9
Le général interpellé par les défenseurs, rend un
beau témoignage de l'administration de M. Parys,
lorsqu'il était quartier-maître aux cuirassiers.
Jaussens, restaurateur au Tivoli, rend compte des
démarches de de Créheu au Tivoli. De Créhen a dit
avoir dîné, en Hollaude, avec Guillaume II et la cou
sine Henriette (la comtesse d'Oultremont.)
De Créhen a dit qu'il ferait assurer une pen
sion sa mère par son ambassadeur Falk; qu'ilavait
12,000 florins comme colonel d'artillerie. Il a pris
de l'absinthe et du vin. ta bourse était garnie.
De Créhen a parlé du service portugais. Avec la
protection du duc de Terceire il "aurait été aujour
d'hui colonel et se trouverait même d'aider sa
mèrequi est âgée et infirme.
Pierre Joaquin et Léopold Dufourmy. Ces deux
témoins sont les domestiques de Mad. la comtesse
Vàndermeere; ils sont appelés pour déclarer s'ils
ont annoncé plusieurs ibis chez le général Vànder
meere les accusés Vandersmissen, Parys, de Créhen
et Parent; ils ne reconnaissent aucun des accusés et
11e se rappellent pas les avoir jamais annoncés.
Richard Comming. C'est je témoin anglais qui a
été cité en vertu du pq^voir discrétionnaire de M.
le président sur la demande du général Vànder
meere, pour s'explique!^sur une conversation qu'il
aurait eue au sujet du général Vàndermeere avec
l'un des frères Jones.
Ce témoin ne parle que l'anglais, un interprète
lui est donné, et cet interprète nous paraîj ne tra
duire que très-confusément les paroles du témoin
plusieurs fois sa traduction est critiquée par M.le
président, par les défenseurs et par iVI. Vàndermeere.
M. le président résume en ces termes la déposition
de M. Richard Comming.
Le témoin se trouvait en i835 avec un M. Welsh,
teinturier, demeurant hors la porte de Flandre,
et des frères Jones qu'il connaissait comme caros-
siers anglais. Le général Vàndermeere vint passer
en Voiture, M. Jones dit en le désignant: voilà
l'auteur de la révolution, la cause de tous mes mal
heurs, je voudrais le voir pendre.
Le général Vàndermeere. Il me semble, M. le
président, qu'il serait important de faire citer M.
Welsh, il est présenté comme l'ami de MM. Jones
et par lui on pourrait savoir la vérité.
M. le président. II sera cité.
MM. Jones sont rappelés.
M. Richard Comming désigne l'aîné des deux
frères comme étant celui qui a tenu les propos
auxquels il a fait allusion.
M. le président. M. Jones, qu'avez-vous dire
Le témoin Jones. Je n'ai jamais considéré M. Vàn
dermeere comme l'auteur de tous mes malheurs, et
ne les lui attribuant pas, je n'ai pas pu tenir un
pareil propos; je suis certain de ne pas l'avoir tenu.
M. Welsh était votre ami? R. Je le connais, il est
venu quelquefois nous offrir des marchandises. Ce
n'est pas un ami et on ne dit des choses comme
celles qui ont été rapportées qu'à un ami.
M. le président. Vous persistez déclarer que
votre déposition n'a été dictée par aucun sentiment
de haine? R. Oui, M. le président.
M. 1' avocat-général, ta conversation en suppo
sant qu'elle ait eu lieu pourrait bien se rapporter
l'époque où les frères Jones venaient d'être pillés.
M. le comte Duchalel.
M. le président. Vous connaissez l'accusé Parys?
R. Oui, M. le président, et depuis vingt ans, sous
les rapports les plus favorables. D. C'étaient des
relations de société? R. Oui, M. le président, et de
très-agréables.
D. Vers l'époque des fêtes de septembre n'avez-
vous pas eu une conversation avec Parys en sortant
du café Suisse, conversation qui a été entendue par
le général Duvivier? R. A l'époque des fêtes de
septembre je n'étais pas Bruxelles, j'ai eu des
doutes d'abord sur ce point, mais l'hôtel de Suède
où je descends toujours j'ai vérifié le livre des voy
ageurs, je n'y suis pas porté.
M. l'avocat-général. Ne serait-ce pas avant ou un
peu après? R. Je ne suis pas venu Bruxelles de la
fin du mois d'août la fin de l'année.
M. le président. Pouvez-vous affirmer que cette
conversation n'a pas eu lieu? Je 11e me le rappelle
pas, et si elle avait eu lieu, je me la rappellerais
entièrement.
M. Van den Plas, gérant du Lynx. Ce témoin
condamné par arrêt du 14 avril i8.3M, pour calomnie,
6 mois de prison et dix ans d'interdiction des droits
mentionnés l'article 4a du code pénal, ne prête
pas serment.
M. le président. Le témoin a été d'abord inculpé
comme avant participé au complot: il a été mis hors
de cause par ordonnance de non lieu. Témoin, vous
êtes parent du major de Saegher
Le témoin. Malheureusement il est mon cousin
germain.
Le témoin déclare n'avoir eu aucun rapport avec
le major de Saegher relativement au complot. De
Saegher est venu seulement en liSSî lui raconter que
son fils avait déserté en Hollande et qu'en cas de res
tauration, il aurait ainsi un appui en Hollande; le
major a également parlé au témoin d'une place de
commandant des pompiers qu'il avait sollicité ainsi
que de celle de directeur la Cambre.
ta cocher Friard, rappelé croit reconnaître
M. Van den Plas pour l'avoir conduit dans la soirée
du 29 octobre avec le cocher du général Vànder
meere.
Le témoin nie ce fait.
M. Schaumans. Le major de Saegher est venu me
trouver en i838; il m'a dit que son fils sergent-
major avait emporté l'argent de la compagnie et
qu'il me suppliait de lui prêter de quoi payer le dé
ficit je lui ai prêté je crois 35o fr., il m'a rendu en
1889, i3o fr., le reste n'est pas payé.
M" Jamar. Il est prouvé que le fait relatif au fils*
du major est faux; on appréciera la moralité d'un,
témoin qui spécule pour avoir de l'argent sur l'hon
neur de son fils.".
Mlle SidonieGuérin, domestique chezl'intendant-
militaire Parys.
Ce témoin n'a vu venir chez sou maître que
MM. Vàndermeere et Vandersmissen. Elle ne connaît
aucun des autres accusés et n'a pas vu non plus
venir M. .fortes, le 28 octobre.
L'audience est suspeiflue midi et reprise midi
et demi. i
M. Legrelle, bauquie* Bruxelles.
Le général Vàndermeere. Je prie le témoin de dé
clarer si je ne lui.ai pas payé au mois d'août dernier
une somme de #7,000 fr.
Le témoin. Oui.
M. le président. Vous étiez en relations d'affaires
avec l'accusé Vàndermeere? R. Non, c'était pour un
tiers. D. Vous connaissez le général Vàndermeere
et vous le regardez comme solvable? Comme très-
solvable.
Le général Vàndermeere. N'ai-je pas payé au
témoin une autre somme de 20,000 fr.? R. Une
somme de 22,211 fr.
MeTheyssens. Il s'agissait d'une contestation qui
a été jugée par la cour, l'affaire était relative la
famille Lichtental; personnellement M. Vànder
meere ne devait rien, mais la cour a jugé qu'il
devait payer au tiers porteur de bonne foi qui était
M. Legrelle. La somme a été payée.
M. l'avocat-général. Le général Vàndermeere ne
vous doit-il pas encore 20,000 fr.? Non.
M. l'avocat-général. Je tiens en main le relevé des
inscriptions hypothécaires sur ledotnainede Poslcl
et j'y vois au nom de M. Legrelle une inscription
pour une somme de 20,000 fr., la date du a5 août
184°.
Le témoin. La somme de 20,000 fr. m'a été payée
au mois d'aoûtc'est M. l'avocat Tlieyssen qui m'a
remis les 20,000 fr.
M. Gérardsubstitut de M. l'auditeur-général
près la haute-cour militaire.
M. le président. Sur quoi les défenseurs veulent-
ils que le témoin soit interrogé?
M° Roussel. Sur la note écrite d'après la déposi
tion du major Kessels.
M. Gérard. A l'époque, je crois des fêtes de sep
tembre, le major Kessels était venu Bruxelles sans
permission; le ministre le sut et me parut surpris
du voyage de M. Kessels, dans un moment où il
courait des bruits de conspiration. Le ministre sut
que Kessels avait vu différentes personnes que l'on
disait s'occuper du complot; il sut même de quelle
nature avait été la conspiration. J'étais dans le cabinet
du ministre lorsqu'on lui annonça le major Kessels,
soit qu'il l'eût fait demander, soit que Kessels lut
venu spontanément. Le ministreétait dans un certain
embarras,il 11e savait pascomment il devait recevoir
Kesselset s'il devait tout d'abord lui parler des
bruits qui couraient; pour sortir d'embarras, il lui
fit dire par l'huissier de revenir midi. Je crois que
dans cette première entrevue Kessels ne fit que des
révélations vagues, ne parla que d'un homme qu'il
avait rencontré et qui lui avait dit que l'on devait
mettre le feu quelques bâlimens, et en particulier
l'hôtel du bourgmestre. Le ministre donna
Kessels l'ordre départir, le soir même, parle chemin
de fer il fit même surveiller son départ par un
officier de la place.
Au mois d'octobre, il y eut des promotions dans
l'artillerie, on avait nommé trois lieutenants-colonels
moins anciens majors que Kessels, il demanda
venir Bruxelles pour exposer ses doléances la
permission lui fut donnée. C'est ce second voyage
qu'il donna a 11 ministre des explications plus précises;
eu les donnant il avait une note la main le ministre
était pressé,il lui dit: laissez-moi votre note je vous
la renverrai. Kessels y consentit et le ministre m'a
dit de copier la note qui a été réclamée plus lard par
Kessels et qui lui a été rendue.
Le témoin reconnaît la note jointe aux pièces.
M. le président. Vous avezeu des relations intimes
avec le ministre de la guerre: savez-vous qu'il y ait
eu des sommes données pour provoquer un complot,
ou pour provoquer des révélations? R. Non, certaine
ment, le ministre n'avait pas de fonds pour cela;
il avait fait supprimer de son budget la somme de
20,000 fr. allouée jusque là pour des dépenses se
crètes et je l'ai entendu plusieurs fois regretter
l'abapdon qu'il avait l'ait de cette somme, dont quel
ques parties auraient pu lui être nécessaires dans
cette occasion ainsi je me rappelle que quand nous
apprîmes que le major de Saegher avait remis
M. le juge d'instruction les cinq pièces de dix florins
qu'il avait reçues, je dis au ministre: Ce pauvre
major de Saegher n'est pas heureux, il a dû lui en
coûter de lâcher ces cinq pièces, il faudrait bien avi
ser au moyen de les lui rendre; le ministre m'a dit:
Je suis bien fâché, mais je n'ai pas de fonds.
D. Ainsi rien n'a été promis ni donné de Saegher
ni Kessels? R. Rien: il y a eu des promotions
depuis dans l'arme de l'artillerieet le major
Kessels n'y a pas été compris. Quant de Saegher
c'est M. le ministre des affaires étrangères qu'il
s'est adressé d'abord et le ministre de la guerre ne
l'a su qu'assez tard il paraît même que de Saeger
avait demandé que son nom 11e fût pas connu, mais
le véritable révélateur n'a pas figuré sur les bancs de
l'accusation, c'est Chaumont: le jour des arrestations,
de très-bonne heure le malin, Chaumont a demandé
au ministre delà guerre uneconférence très-secrète;
il disaitque sa vieendépendait. C'eslChaumontqui a
révélé que l'on fondait des boulets chez Werry que
les canons étaient déposés chez un nommé Tilmont
ou Guilmont; que des poudres avaient été achetées
et portées Etterbeekil ajoutait que les auteurs du
complot savaient que le gouvernement était instruit
de tout et qu'iIsallaient s'occuper de faire disparaître
toutes les pièces accusatrices.
Le ministre était embarrassé, il voulait d'abord
aller chez le procureur du roi, mais il avait si peur
qu'on l'accusât d'avoir fomenté un complot, qu'il se
disait: si j'allais dire qu'il y a des boulets et que l'on
n'en trouve pas, on prétendra que c'est moi qui ait
imaginé cela.
Le ministre prit une vigilante, emmena avec lui
son huissier de salle, se rendit chez Werry, vit fon
dre les boulets, et alors il avertit M. le procureur du
roi, et tout fut saisi.
M. le président. Le ministre a t-il donné quelque
argent Chaumont? R. Oui, je crois qu'il lui en
donna.D. Vousavezentendu parlerdes personnes
qui étaient désignées comme devant faire partie du
complot? R. On a nommé beaucoup de monde le
général Vàndermeerele général Vandersmissen,
puis le frère Vandersmissen, Parent, Parys quant
de Créhen je n'en ai entendu parler que plus lard
et propos des révélations qu'il a faites M. Hody.
L'accusé Parent. Puisque mon nom vient d'être
prononcé je dirai que le témoin a engagé avec moi
une polémique dans les journaux, je ne m'en suis
pasencore occupé, mais je m'en occuperai plus tard.
Le témoin. Je n'ai engagé de polémique avec per
sonne et encore moins avec l'accusé.
M" Bartels. Beaucoup d'officiers ont été désignés;
n'a-t-on pas nommé plusieurs officiers des guides,
des généraux, d'autres personnes.
M. Gérard. On a nommé beaucoup de personnes,
on a parlé d'un gouvernement transitoire dont
devaient faire partie M. Gendebien, M. Metdepen-
ningen et autres.
M" Bartels. N'y avait-il pas des militaires par cen
taine, les généraux Nypels...
M. le présidant.JToutes ces personnes ne sont pas
en cause.
M.Gérard. Au surplus il y a au ministère une
note de Chaumont, il y a même sur cette note de
l'écriture du ministre; il est probable que Chau
mont n'écrivant pas assez vite le ministre aura pris
la plume et aura écrit.
M. le président. Pourriez-vous apporter celte note?
R. Oui, sans doute.
M. le président. Veuillez l'apporter demain.