communes devront se courber sous le joug d'un parti qui a juré la perle de toutes nos li bertés. Voilà où nous en sommes venus et certes personne ne pouvait prévoir que, onze ans après la révolution de 1830, nos in stitutions communales devaient être menacées d'une pareille catastrophe. Le 24 févsier 1842, un vol avec effraction a été commis chez le sieur François Mergaert, culti vateur Vladsloo les voleurs se sont introduits par la cave, en brisant la fenêtre ils ont en foncé une armoire et enlevé 19 pièces de 5 francsainsi qu'un morceau de viande de porc. Les deux officiers du 8e régiment de ligne auxquels le clergé d'Ypres avait, il y a quel ques mois, refusé la bénédiction nuptiale, parcequ'ils appartenaient l'ordre maçonnique, viennent de voir consacrer leur union dans l'église de S1 Bavon, Gand. Les pièces de conviction dans l'affaire du complot, consistant en quatre pièces de canon, 23 fusils, 17 sabres, 3 carabines, sacs charge, boites mitrailles, boulets et autres objets, ont été transportés hier dix heures du matin, de la caserne des Annonciades et du greffe du tri bunal correctionnel où ils se trouvaient déposés, au local de la cour d'assises, rue des Sols. On écrit de Liège, le 26 MM. Vifquain et Groetaers sont venus assis ter hier, dans la matinée, au premier essai des machines fixes établies sur la section du che min de fer d'Ans Liège. Un convoi de six wag- gons a été entraîné du pied des plans inclinés jusqu'à la station d'Ans avec une vitesse de quatr* lieues l'heure, et l'on a su s'assurer de la marche régulière et puissante de cette machine, qui ne laisse rien désirer sous le rapport de l'effet qu'elle devait produire èt de l'ensemble de ses mouvemens. Dans l'après-dîner du même jour, des ou vriers qui paraissent être étrangers au service spécial des plans inclinés, ont continué la ma nœuvre de la machine, sans qu'aucun ordre eut été donné cet égard, ni que les précau tions nécessaires eussent été prises. Un certain nombre de jeunes gens de la ville, d'ouvriers mécaniciens, de curieux envahirent aussitôt les waggons, cédant peut-être au désir de pouvoir se proclamer les premiers qui eussent parcouru la nouvelle section. Le convoi descendait lente ment, retenu par les freins dont plusieurs wag gons étaient munis; par malheur, on avait placé ces waggons la tête du convoi remon tant, tandis qu'ils auraient dû se trouver l'extrémité opposée. Tout coup les deux wag gons inférieurs se détachèrent et s'élancèrent avec impétuosité, entraînés par leur propre poids, sur la pente rapide du plan incliné. Quatre ouvriers, effrayés du danger, sautèrent en bas des waggons et'se blessèrent dans leur chute. Les autres restèrent courageusement leur place, et bien leur en prit; car après avoir ainsi parcouru un certain espace avec une vi tesse prodigieuseun des waggons détachés sortit des rails, et s'enfonçant dans le sable, arrêta cette course furieuse, sans qu'elle eut occasionné d'autre mal. Nous sommes heureux de pouvoir annoncer que les blessures des quatre imprudens qui se sont précipités hors des waggons n'ont pas la gravité qu'on aurait pu redoutèr d'un semblable accident. Nons avons dit dans un de nos derniers nu méros, qu'il était craindre que la chambre se trouvât moins souvent en nombre que jamais, pendant les débats qui viennent de s'ouvrir nos craintes cet égard se sont réalisées. Déjà hier la chambre a dû ajourner sa séance, parce que la plupart de ses membres manquaient l'appel et l'Indépendant regarde comme une chose incertaine qu'elle sera en nombre au jourd'hui. Et voilà comme la question des in demnités, dont la solution ne s'est déjà que trop fait attendre, est encore retardée. {Lynx.) Avant-hierun habitant de la commune d'Ixellesa adressé M. le procureur du roi une plainte contre un officier pensionné de cette ville, du chef de soustraction frauduleuse com mise l'estaminet le Contentrue des Bouchers, de papiers qui auraient été confiés ce premier par un des accusés du complot contre la sûreté de l'état, lesquels papiers se trouvaient, paraît- il, entre les mains de la police secrète. Un subside de dix millefrancs(10,000 fr,) imputable sur l'art. 5 de la section 2 du chap. XVII du budget de 1842, est acçordé la société royale des lettres, sciences et arts, Anvers, pour l'aider couvrir les dépenses occa sionnées par l'érectionde la statue de Bubens. COUR D'ASSISES DE LA PROVINCE DE BRADANT. PRÉSIDENCE DE H. LE CONSEILLER DEPAGE. AFFAIRE DU COMPLOT DU 29 OCTOBRE. iie Audience. Ze 28 février i842. Dès longtemps avant l'ouverture de l'audience, une foule considérable assiégeait les portes de la cour d'assises; et la trop petite enceinte réservée aux témoins est remplie immédiatement. Une grande partie du prétoire est encombrée de pièces de con viction. On y remarque deux pièces de canon d'un petit calibre avec leurs accessoires, des bouteilles, des boîtes lances feu, des paquets de poudre et une grande quantité de papiers. Une forte odeur d'éther se fait sentir; et l'on dit que la dame Vandersmissen, accusée, est très-malade, et qu'il lui sera impossible d'assister aux débats. Quelques instants après, l'accusée paraît soutenue par M. Vandersmissen et par un huissier. Elle a peine se soutenir et sa figure présente les traces d'une horrible souffrance. On la conduit dans la humblement la tête, aux moindres demandes que l'on daignait lui faire, et il ne manquait jamais de balbutier les moindres paroles qu'il était forcé de répondre; ses vêtements avaient l'importance râpée de la toilette scientifique, et toute sa personne sentait le ren fermé, le bouquin, la poussière des vieux manuscrits, les ingrédiens équivoques du laboratoire; les traits de sa figure formaient un en semble assez déplaisant, une physionomie étrange, laide, fière, dédaigneuse et insupportable le docteur n'était vraiment beau que pour les yeux d'élite, pour les yeux de quelques gens d'esprit qui se plaisaient contempler, sur ce triste visage, la trace lumi neuse de la méditation et du génie par malheur, en Autriche aussi bien qu'en FranceVienne comme Parisl'esprit court les rues, mais si vite, si vite, qu'il n'entre plus dans les maisons... Laissez le couriret ouvrez les deux battans de chaque porte, tout hasard Frédéric Kœrner aimait-il quelqu'un ou quelque chose dans le monde? 11 aimait la science, l'humanité tout entière; il adorait les pauvres, dès qu'il lui était possible de soulager leur souffrance; mais il maudissait leur infortune, en ne pouvant plus la secourir. La modeste demeure de notre savant était toujours sombre, toujours silencieuse un chien de garde et une vieille domestique, voilà le personnel du logis des meubles anciens, des objets d'art, des instruments d'optique, des cornets, des fourneaux et des creusets, voilà le luxe de sa petite maison; des livres, des manuscrits, de nombreux chefs-d'œuvre, des merveilles de l'esprit humain, voilà ses hôtes, ses camarades et ses amis; un splendide rayon de soleil qui venait illuminer sa chambretravers les poétiques vapeurs du Danube, voilà son fidèle visiteur de chaque matin Un jour, la splendide illumination dont je parle, prit tout-à-coup, aux yeux éblouis de Kœrner, la forme, la figure, les apparences gracieuses d'une jeune fille n'était-ce point là un beau prodige, un admirable enchantement, opéré par la fantaisie divine du soleil Il s'agissait, pour Frédéric, de recevoir en tête-à-tête une jolie femmeet le savant commença par tremblerde toute sa timide faiblesse la finpourtantle docteur Kœrner osa la regarder et l'entendre il lui sembla que la belle inconnue arrivait, sou inten tion, du pays où vivent les anges et l'angequi parlait très-bien l'allemandlui tint peu près ce terrestre langage Monsieurje me nomme Mignon Koypell, et je suis votre cou sine germaine, par ma mère; hélas! mon cousin, ma mère est morte dans un coin de la Silésieelle m'a laissée toute seule pauvre et désolée: je suis accourue Vienneet je frappe aujourdhui votre porteafin que vous ayez la bonté de me recevoir avec douceur, de m'aimer un peu et de me plaindre c'est tout. chambre du conseil. Le bruit court que sa position pourrait bien obligera remettre l'affaire une autre session. Après quelques minutes d'attentela dame Van dersmissen sort de la chambre du conseil et vient se placer sur le banc des accusés. Les autres accusés sont introduits. Les accusés sont: i° Auguste-Louis-Nicolas Vandermeere, âgé de 45 ans, général-major en disponibilité de service, né Bruxelles et domicilié Portel. a" Jacques-Dominique Vandersmissen âgé de 53 ans, ex-général, actuellement sans profession, né et demeurant Bruxelles. 3° Jean-Pierre Parys, âgé de 53 ansintendant de la gendarmerie, né et demeurant Bruxelles. 4* Joseph-Henri Vandersmissen, âgé de 4o ans, négociant, né Bruxelles et demeurant Etterbeek. 5° Égide-François-Malhieu-Marie Crehen, plus connu sous le nom de De Crehen, âgé de 32 ans, militaire pensionné, né et demeurant Bruxelles. 6° Pierre-Joseph Parent, âgé de 37 ans, colonel de volontaires, né Tongres et domicilié Bruxelles. 70 Pierre-Alexandre Verpraet, âgé de 24 ans, né Charleroi,ex-caporal au 1" régiment de chasseurs pied. 8" Louise-Cathérine Colleton Graves, femme de Jacques-Dominique Vandersmissen, âgée de 4g ans, née Devon, comté de Devon, en Angleterre et demeurant Bruxelles. 90 Isidore-Charles-Richard Van Laethem, âgé de 29 ans, ex-officier, né Bruxelles et demeurant Ixelles. Ils ont pour défenseurs, savoir le sieur Vander meere, MM. Vanderton etTheyssens le sieur J.-D. Vandersmissen, M. de Rons fils; le sieur Parys, MM. Roussel, Vanderton et Theyssens. Le sieur J.-H. Vandersmissen, M. Jamar; le sieur de Crehen, M. Heyndrickx le sieur Parent, M. Orts fils, le sieur Verpraet, M. Philippe Bouvier la dame Van dersmissen, M. Jules Bartels, et le sieur Van Laethem, MM. Orts fils et Jamar, sous-avocats la cour d'appel de Bruxelles. L'accusé Vandermeere, est en grand uniforme d- général-major l'accusé Parys, porte l'uuifor d'intendant de la gendarmerie. L'accusé Dominique Vandersmissen, est en habit bourgeois la dame Vandersmissen, est mise avec une certaine recher che. Les autres accusés sont tous vêtus proprement; leur contenance est assurée. Lacour, sur la réquisition de M. l'avocat-général, rend un arrêt par lequel elle nomme deux juges supplémentaires. Ap rès la formation du jury de jugement, M. le président déclare la séance ouverte. Il est procédé l'interrogatoire des accusés sur leurs noms, prénoms, professions et domiciles. Il est ensuite donné lecture de l'arrêl de renvoi et de l'accusation. Pendant cette lecture, qui dure plus de deux heures, la dame Vandersmissen, appuyée sur la balustrade du banc des accusés, parait se calmer un peu, et être moins souffrante. L'accusé D. Vandersmissen, son mari, est auprès d'elle, et de temps en temps elle s'appuie sur son épaule. Soyez la bienvenue! Mignon! s'êoria Frédéric Kœrner: ma maison sera désormais la vôtre; je serai pour vous un ami, un gardien, un protecteur, et je vous donne le baiser d un frère! Il n'y a donc pas que des méchanlsdansnotre famille répondit la bienheureuse Mignonaprès avoir embrassé Frédéric Kœrner. Pourquoi cela Parce que vous êtes bon!... Eu revanche, notre fortuné cousin, M.Joseph Koypellne l'est guère... et je lui pardonne! Yous s'avez qu'il est méchant? J'en suis sûre Yous le connaissez? Je l'ai vu ce matin pour la première fois; je l'ai prié, je l'ai supplié... Mais il m'a repoussée impitoyablementcomme l'on repousse une étrangère indiscrèteune mendiante importune... Par bonheur, il a daigné prononcer votre nom, eu me disant: Allez plutôt chez notre cousin Frédéric Kœrner; il vous accueillera peut- être... C'est un vrai philosophe!... M. Koypell avait raison vous m'avez bien accueillie tout de suite monsieur Frédéric; c'est donc une bien belle chose que la philosophie? Il faut oublier ce vilain Joseph et le plaindre, ma pauvre Mignon Koypell est un savant, un philosophe comme moi... Mais il a pris la mauvaise habitude de ne s'inquiéter ni de la scienceni d®

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Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 2