sert actuellement. Il lui a fallu toute la mauvaise
foi que chacun lui connaît, pour alléguer d'aussi
çottes rainons contre une réclamation juste et
.naturelle.
Quant la parité de position qu'il prétend ne
pas exister entre la porte de Hal et le magasin
de la rue d'Èlvefdinghenous répondrons que
le public circule autour de l'enceinte extérieure
du magasin actuel et quela portede Hal se trouve
plus éloignée des maisons que le bâtiment qui
dans l'étal-où il se trouve, est une menace in
cessante contre la vie et la propriété des citoyens
de cette partie de la ville.
Le courtois journal croit pouvoir avancer que
ses chers représentants ne sont point un produit
du cens campagnard. Il ose même soutenir, que
la majorité des électeurs delà ville ont voté pour
eux. Personne n'ignore cependant qu'à la sec
tion électorale de la ville étaient joints les élec
teurs de Vlamertinghe de Dickebusch et de
Yoorojezeele, au nombre de trente-trois. Pas un
ne manquait. Or, les élus des campagnes n'ont
eu que,quelques voix de majorité dans ce bu
reau tandis que les électeurs campagnards,
conduits parleurs curés, ont unanimement voté
en leur faveur.
La feuille du parti-prêtre croit pouvoir insi
nuer, que nous méprisons les habitants des cam
pagnes qtii payent les impôts comme les habi
tants des villes. Nohs n'avons pas dit un mot de
cela. Mais notre tour, nous demanderons la
béate feuille, pourquoi le parti qu'il défend, se
défie des habitants des villes qui payent 35 flo
rins d'impôt, l'égal des habitants des campagnes,
tandis que ceux-ci possèdent un droit refusé
aux habitants des villes. Ces derniers cependant
sont plus éclairés et ont plus d'entente de la vie
politique. Quand on se prétend libéralon ré-
vendique, ainsi que noUs Iç Faisons, pour tous les
citoyens qui présentent la même aptitudeles
mêmes droits. Mais les électeurs de la ville sont
moins malléables et récusent l'intervention des
prêtres, en matière d'élection. C'est là l'explica
tion de l'iniquité légale commise leur égard.
Quant aux grogsières injures que le dévot et
charitable journal du parti-prêtre croit devoir
nous adresser, nous les'dédaignons. La feuille
cléricale d'Ypres croit devoir revendiquer tous
les monopoles. Nous sommes enchantés de pou
voir lui en concéder un, sans oppositioncelui
des injures. Qu'il tienne cependant pour certain,
que son cynisme ne parviendra pas épuiser
notre mépris.
NÉCROLOGIE.
Lundi, 5 de ce mois, est décédé en celte ville,
Monsieur Jean-Louis-Alexandre Van Provyn,
l'âge de 83 ans. Cet homme de bien, pendant
sa longue carrière, s'est toujours trouvé entouré
du respect de tous ses concitoyens. Né Dix-
mude, et élève de l'ancienne université de Lou-
vain, il quitta le lieu de sa naissance, pour venir
Ypres, s'établir en qualité d'avocat. L'intégrité
dont il fit preuve en exerçant celle honorable
profession, lui concilia tous les suffrages. A la
réconstitution de l'ordre judiciaire au sortir de
la tourmente révolutionnaire, il fut nommé gref
fier du tribunal de première instance. Dans
cette nouvelle positionson affabilité sa pro
bité et son amour du travail lui valurent l'es
time et l'amitié des membres du tribunal.
Des infirmités et son âge déjà avancé le for
cèrent quitter cette fonction qu'il avait si ho
norablement remplie. Assailli vers le déclin de
sa vie, de maux que les hommes de l'art étaient
impuissants combattre, il les supporta avec
un courage et une égalité d'âme inaltérables.-
Tous ses concitoyens se sont empressés de
rendre les derniers devoirs cet homme qui,
par ses qualités affables et sa libéralité pour l'in
digence, s'était fait aimer de tous.
Le Globe et la Gazette de Mous nous avaient
appris depuis quelque temps, la réinvenlion de.
la chrysographieen l'attribuant deux conci
toyens MM. Edmond Smagghe et François Annoy.
Avant de parler de celte nouvelle inveuljotf
nous aurions désiré pouvoir en juger par nous-
mêmes certains que ces messieurs se serarent
empressés de laisser voir leur découverte, au
moins quelques connaisseurs. Il paraît qu'il en
aétéainsi. Quelques notables de la ville ont pu
voirie tableau chrysographique destiné, par nos
jeunes compatriotes être offert au Roi.
Ceux qui ont pu examiner ce travail, en parlent
avec admiration. Parmi ces quelques notables,
s'était glissé un rédacteur du Propagateur qiii
n'a eu rien de plus pressé, que de répandre par
la voie de son journal, que le tableau destiné
au Roi, était exposé chez M. Smagghe. Le manque
de tact,et l'ignorance des convenances de la
part de ce journalont forcé M. Smagghe
emballer «on œuvre et partir au plus vile
pour Bruxelles. L'indiscrétion du journal clé
rical a ainsi privé les habitants de la ville de
pouvoir jouir in pettode la vue de ce tableau
de nouvelle invention, et remarquable sous tous
les rapports.
Mâiscè qui est tout aussi curieux que l'œuvre
de MM. Smagghe et François Annoy, c'est la fin de
l'article du béat journal, en faveur de \n chry
sographie. Nous sommes habitués de donner
des spécimens de littérature monaco-cléricale,
mais nous avons cru devoir citer le passage
ci-joint comme un modèle d'urbanité et de
galanterie.
Le voici
Quel imposant ornement ne seraient point dans
un salon les deux tables de Moïse, enluminées de
dessins symboliques, et enrichies des ressources
nouvellesde la chrysographie? Les foudres du Si naï,
la verge d'Aaron, la colonne de feu, le serpent d'ai-
rain,et tant d'au très emblèmes évoquant des sou ve-
nirs solennels, viendraient se grouper autour de
deuxsuperbestableaux.il y aurait là quelquechose
de plus beau et de plus distingué que les indécentes
nudités que l'on rougit souvent de rencontrer dans
les appartements de familles chrétiennes, et qui ac-
cusent,comme l'indécence des femmes, le relâche-
ment dans_ les moeurs. La philosophie du XVIII"
siècle tendait exclure Dieu de la société. Un Ca-
lianis proposa de défendre de le nommer. Il
appartient nou$, hommes du XIX", et nation
catholique, de réhabiliter l'hommage la divinité
partout où l'occasion .s'en présente.
Le jury d'examen vient de proclameràVuna-
nimilécandidat en médecine, avec la plus
grande distinction M. F.-X. Dalmote, d'Ypres,
élève de l'université libre de Bruxelles, ancien
élève du collège cômmunal d'Ypres. Cet étudiant
distingué a fait preuve de connaissances appro
fondies .dans les diverses matières qui faisaient
le sujet de l'examen. Vv
r-fc---
YÉRIÉABLE FORCE DE PARTI RETROGRADE.
Le Journaldes Flandres assure qu'on fait des
.quêlçs dans le sein du parti rétrograde pour
combler le déficit qui ronge le Journal de Brux
elles et qui finirait par eodtpromettre son exis
tence. Ce fait, s'il sqConfirme,'ne nous étonnerait
nullqjpént. Personne "-ne vèut du Journal de
Bruxelles et si cet organe du parti antiT
constitutionnel n'était pas imposé de force aux
bonnes âmes et aux curés des campagnes, il y
a longtemps qu'il n'existerait plus.
Le p<^ti rétrograde porte la tête haute cause
de quelques éphémères succès, et cependant au
fond «a position est bien pénible. Parmi celte
jeunesse qu'une liberté déplorable met sa
merei, aucune bonne tête ne lui appartient; ses
établissements ne se maintiennent que par les
largesses de quelques vieilles familles qui rêvent
Ta restauration du donjon féodal les représen
tations périodiques des Jésuites font ça et là
tomber dans l'escarcelle le denier du pauvre;
mais laissez les vieilles familles s'éteindre, le
peuple s'appauvrir par les fautes d'un mauvais
gouvernement et la cause rétrograde est perdue
sans retour. Otez leur influence aux ennemis
de notre constitution en matière électorale et
tout est dit. Le parti rétrograde n'a qu'une force
matérielle sa puissance morale est nulle. Ce
n'est pas être puissant que d'avoir des gens qui
vous cajolent pour devenir représentant ce
n'est pas être fort que de dépendre des largesses
de quelques vieilles momies ce n'est pas être
fort que de ne pouvoir exister que par l'igno
rance du bas peuple par l'abrutissement des
hautes classes ce n'est pas être fort que de
croire son existence compromise par la lecture
du premier roman venu Oh non, l'avenir ne
nous appartient pas. Les rejetons de vieilles
familles ne comprendront plus les prétentions
ridicules de leurs pères. La classe moyenne
s'éclaire; elle est religieuse et morale, mais elle
ne veut pas qu'on l'exploite sous le manteau de
la religion et de la morale
Qu'on vous abandonne vous-mêmes et
qu'êles-vous encore? Qu'ètes-vous lorsque les
sycophantes se seront retirés de vous? Qu'ètes-
vous lorsque les enfants renégats du siècle ne
vous prêtent plus l'appui de leur talent!
Après une heure de marche, la voiture s'arrèle dans une petite rue,
et devant une maison d'assez médiocre apparence, dout la porte
s'ouvre, Barbaroux entre dans un couloir obscur, la porte de la mai
son se referme derrière lui et il se trouve dans l'obscurité. Il aperçoit
enfin un point lumineux, qui croît, grandit, et lui permet d'aperce
voir une jeune fille qui s'avançait vers lui, en tenant la main une
de ces lampes en fer, où l'huile nage dans un récipient tout ouvert,
et dont un des bords donne passage une mèche l'aspect seul de
ce luminaire, Barbaroux se rappela les pécheurs de Marseille qui se
servent de lampes pareilles, et quand il leva les yeux sur la jeune
fille qui la tenait, il reconnut la petite cornette, le mouchoir de cou
leur et surtout le papillon de diamant, que portent les jeunes femmes
de Saint-Jean; une odeur de goudron, cette odeur, particulière aux
cordages etaux voilures des bateaux, frappa son odorat, et avant qu'il
fut revenu de son étonnement, une voix bien connue l'interrogea
dansl'idiôme provençal.
Charlesdit la jeune femme vous vous faites bien attendre;
vous aviez cependant promis ce matin de venir plus tôt.
Moi promis! dit Barbaroux avec rétonnemcntd'un homme qui
parle une personne qu'il croyait deux cents lieues.
Ouipromis et d'où sortez-vousCharles de la consigne ou
de chez le curé delà Major, qui vous fait étudier de si belles plantes;
mais venez donc, Mélie est dans la salle avec son oncle Jean, et moi,
comme je vous l'ai dit, je suis ici depuis une heure. Venez donc.
Barbaroux ne comprenait pas ce discours; tous ses sens le trom
paient la fois, la vue, l'ouïe, l'odorat son imagination, transportée
du passé au présent, s'arrêta étonnée pendant quelques moments,
puisse laissa aller une douce illusion. Il suivit la jeune fille me
sure qu'il avançait,les miracles se multipliaient: c'était ici l'escalier
tortueux de la maison du pécheur, là le pallier étroit, le carreau du
plancher, la chaux des murailles, la cheminée de plâtre avait cette
teinte jaunâtre qu'il lui avait toujours vue, et sur l'un de ses supports
il put remarquer une feuille d'acanthe grossièrement charbonnée par
lui. Dans la cheminée il vit une bûche énorme, la bûche de Noël,
pétillant dans l'âtre. A ce signe, il se ressouvint du jour où il se
trouvait c'était le 24 décembre, la veille de Noël.
Eh oui lui dit la jeune fille qui l'aimait, nous allons faire
calène
Faire calènec'est faire un souper particulier où l'on observe re
ligieusement le commandement de l'église qui ordonne le maigre et
qui diffère en cela du réveillon de Paris.
Venez, Charles, lui dit la jeune fille en le conduisant dans une
autre pièce où les convives se trouvaient déjà. Asseyez-vous vis-à-
Y is l'oncle Jean et côté de Mélie moi, je me mettrai votre gauche.
Barbaroux vit l'oncle Jean; il serra daus ses mains la main de
Mélanie; et dans la pièce où il se trouvait, il ne manqua pas de re
marquer le thermomètre qu'il avait toujours vu dans la maison du
vieux marin, Marseille, et la boussole dout l'aiguille était immo
bile; sur la table même sujet d'élonnement sa maiu touchait un
verre dont il reconnaissait le cristal verdâlre; dans des bouteilles
particulières au patron Jean, il voyait pétiller le vin cuit, et plus loin,
sur une table, il distinguait les cachets jaunes du vin de Chypre,
dont le paifum est si exquis et si odorant. Une terrine brune et
d'une poterie qui porte le nom de Saiut-Jaquciie, village où on la
fabrique, contenait des sardines la chartreuse...., plat dont on n'a
vait jamais entendu parler Paris, souvenir de religieux dispersés, et
dont doin Gerle était alors le spécimen oublié. A un bout de la table
étaient empilés des gâteaux 1 huile, faits exprès pour le jour de
Noël; le nougat, la datte, que le Marocain échange avec le Marseil
lais, le beurre du village de Rouve, la figue, les raisins séchés, tout
se trouvait réuni pour persuader Barbaroux que daus quelques
heures il avait fait un voyage de huit jours; qu'il avait rétrogradé
dans la vie enfin, que, comme le fait s'était passé trois ans aupara
vant, il était côté de 1 église St-Laurent chez le patron Jean, dont
il courtisait la nièce. Comme pour la ramener un souvenir plus
jeune encore et presque enfantin, on lui fit voir la cièche, c'est-à-
dire une représentation de la naissance de Jésus, une étable en mi
niature, un bœuf de deux pouces de long, la Vierge et Saint-Joseph
terre, de petits anges suspendus par un cheveu sur un ciel de pa
pier bleu et au milieu d'une lune et d'éloiles d'argent. Le député de
Marseillele conventionnel se frottait les yeux rêvait-il dans le
moment même, où rêvait-il depuis trois ans