JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
année. - n° 89.
INTERIEUR.
COUR R ASSISES DU,BRABAHT,
FEUILLETON.
^it. eoîido,
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daction doit être adressé, franco,
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ASSOCIATION GÉNÉRALE POUR I/ENCOÇRAGEMENT
DU SERVICE MILITAIRE.
II semblait, il y a quelque temps, que la
chambre des représentaisl'occasion du
budjet de la guerre, aurait s'occuper de
l'association générale pour l'encouragement du
service militaire. Cette société, la simple
inspection de son intitulé, semblait bien digne
d'attirer toute; la sollicitude des représentans
de la nation en effet le but annoncé est géné
reux et patriotique.
Mais hélas latet anguis in herbâ il parai-
trait maintenant que si la chambre eût jugé
convenable de s'occuper de la dite société, il se
fût agi de toute autre chose que d'éloges
donner. On se disait l'oreille il y a quinze
jours, on se dit tout haut aujourd'hui, que le
titre si vertueux, que nous avons mis en tête
de cet article, n'était bien réellement qu'une
antiphrase que celui auquel l'association,
d'après son genre d'opérations, a des droits in
contestables, est cet autre association générale
pour la démoralisation complète de l'armée.
Nous allons donner les détails qui nous sont
parvenus, et qui établissent ces droits d'une
manière péremptoire.
L'auteur des statuts de la société anonyme
dont il s'agit, a trouvé un moyen très-ingénieux,
qui a de plus le mérite d'être fort simple, de
réaliser des bénéfices de 100 200 p. sans
courir le moindre risque Engager par de
magnifiques promesses les sous-officierscapo
raux et soldatsdont le terme est expire,
prendre service pour la sociétémoyennant des
primes variant de 600 1100 francs.
Fournir ensuite ces mêmes sujets, comme rem-
plaçans, au prix de 1,600 2,400 /K, voilà
tout le secret. 11 faut avouer que cette manière
d'opérer est admirable par sa simplicité.
Mais pour déterminer des sous-officiers et
même des soldats, accepter les offres qu'on
leur faisait, il fallait avant tout leur persuader
qu'ils ne seraient nullement considérés comme
remplaçans; car, dans l'armée belge, il existe
au cœur des soldats une aversion si profonde
pour celte qualité, qu'elle aurait, sans nul
doute, surmonté toutes les tentations.
Rien n'était donc épargné pour leur donner
celte conviction. Cependant, qu'arrivait-il A
peine avaient-ils pris un engagement pour l'as
sociation, qu'ils se voyaient inscrits aux matri
cules Un tel remplaçant pour un tel. Si cet
état de choses avait duréil se serait trouvé
qu'au bout d'un certain nombre d'années les
corps d'officiers, dans les armes oû les emplois
vacans sont donnés en majeure partie aux sous-
officiers, eussentétécomposés, presqu'en entier,
de remplaçans. Vous, moi, nous autres bour
geois, enfin, nous aurions fort souvent eu le
plaisir de reconnaître parmi MM. les officiers
qu'on voit en société, nos remplaçans ou ceux de
nos frères. Singulière façon d'encourager le
service militaire
Les actionnaires de Vassociation générale por
teurs de cinq actions, pour lesquelles ils ont
versé 250 francsont touché, eu trois ans
pour intérêts et dividendes, 1300 francs! Quand
par le temps qui court on gagne aussi gros
sans rien exposer, et pour ainsi dire sans mise
de fonds, ce ne peut guère être qu'aux dépens
de tiers. Or, les tiers lésés sont évidemment ici
les sous-officiers, caporaux et soldats engagés
•par les soins paternels de la société. Certes il
est fort encourageant pour ces pauvres diables,
de voir MM. les actionnaires réaliser, leurs
dépens, d'aussi beaux bénéfices. Il est vrai
qu'ils ont pour fiche de consolation l'hôtel des
invalides, dont on commence, dit-on a jeter
les fondemens.
Lors du tirage au sort des objets exposés au
bénéfice des pauvres, la belle serrure offerte
par la province, était échue la Société de la
concorde qui avait pris cent billets.
La commission de la société vient d'offrir cette
serrure M. le curé de St. Nicolas, qui se pro
pose d'en tirer bon parti lors de la construction
de la nouvelle église.
S
Les jeunes artistes sous la direction de M.
Piccolo, ont fait jeudi passé leurs débuts en cette
ville. Ces jeunes enfans que nous avons pour
ainsi dire vu croître en âge et en talents, ont
fait encore de nouveaux progrès. Il y avait du
monde cette première représentation.
La seconde représentation, (abonnement cou
rant), aura lieu lundi prochain nous croyons
pouvoir assurer qu il y aura foule.
Dimanche 6 marsl'occasion de la mi-ca
rême il y aura bal et tombola la société de
la concorde.
La société de Guillaume-Tell donnera aussi
un bal paré et masqué. De nombreuses cartes
d'invitation ont été distribuées la jeunesse
dansante de notre ville.
AFFAIRE DU COMPLOT. (Suite.)
Séance du i" mars. Présidence de M. Lepage.
Les accusés au nombre de 9, arrivent dans 4 voi
tures escortées de gendarmes, 9 heures. Chaque
voiture renferme en outre deux gendarmes. Le
général comte Vandermeere et le major Parys
ouvrent la marche. De Ct'éhen est en uniforme.
Comme la séance d'hier, tous les accusés sont
dans une tenue des plus soignées.
La cour entre en séance. M. le président prévient
que parmi les témoins plusieurs fonctionnaires
avaient démandé ne pas prendre part aux débats,
ce qui a été accordé. M. le général Brias obtient la
permission de s'absenter pendant 8 jours, la con
dition qu'il n'approchera pas de la salle d'audience
LE S AYANT. (Suite et Fin.)
Après avoir désiré la richesse, l'intention de la femme qu'il
aimait, Frédéric songea, pour lui plaire, la popularité, aux hon
neurs et la gloire, il dit aftieu aux travaux faciles qui devaient
lui donner un peu d'argent, et il se livra tout entier ces laborieuses
recherches qui avaient si bien commencé la célébrité précoce de son
nom; ce n'est pas tout il y avait une place vacante l'Académie
des sciences de Vienne, et la capricieuse Mignon obligea le modeste
Frédério présenter sa candidature aux suffrages des illustres
confrères.
Dans l'opinion des vrais savans, des princes de la science, le choix
de l'Académie n'était pas difficile, et l'unanimité des votes allait
faire sortir, coup sur, le nom de Frédéric Kœrner, du fond de
l'urne académique... Mais, hélas! l'opinion projpose et l'Académie
dispose! Il fallut un véritable savant, pour remplacer un homme
d'un vaste génie; on lui donna, pour successeur, un chimiste qui
dansait merveille, un médecin qui chantait ravir, un philosophe
qui plaisait aux dames, un courtisan de tout le monde que vous
connaissez déjà, le cousin de Frédéric Kœrner, un pédant la mode,
saupoudré de sottise et qui se nommait Alexandre-Joseph Koypell
Il n'y a pas très-loin de Vienne Paris?
En apprenant cette incroyable nouvelle, Kœrner faillit mourir,
force de stupeur, de honte et de rage; mais cette fois encore, Fré
déric se consola bien vite, en tête tête avec sa divine Mignon, qui
trouva, pour le consoler et le distraire, des prodiges d'esprit, de
gaîté, d etourderie et de finesse.
Chose étrange! un jour, le plaisant académicien dont il s'est agi
tout l'heure, Joseph Koypell, osa venir frapper la porte de
Frédéric Kœrner; il pria la vieille servante du logis de 1 introduire
âuprès de M*®* Mignon; il entra dans la chambre de la jeune fille,
et pendant une heure, je ne sais trop pourquoi, l'insupportable
visiteur s'avisa d'ennuyer, voix basse, la pauvr.e orpheline qu'il
avait impitoyablement chassée... A l'issue de ce mystérieux
entretien, Koypell se fit accompagner par Mignon jusqu'au seuil du
laboratoire de Kœrner, et je vous laisse deviner toute la surprise,
toute la secrète colère de Frédéric, la première vue de cet homme
qui avait toujours été son rival, son détracteur ou son ennemi.
Koypell salua son cousin de la façon la plus amicale; il prit un
siège que l'on ne daignait pas lui offrir il se mit parler d'abord de
la pluie et du soleil il parla ensuite de la science qui ne lui devait
rien, de l'humanité qui ne lui devait pas graud'chose, et il termina
son fastidieux monologue par la question suivante
Que faites-vous donc là, Kœrner, les yeux fixés sur cette pau
vre bête qui n'en peut, mais
Vous le voyez, répliqua Frédéric je fais une expérience in
animât vili... J'ai voulu éprouver sur ce chien malade l'efficacité
terrible d'une poudre de mon invention.
Vous l'avez empoisonné
Oui... Je l'ai foudroyé
Quel est ce poison?
La tojfana des jésuites...
Dont vous avez retrouvé la recette
Dont j'ai deviné le principe! Maintenant je suis sûr de» tésul
tats possibles de cette affreuse découverte une parcelle, un rien de
cette poussière végétale... et vous tuerieux un homme, en le frappant
aussi vite et aussi bien que la foudre.
Diable c'est dangereux....