CHINE.
ANGLETERRE.
Messieurs de lu Chambre des Communes.
Le budget de l'armée est préparé et sera mis im
médiatement sous vos yeux.
J'ai l'entière confiance, qu'en écoulant le désir
d'étendre le principe d'une sage économie, vous
ferez néanmoins tout ce qui est nécessaire pour
satisfaire aux justes exigences du pays.
Milurds et Messieurs
Je recommandeà votrealtention immédiate l'état
de nos finances et des dépenses générales du pays.
Vous avez vu avec peine que, depuis plusieurs
années, le revenu public s'est trouvé au-dessous des
charges de l'Etat, et j'ai la confiance que, sensibles
aux inconvénients d'un déficit continu en temps de
paix, vous chercherez les moyens de faire cesser un
tel état de choses.
Je recommande aussi votre attention l'état de la
législation qui frappe l'importation des grains et
des produits étrangers dans ce royaume.
Des mesures vousseront soumises pour la réforme
de la loi actuelle des banqueroutes, et pour l'amélio-
ration des juridictions ecclésiastiques en Angleterre
et dans le pays des Galles.
11 y a lieu aussi d'appeler votre attention sur la
révision des lois appelées régler l'enrégistrement
des électeurs pour les nominations au parlement.
J'ai vu avec un profond regret, que la détresse
continue de nos distrits manufacturiers. Les souffran
ces et les privations qu'elle a amenées ont été sup
portées avec patience et courage.
J'ai l'assurance que vos délibérations sur toutes les
importantes matières recommandées votre atten
tion, serontconduiles dans la vue constante des inté
rêts et de la prospérité de toutes les classes de mes
sujets, et je prie le Ciel qu'elles aient pour résultat
de développer les ressources nationales, d'encou
rager l'industrie et d'accroître le bien-être de mon
peuple bien-airné.
Les nouvelles de la Chine sont satisfaisantes.
Le 10 et le 13 octobre nos troupes se sont
emparées des villes de Chinhné et Ninjjpo.
INons avons repris la ville de Ting-Haï, capitale
de l'île de Chusan. Un gouvernement provisoire
a été établi Chinhné et Ningpo, les soldats
chinois n'ont pas voulu se défendre. Les chinois
avaient fait de grands travaux de fortifications
Ting-Haï, et du côté de la mer la ville pré
sente une ligne non interrompue de fortifica
tions s'élendant sur une longueur de 2 milles.
Partout il y a des redoutes et des camps re
tranchés. Il résulte d'une circulaire adressée
par Sir Henry Pottinger aux anglais résidant
en Chine, que les Iroupes de la reine n'ont
combattu que 2 heures pour s'emparer de la
ville.
Elles ont pris une grande quantité de canons
et d'armes de toute espèce, de la poudre, des
des greniers de riz etc. Aux termes de la circu
laire Ting-Haï et ses dépendances ne seraient
rendus au gouvernement chinois qu'après qu'il
aura acquiescé toutes les demandesdu gouver
nement anglais. C'est le Ier octobre que Ting-
Haï a été repris. Voici un extrait de la circulaire
de sir Henri Pottinger concernant la prise de la
ville de Chinhné
Cette ville est située l'embouchure de la
rivière Ning-Po; elle était si bien défendue par
sa citadelle et un grand nombre de batteries et
d ouvrages extérieurs que le commissaire impé
rial Jukien, qui était venu spécialement-pour
la défendre, et les autres autorités civiles et
militairesss-etaient imaginé, en juger par
leurs proclamationsque les troupes anglaises
ne pourraient s'en emparer.
TA KIÉTÉS.
Un nouveau journal, le Diable, raconte l'anecdote
suivante, dont M. Alphonse Karr, le spirituel au
teur des Guêpes, aurait été le hères
Unjourdu carnaval de l'année dernière, M. Ga
taye reçut d'un de ses amis l'invitation d'aller chez
lui passer la soirée la lettre se terminait par ces
mots: un mangera des gâteaux. Diable, dit Gataye
je ne puis y aller. Des gâLeaux, répond Alphonse
Karr, je les aime et j'irais volontiers. - Vrai? Eh
bien! je vais écrire, si tu le veux, que je u'irai que
tard, mais qu'un de mes amis me remplacera, je
suis certain que tu seras bien reçu. -— Ça me vu,
fait Alphonse Karr. Gataye écrit la réponse ne
tarde pas venir et porte en substance que, les
amis de nos amis étant nos amis, on fera bon accueil
celui de M. Gataye.
A l'heure dite, A. Karr se présente; le maître de
la maison qui le reçoit parfaitement lui offre de le
présenter sa femme: «Volontiers, mais je ne suis
pas venu pour cela, répond gravement et laconi
quement l'auteur de Sous les Tilleulsces mois dits,
il s'installe dans un des coins du salon et n'en bou
ge plus. Des tables de jeu sWgauisent. Le maître de
la maison croyant que notre homme s'epnuie, et
voulant honorer en lui M. Gataye, s'approche et
lui demande s'il veut prendre place une table de
jeu Je ne suis pas venu pour cela, répond Alph.
Karr. Etopné, l'autre le regarde. Cependant les gâ
teaux circulent; chaque fois qu'on en présente
notre boudeur, il en prend un de chaque main et
les mange avec application, comme si une lâche
forcée lui était imposée. Un domestique s'approche
et lui offre un verre de punch; la phrase stéréoty
pée sorl encore de sa bouche Je ne suis pas venu
pour cela, dil-il assez haut pour être entendu de
tout le monde chacun le regarde, on chuchotte ne
comprenant rien une telle conduite.
La soirée s'avance les salons se remplissentles
jeunes femmes proposent de danser au piano; celle
proposition, accueillie avec des bravos, est mise exé-
out ion.La mail resse de la maison son tour s'approche
du solitaire et lui demande s'il ne compte pas pren
dre part ce plaisir «Madame, je ne suis pas venu
pour cela, sont les seuls mots qu'elle peut tirer du
taciturne personnage. Cette fois, ç'en est trop; on
murmure hautement, chacun fait ses réflexionsle
maître de la maison dit tout haut qu'il ne comprend
pas comment M. Gataye a pu lui présenter un tel
homme; qu'il est bien de ne pas se gêner avec ses
amis, maisque c'eslabuser de la permission qued'en
agir ainsi.
«Cependant notre homme mangeait toujours bien
exactement ses deux gâteaux chaque fois qu'il lui en
était présenté.
Enfin arrive M. Gataye, on le prend part pour
lui conter ce qui se passe, il en est surpris lui qui
connaît si bien Alph. Karr, ne peut comprendre une
telle lubie ni s'expliquer une conduite si inconve
nante.
«Accompagné du maître de la maison, il s'appro
che et lui fait des reproches. De quoi te plains-
tu, repond Karr en riant, je me suis conformé stric
tement aux instructions de la lettre d'invitation
hameau d'Artigues se trouvant plus de deux
myriamètres du chef-lieu de la commune, ce ne
fut que le lendemain que le maire, accompagné
de la gendarmerie du canton et d une cinquan
taine de gardes nationaux, put aller sur les
lieuxafin de porter secours aux malheureux
habitants d'Artigues.
Celte bonne intention était inutile toutes
les maisons du hameau avaient été renversées
et, dans leur chute avaient écrasé tous les ha-
bitans. Dans une d'elles, on a trouvé sous les dé
combres un père gisant au milieu desesquatre
enfans, et nulle part la trace d'aucun être
vivant. De sorte que le maire et son cortège sont
rentrés au chef-lieu, ramenant quelques cada
vres qui ont été inhumés.
Voici le discours que la reine d'Angleterre a
prononcé avant-hier, l'ouverture solennelle
de la session du Parlement britannique
Milords et Messieurs,
Je ne puis me trouver en face de mon parlement
sans rendre de publiques actions degrâce la divine
providence, au sujet delà naissance du prince, mon
fils, événement qui a complété mon bonheur
domestique, et qui a été reçu par mon peuple fidèle
et loyal avec des démonstrations de l'altachementle
plus affectueux pour ma personne et pour mou
gouvernement.
J'ai la Confianceque vous prendrez votre partdans
la satisfaction que m'a causée la présence en ce pays
de mou bon frèue. et allié le roi de Prusse, qui, sur
ma demande, a bien voulu se charger en personne
des fonctions de parrain, au baptême du prince de
Galles.
Je reçois de tous les princes et de tous les gou ver-
nemenls la continuation de l'assurance de leur vif
désir de maintenir les j-apports les plus amicaux
avec ce royaume.
C'est avec un grand plaisir que je vous informe
que j'ai conclu avec l'empereur d'Autriche, le roi
des Français, le roi de Prusse et l'empereur de
Russie, un traité ayant pour objet une répression
plus efficace de la traite des esclaves, traité qui vous
sera communiqué aussitôt après l'échange des rati
fications.
Je ferai mettre également sous vos yeux le traité
que j'ai signé avec ces mêmes puissances et avec le
sultan, dans la Vue d'assurer la stabilité de l'empire
turc, et de raffermir la paix générale.
Le rétablissement de nos rapports de diplomatie
et d'amitié avec la cour de Téhéran, a été suivi par
la signature d'un traité de commerce avec le roi de
Perse, traité qui vous sera également soumis.
J'ai engagé avec différentes puissances des négo
ciations dans le but d'arriver, par des conventions
basées sur des avantages réciproques, étendre les
relations et le commerce du pays.
Je regrette de ne pouvoir vous annoncer le réta
blissement de rapports amicaux avec le gouverne
ment chinois.
Le succès constant qui s'est attaché nos opéra
tions contre cet ennemi, et ma confiance dans le
courage et la loyauté de ma flotte et de mon armée,
permettent d'espérer que nos différends avec ce
pays recevront une prompte issue, et que nos rela
tions commerciales avec lui, se trouveront placées
sur le pied le plus favorable.
Il y eut un moraeul de silence, et le capitaine qui ayait perdu
un peu de son éloignement pour les marquises, ou, pour dire, qui
l'événement delà nuit avait fait oublier ses préoccupations politiques,
s'approcha de Mme de Belle-Chasse dout un voile couvrait une partie
delà ligure, et lui dit familièrement
Parbleu madame,cette route m'est favorable...fatale, veux-
je dire, et ce n'est pas la première fois que je suis arrêté.
En vérité, monsieur
Oui, madame, et j'avoue que ce souvenir est un des plus doux
de ma vie. Imaginez-vous qu'en 90, j'avais 20 ans, et je quittais
Caudebec pour venir Paris, républicain comme on l'était alors.'.
Pardon, madame
Du tout, monsieur, du tout, les opinions sont libres.
Voilà une marquise bien accomoddnte, pensa le capitaine.
Il voulut regarder avec plus d'attention cette femme qu'il n'avait
fait qu'entrevoir jusque-là, mais un voile vert couvrait peu de chose
près la figure de Mrae Belle-Chasse cependant, au sourire qu'il re
marqua sur les lèvres de la marquise, il se hasarda de poursuivre.
J'étais donc républicain, dit-il, et je venais Paris demander
des armes et une feuille de route pour la frontière. A Rouen, je pris
une mauvaise patache où une quinzaine de voyageurs étaient en
tassés de la manière la plus incommode, et qui mettait alors deux
jours faire 50 lieues. Dans ce temps-là, il y avait des voleurs...
Comme aujourd'hui, monsieur.
Oh madame, beaucoup plus et bien plus dangereux; des chou
ans, des chauffeurs, des compagnies de Jébu, terribles habilans des
grandes routes qui, sous des prétextes politiques, infestaient les
chemins et allaient égorger les paysans jusque dans leurs chau
mières. Nous fûmes assaillis comme nous l'avons été tout l'heure,
au milieu de la nuit, par des gens féroces, pillards et assassins ils
étaient fort nombreux, et, comme aujourd'hui eqcore, toute résis
tance eut été inutile.w Ou nous fit quitter notre patache, on nous
fit coucher sur le bord du chemiu. On nous fouilla brutalement...
Que faire nous faire tuer par des brigands C était mourir d une
mort inutile et presque honteuse, les deux ou trois hommes qui
étaient comme moi dans la patache se soumirent; je fis comme
eux.... J'avais auprès de Jmoi une jeune citoyenne.... Pardon, ma
dame, c'était le terme d'alors.
-h Poursuivez, monsieur, dit la marquise.
Une jeune fille... Ah madame, j'ai parcouru toute l'Europe
l'Italie, 1 Espagne, i Allemagne, la Pologne, je n'ai jamais rien vu
de si beau, de si gracieux, ni d'aussi parfait la pauvre enfant était
de Rouen, elle allait Paris pour épouser un maquignon auquel on
1 avait promise, et elle portait la dot dans son corset.
Dans son corset, monsieur, s'écria fa marquise.
Oui, madame, reprit le capitaine Thiéry Suzanne c'était son
nom, n'avait pas besoin de dot; si j'avais été roi, j'aurais partagé
ma couronne avec elle, rien que pour ses beaux yeux elle avait
néanmoins cousu dans son corset une soixantaine de 1 ouis, qu'elle
apportait avec elle-même son fiancé.
Et vous croyez, dit la marquise, qu'elle aimait ce maquignon
Il était de Rouen, comme elle leurs parens avaient arrangé ce
mariage, elle ne demandait mieux que de l'aimer. Mais vous allez
voir. Les chouans commencèrent par moi; je n'avais poiut de montre
alors poiut d'épauleltes de capitaine mais ils m'enlevèrent, comme
aujourd'hui, quelquesécus de ma bourse, puis ils vinrent Suzanne;
on la fouilla: un chouan, fort habile dans sa profession, découvrit
sans peine le petit trésor de la jeune fille, et en un cleiu d'œil le
lacet de fil qui retenait le coiset fut coupé, et la dot de Suzanne
passa dans les mains de ces messieurs. (La suite au prochain IV*.)