JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT
DIM1VC1IE29 MAI 1842
EUNDOc
Tout ce qui concerne la ré
daction doit être adressé,franco.
l'éditeur du journal, Ypres. -
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2* ANNÉE. Y 113.
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Prix d'un numéro 0-25
INTÉRIEUR.
YPRES, le 28 Mai.
A Monsieur l'éditeur du Progrès Ypres.
Monsieur,
Je lis assidûment le Nouvellistede Bruges. Au
dire de mon curé, c'est un journal bien lamé et il
ine tient au courant de toutes les trames ourdies
contre nos franchises communales, auxquelles je
suis aussi attaché qu'à la religion de mes pères.
J'ai trouvé daiis ce journal un article qui concer
nait le vôlre, M. l'éditeur. Premièrement il en blâme
la lrancliise el la traite d'élourderie. En cela je ne
l'approuve point, car la franchise est toujours une
belle qualité et qui mérite d'être estimée. Je ne
pourrais lui adresser ce reproche. Tel n'est point le
caractère de votre contradicteur, car, avec de bonnes
intentions sans doute, il lui plaît parfois de déguiser
la vérité.
Après avoir reconnu la franchise et la sincérité de
la polémiqué du Progrèsle Nouvelliste prétend
qu'il fait des dupes. Là dessus je m'arrête-pour le
prier de m'iudiquer comment il se fait, qu'avec un
caractère sincère et loyal, on songe tromperies
autres. Cette accusation me paraît injuste et si on y
avait bien pris garde, elle n'aurait point été portée.
Examinons les document s irrécusables qui servent
de base l'attaque du Nouvelliste. Ce qu'il donne
comme des extraitsdu Progrèsest tout simplement
lin arliculet, dont il a supprimé le commencement.
Il a cru inutile de rappeler que les vrais chrétiens
ont été préparés depuis longtemps au jubilé par des
imprimés, contenant un récit court mais substan
tiel des maux qui affligent l'église d'Espagne;
des prières composées pour la circonstance y étaient
annexées.
11 y a du vrai dans l'article du Progrès mais il
me paraît blâmer un peu vivement la conduite du
clergé. Aussi ne suis-je pas étonné de voir que mon
journal de prédilection en a été ému. 11 n'y a, dit-on,
que la vérité qui blesse.
Je suis déjà vieux el je n'ai point oublié la con
duite du clergéà l'égard de Napoléon et de Guillaume,
qui voulaient circonscrire les ministres de la religion
catholique dans les limitesdu sanctuaire. Le premier
a vu bâter sa chûle par leurs intrigues et leurs
menées. Contre le second ils ont fomenté la révolu
tion de i83o. Dans ce temps là 011 criait aussi la
persécution. Mais on a pu se convaincre alors que
ces accusations étaient dénuées de fondement.
Le Nouvelliste s'étonne que les Espagnols ne veu-
lènt plus de la domination monacale sous laquelle
ils ont gémi pendant si longtemps. Quoique catholi
que très-zèlé, je ne désirerais point un pareil régime
pour la Belgique. Si c'est là ce qu'on veut remettre
en vigueur en Espagne, je pense, et c'est l'humble
pensée d'unchrétien, quenos prières n'auront point
d'efficacité près du Tout-Puissant. Les principes qui
ont amené la révolution de i83o, et qui ont été
hautement approuvés, pour ne point dire instigués
par le clergé, sont ceux qui ont guidé les Espagnols
secouer cette oppression.
Mais est il vrai que le régent d'Espagne soit si
hostile la religion catholique? N'a t-il point célébré
la semaine sainte i olède, et les catholiques n'ont-
ils point été émerveillés de sa piété? Les journaux
catholiques nous ont rapporté ce fait. N'en déplaise
donc au journal censuré par mon Évêquc, j'ai beau
coup de peine accorder l'esprit d'hostilité, dont on
dit le régent animé l'égard du clergé espagnol,
avec le respect qu'il porte la religion catholique»
Je pense que.le Souverain Pontife en pleurant
nuit et jour belle expression du Nouvelliste pour
la conservation de l'église espagnole et en demandant
en.sa favetlr les secours des prières du monde
catholique, ne se- rend pas coupable d'une infernale
politique dont le but est de révolutionner la nation
espagnole. Cependant la cour romaine a quelquefois,
dans l'intérêt de sa politique temporelle, ordonné
des actes que la saine inorale réprouve. Souvent
elle a fait intervenir la religion, comme un moyen
d'accroître son influence et son pouvoir temporel,
et sans trop de légèreté, ine paraît-il, vous avez pu
croire que des motifs de ce genre n'ont pas été
étrangers la publication du nouveau jubilé.
Le Nouvelliste trouve dans cet article de votre
journal une pensée de persécution contre le clergé
catholique. La passion lui fait voir cela. Il pré
tend pouvoir en tirer bien d'autres inductions
légitimes et probables. M:ais, comme disait le père
Diana, Societate Jesu, ht contraire est probable
aussi.
Quelques journaux libéraux que j'ai lus (car j'ose
quelque fois enfreindre les injonctions de mon
curé,) m'ont fait connaître que la publication de ce
jubilé n'a point facilité nos réclamations commer
ciales près du gouvernement espagnol. Esparlero
ne déclarera point la guerre au Pape ainsi que paraît
le croire le Nouvelliste flamand, mais, hélas! le
commerce belge aura malheureusement pâlir
d'une cause qui n'est point la sienne.
Une seule remarque encore el je finis. Le Nouvel
liste appelle le Progrès journal de la loge. Cela me
parait tenir la tactique du clergé, qui veut faire
passer pour maçons, ceux qui n'approuvent point sa
conduite politique. Mais on sait qu'ils ne sont pas
aussi noirs, qu'on veut bien lp dire. Le Journal de
Liège n'a t-il point fuit connaître que deux maçons
étaient, portés comme candidats par la Gazette de
Liège aux dernières élections provinciales, en oppo
sition de deux libéraux non maçons. Ainsi donc des
excommuniés peuvent rendre de bons et loyaux
services au clergé. Il y a maçons et maçons. Je prie
le Nouvelliste par la voie de voire journal, de
m'expliquer cette difficulté qui m'embarrasse.
Un Catholique.
Étonné de la différence qui existe entre les
rapports confidentiels des {gouverneurs et les
rapports publics de la députalion permanente
des conseils provinciaux, concernant la gestion
des administrations communales, l'honorable
M. Orts a présenté avant-hier la Chambre,
une motion, tendant envoyer les projets de
loi en discussion l'avis des députalions
permanentes.
Le ministre de l'intérieur a pris la parole et
s'est opposé au renvoi. La Chambre a été aux
voix et la motion a été rejelée par 49 voix
contre 32. Parmi les opposants de la motion,
nousavons remarqué MM. De Florisoneet Malou,
représentants de l'arrondissement d'Ypres. Ces
honorables membres paraissent être convaincus,
qu'on ne peut assez tôt nous ravir celle de nos
libertés, dont nos ancêtres ont encore pu jouir
après la perle de toutes les autres.
Le Compère flamand du Nouvelliste. le Slan-
daerd se pose en adversaire du Progrès. D'or
dinaire ce journal de Bruges s'occupe rendre
compte des choses les plus nouvelles et les plus
incroyables. Car tout est neuf pour luiet ce
n'est qu'avec précaution qu'il administre les
nouveautés ses abonnés, accompagnées d'un
préambule explicatif, de manière les rendre
incompréhensibles.
Devinez, mes amis, la nouveauté qu'il "annonce
ses abonnés. Vous pourriez croire qu'il est la
recherche de l'absolu ou de quelque combinaison
alchimique. Eh! non cette recherche n est pas
neuvé. C'est peut-être un moyen de rendre
les électeurs campagnards plus dociles il pré
tend qu'ils ne sont plus assez bien disciplinés.
Eh! non c'est bien meilleur, c'est plus mi
robolant. Devinez donc. Nous jetons notre
langue au chien. Mes amis, il vient de dé
couvrir que le Progrès est affilié au commu
nisme hein! auriez-vous deviné celle-là?
Aussi cette découverte a-t-elle produit un
effet pharamineux. Elle a causé un accès de
fou rire.
Nous connaissons maintenant le résultat des
élections provinciales de toute la Belgique. Le
parti libéralmalgré les efforts combinés du
pouvoir et du clergé n'a point perdu de
terrain.
C'est là un fait dont nous pouvons nous féli
citer. Quand un parti sans organisation hiérar
chique et basé seulement sur une communauté
d'opinions, parvient ne poinlse laisser entamer
par une faction organisée, disposant de tous les
moyens que possède un gouvernement et qui
appelle son secours les passions religieuses des
masses, il faut que ce parti possède une vitalité
forte et puissante. Si on parvient le discipliner,
ses forces seront doublées. Alors la lutte sera
plus égale, el pour les libéraux, plus heureuse.
Dans la séance d'avant-hier de la chambre
des représentants, l'honorable M. PirsoD a pré
senté la motion, de remettre les élections com
munales prochaines l'année 1843. Cette
proposition a été rejetée.
L'honorable M. Dolez a proposé de réunir
tous les projets de loi en un seul cette motion
a été vivement appuyée par I honorable Devaux.
Repoussée par le ministre de l'intérieur, elle a
été rejetée par 49 voix contre 35. Parmi ceux
qui ont voté contre la motion-Dolez nous avons
remarqué MM. de Florisone et Malou.
La discussion sur les projets de la section
centrale est donc ouverte. Le ministre a dé
claré se tenir au projet du gouvernement,
modifié par la section centrale. Cependant il
pourrait certains égards appuyer les amen
dements et même, il a déclaré qu'il voterait
pour leur adoption. Quelques orateurs ont pris
la parole en faveur du projet de la section
centrale, mais les honneurs de la séance ont