Séance du iq.
A l'ouverture de l»»»ëance, M. Delacoste a la
parole. Il appuie le projet de fractionnement et
trouve qu'il ne limite en rieu les droits des
habitants.
M. Devaux a la parole. Nous sommes au
regret de ne pouvoir reproduire en entier, le
discours de cet honorable député, en voici la
péroraison
a C'est encore cette tendance que révèle le fractionnement des
collèges électoraux réclamé par M. de Theux ou Voit que la majo-:"
rité échappe dans les villes, et on veut faire pi'éd'L miner la miuoiiîé
Ou s'engage ainsi dans la guerre la plus imprudente 011 sYngage
dans une guerre routre l'esprit des villes. Cette lutte,-je n'hésite
pas le dire est pleine de dauger pour ceux qui l'entreprennent.
Les villes, savez-vous bien ce que c'est? C'est la civilisation; c'est
l'industrie; c'est la classe moyenne, la classe instruite; c'est l'armée,
c'est le tiers-état daus toute sa force. 1.es villes, ce sont les 99 cen
tièmes de la force morale de la société actuelle. Les villes ont de tout
temps pour ainsi direfait la force et la vie de la Belgique il n'y a
pas de pays où les villes soient si nombreuses et si rapprochées.
Il n'y en a pas où dî tous temps elles aient exercé plus de prépon
dérance. Qu'on désire qu'elles ne soient pas sans contre-poids, je le
conçois; et que s'il y a daus le pays deux ou trois villes d'un esprit
excentrique, on ne désespère pas de les contenir; mais si les viugt
ou trente principales villes de la Belgique sont aùiuiécs du même-
esprit, vous aurez beau faire, cet esprit finira paé envahir ie gou
vernement, le gouvernement y est condamné. Résignez-vous cet
avenir, car, pour l euipécher, vous n'avez que désarmés impuissantes:
en euveiiiuiaut la lutte, vous ueferez qu èn grossir les conséquences.
Ou ne fait pas la loi uue pareille fprce car je le demande où
trouveriez vous uue force que vous puissiez opposer l'esprit de
toutes les villes du royaume, où trouverez vous un appui qui ait
quelque force réelle et qui ne soit imprégné du même esprit. 11 n'y
a qu'une chose qui m'effraie dans cette guerre, c'est Timprévoyauce,
c'est l extrême faiblesse de ceux qui l'entreprennent.
Je voterai contre le projet de loi qui me paraît le commencement
de cette guerre déclarée l'esprit des villes, et qui consacre le prin
cipe électoral le plus o sieux celui qui donne la minorité des
électeurs les moyens de dominer la majorité. (Approbation.)
Après quelques mots de M. de Theux et de
M. le ministre de l'intérieur, qui défendent
l'amendement, MM. Osy et Rogier déclarent
qu'ils voleront contre le pr 'jet.
M. Dolez prononce un discours très-remar
quable contre le fractionnement; l'honorable
représentant démontré avec la plus grande
éloquence, les suites du projet et s'y oppose
vivement. Quelques membres demandent la
clôture, mais un grand nombre de représen
tants s'y opposent; après un vif débat, la dis
cussion est remise au jour suivant.
Séance du 11
Au début de la séance M. le comte deMérode
présente un amendement au projet-de Theux. 11
propose de réduire le fractionnement aux villes
de 1:2 000 âmes et au-dessus. Elles sont au
nombre de 21. Du reste M. de Mérode trouve
que les conseils communaux ne donnent point
d assez grands subsi les aux frères des écoles
chrétiennes. Pour celte raison il approuve le
projet de fractionnement.
Un vif débat s'élève sur une réclamation de
M Delfosse. M le président avait blâmé dans
la dernière séance, quelques paroles de cet
orateur comme peu parlementaires. La Chambre
passe l'ordre du jour.
M. Itodenbach appuie l'amendement de
..'M. de. Mérode. MM. Delfosse et Verhaegen se
prononcent énergiquemenl contre le fraction
nement et en démontrent la tendance et le but.
Séance du i 3.
Une interpellation a été adressée par le
comte de Méro le au ministre de la guerre,
concernant la mesure qu'il vient de prendre
envers 12 officiers de l'armée, Polonais de nais
sance et par suite de laquelle ces officiers
perdent le rang d'aucienneté. 11 croit cette
mesure injuste.
M. Lys fait observer que cette décision est li
suite de ce qui s'est pratiqué jusqu ici et qu'une
centaine d'officiers belges se sont trouvés dans
même le cas.
M. Pirson pense qu'on ne peut faire pour les
officiers étrangers, ce qu ou ne fait pas pour les
officiers belges.
M. le ministre de la guerre espère qu'on sera
convaincu d'après les explications données,
que la mesure qui a été prise envers les officiers
polonais, était la seule légale, la seule possible.
M. de Mérode regrette qu'on ait appliqué
la loi avec une telle rigueur, car il est bien dur
pour des officiers de perdre onze années d'an
cienneté.
M. Lys prend la parole pour combattre le
fractionnement. M. de Theux déclare se rallier
aux amendements du ministre de I intérieur et
de MM. de Mérode et Rodenbach.
M. Orts fait quelques observations pour
relever les paroles du comte de Mérode, qui
avait accusé la ville de Bruxelles, de ne point
don ner d assez grands subsides aux frères des
écoles chrétiennes.
M. Sigart comprend le but de la mesure
proposée. En divisant par sections les col
lèges électoraux on veut le gouvernement
de la minorité; c'est en un mot, le régime de
l'oligarchie.
M. Verhaegen dans un discours étendu,
prouve que le projet actuellement en discussion
est diamétralement opposé avec les premières
modifications votées.
M. de Mérode prononce quelques mots pour
faire l'éloge de l'éducation cléricale et pour
'■"'—■g"—
Un pareil principe, converti en loi, donnerait
un juste aliment ces haines et ces inimitiés
qui loin de disparaître, deviendraient impla
cables. Ce ne serait plus le régime de Léga
lité devant la loi. Ce serait le régime des
privilèges et l'exploitation du pays, au profit
d'une faction qui s'est mise au-dessus des lois.
Nous le répétons, nous ne pouvons concevoir
comment un a pu discuter sérieusement cet
amendement. Il nous paraît qu'un député
aurait dû se lever et proposer la Chambre
d'introduire dans la loi communale, tes dispo
sitions suivantes
1° Dans les villes de 12.000 âmes et au-dessus,
le collège électoral sera divisé par paroisses,
afin de rendre aux courtiers d'élection la tâche
plus facile.
2° Le bureau électoral sera composé du
Curé, remplissant les fonctions de président,
des deux Vicairescomme scrutateurs, et du
digne Sacristain pour secrétaire.
3° L'assemblée électorale se réunira l'église
delà paroisse. Les électeurs après avoir entendu
une grande messe en l'honneur du S'-Esprit
se rendront la sacristie, où ils procéderont
la nomination des représentants de la paroisse
au conseil communal.
Nous croyons que cette proposition aurait
clairement rendu la pensée et les désirs du
parti clérical. Les termes de l'amendement qu'on
discute sont autresmais le résultat en sera
le nJème.-
Si le-parti clérical n'arrive point faire peser
une odieuse domination sur la Belgique, en
dénaturant aussi scandaleusement le système
électoralc'est qu'il semble convaincu qu'un
pouvoir assis sur de telles bases, est bien fragile.
Car désormais tous les moyens légaux de résis
tance l'oppression seront enlevés et aucun
homme indépendant n'élèvera plus la voix dans
les assemblées de la nation, pour défendre les
institutions et les libertés de la Belgique.
CHAMBRE DES uEPRÊSENTANfS.
Dans la séance du 9 juin, la chambre s'est
•occupée de la discussion de l'amendement de
M. de Theux, relatif au fractionnement des
collèges électoraux. Après M. de Theux qui a
développé sa proposition, M. Lebeau a pris la
parole. Dans un discours remarquable, l'orateur
a prouvé que c'était une guerre déclarée aux
grandes villesdont on veut changer la repré
sentation.
M. Debrouckèreet Coghen se sont prononcés
contre le projet-de Theux. M. Dumortier a
appuyé celte réforme, qu'il regarde comme
une amélioration.
d'Elverdiughe; mais étonné du mutisme, de la pâleur de sou ami, il
allait lui en demander la cause, lorsque Vioior d'un ton singulière
ment courroucé relut haute voix le malencontreux billet
Monsieur
A t'honorer de ma vengeanoe
Jamais je ne m'abaisserai,
A t adorer par complaisance
Jamais je ne me résoudrai
Je te dirai sans déiour
Je ne veux point prendre la peine
Ni de mériter ton amour,
Ni de justifier ta haine.
Horterse d'Agouti.
Un sourire malin vint effleurer les lèvres de Jules-, mais il le
réprima presqu'aussitôt, car l'amour-ptopre froissé de Victor, lui
donnait un air si désespéré, si malheureux, qu'il essaya même de
venir son secours. Allons Victor, courage, courage, tu sais qu une
de perdue, deux de retrouvées.
Allons, habille-toi, nous irons la soirée de monsieur Campagnol,
s'il voulait lui, il pourrait l'être bien utile; voilà un homme adroit!
avoir neuf enfants, dont six occupent de hautes fonctionsun
procureur de roi, un curé, un receveur, uu capitaine d'arlillerie, un
attaché d'ambassade, etc., etc.!! pas mal vraiment, M. Campagnol...;
cl sa fille, mademoiselle Marie, elle a eu bieu raison de uaîtie jolie,
•ar son sourire, sa grâce inimitable, ses beaux yeux bleus formel out
toute sa dot; mais elle est jolie, très-jolie et légère comme uu
oiseau, gracieuse comme uue lée, en somme Vioior ce sont de braves
'gens, peu riches, un peu bourgeois, mais n'importe, s ils te sont
'ntilca, ils auront acquis mes /eux les plus illustres qualités et les
deux jeunes gens se serrèrent la main; car c'est une bonne et
confortable chose que 1 amitié.
II.
Le cœur de l'homme, ne peut pas nourrir
deux passions la ois.
Blazb, Chasse aux jilets*
Jules se serait cru compromis, en sollicitant pour lui-même
d'ailleurs la mou r du repos l'emportait chez lui sur lamhilion son
indolence était telle, que la vie lui eut paru un faidrau insuppor
table, s'il avait dù se charger de la moindre mission. Aussi ce ne
fut que dans son dévouement sou ami, qu'il trouva le courage de
se faire solliciteur.
Victor d'Orgy, présenté par M. du Lac, fut parfaitement accueilli
partout, on applaudit son désir de se rendre utile et les encou
ragements, les prémisses comme les fiait» ries ne furent pas ména
gées il est piopre lout, disaient ses protecteurs..,.., ce qui signifie
au plus souveut, qu'il n'a pas plus de talents pour une chose que
pour uue autre, ou en d'autres termes qu'il n'est piopre rieu.
Victor semblait radieux tuais l'amour-propre n est-il pas le plus
grand de tous les flatteurs! Mais il avait reçu tant de fois de ces
encouiagr-uiefits qui u avaient atncué aucuu lésultat heureux, que
cette fois, il voulut y joindre et liulrigoe et I influence des femmes,
et ce fut, en rêvant ses projets chéris, qu'il arriva la soirée de
MCampagnol, un instant sou saugfroîd faillit rahamlouuer quand
il vit madame IL trieuse d'Agouti au uniibie des invités.
Depuis quelque temps les égards de la jeuue fe.mne erraient avec
distraction sur les nouihieux gioupes qui s'étaient formés 1 entrée
du salon, ses beaux yeux noirs semblaient demander merci, coutre
l'anuui qui la dé v< rail; lorsqu'une dams de «ce amie# la tire de
sa rêverie en la suppliant de lui dire le nom des deux jeunes
gens que venaient d'entrer; Horlense voyant ensemble Victor
Porgy et Jules du Lac, seulil son frout se couvrir d une si vive
rougeur, qu'elle oraiguit un moment d'être devinée. Cette légère
émotion n'était pas même passée que Victor, qui avait reçu et inter
prété ce regard comme une espérance* comme uu gage de paix,
était près d elle, 1 assassinant de déclarations, de tendres serments
mais il se serait adressé avec autant de succès, la carialhide qui
décorait la cheminée de M. Campagnol qu'à la belle jeune femme.
Horlense cependant sécoue celle apathie profonde mais pour
répondre d'autres qu Victor. Aimable pour l'homme d'uuâ;e
mur, ou jeune encore, elle exprimait avec la même facilité une
déférence grave ou une douce bienveillance. M. d Ofgy se sentit
humilié, il eut voulu sur l'heure se venger «le ce.s froids dédains et
lui lançdt uu de ces regards pleins de fiel et ce haine; il traversa
brusquement le salon et alla droit porter ses hommages rfiarlemoi-
selle Marie de Campagnol. La jeuue fille flattée d'une préférence
qu elle obtenait pour la pr-mière fois, et peut-être ebarm'e d'un
secret espoir, lui répondait par des charmants sourires Jul s avait
suivi tout ce mauège et I assi luité prolongée de sou ami le rendait
presque heureux; aussi il s'approcha plus vivraient de madame
IIorteu.se d \gouti, toujours si belle, si fraîche, si élégante et
entama avec elle une «le ces conversations banales et toutes «le
circonstance; mais sa voix avait des inflexions si douces, si péné
trantes, que sans mêler uu seul mot d'autour celle longue couver-
sation, il eu avait parfaitement «léfiui tout le charme, lotit l'attrait.
I41 jeuue femme soupira eu voyant uaître uu bonheur auquel
elle n'osait plus prétendre. En effet, il n'y a de gens véritablement
plaindre que oeux qui ont été heureux et Boi teuse avait été'