2 Parmi les tableaux exposés, il en est plusieurs qui ont été soumis au jugement du public, lors des précédentes expositions qui ont eu lieu en cette ville. Nous ne rappellerons pas ce que nous avons dit autrefois de ces ouvrages. M. Delbeke a exposé deux portraits qui prouvent que leur auteur a d heureuses dispo sitions. Nous espérons que M. Delbeke ne négligera rien pour perfectionner son talent. Suivre les cours d'une académie de peinture telle que celle d Anvers par exemple, se for mer sous la direction de maîtres habiles, étudier les belles compositions qui se trouvent dans nos riches galeries telle estcroyons-nous, la marche suivre pour acquérir un beau talent. M. Delbeke est né Poperinghe, il est élève de l'académie royale d'Y près, où il a obtenu les premiers prix. Espérons que les adminis trations communales de ces deux villes vou dront bien appuyer par leur intervention .prompte et efficace, les conseils que nous nous sommes permis de donner ici un jeune artiste dont les succès peuvent faire honneur l'une et l'autre de" ces cités. M. F. Bôhra a exposé plusieurs portraits qui, sous le rapport de la ressemblance et de là peinture ont mérité leur auteur les suffrages et les éloges de toutes les personnes qui ont visité l'exposition. Mais de tous les ouvrages exposés par cet artiste, il en est deux qui attirent l'attention du public, nous voulons parler du portrait du rpi et de celui de Marie-Thérèse. Le portrait du roi a déjà été vu, lors, de la dernière exposition au bénéfice des indigents. Mais placé au milieu de cristeaux de porce laines de broderies, de tapisseries. Cette œuvre de pouvait être appréciée et jugée. C'ekt pour ce molifque nous n'en avons pas fait men tion àcetteépoque. Nous eu sommes au regret, car nous sommes convaincus maintenant que nous n'avons que des éloges donner. Cette œuvre accuse un grand progrès tant sous le rapport de la manière que sous celui du coloris. M. Bôhm se rallie aux principes de l'école flamande que sou séjour prolongé en France lui avait fait négliger. Il y a dans son pinceau de la hardiesse et de la vigueur. Les éloges que nous venons de donner notre artiste l'occasion de son portrait du roi, nous ne pourrions que les répéter en par lant du portrait de Marie-Thérèse. La compo sition de ce tableau est bien entendue. L'im pératrice assise dans un fauteuil de velours re haussé d'or, laisse reposer une de ses mains sur sa riche et puissante couronne de l'autre main elle tient la charte qui institue l'hospice de Messines. Dans le fond du tableau on voit le clocher de celte ancienne abbaye La pose de l'impératrice est noble et naturellela lu mière est distribuée avec art. Ce tableau est commandé par l'administration de I hospice royal de Messines qui se propose, nous assure- t-on, de faire bientôt une nouvelle commande l'artiste Yprois. LA CHASSE. Depuis quelques jours nos chasseurs vivent dans l'anxiété et l'incertitudeQuand s'ouvrira là chasse cette année? Du 13 au 20 de ce mois disent les optimistes du 20 au 23 disent les modérés; des pessimistes enfin soutiennent que l'ouverture n'aura lieu que du 1er au 12 sepr tembre. Les mauvaises nouvelles se répandent vite, aussi ces dernières assertions ont elles jeté l'alarme dans le camp de nos Nemrods Yprois. Si la chasse, dit-on, ne s'ouvrait celte année qu'au mois de septembre autant vaudrait ne pas l'ouvrir du tout. Déjà une partie consi dérable du gibier est venue se prendre dans les filets et les lacets des braconniers. Si on les laisse continuer quinze jours encoreles chas seurs ne trouveront dans les champs ni plume ni poil. 11 n'est, notre avis, que deux moyens d'empêcher le genre de braconnage que nous venons de signaler le premier serait de défen dre la vente du gibier avant l'ouverture de la chasse ce ne serait là qu'une mesure juste et légitime. Car lorsij^e la chasse est défendue exposer du gibier en place publique, c'est ex poser un corps de délit, qui suffit lui seul pour prouver qu'une contravention a été commise. En second lieù ouvrir la chasse de bonne heure serait mettre des entraves aux expéditions coupables et faciles des braconniers qui ne pourraient plus prendre avec autant de facilité le gibier que les coups de fusils rendent défiant et craintif. Dailleurs d'ici peu de jours la moisson sera entièrement rentrée, et l'agriculture n'au rait souffrir aucun dommage si la chasse i élait.ouverte vers le 20 de ce mois. Le mardi9 de ce moisles habitués de l'estaminet, le Salon d'Apollon, ont été témoins d'une scène digne du pinceau de Teniers. Il y avait bal au salon et le jardin était rempli de spectateurs. Tout coup M. Louis De Zeure vieillard âgé de plus de 94 ans, se lève, pose son chapeau sous le bras, et se donnant un air galant s approche de Madame de Ghysele, âgée de Ho ans. Détachant alors une rose quil por tait sa boutonnière, M. De Zeure I offre galamment la personne de l'autre sexe, puis lui débite un compliment plein de finesse. Il était sur le point de l inviler pour la prochaine quand la danseuse, fière sans doute de trouver encore un adorateur, alla au-devant de ses dé sirs. Bientôt on vit ce couple si bien assorti s avan cer bras dessus bras dessous, au milieu de la salle qui était comble. La danse moderne étant sans doute, pour ces danseurs d'un autre siècle une innovation inconnue, ils dansèrent un menuet gracieux. Ce menuet fut suivi d'un autre et bientôt le danseur, retrouvant les souvenirs de sa jeunesse, le feu de jadis, se permit d embras ser plusieurs reprises, sa danseuse, qui se laissa faire comme une jeune fille de 16 ans. Les spectateurs riaientde tout cœur, mais le mari de Marie-Anne de Ghysele ne riait pas... 11 s'approcha vivement de son épouse, la pria de cesser la danseen prétextant la chaleur qui régnait dans la salle et mille autres choses... Le bon mari avait raison, car... i v* Oft'iiê sait ce qui peut arriver. L La troupe d'opéra sous la direction de M. Mercier continue donner des représentations ^en cette ville. Lundi la salle était combleon jouait la prison d'Edimbourg. 11 y avait moins de monde aux représentations suivantes. Le beau temps, les soirées magnifiques, la chaleur qu'il ne peut manquer (le faire dans la salle, iious paraissent être les causes de l'indifférence que montre notre public d'ordinaire grand amateur de spectacle. Nous croyons devoir ajouter encore que presque tous les amateurs de notre spectacle ont vu représenter sur les théâtres de nos grandes villes les ouvrages importants que la troupe de M. Mercier cherche représenter aussi parfaitement que possible. Notre public, pous pouvons l'affirmer, préfère un joli vaudeville bien joué, une comédie bien dite un grand opéra qui exige des ressources de toute nature pour être parfaitement rendu. Mercredi neuf heures du soir, devait, d'après le programme être tiré l'oiseau d'artifice. Quarante tireurs inscrits attendaient avec impa tience plusieurs milliers de spectateurs regar daient, en attendant mieux, le ciel couvert de nuages. Neuf heures sonnent, pas d'oiseau; neuf heures un quart paraît une lanterne. Elle est accueillie par d'unanimes bravos L'oiseau d'artifice arrive vers neuf heures et demi dix heures moins un quart ou le hisse sur la perche. On va commencer, tout est prêt, le public fixe le dragon volcanique dix heures sonnent, le ciel s'ouvre, et une ondée larges gouttes fait fuir tous les spectateurs mécon tents: la fête est remise au lendemain. Or, ce lendemain était avant-hier, jeudi le est son poste, il plane dans les airs. Le temps est superbe; neuf heures la pre mière fusée part et fend l'air en projetant une lueur d'or sur notre beau bâtiment des halles. Le tir continue, les fusées sont épuisées et l'oi seau d'artifice reste vainqueur sur sou bâton. Le tir est fini. En ce moment quelques plaisants s'écrient: La suite demain démonstrations non équivoques de mécontentement. Mais bien tôt une petite flamme couleur flamme de punch. serpente rapidement le long de la perche. L'oiseau est allumé, il lance quelques étoiles brillantes. Mais tout coup ne pouvant plus maîtriser le feu qu il cache dans ses flancs vol caniques, il fait explosion se détache sponta nément de son trône aérien, et tombe lourde ment sur le pavé pour ne présenter aux regards des spectateurs avidesqu'une masse informe de feux multicolores. Des sifflets accueillent la chute de l'acteur sur qui le public avait, con centré ses espérances. Et chacun se retire après dragon distinguait Loyola, toutes ces qualités dont nous avons admiré l'em ploi peudaut la cari ière religieuse et prosély tique, devinrent les réglés de son ordre. Ou vit ses éleves parcourir les universités d'Italie, at tirer eux les jeunes gens riches, s'insinuer dans les familles, gagner la confiance du |>euple par une apparence de sainteté. Bientôt la première ferveur de l exallatiou se dissipa les fondateurs de l'asso ciation, maîtres d'un puissant lévier, comprirent toute l'importance de la position qu'ils occupaient; Laiuez, homme d'un jugement solide, et d'une pénétration intellectuelle admirablement énergique, disposa l'édifice dont Ignace avait creusé les fondations et jeté les premières assises. Dans celte épop:e romanesque et dévote que 11- magiuatiou des jésuites a créée pour expliquer la formation de leur ordre, Iguace apparaît comme Dieu le père, et Laiuez comme le Saint-Esprit. A l'un appartient la perception primitive, l'autre la créaliou matérielle. L âme de Loyola s'est couservée et perpétuée dans le cadre que Lainez iuveuta, inouïe sublime dont la durée at teste la force et le pouvoir. Que 1 institut des jésuites n'ait eu pour but que la fortune et les honneurs, acquis par la fraude, c'est une opinion populaire et fausse, comme la plupart des opinions populaires. Si nous étudions mieux es institutions de ses fondateurs et l'époque où vivait Ignace, nous reconnaîtrions que cette création la-fois politique et religieuse, visait plus haut, et n'est pas restée inférieure sa mission. Le catholicisme se mourait, la milice monacale plongée dans les abus et le désordre, considérait la cause qu'elle prétendait secourir. Du sein des couvens on ne voyait plus sortir que des nuées d'hommes igna res, prélevant sur la société qu'ils ne servaient en rien, une dîme exorbitante; criblés de vices, orgueilleux de leur prépondérance antique et dédaignés de tous; si quelques intelligences supérieures se trouvaient mêlées celte tourbe ridicule et méprisée, elles se hâ taient de jeter le froc et d'embrasser la réforme. Chaque monastère nourrissait une pépinière de réformateurs. Luther dominait déjà sur le nord de l'Europe; une immense impulsion était donnée, et le géant, assis sur le trône du Vatican sentait chaque nouveau mou vement des peuples, son vieux domaine vaciller, la pierre sur laquelle il reposait s ébranler. Un contre-poids fut donné au protestantisme nouveau; ce coutre-poids fut l'ordre des jésuites. La balance des destinées attendait cette puissance nouvelle qui l'équilibra. Telle fut l'influence de l'homme, dont nous n'avons prétendu dissimuler ni l'extravagance, Di la misère, ni les haillons, ni les hallucinations mentales, ni les fanatiques aberrations. Montrez-nous un conqué rant d'empire, qui ait sillonné l'histoire plus profondément. Quand les peuples étaient encore barbares, Rome catholique leur avait envoyé pour prédicateurs, ces cyniques du christianisme, armés du bâton, marchant pieds-nuds et portant la besace. Les moines mendians avaient accompli leur œuvre. Maintenant, la société mo difiée exigeait d'autres soins il fallait une milice inconnue, mêlée toutes les olasses, associée toutes les professions, à-la-fois reli gieuse et laïquerevêtue de tous les costumes, susceptible do toutes formes; malléable et ductile, moins occupée de pratiques dévotes que de travaux vraiment utiles au catholicisme. Mais qu'aurait-on fait de celte armée éparsesi elle*n'avait été parfaitement disci plinée Le père Lainez se chargea de cette discipline, il établit pour pre mier principe l'obéissance aveugle. Être esclave pour devenir maître tel était le moteur unique de la machine redoutable dont nous avons vu le premier développement s'opérer. Le novice restait novice, tant qu'il plaisait ses maîtres l'humiliation la plus abjecte le for çait de ramper devant eux. On se plaisait briser l'orgueil humain sous les coups d'une insulte permanente plus de volonté plus de digDité; vous deveniez l'outil de la politique, l'instrument du bon plaisir de vos supérieurs. A cette profanation de la dignité de l'homme, se joignait une complète abnégation de sa raison. Si

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 2