NOUVELLES DIVERSES.
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EXTÉRIEUR.
FRANCE.
octobre 1341 n'a pas tardé s'évanouir. Un
arrêté royal en date du 29 mars et contresigné
par M. Van Volxem, ministre de la justice, nous
réservait le triste spectacle dont toute notre
ville a été témoin ce matin. Le roi pouvait sau
ver la tête d'un homme; il ne l'a pas voulu.
Inclinons-nous devant sa volonté suprême.
Vendredi, vers cinq heures du soir, le geôlier
de la maison de sûreté civile et militaire a an
noncé au condamné la fatale nouvelle. Il la reçut
sans trop d"émotion et versa seulement quel
ques larmes. Peu après se présentèrent M, Cor-
bisier, substitut du procureur du roi, M. le juge
ScauflaireM. Huart, commis-greffier. Des
camps qui se trouvait alors dans le chauffoir
de la prison et qui prenait un verre de bière
avec un de ses gardiens et le cantinier, se leva,
salua ces messieurs, et là, Ihorrible nouvelle lui
ayant été confirmée, il se borna répondre que
c'était bien malheureux pour lui d'avoir langui
pendant cinq mois dans une pareille anxiété.
Ces messieurs se retirèrent. Le condamné était
calme. Il parait que depuis l'arrêt de la cour
d'assises Descamps recevait souvent les sa,cré-
mens. Le jour même, il s'était confessé l'au
mônier de la prison, M. Jadot. mais celui-ci ne
lui avait rien révélé II a passé la nuit fort tran
quillement, a entendu une messe un peu avant
minuit et une autre le lendemain six heures
du matin. A sept heures il demanda voir trois
détenus ses camarades et sa demande ayant
été accueillie, on les fit chercher. Descamps
après les avoir embrassés avec effusion se dé
tourna bientôt pour cacher quelques larmes.
Lorsque l'aumônier vint lui annoncer que sa
dernière heure allait sonner, il se borna ré
pondre qu'il était prêt; les exécuteurs entrèrent
et procédèrent immédiatement la toilette du
condamné A huit helirès moins quelques mi
nutes, Descamps, escorté d'un nombreux piquet
de gendarmes, arrivait sur la Granù'Place, dans
la voiture de service pour les accusésoù se
trouvaient l'aumônier de la prison et M. l'abbé
Cocqueletqui en descendirent les premiers.
Descamps montant lentement les degrés de
l'échafaud soutenu par l'exécuteur, embrassa
plusieurs reprises les deux vénérables ecclé-
siastiquefîqûi I assistaient ses derniers mornens,
et fut placé sur la fatale bascule.
Une seconde après, justice, comme on dit,
était faite. Le peuple s'écoulait lenlement.il ne
restait de cette terrible exécution qu'un peu de
sang sur les pavés de la place; un profond sen
timent de compassion pour le supplicié, et de
réprobation éclatante contre une peine qui aurait
dû disparaître du code en même tems qu'elle
disparaissait de nos mœurs.
Depuis le 21 novembre 1323, notre ville n'a
vait pas été le théâtre d'une exécution capitale.
Le commerce fait entendre un concert una-
nimede louangesetde bénédictions en l'honneur
de M. Desmaisières. On lit dans le Journal de
Flandres
Les nouveaux tarifs de M. Desmaisières sur
le transport des marchandises portent déjà leurs
fruits.
La diminution Gand seulement des mar
chandises transportées est de plus des trois
quarts, et àCourlrai le mouvement a été négatif.
Nous apprenons que déjà deux services de
diligence, l'une sur Courtrai, l'autre sur Bruges
sont la veille de s'établir. Mais qu importe?
demain peut-être le caprice ministériel défera
le système en vigueur aujourd'hui et ainsi pour
les nouvelles entreprises il n'y aura ni chance
de duréeni garantie de stabilité de sorte
qu enfin de compte tous seront mécontents.
Le 6 dr, vers onze heures du malinla cour
d'appel a fait une perle irréparable dans la per
sonne de son vénérable premier président Jean-
Gérard Vanhoogten. Il était âgé de 34 ans, et
né Givelecanton de Turnhout, province
d'Anvers. Jurisconsulte profond il avait occupé
pendant plusieurs années la chaire de professeur
de droit civil l'ancienne université de Bruxelles
qu'il n'a quittée qu'à sa suppression pour re
prendre la robe d'avocat qu'il a toujours portée
avec distinction. Il emporte dans la tombe les
regrets de la magistrature et du barreau.
Observateur
On écrit de Bruxelles:
Hier, 2 heures, a eu Jjeu la nouvelle
ville Léopold, la bénédictiôn et la pose de la
première pierre de l'église St-Joseph son émi-
nence le cardinal-Archévêque de Malines est
venu bénir la clef de voûte de l'église, érigée
par la Société Civile, fondatrice de la nouvelle
ville.
Le soleil ayant favorisé cette cérémonie, non-
seulement toutes les autorités y ont assisté,
mais une grande affluence de monde s'y était
rendue.
Au moment où S. Exè. le cardinal archévê-
que de Malines s'est approché de l'enceinte, M.
le comte de Meeus, gouverneur de la Société
Générale, lui a adressé un discours.
Lorsque M. Verhaegen fit connaître la tri
buneque l'armée comptait au-delà de trois
mille hommes dans les prisons, ce chiffre parut
si exhorbitantà beaucoup de personnes, qu'elles
eurent de la peine ajouter foi aux calculs de
l'honorable débuté. La rébellion qui vient d'a
voir lieu la prison militaire d'Alost. est venue
nous révéler que pette prison contient elle
seule, treize cents détenus militaires. Il faut
conclure de là que les allégations de M; Ver-
haeghen avaient une douloureuse exactitude.
Pour peu que ce malheureux état de choses
empire encore, la moitié de l'armée devra servir
pour garder en prison l'autre moitié.
La révolte d'Alost a inspiré une si forte ter
reur aux autorités militaires, qu'elles ont cru
nécessaire d'envoyer une grande partie des gar
nisons de Gand et de Bruxelles pour l'étouffer.
[Journal de Bruges.)
On nous assure qu'à l'occasion du septième
anniversaire du duc de Brabantil y aura des
promotions dans presque toutes les armes, M. le
ministre tenant combler les vacatures exis
tantes. Nous ne pouvons qu'approuver cette me
sure qui aura pour résultat de procurer des
officiers qui en sont dignes sous tous les rap
ports l'avancement qu'ils attendent depuis
longtemps.
Si nos renseignements sont exacts, S. A. R.
le duc de Brabant recevrait son premier grade
dans l'armée comme sous-lieutenant dans le
régiment d'élite. [Idem.)
SÉNAT.
Le sénat s'est réuni le6 drà 3 heures. M. Malou-
Vergauwen a demandé la parole pour une mo
tion d'ordre il a fait observer que depuis l'in
troduction du nouveau tarif pour le transport
des marchandises, le bureau de Courtrai n'en a
plus reçu, et qu'au bureau de Gand les recettes
ont diminué de plus de moitié. Il a cru devoir
appeler l'attention du gouvernement sur un état
de choses qui lui paraît pouvoir devenir très-
préjudiciable pour le trésor.
M. le ministre des finances a répondu qu'il
regreltaitque M. le ministre des travaux publics
ne fût pas présent, mais que cependants'il
devait en croire les renseignemens que lui a
fournis son collègue, les recettes au lieu de
diminuer augmenteraient. Il a ajouté que du
reste 1 introduction de ce nouveau tarif était
trop récente pour qu on pût être déjà fixé sur
ses résultats.
Le sénat s est ensuite formé en comité secret.
On écrit de Douai, 31 mars
Une jeune couturière, âgée de 18 ans, tra
vaillait, il y a quelques jours, en tenant une
épingle dans sa bouche, lorsqu'une envie de
tousser lui étant venue subitement, elle avala
cette épingle et sentit ensuite, dans le gosier,
puis dans l'estomac, des douleurs qui donnèrent
de vives inquiétudes sa famille.
M. le docteur Tayant été consulté sur
cet accident, fit avaler de l'huile la jeune fille
et lui ordonna un repos complet. Très-heureu
sement l'épingle a pu, après trois jours d'attente
et de transes, traverser les intestins sans les
offenser; Ce résultat est d'autant plus satisfaisant
que le séjour de cette épingle dans le corps de
cette jeune fille était pour elle une question de
vie ou de mort.
un poisson d'avril. On écrit de St-Péters-
bourg, qu'un ouvrier Polonais, natif de Craco-
vie, vient de faire une découverte qui rendra
désormais inutiles le gaz et toutes les matières
combustibles propres l'éclairage. Après de
nombreuses expériences, il est parvenu trou
ver le moyen d'absorber les rayons du soleil et
de les mettre en bouleille de manière que cha
cun poiirra faire sa provision d'hiver. L'inventeur
compte établir des dépôts dans toutes les prin
cipales villes de l'Europe.
La discussion générale sur les crédits supplé
mentaires qui a commencé hier la chambre
des députés a été fort courte.
Le chapitre qui concerne les affaires étran
gères a donné lieu une assez longue discussion,
où s!est surtout agitée la question de savoir
quelle était la signification de la mission de
M. Piscalory Auprès'du gouvernement grec.
M. Guizot,{M. Glais-Bizoin et M. Piscatory lui-
mêmè ont tour-à-lour pris la parole. Il paraît
résulter des explications ministériellesque
notre envoyé extraordinaire a complètement
réussi.
Le débat sur les affaires de l'Algérie s'est
ouvert par l'inévitable discours de M. Desjobert.
M. Desjobert reste invariablement le même.
C'est chaque Année la même ironie longuement
et pesamment renouvelée c'est toujours les
mêmes aperçus sardonniques les mêmes sta
tistiques des pompes funèbres, c'est toujours
Alger pris rebours.
Un incident très-remarquable a signalé la fin
de celte séance. M. Thiers a pris la parole après
M. de Courcelles. IL n'a traité qu un point de
la question d'Alger, mais ce point est de la
plus grande importance. Il a demandé au minis
tère si son intention était de faire d'Alger un port
commercial et militaire. L'orateur doute de la
volonté du cabinet, car, depuis bientôt deux
années, c'est peine si quelques mètres de jetée
ont été ajouLés aux travaux faits avant l'avène
ment du cabinet actuel. Pourquoi cette inertie?
Deux plans, il est vrai, sont en présence; mais
l'administration du 1er mars avait déjà décidé
la question une lettre adressée par le maré
chal Soult aux ponts et chaussées indiquait que
le ministre était tout fait de l'avis de son
prédécesseur. Pourquoi donc n'a-t-on rien fait
ou presque rien? M. Thiers craint quil ny ait
des engagemens pris avec l'Angleterre, et que
l'ombrage que lui porte l'établissement mari
time de la France sur la côte septentrionale de
l'Afrique n'ait fait hésiter le ministère. Du reste
l'habile orateur a parfaitement expliqué, de
manière être compris de tout le monde,
quels avantages aurait pour nous la création
d un port Alger, et combien la non-exécution
de cette mesure pourrait nous être fatale, si la
guerre venait nous surprendre.
M. le maréchal Soult a fait M. Thiers une
réponse assez confuse. Le mot de politique ar
rivait dans celte réponse sans qu'il fût possible
de comprendre quel sens le ministre y attachait.
II a plus tard tant bien que malexpliqué ce
mot, en déclarant que jamais la France ne
prendrait l'avis de ses voisins pour régler des
affaires qui la concernent seule. Cela est bien
mais alors pourquoi le port d'Alger n avance-l-il
pas? Le ministre déclare que l'argent seul lui