JOURNAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 2e ANNÉE. N° 145. DIMANCHE, 18 SEPTEMBRE 1842. - INTERIEUR. FEUILLETON. On s'abonne Ypres rue du Temple, 6, et chez tojjkij les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 Tout ce qui concerne la ré daction doit être adressé,franco, l'éditeur du journal, Ypres. - Le Progris parait le Dimanche et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes par ligne. YPRES, (e 17 Septembre. - - i Nos représentants sont en fâcance chacun a pris la clef des champs et se repose molle ment sur la fougère, des fatigues d'une double session. Et cependant pour un grand nombre de nos honorables, ce temps censé consacré au repos, n'est pas exempt de fatigues pendant plusieurs mois on a joui des plaisirs de la capi tale il faut maintenant réchauffer le zèle des bons électeurs qui l'époque de la lutte ont été amenés de force au chef-lieu de l'ar rondissement. Il faut courir les champs, faire une visite au curé saluer sa gouvernante et caresser son médor, fraterniser avec le vicaire, le bedeau, le chantre, le serpent de la paroisse et poser cinquante fois par jour dans une main populaire, une main aristocratique qui a l'ha bitude de serrer mensuellement un rouleau de deux cents florins... Voilà votre passe-temps, représentants rétro grades, vous subissez uneconséquence nécessaire de votre position. Elus l aide des moyens fac tices, ce n'est que par des moyens factices que vous parvenez conserver votre haute position. Mais pendant que nos honorables se livrent corps et âme ces doux loisirs, les partis ne sommeillent point. Un bruit sourd annonce un orage qui bien qu'il ne paraisse pas encore sur l'horizonne peut tarder éclater bientôt. En effet l'époque des élections'communales appro che, chacun apprécie l'importance de la lutte qui doit avoir lieu tous se préparent com battre. Les organes du parti qui n'est pas le nôtre ne sont pas des derniers prendre des mesures, ils calculent les chances de victoire, font l'appel nominal de leurs électeurs qu'ils caressent dou cereusement du nom de bons et d'honnêtes. Puis, tandis que les uns par une tactique peu habile, (parcequ'elle peut être appréciée par tous sa juste valeur), prêchent la réconciliation et la paix d'autres lancent contre nous des foudres qu'ils croient être terribles, et qui font au plus l'effet d'une fusée ou d'un feu de Bengale. Aussi les libéraux s'amusent-ils considéra blement de ces feux d'artifices qui n'ont d'autre effet que de laisser voir clairement les manœu vres de leurs adversaires. Nous rions de leurs craintes très-fondées sans doute,} malgré leur forfanterie pyrotechnique, leurs bravades char- latanesques. Ceux qui nous combattent ne peuvent ni se dissimuler eux-mêmes, ni au public, la peur qui les travaille d'une terrible manière. WUIllILJ Le 12 de ce mois, vers 4 heures du matin, un incendie a éclaté en la commune de Keyem et a réduit en cendres une piaison deux demeu res habitée par les nommés De Schoolmeester et Pierre Hecke, l'un et l'autre indigents. Ce sinistre cause une perle de 1,100 fr. la veuve Vandevelde, de Scheepsdaeleprès de Bruges qui en est propriétaire. Rien n'était assuré. L'état du général Vandermeeren continue inspirer les plus vives inquiétudes; sa sœur, "vrai modèle de dévouement et d'amour frater nel se tient au chevet du malade jusque bien avant dans la soirée, et brave hardiment la contagion pour administrer les soins les plus tendres son malheureux frère. On écrit de Tournay, 9 septembre Nous apprenons qu'il circule des pièces faus ses de 10 florins. La nouvelle loi sur les patentes n'a pas em pêché plusieurs marchands forains de venir éta blir leurs échoppes sur la Grand'place la foire sera cependant moins belle que les autres an nées. On écrit de Courtrai, le 10 septembre: Un vol des plus audacieux a été commis, la nuit du 8 au 9 courant, dans la maison de M. Catteaux-Gauquiez en cette ville. Les voleurs se sont introduits d'abord dans la cour intérieure en escaladant la muraille sur le Marché-au-Bois, et ensuite dans le bureau en brisant un carreau de vitre. Un pupitre, qu'ils ne pouvaient ouvrir sans quelque bruit, a été transporté par eux dans une remise isolée, 50 pas de là où ils l'ont forcé et y ont enlevé les 150 francs qui s'y trou vaient. Ils ont également fracturé un autre pu pitre au bureau qui ne leur a offert aucun butin. On suppose que les auteurs de ce vol connais saient les êtres et les habitudes de la maison. Le Moniteur annonce qu'il ne sera pas donné suite aux nouvelles demandes d'emploi dans les chemins de fer. Le personnel est déjà sura bondant pour fournir même au service des nou velles lignes qui vont s'ouvrir. Le ministre de la guerre fait savoir que, con formément aux dispositions de la loi du 13 brumaire an VII (art. 12 et 24), il ne sera plus donné suite aux pétitions ou réclamations adres sées son département qui ne seraient pas écrites sur papier timbré. (Moniteur.) M. Dujardin, que les journaux hollandais font arriver La Haye depuis lundi dernier, se trouve encore Bruxelles. Aujourd hui encore M. Du jardin a eu une conférence avec M. le ministre des affaires étrangères. M. le colonel Dupré vient d'être mis la re traite. L'arrêté royal a été signé il y a quatre jours. (Patriote.) JOURNAL D UN OFFICIER DE LA MARINE ANGLAISE. C'est une vie d'insouciance, de vicissitudes et d'émotions quecelle de marin. Quand la tempête ne gronde pas, quand un veut favora ble permet d'abandonner le navire en quelque sorte son propre instinct, alors 011 s'étend nonchalammeut sur le pontet, tandis quequelques intrépides dormeurs ronflent comme de vrais cachalots, on chaule tue-tête, eu choeur, des chansons dont la poésie n'est pas très-régulière peut-être, mais dont on se contente le marin n'est pas diflicile. Est-on fatigué de chanter, la conversation s'en gage on éehauge de joyeux propos, de bons et gros qnolibetsà faire fuir un requin ou bien quelque matelot, doyen de sa race, vrai loup de mer, comme disent ses camarades, recommence pour la millième fois peut-être son interminable histoire du Hollandais. Or ce Hollan dais, ou pour mieux dire, le Déserteur Hollandaisest un bâliment mystérieux et de mauvais augure, qu'on n'a jamais vu, qu'on ne verra jamais sans doute, et qui produit sur le matelot le même sen timent de terreur que Croquemitaine sur les eufans. Cependant les marins ne sont pas poltrons, je vous assure. Parfois, au milieu de ces scènes d'autant plus piquantes qu'elles ont lasolitude et l'espace pour théâtre, la voix des tempêtes résonne tout-à-coup dans les airs, le sifflet du maître se fait entendre tous ces hommes indolens, apathi ques, s'animent, s'agitent en tous sens, et le combat commence entre le faible esquif et la mer irritéeentre de ebétifs mortels et les élémens furieux. Puis, quand le génie de l'ouragan a épuisé sa fureur, quand les éLémens vaincus rentrent dans les limites qui leur sont assignées, le marin alors, jetant autour de lui des regards de satisfac tion et d'orgueil, peut se dire, non sans raison Ma profession est la plus noble de toutes. Telle était la carrière que j'avais choisie. Ces vaisseaux pavoises s'éloigiîâut majestueusement de la côte, dis paraissant peu peu sur le vaste océan, ces nombreux navires de tou- tesformes, avec leur mâture élaucée, leur voilure élégante et gracieuse; ces milles chaloupes sillonnant les ondes, suivant les sinuosités du rivage, ou glissant sans bruit dans le ^assin du port; cette musique militaire que j'eulendais du matin au soir sur les diftéreus bâtimens de guerre cette vie aventureuse et variée du marin, tout cela m'a vait séduit. J'avais un parent qui, ayant servi longtemps et avec honneur dans la marine, avait acquis un grade élevé, récompense de ses longs services. J'allai le voir, je lui dis ma résoluliou. Comme tous les marins, le vieux loup de mer en fut enchanté, et il me donna des lettres de recommandation, avec lesquelles, me rendant Ports- moulh, il ne me fut pas diflicile d'être admis au nombre des aspirans dans la flotte de S. M. Britannique. C'est comme tel que Tom Criugle s'embarqua sur la Torche qui allait croiser 1'embouohure de 1 Elbe. Mais Hambourg était alors au pouvoir du corps de Davoust, et le jeune aspirant devint sou pri sonnier. L'entrée des alliés Hambourg lui rendit la libellé; il re vint avec la Torche Portsmoutb. Là, dit-il, nous primes du gros canon, et, après nous être ravitaillés, nous allâmes nousmettre en station sur les côtes d'Irlande. Pourquoi?... c'est ce que je ne savais pas alors, parla raison toute simple qu'on ne m'avait pas fait l'honneur de me le dire seulement, W soir même de notre arrivée, le second lieutenant, M. Trinelle, s'approcha de moi avec un air inaccoutumé de bonne humeur N'avez-vous pas un oncle Corke, M. Cringle -h Oui, lieutenant. Eh bien! je vais Corke celte nuit. Demandez au capitaine la permission devenir avec moi je suis sûr qu'il vous l'accordera. Cette offre me souriait, comme ou peut le croire; je résolus d'en essayer. M'armant donc de courage, je répétai trois fois au moins la manœuvre importante du salutque, soit dit sans vanité, je ne fai sais pas trop gauchement pour un marin et, mou grand étonne- ment, le capitaine, dont l'air n'était pas gracieux tous les jours m'accorda aussitôt ma demande. Quelques instans après, j'étais cheval sur la route de Corke, où nous arrivâmes en peu d'heures. A Corke je quittai le lieutenant, et j'allai dîner chez mon oncle; le soir vers neuf heures, M. Trinelle vint me reprendre. Vous savez, Tom, qu'on mettra demain la voile, et que nous devons retourner de bonne heure bord. Après ce préambule très-peu agréable, je fis mes adieuxet suivis en silence mon supérieur, qui me conduisit l'auberge où il logeait. C'est une misérable bicoque dans laquelle il occupait le lo gement le moins confortable.

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Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 1