EXTÉREDR.
FRANCE.
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
Séance du 2 iJanvier. Présidence de M. Fallon.)
La séance est ouverte deux heures et demie
par l appel nominalla lecture du procès-verbal
et laualyse des pétitions.
M. De Dencsse. Les pélitiaïîs"'suiCThtes sont
adressées la cluymbre.
Des débitants de boisson^d'istilléçs demandent
l'abrogation de la loi de 1838,felali.Ve l'abon
nement sur les boissons distillées*.-- Renvoi
la commission des pétitions.
Les sieurs Delsarte frères, peintres en équi
pages. Bruxelles, demandent être indemnisés
des pertes essuyées par suite de la révolution.
Dépôt sur le bureau pendant la discussion
de la loi sur les indemnités.
Le conseil communal de Malines adresse des
observations sur les projet de loi relatif la
circonscription"cantonnale. Renvoi la com
mission chargée de Ffexamen de cette loi.
Le sieur Vandervauwe, Schaerbeekde
mande être indemnisé des perles essuyées par
suite de la révolution. Dépôt sur le bureau pen
dant la discussion de la loi sur les indemnités.
Le sieur Vandamme, Ardoye, adresse des
observations relatives la loi sur la milice.
Renvoi la commission des pétitions.
Des tisserands en couvertures d'étoupes de
mandent la prohibition des étoupes la sortie.
Dépôt sur le bureau pendant le second vote
de la loi sur les fils de lin.
Des fabricants de drap de la commune de
Petit-Rechainadressent des observations sur,
la loi relative au colportage. Renvoi la
commission chargée de l'examen de cette loi.
Des boutiquiers de Nivelles et Felny deman
dent l adoption de la loi sur le colportage.
Même décision.
Des habitans d'Assenededemandent la
prompte exécution du canal de Zelzaele.
Renvoi la commission chargée de l'examen
de cette loi.
Les sieurs Niepzeckx, ex-lieutenant d'artille
rie Miérou, sous-lieutenant au 4e régiment et
le sieur Deckx, cordonnier Jette demandent
la naturalisation. Renvoi M. le ministre de
la justice.
Des marchands de poisson de Blankenberghe
et d'Ostende demandent que l'on diminue le
droit d'entrée du poisson dans la ville de
Bruxelles qui s'élève 20 p. c. Renvoi la
commission des pétitions.
Le sieur Day, ex-fournisseurréclame le
paiement d'une somme de 2.000 francs pour'
fourniture d'épées, la musique de la garde
civique en 1*831. Même renvoi.
La chambre de commerce et des fabriques
de Mons demande la construction du canal de
Zelzaete. Renvoi la commission chargée de
cette loi.
Les marchands de bestiaux de la province
d'Anvers se plaignent de ce que le droit sur les
bestiaux introduits de Hollande par le bureau
de Moulaut (province de Liège)", est moindre
que celui qui se paie aux bureaux des autres
provint^, limitrophes de la Hollande. Renvoi
la commission des pétitions.
M, Deltkaye dépose sur le bureau un rapport
sur uha,demande de naturalisation.
M. de Villegas présente le rapport sur deux
pétitions. La première est de onze blessés de
septembre qui réclament une indemnité de 200
francs en vertu de la loi de 1833. La seconde
est de plusieurs blessés de septembre qui de
mandent le, partage du fonds spécial qui a été
institué sous le gouvernement provisoire. Ces
deux pétitions ont été renvoyées M. le ministre
de l'intérieur.
L'ordre du jour appelle le second vote de la
loi relative aux fils de lin et de chanvreainsi
qu'à la rubannerie, la passementerie. Les
amendements sont successivement mis en dis
cussion et confirmés. La loi est ensuite adoptée
par 44 voix contre 4. Les opposants sont MM.
Delfosse De Nef, Peeters et Rogier.
M. D'Hoffschmidt s'est abstenu n'ayant pas
assisté la discussion.
M. le président. Nous avions l'ordre du
jour la discussion du projet interprétatif du
décret du 17 nivose an xm mais un accident
arrivé M. Raikem l'empêche d'assister la
séance; il faut donc remettre cette discussion.
Nous avons des feuilletons de naturalisation.
Mle ministre de l'intérieur. Le roi m'a
chargé de présenter quatre projets de loi qui
se rattachent l'organisation communale. Le
premier accorde au roi le droit de nommer,
dans certains cas, le bourgmestre en dehors du
conseil les trois autres sont relatifs des dis
positions purement financières. L'impression
en est ordonnéeet les projets sont renvoyés
l'examen des sections.
Sur la demande de M. Delfosse, la chambre
décide que le budget de la guerre sera mis
l'ordre du joui de mercredi prochain.
La chambre s'occupe ensuite de la prise en
considération de plusieurs demandes en natu
ralisation ordinaire.
La séance est levée 4 heures. Mercredi
midi pour la discussion du budget de la guerre.
faire savoir? Du moment où il ne s'agissait plus de dicter, la
langue du jeune homme se délia et les idées lui revinrent.
Je me nomme Jean Rifolé j'ai pour parrain le Père Lambois,
et voici une lettre de recommandation qu'il m'a donnée pour mon
seigneur le duc dOtrante, ministre de la police.
Et que demande cette lettre pour vous
La protection de monseigneur et sa pratique. Il y a un mois
que je me suis marié Tours, ma ville natale. Je viens maintenant
m'établir tailleur Paris. Vous le comprenez, si j'obtenais qu'un mi
nistre se lit habiller par moi, j'aurais bientôt une riche clientelle.
Je comprends votre affaire. Assez
Maître ltigois replaça sur son nez les besicles qu'il eu avait ôtées
durant ces explications, et se mit faire courammeut une lettre
qui n'était pas trop ridicule et dans laquelle il exposait, eu peu de
mois, la requête de Rifolé. Après quoi, sans même prendre la peine
de lire au tailleur ce qu'il venait d'écrire eu son nom il lui fit ap
poser sa croix côté de sa signature, mit la lettre qu'il venait de
termineret la recommandation du père Lomboissous une euvelopge,
donna le tout Rifolé et le congédia.
Rifolé porta aussitôt la lettre au ministère de la police et vint
retrouver sa femme Agathe dans le rez-de-chaussée de la rue Mont
martre où il avait établi son magasin de tailleur. Une petite femme
rondelette, blanche et rose, l'attendait sur le seuil et l'accueillit par
un baiser de nouvelle mariée.
Eh bien? dit-elle.
Eh bien, ma lettre est portée. Dieu veuille maintenant que le
ministre la lise et nous fasse une réponse favorable.
Il le fera, mon cher Jacques; tu sais bien qu'il n'a l ien refuser
au Père Lambois. Quel bonheur que nous avons pensé ton parrain.
Car depuis tantôt six mois que nous sommes établis, peine avons-
nous pu gagner assez pour payer notre loyer.
Dieu t'entende 1 ma femme.
Heureusement que nous sommes parvenus louer en garni
l'une des chambres du petit entresol qui se tiouve au-dessus de
notre magasin.
Oui, un locataire doux, plein de complaisance, quisort matin,
qui ne rentre pas toujours et que je n'ai pas encore vu sans compter
qu'il me paie vingt francs par mois pour faire sa chambre.
Ah si monseigneur le duc d'Otrantc m'âccordait sa pratique,
soupira Rifolé, tu ne serais point réduite faire ainsi la besogne
d'une servante. Parée comme une impératrice, tu ne quitterais pas
ton comptoir et tu aurais des domestiques pour te servir.
Le reste de laprès-midi et la journée du lendemain furent
longues pour le tailleur. Chaque fois que les pas d'un cheval se
faisaient entendre dans la rue, il accourait sur le seuil, il s'attendait
voir arriver une estafette du ministre de la police. Hélas la nuit
sans que personne eût apporté la réponse du duc d'Otrante.
Le lendemain n'amena pas de plus heureuses nouvelles. Quinze
jours s'écoulèrent ainsi.
Jacques Rifolé, dans un profond découragement et après avoir vu
s'évanouir la plus réelle de ses chances de fortune, se mit sérieuse
ment penser qu'il valait mieux retourner en province, Tours,
qu'achever de se ruiner Paris. Cependant tout son orgueil frémis
sait l'idée de revoir ses compatriotes, avec la honte d'un échec et
la perte de tant d'espérances, hautement exprimées au départ et si
tristement avortées au retour. Néanmoins, la pauvreté s'approchait
trop vite pour qu'il ne résolût point delà fuir. Le cœur brisé, il
déclara sa femme que, dès le lendemain, il donnerait congé de la
boutique qu'il occupait Paris.
Serein, condamné mort il y a quelque temps
par la cour d'assises du Loiret pour crime de
viol et d'assassinat sur deux petites filles de 12
13 ans, a subi la peine capitale, Orléans, le
18 janvier.
Le duc de Castries, pair de France, lieu
tenant-général, ancien gouverneur de Meudon,
est mort hier âgé de 83ans. M. le comte Siméon,
membre de quelques unes de nos anciennes
assemblées conseiller d Etat sous l'empire
ministre de l'intérieur sous la restauration
pair de France et membre de l'académie des
sciences morales et politiques, section de légis
lation, est mort aussi, âgé de 93 ans.
Mde Balzac va donner un nouveau drame
au Théâtre del'Odéon, qui tient du merveilleux,
sous le rapport de l'intrigue et du style on se
croirait transporté dans un autre siècle. Avant
ou après le nôtre c'est choisir.
Le 18, un singulier phénomène s'est ma
nifesté au Hâvre. Pendaul toute la journée, la
ville a été enveloppée d'une brume si épaisse
qu'à quelques pas de distance, on ne pouvait
plus distinguer aucun objet. Ce qu'il y a de.
curieux, c'est qu'au-dessus de ce nuage impé
nétrable, qui ne s'élevait guère plus de dix
mètres", le ciel était bleu et le soleil brillait de
tout son éclat.
Les ténèbres s'arrêtaient la chaussée, de
l'extrémité de laquelle on voyait, en se retour
nant, la ville ceinte d'un rempart épais et
floconneux. Le soir il était impossible de voir
les maisons et les magasins, le gaz ne répandait
aucune clarté. Quelques accidents fâcheux ont
eu lieu. On a eu déplorer la mort d'un jeune
homme de 20 ans, qui est tombé dans le bassin
et s'y est noyé.
Un fait assez remarquable a signalé la pre
mière représentation du Cid de Corneillepar
Mlle Raehel. On a vu dans une baignoire M. de
Chateaubriand et Mad. Récamier. Gelle-ci avait
consenti, la prière de M. de Chateaubriand,
quitter sa retraite de l'Abbaye-aux-Bois pour
venir entendre MUe Raehel.
On lit dans les Débals
La séance d'aujourd'hui a offert peu d'intérêt.
Après d'insignifiantes interpellations sur l'armée
et sur la flotte, plusieurs orateurs on parlé pour
ou contre le projet d'un traité de commerce avec
la Belgique. Cette discussion a été vive, mais,
vrai dire, peu écoutée. Nous voulons faire
ce sujet une simple observation. Rien n'est as
surément plus digne d'occuper l'attention des
Le lendemain en effet, il se disposait se rendre chez le proprié
taire lorsqu'un dragon chevalaccourant au grand trot
s'arrêta devant la boutique, et remit Rifolé stupéfait une de ces
grandes lettres dont les enveloppes gigantesques n'appartiennent
qu'aux missives ministérielles.
Rifolé aurait donné en ce moment dix années de sa vie pour
savoir lire
Par malheur Agathe partageait l'ignorance de son mari. Il fallut
donc que le tailleur courût perdre haleine jusqu'au Pont-Neuf,
pour avoir secours au père Rigois. Aucun des voisins de Rifolé ne
lui inspirait assez de confiance pour qu'il l'initiât ses affaires.
Rigois prit nonchalamment la lettre que Rifolé lui présenta d'une
main tremblante, la décacheta et lut ce qui suit, après avoir, au
préalable, armé sou nez de la paire de besicles que vous savez
M. Jacques Rifolé viendra prendre mesure d'habit mousei-
gneur le ministre de la police, demain vendredi sept heures
du matin.
Rifolé pensa s'évanouir de joie l'annonce d'une faveur sur
laquelle il ne comptait plus depuis longtemps. Pour lui, c'était
passer sans intermédiaire de l'enfer au paradis.
Il prit la lettre, ramassa l'enveloppe, jeta un écu de six livres
sur le bureau de Rigois, et courut réjoindre sa femmeplus vitement
fencore qu'il ne l'avait quittée.
Notre fortune est faite, s écria-t-il du plus loin qu'il aperçut
Agathe.
Elle lui tendit les bras et ils 6'embrassèrent avec une effusion qui
fit croire leurs voisins qu'ils venaient de gagner un quine la
loterie.
Une fois la bienheureuse lettre reçue, il ne s'àgissait plus de
quitter Paris et de retourner Tours. 11 fallait, au contimi e