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NOUVELLES DIVERSES.
COUR D ASSISES DU BRABANT.
rien n'aurait été exécuté, avec eux il y a eu
complot, il y a eu crime et condamnation
mort
On objecte que la police est un mal néces
saire que tout gouvernement est obligé de
subir. Mais ce n'est pas la police que nous
prétendons flétrir; elle est utile et elle n'est
point un mal. D'un autre côtécomment un
mal pourrait-il être nécessaire Ces deux choses
ne s'excluent-elles pas? On disait, il y a un
siècle, que la question était un mal nécessaire
et cependant elle a été abolie pour le bien de
l'humanité. On en a dit autant de la peine de
mort pour crime politique et cependant elle est
abolie par l'opinion. Ne peut-on pas prévoicTle
même résultat favorable si un gouvernement
était assez heureusement inspiré pour moraliser
la police, épurer son personnel et ses actes Il
est en Belgique des journaux plus catholiques
que l'Eglise ces journaux nous débitent d'hy
pocrites homélies sur l'immoralité littéraire et
la licence de leurs concurrents. Ils devraient
plutôt s'élever contre l'immoralité administra
tive, Cette dernière est plus flagrante, plus
pernicieuse et plus scandaleuse. Il est vrai que
cela ne diffamerait pas la concurrence et par
conséquent ne rapporterait rien. Précurseur
Dans la cause criminelle, soumise il y a peu
de temps la cour d'assises, le président flvait
posé 141 questions.
Le président du jury a émargé chacune de
ces 141 questions d'une réponse.
Ces 141 réponses ne pouvaient, ou au moins'
ne devaient être que le résultat de 141 délibé
rations suivies chacune d'un scrutin secret
chacun des 12 jurés a donc dû recevoir 141
fois un bulletin ouvert effacer sur chacun de
ces 141 bulletins les mots oui ou nonles re
mettre, au fur et mesure de chaque scrutin
au président, après les avoir fermés. Le pré
sident a dû déposer 141 fois 12 bulletins dans
l'urne ce destinée procéder 141 dépouil-
lemens et consigner après chaque dépouille
ment, 141 fois le résultat en marge de la question
résolue.
11 est d'une évidence notoire que la lecture
de la question résoudre, la délibération, le
scrutin son dépouillement et l'énonciation de
la décision en marge de la question ne peuvent
avoir lieu quelque puisse être la dextérité du
président du juryen moins d'un espace de 3
minutes. Douze personnes réunies peuvent con
stater cela volonté.
Or, 141 fois 3 minutes, fait 423 minutes, ce
qui est égal 7 heures 3 minutes, il est cepen
dant de notoriété publique que le jury n'est
resté réuni que pendant 2 heures environce
qui fait moins qu'une minute par question
résolue.
Chaque lecteur pourra apprécier quel est le
résultat nécessaire de ce simple calculmathé
matiquement incontestable. Lynx
En présence du verdict rendu par le jury,
qui déclare le sieur de Crehen coupable dans
l'affaire du complot, mais admis jouir du bé
néfice de l'art. 10B du code, du chef de révé
lation, les blessés de septembre se sont réunis
au local de la société et ont arrêté une protes
tation adressée M. le ministre de l'intérieur,
tendant faire interdire au dit de Crehen le
droit de porter l'uniforme de commandant du
corps, et de garde conservateur du monument
de la place des Martyrs. Émancipation
On écrit de Mons, 26 mars
Hier, le conseil de guerre du Hainaut, séant
Mons, s'est occupé de l'affaire charge du
soldat d'artillerie Romelaert, appartenant la
garnison de Tournay, prévenu d'insubordina
tion. Les voies de fait dont Romelaert s'est ren
du coupable envers son brigadier, ayant été
prouvées, il a été condamné la peine de mort.
AFFAIRE DU COMPLOT.
Présidence de M. Lepage.
Audience du 2i mars. [Suite.)
fieghers vous a confessé àjurie seconde'audience
dans une seconde déposition, qu'il avait trahi l'hom
me auquel il avait donné l'hospitalité; mais il ne
vous a pas tout dit il lui a fallu venir vous avouer
qu'il s'était approché de cet homme, qu'il avait reçu
chez lui, pour lui soustraire son, portefeuille et lui
prendre cet argent qu'il a dépensé apçès l'avoir reçu
comme un dépôtçonfiéen son honneur. Le ministère
public a pourtant fait usage de la déposition
dé ce témoin quand je l'ai entendu" l'invoquer, il
m'a vraiment semblé voir se réveiller les vieilles
ombres des vénérable»magistrats de l'ancien conseil
du Brabant et lui dire: Ce ne sont'pas là les'lradi-
tions que nous avons léguées; jamais par nous, jamais
un témoignage déshonoré n'a été' admis par nous.
Quedirais-je maintenant dès 61 oo fr. que M. Parys
avait en sa possession? Lejminislère public fait un
crime M. Parys d'avoir eu G'ioo fr. en sa possession.
En matière d'argent je récusé le ministère public.
M." Vandermeere suivant lui est gêné donc il est
conspirateur. M. Vaudersmissen a changé plusieurs
billets de ooo.fr., donc il est^conspiraleur. Entre
ces deux hypoiîtèses je ne sais pà^ choisir. Je trouve,
tùoi, très natùlpél que M. P«a'ys pourvu d'un emploi
d'une aisance relative, merïàcé de poursuites, de ces
poursuites qui se'terminent souvent par l'exil, ait
.'mis sur lui, dans un'portefeuille, tout ce qui avait
d'argent transportable. Je ne puis me décider voir
là un é-vénement,de conspiration.
Messieurs, ;na fâche serait terminée, si je n'avais
.pas répondre des analogies cherchées très-grand
tort par le jVimislèrq-'public dans un pays voisin, je
dis très-granjl-tort, messieurs, car j'ai le droit de
me montrer sévèreje défends une tête.
11 n'est pas permis de comparer en matière de
procès politique la Belgique la France. En Belgique
les procès politiques ont toujours été réprouvés par
l'opinion publique; en Belgique le sang versé sur les
échafauds politiques a toujours trouvé des mouchoirs
pour le recueillir religieusement. Dans ce palais où
je parle, l'ancien palais du cardinal de Granvelle, des
condamnations politiques ont été prononcées, et
personne n'aborde sans émotion la Grand'PIace où
planent encore les ombres révérées des comtes de
Home et d'Eginont.
La révolution de i83o a été sobre de procès poli
tiques, Ernest Grégoire a été acquitté et il tirait le
canon contre la nationalité belge. Le jury a compris
ce que sont des actions conçues dans un moment de
fièvre, et la fièvre produit le délire. Le procès créé
a été une faute, et une grande faute politique le
gouvernement s'est aliéné un pays voisin, jamais le
roi Guillaume ne pardonnera l'introduction de son
nom dans celte affaire.
Voici, messieurs, comment la place du minis
tère, je me serais conduit: J'aurais tout simplement
employé la science du bon homme Richard: Des
hommes comme de Créhen, comme Kessels,comme
de Saeger seraient venus me dire que MM. Vander-
meere, Vandersmissen et Parys conspiraient, j'aurais
fait venir chez moi ces messieurs et je leur aurais
dis, Messieurs, on vous accuse de conspirer, est-ce
vrai? Non, M. le ministre. Me donnez-vous
votre parole d'honneur que vous ne conspirez pas?
Oui, M. le ministre. Dans ce cas tout est dit
venez dîner avec moi. (On rit.)
Et tout eût été terminé en effet, et un grand scan
dale aurait été épargné notre pays. Car, messieurs,
je rougis de ce procès pour mon pays, il nous dé
moralise aux yeux de l'étranger.
Le ministère public vousa dit, invoquant toujours
des exemples étrangers: L'acquittement de Stras
bourg a causé l'émeute de Boulogne.
C'est une erreur, messieurs, jamais un acquitte
ment n'est un malheur, le malheur c'est la condam
nation d'un innocent. On peut revenir sur un
acquittement, on ne peut pas revenir sur une con
damnation.
Messieurs, le complot, le prétendu complot qui
vous occupe est le résultat d'un besoin politique;
la justice n'a rien voir là, j'ai la ferme confiance,
messieurs qu'une condamnation ne viendra pas
terminer une carrière de trente ans de bons services
et de cinquante-neuf ans d'honneur. Quant moi,
j'ai rempli mon devoir, vous saurez aussi, messieurs,
remplir le vôtre.
Nous ne donnerons pas les plaidoiries des
défenseurs de tous les accusés. Les moyens
qu'ils font valoir sont les mêmes avec quelques
légères différences. De Créhen seul se trouvait
dans une position particulière qui rendait très-
épineuse celle de son avocat, et nous trouvons
que Me Hendrickx s'est acquitté d'une manière
remarquable de cette tâche difficile.
Un savant, M. Brittan, vient d'être victime
Londres, d'un essai fait par lui dans l'intérêt
de la science. Auteur d'un ouvrage sur la chi
mieil voulait avant de l'achever, constater
jusqu'à quel point un homme pourrait sans
danger, respirer une quantité donnée de gaz
hydrogène. 11 en fit l'essai sur sa propre per
sonne, et en fut malheureusement la victime.
Un malaise général suivi d'une stupéfaction
complète se déclara bientôt, et, en dépit de
tous les secoursdel'art qui lui furent prodigués,
.il mourut au bout de quelques heures, par
suite d'un dangereux essai auquel il s'était livré.
Les nouvelles de St-Pétersbourg annon
cent que l'empereur de Russie se propose de
célébrer dignement Pétershof son jubilé de
noces de vingt-cinq ans, qui arrive le 13 juillet
prochain. 11 paraît que les fêtes seront gran
dioses on y aurait déjà destiné la somme
énorme d'un million de roubles. On attend
cette époque plusieurs hôtes de I Allemagne,
et entr'autres le roi de Prusse.
Un voyage géologique, fait récemment
dans l'ouest de la France, a donné lieu des
observations assez curieuses sur les effets des
atterrissemens dont nos côtes, principalement
dans la Vendée et dans l'ancien Poitou ont éu
souffrir depuis moins d'un siècle. Ces atter
rissemens sont tels, qu'un vaisseau anglais de
64 canons, échoué vers le milieu du siècle der
nier sur le banc des Retraites des œuvres, est
aujourd'hui au milieu d'un vaste champ cultivé.
La nouvelle de l'abdication prochaine du
roi de Hanovre et de sa résolution de résider
Berlin prend chaque jour plus de consistance, il
en est de même de la nouvelle du mariage pro
jeté entre le prince royal de Hanovre et la fille
du duc de Desseau.
C'est aujourd'hui la fête de l'annonciation;
un vieux dystique menace l'Angleterre de(quel-
que grand désastre lorsque cette fête écheoit
un Vendredi-Saint. Voici ne dystique qui est
populaire en Irlande et qui est regardé dans ce
pays comme une prophétie menaçante pour
l'Angleterre
Lorsque Notre-Seigneur s'asseoit sur la robe
de Notre-Dame
Que l'Angleterre craigne une catastrophe.
Wheii raylord sits on my lady's hap
Let England beware of a great sleap.
On a reçu Bruxelles des lettres de la
commission belge partie pour la Vera-Paz dans
un but d'exploration. En voici quelques ex
traits qui ne sont pas sans intérêts
Golfe de Honduras, G janvier.
Après vingt-six jours de navigation, moncher A.j
partir de Ténériffe, nous sommes arrivés notre
destination. Pendant ces vingt-six jours, le temps a
été superbe, la mer tranquille et le vent toujours
l'est, de sorte que nousavons fait bonne roule. Tout
le monde se porte bien.
Depuis deux jours nous avions en vue, la côte
nord de l'Amérique méridionale (côtes de Mosquilos
et de Honduras). Nous l'avons longée d'assez près
pour apercevoir quelques détails tout ce terrain
est accidenté, on aperçoit des étages successifs de
montagnes dont les plus reculées paraissent très-
élevées: partout le terrain est couvert de bois et les
arbres croissent jusqu'au bout de la mer, les racines
et une partie du tronc baignent dans l'eau rien
n'est plus beau que l'aspect de cette côte, et quand
on songe l'aridité des terrains aux approches de
la mer dans notre pays, même plusieurs lieues de
dislance, on se sent émerveillé de celte richesse et
de cette abondance d'une végétation vigoureuse et
variée l'infini.
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