législature, afiu qu'il puisse être discuté avant
la fin de la présente session.,
MM. les ministres, l'exception toutefois de
celui des travaux publicsdont le budget de
1842 n'est pas voté encore (jnt expressément
recommandé aux chefs de service sous leurs
ordres de ne porter dans leurs propositions
quant aux dépenses* aucune somme supérieure
celles que les chambres ont accordées pour
.l'année courante. Émancipation
CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.
Séance du 2 février. (Présidence de M. Fallon.)
La chambre des représentants s'est réunie le
2 1 heure moins un quart, et s'est occupée de
la discussion des crédits supplémentaires au dé
partement de l'intérieur pour l'exercice 1841.
Après un très-long débat sur la question de
principe soulevée par l'amendement déposé
avant-hier par M. Angillis, ce membre a retiré
sa proposition.
La chambre a décidé que les 20,000 fr. des
tinés aux statues de Grétry et de Rubens seraient
imputés sur le crédit de 50,000 fr. votés au
budget de 1842. Alors M. le ministre a demandé
que les 40,000 fr. accordés par la section cen
trale fussent augmentésd'une somme de 12.500
francs pour le monument du chanoine Triest.
Cette proposition a été adoptée. Un amendement
de M. Coghen tendant donner une augmen
tation de 3,000 fr. pour supplément du tableau
de M. Biefvea été rejeté; mais M. le ministre
a fait remarquer qu'il n'était pas lié par ce vote
et quil agirait l'égard de ce jeune artiste
comme l'équité le lui prescrirait.
Les autres articles de la loi ont été adoptés
et la loi a été votée dans son ensemble l'una
nimité des 59 membres présens.
Aujourd hui la chambre s'occupera du second
vole de la loi relative la pêche nationaleet
de la demande de crédits supplémentaires pour
le budget des affaires étrangères.
Séance du 3.
La séance est ouvert 2 heures 1/4 par
l'appel nominalla lecture du procès-verbal et
l'analyse des pétitions.
M. Kervyn. Les pétitions suivantes sont
adressées la chambre
Des habitants de Chapelle et Trazegnies
demandent une loi répressive des abus du
colportage.
Le conseil communal de Châtelet demande
que cette ville redevienne le chef-lieu d'un
canton.
Un grand nombre de chasseurs de Bruxelles
et des environs demandent une loi répressive
du braconnage.
L'ordre du jour appelle le second vote de la
loi relative la pêche nationale.
Les;1 articles 1 11 inclus, sont définitivement
adoptés.
M. Delfosse. Les pénalités comminées par
l'article 12ne sont pas applicables tous les
patrons ou armateurs mais seulement ceux
qui se sont mis dans le cas de jouir de la fran
chise des droits. Je ne vois donc pas pourquoi
011 dit dans l'article tout patron. Ce n'est qu'à
l'aide d'un raisonnement qu'on parvient en
tendre que la peine n'est applicable qu'à ceux
qui auraient voulu frauder après avoir rempli la
formalité présentée pour jouir de la franchise
des droits c'est-à-dire après avoir pris des
lettres de mer.
L'amendement que j'avais proposé rendait la
loi plus claire. Je proposai d ajouter les mots
tout patron ou armateur «qui ayant rempli les
formalités prescrites pour jouir de là franchise
des droits. Je laisse cet amendement l'ap
préciation de la chambre, mais quelque soit son
sort, je déclare que je voterai contre le projet
de loi, car il me semble qu'on entoure de trop
de protection la pêche nationale primes pour
construction de naviresprimes d'encourage
ment droits protecteurs suppression de dis
tinction entre le poisson frais, fin et commun
il me parait que c'est beaucoup trop.
L'amendement de M. Delfosse n'est point
adopté.
A l'article 13 M. le ministre de l'intérieur
propose d'ajouter les mots Il en sera de même
du poisson importé par 1 Escàut, par des navires
non porteurs du certificat prescrit par l article 7.
Cette addition est adoptée.
On procède l'appel nominal sur l'ensemble
du projet. Il est adopté par 53 voix contre 4.
Les opposants sont MM. Delfosse, Pirmez,
Sigart et Troye.
MM. Dumont et Jonet se sont abstenus
n'ayant pas assisté la discussion.
L'ordre du jour appelle la discussion du pro
jet de loi ouvrant au département des affaires
étrangères un créditsupplém. de 66,571 fr. 59.
dérouler les longues boucles de ses cheveux noirs qui inondèrent un
cou mince et blanc comme l'albâtre.
Tu t'impatientais d'attendre tu partais dit avec un ton de
reproche, une voix argentine qui pénétra j usqu'au cœur de Destanges.
Eu effet, répondit celui-ci, je me croyais l'objet d'une mystifi
cation; mais louée soit mon étoile qui t'a conduite sur mes pas
assez tôt pour m arrêter.
Je n'ai pu te réjoindre plutôt, reprit le domino, mais avant que
je t'en explique la cause, jure-moi sur l'honneur que jamais par
aucun moyen tu ne chercheras me connaître, si je ne t'en exprime
moi-même le désir.
Quoi déjà des serments demanda Eugène en riant.
Si tu refuses, je me retire, reprit le domino avec un geste
d'impatience mêlé d'étonnement.
Eh bien, je le jure! s'écria Destanges en pressant contre sa
poitrine la main délicate du domino noir.
Suis-moi donc
Eugène se laissa entraîner vers une loge dont la porte était
entr'ouverte.
Regarde là-bas, près de l'orchestre, vois-tu ce domino vert
Oui, répondit Eugène, en fixant avec curiosité ses regards sur
Je personnage qu'on lui désignait.
Ce domino vert est mon mari, dit doucement la jeune femme
en se pénétrant vers l'oreille d'Eugène.
Ton mari demanda celui-ci, accompagnant ces mots d'un
geste d'incrédulité.
Pourquoi t'en imposerais-je? reprit-elle gravement, je le pré
viens de ceci, car si le hasard le conduit vers nous, tu devras te
taire et me quitter le feras-tu?
Je le ferai, répondit Destanges de plus en plus étonné, mais
très-satisfait car cette intrigue prenait un aspect mystérieux qui
plaisait sou caractère romanesque.
Maintenant retirons-nous lécart et causons, dit la jeune femme
en s'appuyant sur le bras d'Eugène.
Une conversation spirituelle et animée s'engagea bientôt entr'eux.
Eugène apprit que la lecture de ses ouvrages avait inspiré la jeune
femme le désir de le couuaître plus intimement. 11 comprit parfai
tement qu'il parlait une personne du monde, et, excité par cette
cousiction qu'il était apprécié par Celle qui l'écoutait, il donnait un
libre essor sa verve entraînante et pleine d'enjouement. Dans sou
enivrement la jeune femme semblait oublier qu'elle n'était pas seule
au bal, et que, depuis lougtemps des regards inquiets la cherchaient
dans la foule.
Elle avait abandonué sa main dans celles de Destanges, et repo
sait nonchalamment sa tête sur les épaules de l'heureux jeune
homme, lorsque tout-à-ooup le domino vert qu'elle lui avait dé
signé déjà, parut devant eux. Les jeunes gens se levèrent en tres
saillant, car les yeux qui se fixaient sur eux ressemblaient deux
charbons ardetits.
Il y a longtemps que je vous cherche, dit le domino vert,
maîtrisant peine la colère qui l'agitait il est cinq heures, partons.
Patience et discrétionmurmura faiblement la jeune femme en
se penchant une dernière fois vers Eugène. Les deux dominos dis
parurent.
Deslanges se précipita vers une fenêtre du foyer et vit un riche
équipage emporté par deux chevaux fougueux, s'éloigner dans la
direction des boulevards. Il rentra chez lui pâle et fatigué il aurait
cru que tout ce qui venait de se passer n'était qu'un rêve, si la lettre
qu'il relisait encore n'en avait attesté la réalité.
Quinze jours s'écoulèrent pour lui dans toutes les angoisses de
l'attente.
Pendant ce tems il parcourait les bals espérant rencontrer enûn
celle qui semblait l'avoir si facilement oublié.
Dans l'une de ces fêtes nocturnes que ses amis consacraient par
des plaisirs qu'il ne partageait plus avec eux, Eugène s'était dé
taché du groupe qu'il entourait et venait de s'asseoir pensif, la tête
penchée sur ses mains; lorsqu'il la releva, il vit devant lui, immo
bile, les bras croisés sur sa poitrine, le domino vert qui le consi-
M. Delehaye. A l'occasion du budget des
affaires étrangères, j'avais prié M. le ministre
de faire connaître la chambre l'état de nos
relations diplomatiques avec la France. M. le
ministre s'est retranché derrière la réserve que
lui imposait sa position en disant que nos né
gociations avec la France n'aboulireraieut ab
solument rien, car nous n'avons plus de con
cessions lui faire que si nous voulions obtenir
des conditions plus favorables, il fallait agir
avec elle comme elle agissait avec nous. On a
continué les négociations, et nous ne sommes
pas plus avancés; je me trompe, nous savons
aujourd'hui que tout ce qui nous avait été
promis ne peut plus s'obtenir. Nous avons la
certitude que le gouvernement français ne nous
fera jamais la moindre concession nos agents
diplomatiques ne jouissent pas, d'ailleurs, de
tout l'ascendant qui leur serait nécessaire; pour
la plus grande partie, ils ne connaissent pas
nos intérêts. Les autres en sont peu soucieux
d'autres aussi ne sont pas entourés d assez de
considération et ne peuvent exercer sur la di
plomatie étrangère la moindre influence.
Je sais que le ministre répondra que les
affaires ne sont pas terminées, aussi je n'entends
de lui aucune explication, mais je liens ne
pas être pris pour dupe. Ce que j'ai dit, il y a
deux moisje le repète aujourd'hui, nous
n'obtiendrons aucune concession il faudrait
que la France fut peu appréciatrice de ses in
térêts, pour nous faire de nouvelles concessions,
puisque nous avons épuisé tout ce qu il était
possible de lui accorder.
Je parlerai maintenant de l'Allemagne. Je sais
que le gouvernement a consulté les chambres
de commerce sur l'importance d'un traité de.
commerce avec l'Allemagne. Je ne conçois pas
qu'un ministre qui sache quelles sont les res
sources de l'Allemagne, ait besoin de demander
quels seraient les avantages qui résulteraient
pour nous d'un traité avec ce pays. Quant moi,
je considérais comme ruineux pour nous tout
traité que l'on pourrait faire avec l'Allemagne.
Personne ne demandant plus la parolele
projet est mis aux voix et adopté, par 59 voix,
contre 1. L'opposant est M. Angillis.
M. Dedecker dépose sur le bureau le rapport
de la section centrale sur la British Queen.
Plusieurs voix. Les conclusions.
M. Dedecker. Dans la première partie de son
travail, la section centrale a examiné quels sont
défait attentivement.
Il ne put reprimer un mouvement de surprise mais se remit
aussitôt.
Me connais-tu demanda le domino vert
Non.
Connais-tu le domino noir avec lequel tu t'entretenais si agré
ablement ici, il y a quinze jours
Non.
-•Tu ne connais ni son rang, ni sa demeure
Non.
N'est-tu pas étonné de ne pas le rencontrer au bal
Non, répondit Eugène, toujours avec la même sécheresse.
Tu es laconique aujourd'hui, mais peu m'importe je veux bien
te prévenir que tu le chercherais vainement désormais, une mala
die grave le retient chez lui. Voilà ce que j'avais te dire main
tenant, adieu.
Destanges retomba atterré sur son siège mais, bientôt il se leva
et sortit de l'opéra.
Une heure sonnait la mairie du deuxième arrondissement.
A l'angle des rues de Provence et St. George, un homme masqué
aborda Eugène
N'êtes-vous pas monsieur Destanges
Oui, que me voulez-vous
Je suis envoyé vers vous par le domino noir que vous avez ren
contré il y a quinze jours aujourd'hui mais, avant d'aller plus
loin, dites-moi les deux mots qui forment sa devise.
Patience et discrétion, répondit vivement Eugène.
Vous êtes bien celui que je cherche. Consentez-vous vous
laisser bander les yeux?
Pourquoi cela
Je vous conduirai vers elle.
S'il en est ainsi, faites donc!
L'homme masqué passa uu mouchoir de soie autour de la tète
de Destanges, et lui dit
H