NOUVELLES DIVERSES.
M. de Roo demande un traité avec l'Espagne.
M. Delehaye accepte le traité comme une
nécessité.
M. Dumoncenu se rend l'organe dés plaintes
de l'industrie drapière.
M. de Brouckère. Si la convention conclue
entre le gouvernement belge et le gouverne
ment français nous avait été présentée avant
l'apparition de l'ordonnance du 26 juin .je re
garde comme certain qu'elle eût été rêjèlée
une grande majorité, comme contraire nos
intérêts et surtout comme compromettant notrç
avenir. -
Au point où les choses en sont venueset
sans rechercher si l'on n'a point manqué de
prévoyance et de fermeté, je crois qu'il y a né
cessité d'approuver la convention. Mais en me
soumettant cette nécessité, je tieus déclarer
que je ne me dissimule pas quels seront bien
moins aujourd'hui que plus tard les désastreux
résultats qu'ellé aura pour ce pays.
M. Jadot repousse' le traité, comme devant
mettre la Belgique dans la dépense delà France.
M. Lebenu votera pour le traité, sans approu
ver la marche qui a été suivie dans les négocia
tions.
M. Pirmez. Si les réclamations des Flandres
mettent la chambre pour ainsi dire dans la né
cessité de voler le traité, elles auront encore
plus d influence dans quatre ans quand l'inr
dustrie linière se sera développée l'abri du
traité. C'est par ce motif que je voterai contre
le traité.
M. le ministre de l'intérieur s'attache jus
tifier la marche suivie par le gouvernement dans
les négociât ons.
M. De Mérode regrette qu'il n'ait été pris
aucune mesure pour remplacer le revenu que
perdra le trésor par suite de la diminution des
droits sur les vins.
M. Vcrhaege/i présente le traité comme un
acheminement vers la destruction de la natio
nalité belge.
La chambre, après avoir entendu M. Roden-
bach et M. le ministre de l'intérieur renvoie la
suite de la discussion demain.
La séance est levée 4 heures et demie.
Demain midi, séance publique.
Madrid. Le régent paraît désirer beaucoup
de se rapprocher du cabinet des Tuileries,
aussiil s'est empressé de prendre le deuil l'oc
casion delà mort du duc dOrléans et d'envoyer
ses compliments de condoléance.
La bonne intelligence paraît être loin de
régner entre l'infant don François de Paille et
le régent. L'infant n'a pas encore pu obtenir
la permissiondemandé par écritde présenter
son fils aîné la reine et l'on croit que la famille
de lin fa rit quittera Madrid sans que le prince
.ait été présenté sa royale cousine.
Hambourg.Je puis vous informer d'assez
bonne source que nolr.e emprunt est conclu.
Il paraît que quatre maisons s'en sont chargées
MM. Rothschild Heine, Jeriesch et la Seehand-
"lung prùssjenne.
Les cbndilions en sont très-modérées 3 1/2
p. c. d'intérêtet 92 1/2 p. c. du capital. La
commission pour ceux qui s'en sont chargés
"•ëst fixée 3/4 p. c. déduire des 92 1/2de
sorte qu'en réalité ils ne verseront que 91 3/4
p."c. pour 100 marcs de capital.
11 n'a pas' encore été annoncé officiellement
parce que laratification de Berlin n'est pas
encore arrivée. 11 paraît que MM. Heine et
Senisch ont pris 3 millions et M. Rotschild et la
Seehandlungchacun 12 millions de marcs.
[Gazette de Cologne
Le bruit a couru que M,le Rachel se pro
pose de donner des représentations Liège. Un
journal ordinairement bien informé, assure au
contraire què le théâtre de Bruxelles est le seul
sur lequel M11" Haçhel paraîtra en Belgique.
S. M. le roi de Hollande a fait offrir Mlle
Rachel 20,000 francs pour 4 représentations.
-Le 10 au soir, il a éclaté dans le village
de Jenikoj sur le Bosphoreun incendie qui a
réduit en cendres une quarantaine de maisons,
et qui aurait occasionné de bien plus grands
dommages encore sans le secours des équipages
des vaisseaux de guerre russes et français sta
tionnés Bajukdera et Thérapia.
Obseroautrichien.)
Le Correspondant de Nuremberg contient
un article où se trouvent consignés les faits sui-
vans
Le duc d'Orléans qui vient de périr d'une
manière si déplorable, fut baptisé dans la cha
pelle de Saint-Pierre du Palazzo nuovo de
Palerme, qui sert maintenant de chapelle sé
pulcrale et où avait été béni le mariage de
Louis-Philippe, roi des Français, avec la prin
cesse Marie-Amélie. Celte chapelle a été con
struite en 1170, et si l'on en croit la tradition
sur l'emplacement même d'une maison dans
laquelle Saint-Pierre aurait logé pendant son
voyage de Jérusalem Rome. Au moment où
l'archevêque de Palermeallait verser l'eau bap
tismale sur le front de l'enfant, il dit aux assis-
tans C'est peut-être un futur roi de France
que je baptise aujourd hui. A cela le marquis
deGargollo, qui, au nom de la ville de Palerme,
tenait le jeune prince sur les fontsrépondit
au prélat: Que Dieu veuille que cela soit
ainsi
Depuis son avènement au trône le roi
Louis-Philippe n'a pas oublié la chapelle de
Saint-Pierre et dernièrement encore, M. le
prince de Joinville a offert celte chapelle au
nom de son auguste père, un magnifique os
tensoir en argent, garni de topazes.
souvenirs historiques. Le fils aîné de Louis
"VI, ce jeune prince dont tous les journaux par
lent en ce moment, que son père avait associé
la couronne, et qui tomba de cheval près de
l'église Saint-Gervais et se tua, mourut le treize
octobre 1131. M. le duc de Berry fut frappé, de
nos jours, un treize février. C'est le treize]u\\\cl
que succomba le prince infortuné dont nous
pleurons la perte, et devant l'humble asile qui
reçut son dernier soupir est un poteau qui porte
le n°13. Aucune idée superstitieuse ne se mêle
cette remarque nous n'y voyons qu'un de
ces rapprochemens douloureux que multiplie
raient aisément l'histoire et les éphémérides.
On écrit de Cherbourgen date du 25
juillet
Un horrible accident est arrivé pendant qu'on
tirait le canon de deuil l'occasion du service
funèbre célébré pour S. A. R. Mgr. le duc d'Or
léans.
Des canonniers de la 10e compagnie de vété
rans en garnison au fort d'Oclevillechar
geaient un canon de 36 au fort du Hommet.
La pièce venait de tirer, mais te pointeur n'avait
pas bien bouché la lumière et dès-lors le culot
de gargousse enflammé qui était resté âu fond
de l'âme, n'avait point été étouffé en écbuvillon-
nant. La charge est introduite, la lumière reste
toûjoû'rs mal bouchée et l'accident qui devait
nécessairement en résulter, arrive: au moment
où l'on allait porter la gargousse le second coup
de refonloir, le canon part et les nommés Le-
grand et Clément, premiers servants qui tenaient
la hampe du refouloir, ont eu l'un le poignet
droit et l'autre le poignet gauche emportés. Un
de ces malheureux a vu sa main tomber ses
pieds. L'autre qui se trouvait trop près de la
bouche de la pièce a eu indépendamment de
la perle du poignet, les côtes enfoncées et la
hanche affreusement blessée, on désespère de
ses jours.
Ces deux infortunés ont été immédiatement
transportés l'hôpital maritime, où ils ont subi
les amputations que leurs blessures rendaient
nécessaires.
Nous apprenons que l'un d'eux est mort hier
des suites de ses blessures.
Le dernier ambassadeur de Perse, Djafer-
Khan, dont la conduite avait été désagréable
la Porte, a, dit-on, eu un œil arraché son ar
rivée, par ordre du gouvernement. Le shah a
offert de faire arracher l'autre, si la Porte n'était
pas satisfaite.
Un journal annonce que le gouvernement
français affecte 370,000 francs aux stations de
Roubaix et Tourcoing qui seront construites
incessamment sur des proportions monumen
tales.
ainsi eût péri sans laisser de trace dans le monde, le fondateur du
jésuitisme, si la voix d'un confesseur ne l'eût arraché ses propres fu
reurs et n'eût fait pour lui un cas de conscience de cette mort vo
lontaire. Il consentit prendre quelques aliments. Ilâve, maigre,
semblable un fantôme plutôt qu'à un homme, il se soutenait
peine. Quaud son corps débile ressuscita pour ainsi dire, une révui-
siou soudaine et qu'il est aisé de comprendre, s opéra en lui. 11 dé
sira le monde; il regretta la vie des camps, leur tumulte, leur éclat,
leur gloire. Mais une fois engagé dans le seulier difficile qu'il suivait,
revenir sur ses pas n'était plus possible. Les railleries de ses com
pagnons d'armes l'effrayaient. Il s'en tint sa nouvelle profession, et
continua, mais avec plus de suite, de persévérance, et des desseins
mieux formés, le métier de fakir catholique.
Une troisième époque commence ici pour Ynigo. Ce n'est plus ni
un soldat amoureux de gloire, ni un simple illuminé, dont la raison
chancelle, perdue dans une mer d'extases. Le fou disparaît. Sur un
fond d'insanité, qui a décidé de ses premières démarches, il bâtit, si
je puis le dire, un des édifices les plus hardis que jamais homme ait
conçus. Tout ce que ses visions et ses rêveries peuvent entraîner de
périls et de fautes, il se hâte de le corriger. Il bannit ses vieux scru
pules, cesse de se livrer d'inutiles remords, chasse son serpent de
feu et ses farfadets, oublie les péchés de son ancienne vie, et exile de
son imagination les spectres et les larves qui la troublaient. Depuis
ce temps aussi l'on peut croire qu'il y eut, sinon moins de sincérité
d« sa part, au moins un mélange de fraude et de ruse vénielle, com
binée avec le fanatisme réel qui l'animait. La poésie des extases qu'il
raconte, acquiert plus de netteté et de précision; c'est une triple
harpe suspendue au fronton d'une église, et qui représente symboli
quement la Trinité c'est une disparution complète du serpent de
flamme s'évanouissant devant la croix c'est une explication de la
Cosmogonie, dictée par Dieu le Père: on découvre ici, non plus les
traces de 1 aliénation mentale, mais celles du système prémédité
d une théorie que son auteur avait réfléchie et qui devait servir de
hase toutes ses actions.
Devenu pour ses concitoyens un objet de vénération et de curio
sité, Ynigo ne se laisse pas enivrer par 1 éclat bizarre de celle situa
tion. Au lieu de se plonger dans la folie mystique laquelle il avait
été longtemps en proie, il élargit le cercle de son intelligence et em
ploya pour se guérir lui* même les remèdes que le médecin moral le
plus habile lui eût indiqués. On l'avait vu déguenillé, couvert des
livrées non-seulement de la misère, mais encore d une malpropreté
honteuse. Sans rien changer la grossièreté de ses vêtementsil eût
soin de remplacer par un habit de laine et un capuchon de bure
propre les haillons repoussants qui le couvraient naguère encore.
Beliré dans une grotte solitaire située auprès de Marensa, il écrivit
ses exercices spirituels, commentaires élégants et souvent éloquents
d'un livre de Frédéric Garcia de Sisneros. Tout ce que l'ouvrage
original contenait d'applicable aux vues et aux projets d'Ynigo, il
s'en empara, avec une habileté infinie; pliant et modelant le texte
d'après ses doctrines particulières; adaptant ses vues les phrases et
les expressions de l'auteur primitif, avec un bonheur et une subtilité
théologiques, que peu d'écrivains ont poussés aussi loin.
S'assouplir, sans rien perdre de son opiniâtreté, poursuivre un but
travers mille détours, tout rapporter au plan qu'on se propose for
cer les idées, les paroles, les habitudes d'autrui seconder ses pro
pres eflorts-, ne laisser échapper aucune circonstance sans en tirer
parti, aucune subdivision de la durée sans en profiter avec adresse:
tel fut le caractère de l'ordre des jésuites: ou le retrouve empreint
dans les moindres nctious du fondateur. Les extravagances d'Ynigo
et ses qualités; ses folies et ses vertus, concentrées par une volonté
puissante, servirent à-la-fois son succès. Sou séjour ascétique dans
la roche creuse de Mauresa, ses veilles, ses macérationssa diète vo
lontaire et forcée, avaient compromis sa santé, délabré son organisa
tion, ébranlé son intelligence sa débilité le rendait incapable des
devoirs même qu'il s'imposait. Il se corrigea encore de cette erreur
et eut soin de prémunir les autres contre les fautes où il était tombé.
Qui n'admirerait celte froideur de raisou chez un homme si exalté,
cet examen consciencieux de soi-même, ce retour la sagesse pra-
tique, chez un homme auquel le fanatisme avait été sur le point de
commander un meurtre? Jusqu'à ce jour, on n'a point observé la
marche de cette puissante et simple intelligence, de ce caractère
tout espagnol par la persévérance et l'unité des vues, mais si remar
quable aussi par la flexibilité. (Foreigk Review.)
[La suite au prochain numéro