3
ANGLETERRE.
ESPAGNE.
terminer se? études, sera nommé capitaine dans
un des régimens d'infanterie de la garnison de
Paris.
On lit dans la France
Les Etats-Unis menacent l'Angleterre
Le cabinet des Tuileries menace l'Espagne
L'Angleterre menace la France
On ne s'entend plus sur rien entre gouverne-
mens constitutionnels, ni sur les traités ni sur
les mariages.
Les Etats-Unis s'insurgent contre le droit de
•visite que l'Angleterre met en demeure le gou
vernement de juillet d'accepter et de subir,
malgré les chambres.
L'Espagne redoute les effets de la protection
anglaise Espartero veut marier Isabelle et hé
site signer le traité de commerce.
Se gourmandera-t-on en silenceou bien se
baltra-t-on
La guerre paraît devoir être le seul dénoue
ment de celte anarchie.
De quelcôté viendra le premier coup de canon?
Une feuille ministérielle du soir annonce
comme certaine la mort de M. Aguado, atteint,
dit-elle, d'une attaque d'apoplexie foudroyante,
peu d'instants après son arrivée Gijon.
On a reçu des détails sur les causes dè la
mort de M. Aguado. M. Aguado était le 7 de
ce mois Oviédo, où il est resté jusqu'au 11. Le
11 il partit d'Oviédo pour se rendre Gijon,
en passant par une roule qu'il avait fait con
struire dans les montagnes des Asluries. A peine
y fut-il engagé avec ses deux voitures, qu'une
bourrasque affreuse, mêlée de neige, intercepta
les communications. 11 fut impossible aux voi
tures d'avancer malgré les efforts d'un grand
nombre de montagnards, qui cherchaient dé
blayer la roule. M. Aguado renvoya ses équi
pages Oviédo et résolut de se rendre pied
Gijon. Cette imprudence lui a coûté la vie. Le
froid, la fatigue, la neige dans laquelle il a ris
qué plusieurs fois de se perdre, l'exténuèrent,
et ce ne fut qu'à grand'peine qu'il put s'abriter
chez un curé, après plusieurs heures d'une
marche semée de danger. En arrivant Gijon,
accablé de fatigue et de froid il se trouva su
bitement incommodé, et, malgré tous les soins
empressés de son médecin de son frère et de
quelques amisil succomba bientôt après
frappé d'une attaque d'apoplexie foudroyante.
Malgré les détails qui précèdent, on as
surait hier au soir que la famille de M. Aguado
n'a jusqu ici reçu aucune nouvelle qu'on puisse
considérer comme certaine concernant sa mort,
annoncée si positivement. Quelques rapproche-
mens faits sur les dates et les distances font
naître des doutes sur l'exactitude de cette nou
velle.
On prétend que M. Aguado dont les
journaux annoncent aujourd'hui la mort, possé
dait une fortune de plus de trois millions de
rentes. Il laisse deux filsdont l'un l'accompa
gnait en Espagne et qui a reçu son dernier
soupir.
M. Aguado possédait une des galeries de ta
bleaux les plus riches en, originaux que l'on
puisse trouver en Eurppe. L'acquisition des
chefs-d'œuvre qui en font partie lui avait coûté
plus de dix millions de francs,
- Plusieurs journaux annoncent la mort de
M. le prince d'Eckmul, fils du maréchal Davoust.
On.écrit de Toulon en date du 16que
les vaisseaux le Friedland. le Jemmapesla
Ville de Marseille et le Généreuxcommandés
par MM. Cosman Dumanoir Legourant de
Tromelin Quernel et Craeb capitaines de
vaisseau, ont reçu l'ordre de disposer promp-
tement gagner le large. Celte division navale
serait destinée aller faire une démonstration
contre l'empire de Maroc,
On lit dans le Mémorial Bordelais
Un événement qui pouvait avoir les suites
les plus graves est arrivé avant-hier 5 heures
au chemin de fer. Le convoi arrivait de Passac,
et par la suite de la non-altêntion du conduc
teur, la.marche de la locomotive n'avait point
été ralentie, de sorte que la lancée avait la force
ordinaire, elle s'est heurtée contre les bôùloirs
en chêne qui servent de barrière au Parapet.
Le choc a été si violent, que les boutoirs garnis
de fer ont été brisés, que le Parapet lui-même
a été ouvert et que des pierres et poutres sont
tombées sur le chemin en contre bas du
Parapet.
Par un miracle heiareux la locomotive au
moment du choc a reculé sur elle-même, et le
convoi s'est arrêté'sans que personne fut blessé.
Des mesures ont été prises pour éviter le re
nouvellement de pareils accidents.
Une lettre dun officier de l'armée; publiée
par le Times de lundi, confirme les nouvelles
données sur le désastre de l'Afghanistan, dont
les annales militaires, dit-il, n'ont jamais rien
offert de plus terrible; il ajoute que les 13
dames d'officiers qui ont été ramenées Caboul
par les naturels ont dû payer pour leur rançon
une somme de 10,000 livres sterlings, qui a été
soldée par un négociant de Delhi, résidant dans
cette place. Nous avons reçu hier (10 février)
la proclamation du nouveau gouverneur géné
ral, où il est dit qu'il se dispose reprendre
Caboul et porter le fer et la flamme travers
l'Afghanistan. Deux années au moins seront
nécessaires pour mettre ces projets exécution.
Un premier renfort de 6,480 hommes va
partir des ports anglais pour l'Inde; 34 navires
sont frétés par le gouvernement pour le trans
port de ces troupes.
On écrit de Londres
La chambre des Lords a eu délibérer le 18
de ce mois sur la première question importante
qui lui ait été soumise depuis l'ouverture de la
session, nous voulons parler du bill des céréa
les, déjà adopté par la chambre des communes.
La discussion sur la seconde lecture a eu pour
résultat d'assurer l'adoption du bill, car une
motion d'ajournement six mois, a été rejetée
par 119 voixjcontre.17, et un amendement de
lord Brougham par une majorité de 109 voix
contte 3.
La chambre des communes, dans sa séance
du même jour, a rejeté par 283 voix contre 188,
une nouvelle motion de John Russellqui de
mandait l'ajournement du bill surVincome tax.
M. Hume, orateur radical qui avait acquis
quelque célébrité dans le parlement anglais,, où
il avait fait de l'opposition presque tous les
ministères pendant vingt ans, n'avait pù par
venir se faire réélire aux dernières'élections
générâtes. Il vient cependant d'être nommé sans
opposition par le. bburg de Montrôso qui se
trouvait depuis peu sans représentant. La répu
tation que s'est faite M. Hume par ses connais
sances financières et par lai constance dé ses
opinions) donne sa rentrée,dàqs la chambre
des communes une certaidë importance.
Il paraît que des symptômes d'émeute se sont
manifestés Madrid dans la journée du 11 et
ont continué les jours suivans. II s'agissait d'une
question* de salaire. Voici les premiers détails
par Et CastelJano:
Depuis longtemps les ouvriers employés à-
la démolition de l'édifice San Felip et,Real ré
clamaient des entrepreneurs une augmentation
dans le prix de leurijouEpêe. A la suite d'une
de leurs manifestations ,,il. fût convenu que
dans un délai très-prochain il serait fait droit
leurs réclamations et qu'on leur allouerait un
réal de plus par jour. Cette promesse n'ayant
pas été remplie, le,il aii matin on vit s'ap
procher un groupe de'300."ouvriers environ, ils
se dispersèrent dans les ateliers et forcèrent
ceux de leurs camarades qui travaillaient, cesser
immédiatement leur ouvrage. L'officier de garde
chercha longtemps, par de sages remontrances,
les faire revenir sur leur détermination mais
il ne put y parvenir. Bientôt les ateliers furent
déserts, et le chômage devint général.
En ce moment, tout est tranquille, quoique
les travaux ne soient pas en activité. Les alcades
constitutionnels parcourent les ruesmais il
n'est point fait usage de la force armée, dont la
nécessité n'est réellement pas sentie. Après tout,
on doit supposer que les ouvriers seront forcés
de se soumettre et de renoncer leurs préten
tions.
Ce matin le gouvernement fait publier ce
qui suit dans le Moniteur:
Dans la journée du 12 et la matinée du 13,
quelques troubles ont éclaté Madrid par suite
de coalitions d'ouvriers. La hausse du pain et
le manque de travail en ont été la cause. Quel
ques personnes ont été grièvement blessées. La
tranquillité a été rétablie dans l'après-midi
du 13.
On aura probablement demain, par courrier
extraordinaire sur cette échauffouréedes
détails qui nous permettront d'en apprécier la
portée.
disait en les voyant que la mariée est belle que le marié est
généreux! mais aucune voix, ne s'éleva pour dire le beau couple
que voilà
Éveline s'était mariée sans regret, sans plaisir, la grande joie
de sa vieille tante qui ne tolérait ni une caresse aflectueuse ni un
baiser innocent elle assurait d'un ton digne et froid, que toutes
ces démonstrations là étaient bonnes tout au plus pour la chambre
nuptiale, et personne n'osait contredire cette respectable parente.
A sa prière le mariage s'était fait sans éclat et les amis intimes de
Frédéric seuls en savaient quelque chose.
Quelques heures après la cérémonie, une chaise de poste avec le
Taletde chambre du comte et la gouvernante d'Éveline, suivie d un
élégant coupé contenant nos jeunes mariés, roulaient vers Paris.
Éveline toute pâle, semblait abasourdie, elle répondait si briève
ment, si froidement, aux paroles pleines de tendresse de Frédéric,
qu'un instant notre ex-lion crût avoir perdu tous ses moyens de
séductions*, mais il s'aperçut bientôt que pour plaire la naïve
jeune fille, il devait se mettre sa portée, et oublier le langage
emphatique des boudoirs. Il lui parla donc de ses jeux, de ses fleurs»
de ses oiseaux alors il la vit doucement sourire sous son regard si
tendre; elle s'anima davantage, en lui racontant l'histoire de toutes
ses amies et de tous ses amusements; ils n'étaient pas arrivés au
troisième relais, que la maussade mariée était redevenue la rieuse et
folâtre pensionnaire. Frédéric avait jusque là assez vécu, très-peu
réfléchi mais il avait un reste de bonne morale et d'heureuse
philosophie; il s'avoua qu'il en coule toujours un geu d'épouser une
femme si belle, et que ce serait peu pour lui de consacrer ses soins
et son expérience cultiver un naturel aussi riche d'esprit que de
cœur; il appréciait l'ange qui se donnait lui, sans connaître le
prix d'un tel abandon; ansd il s'engagea avec lui-même conserver
cette âme chaste son premier vernis de candeur.
Depuis leur mariage, six semaines s'étaient déjà écoulées au
milieu de cette vie toute de faste et de plaisir qu'offre Paris aux
riches, aux heureux de la terre. Frédéric seul s'ennuyait de ces
plaisirs frivoles, qui leloignaient constamment de cette vie intime qui
a tant d'attraits et de charmes pour ceux qui savent aimer. Éveline
au contraire s'amusait, ne se montrait jamais plus heureuse que
dans une fête le bal surtout la captivait avec ivresse, et Frédéric
n'osait s en montrer jaloux car c était un mari spirituel, un homme
expérimenté qui voulait tout prix se faire aimer de sa femme; il
savait d'ailleurs que ce premier enjouement se passerait d'autant
plus vite qu il le satisferait davantage. La timide pensionnaire était
devenue, eu bien peu de temps, une charmante jeune femme, un peu
étourdie peut-être; mais cela n'étonna personne car Éveline passait
sans transition de la solitude tous les plaisirs; elle en jouissait
avec toute la liberté que donne le mariage, une grande fortune, un
nom aristocratique et beaucoup d'amis.
Une lettre vint annoncer fort propos, au comte de Terragone,
l'ouverture du sénat ce fut un coup de foudre pour la jeune femme
qui espérait que cette vie joyeuse n'allait jamais finir. Frédéric
brusqua les pleurs et les adieux, et deux fois vingt quatre heures
après la réception de la nouvelle, leur voiture de poste entrait
Bruxelles.
Depuis longtemps leur hôtel était disposé les recevoir;rien ne
manquait ce luxe confortable et de bon goût dont le comte s'était
plu entourer sa jeune épouse. Les premiers jours se passèrent faire
et recevoir des visites. Frédéric quoique fier de sa jeune femme,
aurait voulu dérober aux hommages que chacun, avec plus ou moins
de goût et de discernement, adressait sa beauté. Ses anciens amis,
tous ces lions qui s'étaient donnés rendez-vous chez les frères proven
çaux ne furent pas les derniers venir offrir leurs hommages
respectueux Mme la comtesse. Elle les accueillit fort bien,
souriant aux uns, causant avec les autres, coquette pour tous comme
toute jeune femme dont l'imagination s'éveille bien avant le cœur;
elle les séduisit tous.
La suite au prochain n°.)