolf possédait un degré parfait cette
grâce chevaleresque et cette améuité franche qui distinguaient nos
pères.
Le comte retrouva la cour de France, le baron de Galban
celui-ci le présenta sa belle Aloïse, l'une des demoiselles d'hon
neur de la reine Géneviève.
Aloïse do Chateauroux aimait Raoul avec passion cet amour
que la bravoure et la courtoisie du baron avaient inspiré un degré
aussi élevé, devait devenir une des causes de la perte d'Adolf; car
celui-ci presque toujours vainqueur dans les jeux de force ou d'a
dresse, avait lutté avec Raoul et l'avait terrassé plusieurs fois.
C'était ainsi <Iue les chevaliers passaient le temps la cour de
France.
Aloïse humiliée fle la supériorité du comte sur son amant, lui voua
une de ces haines implacables qui fiuissent toujours par causer la
perte ou de ceux qui les éprouvent ou de ceux qui en sont l'objet.
Adolf était depuis plusieurs jours la cour de France, et'il n'avait
point encore vu la reine qu'une légère indisposition empêchait de
paraître la table royale.
Un jour qu'il s'était attardé, il trouva en entrant tous leschevaliers
assis autour de la table ceux-ci se levèrent avec empressement pour
lui offrir le choix d'une place, mais le comte n'était pas en état de
répondre tant de politesse.
A la droite du roi était assise Géueviève c'est dire assez qu'elle
était la cause de la distraction du comte.
Géneviève était, sans aucune doute, la merveille de son sexe. Loin
de trouver les éloges de Gaston exagérés, le comte trouva qu 'ils
étaient restés au-dessous de la beauté admirable de la reine.
Lui-même, qui pendant les jours qu'il avait passés eu France sans
voir Géneviève, s'était plu créer uu être idéal rempli de perfec
tions, trouva que la reine surpassait en beauté cet enfant de son
imagination. Adolf s'approcha delà table royale et prit place en
face de Géneviève.
Pendant le repas il fut d'une gaité si spirituelle et d'une cour
toisie si distinguée, que la reine elle-même, habituée cependant
toutes sortes d'hommages, en parut étonnée.
Le repas fini on commença les luttes et les jeux.
Le comte se montra aussi adroit lutteur qu il s'était montré fin
courtisan.
La reine, qu'une passion irrésistible entraînait déjà vers Adolf,
suivait tousses mouvements avec une curiosité avide. Lorsque le
comte, sorti vainqueur de la lutte, se présenta devant elle, elle le
combla d'éloges empreints d'une douce flatterie et, selon la coutume
du temps, lui tendit sa main baiser comme une marque de satis
faction. Le comte en portant avec respect cette main royale ses
lèvres, tressaillit comme saisi d'une commotion électrique; la main
de la reine était froide comme le marbre et humide comme la rosée.
Le comte ne pouvant maîtriser son émotion en présence des cour
tisans, se retira ivre d'amour et de joie.
Le soir il y eut bal la cour. Daclisburg dansa avec Géneviève.
Après la danse la reine l'entraîna dans l'embrasure d'une grande
fenêtre cintrée, où l'ayant invité du geste s'asseoir auprès d'elle
Quel mauvais génie, seigneur chevalier, vous a conduit notre
cour dit-elle avec un son de voix plein de charmes depuis votre
arrivée mes demoiselles ont passé plus de temps se parer qu'à prier,
tirer des horoscopes qu'à dormir, tourmenter leurs chevaliers qu'à
écouter leurs doux propos.
Très-gracieuse dame et reine, répondit Adolf, le motif qui m'a
amené la cour de France n'est pas celui que vous supposez.
Eu ce cas parlez, seigneur comte, je ne suis sévère que pour
les offenses que l'on commet envers mon sexe.
Noble dame et reine, dit Adolf, en hésitant, punissez-vous aussi
sévèrement celles que I on commet envers vous
Envers moi, chevalier Bien qu'il soit difficile d'être la fois
j uge et partie dans sa propre cause, je veux bien pourtant vous
écouter. Parlez donc sans crainte, je serai généreuse.