CHAMBRE DES KEPRÉSENTANTS.
une échelle équitable et proportionnée la po
pulation des communes pour la fixation par
les députations permanentes de ces traitements,
si la législature ne trouve pas convenable
d'arrêter elle-même celte échelle.
La base suivante, non onéreuse aux commu
nes, pourrait être adoptée Dans les communes
rurales au-dessous de 500 âmes, au traitement
de 250 fr.; de 500 1000 350 fr.; de 1000
1500 450 fr.; de 1500 2000 550 fr.; de
2000 3000 650 fr. de 3000 4000 800 fr
de 4000 5000 950 fr.; de 5000 6000
1100 fr. de 7000 et au-delà 1200 fr.
Ils engagent leurs collègues, les secrétaires
des communes rurales des autres arrondisse
ments de la province et du royaume, se joindre
eux pour obtenir une amélioration dans leur
position
M. Dietz, chef de la station du chemin de
fer d'Ostende, avait reçu des avis indirects qui
l'informaient d'une liaison coupable, existant
entre sa femme et un aspirant de marine, nommé
Libben. Voulant s'assurer de la valeur de ces
avis, M. Dietz prévint sa femme que des affaires
de service l'obligeaient s'absenter pendant quel
ques jpurs, et il partit effectivement samedi der
nier mais au lieu de prolonger son absence
comme il l'avait apnoncé, il revint le soir même
par le dernier convoi; en entrant inopinément
chez lui, il trouva effectivement sa femme avec
son amant, Ne consultant que sa fureur, M.
Dietz fit feu de deux pistolets sur Libben.etl'é-
tendit raide mort.
On assure que sa femme a l'esprit égaré; elle
et son mariainsi que nous l'avonsdit hier, sont
maintenant la prison civile de Bruges.
[Journal de Bruges
Le roi et la reine ont dû partir de Paris ce
malin pour aller coucher Péronne.
LL. MM. sont attendues demain soir au châ
teau de Laekeo.
C'est donc par erreur que XEmancipation
annonce que LL. MM. quitteront Paris vendredi
prochain seulement.
Nous apprenons que d'après le désir qui en
a été exprimé par la reine, un service funèbre
pour le repos de l'âme de Mgr le duc d'Orléans,
sera célébré dans l'église de Sl-Jacques sur
Caudenberg, jeudi prochain, 11 heures.
CONVOI DE S. A. R. Mgr. LE DUC D'ORLÉANS.
Dès 6 heures du matin le tambour retentissait
dans tous les quartiers de Paris pour appeler la
garde nationale leurs points respectifs de réu
nion. Il y avait longtemps que les gardes natio
naux n'avaient été aussi nombreux une cérémo
nie publique, 9 heures les diverses légions de
Paris et de la banlieue étaient déjà échelonnées
depuis Neuilly jusqu'à Notre-Dame. Elles for
maient la haie du côté de la rivière et la troupe
de ligne occupait le côté ppposé..
Ail heures 1|4 le canon des Invalides a an-
□once, le départ du cortège qui était composé
de la manière suivante
Un détachement de la gendarmerie "dç la
Seine, M. le général Dariul la tête de l'état-
major de la place dé Paris, des détachements
de la troupe de ligne, des dragons, des chasseurs
de Vincennes qui viennent de recevoir la déno
mination de chasseurs d'Orléans.
Venaient ensuite des députations des écoles
de St-Cyr et de l'école polytechnique èt de
l'hôtel des Invalides. Parmi les Bràves invalides
qui faisaient partie de la députation on en re
marquait un entre autres qui avait une jambe
de bois. Un bataillon de la 7inb légion de la garde
nationaleà cheval commandée par M. Montalivet.
Le char destiné transporter le cercueil
Dreux dans lequel se trouvait le cœur du prince
gardé par deux prêtres.
Nous avons remarqué parmi cesdeux prélats
M. Olivier, évêque d Évreux. Après plusieurs
voitures de deuil dans lesquelles se trouvaient
les maréchaux, arrivait le char funèbre.. 11 était
richement orné quoique avec simplicité. Son
couronnement formé de plusieurs figures allé
goriques formait un bel effet.
Les 4 princes, frères du duc d'Orléans, étaient
dans la prëmière voilure de deuil qui suivait le
char, venait ensuite un nombreux état-major,
après Ie£ dernières voitures de deuil le 17m8 lé
ger commandé par son lieutenant-colonel, lèlat-
major du génie et le premier régiment du génie,
un escadron de dragons et un escadron de lan
ciers fermaient la marche du cortège.
Lç cortège arrivé la hauteur du chemin de
la tlévolte s'est arrêté un moment. Les pi-êtres
qui accompagnaient le char ont récité quelques
prières, ce qui a retardé la marche du convoi de
près d'un quart d'heure.
Le convoi n'est arrivé Notre-Dame qu'à 2
heures 1/2.
La cathédrale était gardée par la garde mu
nicipale, et la 9me légion de la garde nationale.
Les légions de la banlieue faisaient la haie
depuis le parvis jusqu'au quai Le Pelletier.
Le 23me de ligne formait l'autre haie.
L'itinéraire était indiqué pour le pont Notre-
Dame, le quai Napoléon la rue d'Arcole et le
parvis.
Une foule immense couvrait les quais et rem
plissait les fenêtres et les balcons, il y en avait
jusque sur les toits.
Le cortège a eu un temps d'arrêt au Louvre.
On a laissé avancer les troupes qui précédaient,
un long intervalle vide s'est fait, alors le cortège
a pris un mouvement de marche forcée.
Du reste il n'y a pas eu le moindre incident
fâcheux.
Après l'entrée dans l'église et quelques priè
res, les princes ont dû monter dans les voitures
particulières qui les attendaient pour retourner
Neuilly.
Séance du i" août. Présidence de M. Fa/fott.
L'ordre du jour appelle la discussion du
projet de loi relatif la convention de commerce
conclue entre la Belgique et la France, le 16
juillet 1842. La discussion est ouverte sur le
•projet de la section centrale contenant un
- amendement auquel le gouvernement se rallie
et qui tend rédiger l'article 2 comme suit
«Le roi, dans 1 intérêt du pays, pourra étendre
d'autres États les réductions stipulées par
l'article 2 de ladite convention.
M. Lys déclare qu'il votera pour le projet
qu'il accepte comme une nécessité mais il se
plaint vivementde la faiblesse du gouvernement;
il croit qu'il aurait fallu d'abord adopter des
mesures de représailles, et qu'on aurait bientôt
obtenu de meilleures conditions. Il réclame du
gouvernement l'établissement d'un droit plus
élevé sur les tissus et fils de laine pour protéger
l'industrie drapière.
M. Angillis trouve les conditions imposées
par la France extrêmement dures mais dans les
circonstances actuelles, c'était une nécessité
pour le gouvernement de s'y soumettre.
M. Bodenbach renonce aux observations qu'il
voulait présenter, puisque personne n'attaque
la convention. Il croit toutefois qu il est temps
que la Belgique change de système commercial.
M. Hoff'schmidt adoptera aussi la convention.
Il profite de celte occasion pour présenter
quelques observations en faveur des ardoisières
du pays et regretter qu'on ait cru pouvoir
accorder encore la France des avantages
nuisibles ces établissements.
M. Van Cutsem tout en se plaignant des
exigences de la France, adoptera aussi le traité.
Mais il espère aussi que le gouvernent changera
le système commercial actuel qui amènerait in
failliblement la ruine du pays.
M. de Baillet se plaint de ce que le gouver
nement ait négligé les intérêts de l'industrie
métallurgique. 11 demande quelles sont cet
égard les intentions et les espérances du gou
vernement.
M. le ministre des affaires étrangères rend
compte des négociations qui ont amené la con
clusion de la convention avec la France. II
déclare que le gouvernement prendra toutes les
mesures propres favoriser les industriels qui
se trouvent momentanément sacrifiés l'indus
trie linière.
M. Van den Bossche s'entend sur les avan
tages que la convention assure l'industrie
linière du pays.
flotter la bride sur le cou de cet animal. Le Maure, cheval, suivait la
même route deux sentiers se présentèrent si la mule eût tourné
vers la gauche, le Maure eût été impitoyablement poignardé: heu
reusement elle tourna vers la droite, et Ynigo, dont la résolution
était prise, s'épargna un crime et un remords. Cette fanatique con
fiance, cet aveugle abandon d'un insensé, qui se livre aux sentences
du hasard comme aux jugements de Dieu même, se retrouve dans
la vie de Rousseau et de Cardan, deux intelligences ardentes, puis
santes, mais pleines d'exaltation et d'exagération. Ce phénomène
psychologique mérite d'être observé. Si la mule d"Yuigo lui eût or
donné un assassinat, si le Maule eût péri sous son poignard, sans
doute on eût renfermé dans une maison de fous le fondateur de
l'ordre des jésuites, il y fût mort obscur, et cette grande agrégation
qui a pesé dans la balance de l'Europe plus que dix trônes la fois,
n'aurait jamais pris naissance.
Le voilà cependant couvert d'un cilicevêtu en pélérin les reins
ceints d'une corde, une gourde suspendue cette ceinture, les pieds
chaussés de sandales de jonc j il s'avance vers le monastère de Mont
serrat. 11 avait renoncé jamais au monde et ses pompes il fit sa
confession un moine français, donna un pauvre son costume mi
litaire et ses armes, équipage splendide et coûteux, et fit devant
l'autel de la Vierge un vœu de chasteté perpétuelle. On le vit passer
des nuits daus l'église, et appliquant son exaltation dévote, ses sou
venirs militaires et chevaleresques, consacrer la mère de Dieu cette
vwilee des armes, qui constitue l'un des rites les plus essentiels de
l'investiture accordée au chevalier nouveau. Suivez toute la vie
d Ynigo, vous y trouverez partout le même mélange de folie et de
puissance morale. II part d'une idée fixe qu'il exagère il en déve
loppe logiquement toutes les conséquences.
Le jour se lève le chevalier de la Vierge, fatigué de sa veillée
part de Manresa, un pied chaussé, l'autre nu. Sa blessure le fai
sait encore soufirir, et sa jambe malade exigeait des ménage
ments.
Où va-t-ii? Jérusalem. Il mendie. Il apprend, chemin faisant
que l'homme auquel il a donné son équipage militaire, vient d'être
arrêté comme voleur, et que la richesse des armes que l'on a trou
vées entre ses mains a fait naître cette accusation. Ynigo attribue
cet accident fa ses propres péchés et redouble d'austérités pour se pu
nir. Une dame, dont le nom est Inès Pascal, rencontre sur la grand'
roule ce singulier personnage, dont la figure noble et les manières
polies contrastent avec l'extérieur malpropre, les vêlcmens en dé
sordre, la chevelure épaisse et hérissée en lui donnant l'aumône
elle le questionne et s'intéresse lui. Mais Ynigo refuse tout ce qui
pourrait adoucir sa situation du pain et de l'eau lui suflist nt. Dans
les villes qu'il traverse, il visite les malades, il partage son pain avec
les pauvres, il offre aux âmes pieuses ses secours spirituels. Sa répu
tation ne tarde pas se répandre. C'est un saint, crie le peuple. De
toutes parts ou accuurl Ynigo, exalté par cette existence si poéti
que et si misérable à-la-fbis, commence croire sa sainteté. La
hauteur sublime de sa mission se développe ses yeux il est pré
destiné. La voilà cette palme réservée l'héroïsme chrétien, l'as
cétisme, aux privations: sa main s'apprête la cueillir.
Que l'on se reporte au seizième siècle, que l'on s'entoure un mo
ment de la bourgeoisie et de la populace espagnoles, paresseuses,
ardentes, crédules profondément animées d'un enthousiasme et
d'une foi sombres. Alors visions, spectres, oracles, choses surnatu
relles, tout est vrai, simple, et, pour ainsi dire, journalier, aux yeux
du Castillan. Un fantôme dans le cimetière et un saint dans la rue
ne bétonnaient pas le moins du monde.
Loyoladont l'hallucination avait commencé dans le manoir sei-
gueurial, ne douta pas un moment des desseins que Dieu avait sur
lui. Comme saint Antoine dans le désert, il fut poursuivi de visions
étranges comme tous les saints, il eut ses retours vers le monde et
ses moments de repentir. Tantôt, lorsqu'une faim ardente le tour
mentait, un serpent de feu lui apparaissait au loin, se rapprochait
de lui, charmait ses regards, puis le laissait plongé dans les ténèbres;
tantôt, une fantasmagorie terrible accourait pour l'obséder. Jamais
de repos toujours les mêmes craintes, les mêmes remords de ses pé
chés la même douleur, mêlée une extase profonde. Une longue
série de scrupules, de tentations, de découragements, le mit aux
portes du tombeau. Il voulut mourir de faim ses extases redoublè
rent.
Longtemps l'idée du suicide germa, se développa, grandit dan®
sa pensée, qu'elle finit par absorber. Ainsi serait terminée miséra
blement cette tragédie intime dont Ignace était l'acteur et l'auteur -,