JOIMAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2e ANNÉE. N° 149.
DIMANCHE, 2 OCTOBRE 1842.
FEUILLETON.
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IATEMEVB.
YPRES, le 1" Octobre.
Les dernières séances du Sénat ont porté un
coup mortel au ministère mixte. Jamais l'oppo
sition de la chambre des représentants n'a traité
le cabinet-Nolhomb avec autant de sévérité que
quelques sénateurs, qui passent cependant pour
avoir été les négociateurs du ministère actuel.
L'opération financière de M. Smitsle tarif de
M. Desmaisièresl'emprunt qui ne sera pas le
dernier, ont été passés en revue rien n'a échappé
quelques sénateurs, qui se sont donné le malin
plaisir de faire payer cher aux ministres l'appui
de leurs votes. Quelques-uns même ont flagellé
leur œuvre avec une causticité et une bonho
mie mordante qui paraissent avoir atterré les
hommes d'affaires.
Quoi qu'il en soit, le cabinet mixte paraît for
tement ébranlé, ses appuis naturels, les feuilles
cléricales disent la modification ministérielle
cerlaine. Ce ministère que M. Nothomb présen
tait dans son factum aux gouverneurs, comme
le point culminant de la situationcomme le
seul possibleaprès une seule session est déjà
usé, que disons-nous, méprisé. Ce cabinet qui
devait accomplir de si grandes chosesparaît
avoir réussi rendre l'inimitié des partis plus
profonde et l'irritation plus vive. Il finira par
un suicide qui débarrassera le parti dominant
et l'opposition d'un ministère incapable qui n'a
su contenter ni l'un ni l'autre. Il n'a réussi qu'à
rendre le gouvernement plus difficile et prépa
rer probablement l'avènement au pouvoir, d'un
ministère ultra-catholique.
Nous extrayons d'une lettre que l'on nous
écrit de Bruxelles, le passage suivant
On ne s'occupe en ce moment que d'un
changement de ministère et ce qu'il y a de
singulier, c'estquela retraite du cabinet actuel
qui a réuni une majorité dans les chambres, est
attendu de tous avec la plus flatteuse impa
tience. Ce ministère si fort, si homogène, (sous le
rapport de la nullité sans doute), n'est plus
qu'un hors d'œuvre; n'a-t-il pas rempli la mis
sion qu'un pouvoir extra-parlementaire lui avait
confié? et la reconnaissance ne permet-elle pas
ce pouvoir de briser l'instrument dont il s'est
servi et dont il nVplus que faire ne croyez
pas toutefois que je sois-- partisan du'cabmet
l'agonie. Atlasje le sais., soutenait' le monde,
mais M. Nothomb ne peut soutenir le ministère
du 13 avril... c'est par trop fort. Si du moins,-
ils avaient l'esprit de se taire comme M. Van
Volxem, disait dernièrement un sénàteur minis
tériel Hélas répliquait un confrère de
même- opinion pour avoir l'esprit de se taire
il faut avoir... ce qu'ils n'ont pas... A mesure
que la nouvelle de la déconfiture se propage,
on voit arriver en ville une foule d'aspirants-mi
nistres. Les vigilantes ont fort faire les sous-
pieds sont très la mode même pour toilette
de malin et chose extraordinaire et bizarre, le
Moniteur trouve une foule de lecteurs.
Tous ces symptômes sont des plus signifiea-
catifs, le ministère
tremble, chancelle et
Exauimisque tremens procumbit humi
On nous mande d'Haringhe (Rousbrugghe):
Un grand nombre d'électeurs se proposent
de donner, lors des prochaines élections com
munales leur voix M. Emile Autricque
receveur de l'enrégistrement. Ils pensent trouver
en lui un magistrat capable et indépendant.
On espère que ce jeune fonctionnaire ne s'op
posera pas aux désirs d'un grand nombre
d'habitants de notre ville et qu'il acceptera la
candidature qui lui est offerte.
i n ii
M. Fiers notre compatriote, qui vient de
remporter le 1er prix de composition dans la
lre classe d'architecture l'académie de Brux
elles doit rentrer dimanche Ypres. Les
autorités communales et les directeurs de l'aca
démie des beaux-arts se proposent de lui décer
ner les honneurs de l'ovation. MM. les directeurs
de l'académie iront la rencontre du jeune
lauréatpour lui adresser leurs félicitations.
Le cortège fera son entrée en ville dimanche,
dans l'après-midi.
Nous espérons que M. Fiers durant son séjour
Ypresmettra ses concitoyens même d'ap
précier les nouveaux progrès qu'il a faits depuis
l'an passé. Nous engageons l'administration
mettre sa disposition l'une des salles de l'Hqtel-
de-ville. Une'exposition de quelqu'œuvre de
notre jeune artiste est d'autant plus opportune,
que les travaux de restauration que l'on exécute
en ce moment au bâtiment de notre halle ré
clameront sans nul doute des ouvrages de
sculpture importants. Les fausses fenêtres où
se trouvaient les statues de nos Ço.mtes de Flan
dres arrachés autrefois de leurs trônes en leur
qualité d'aristocrates, sont privées depuis, long
temps de leur principal ornement. Il serait
digne de notre administration de donfier notre
compatriote, celle œuvre de restauration. Nous
espérons que nos magistrats et le public, après
examendes compositions de notre artiste, n'hé
siteront pas décider que M. Fiers est capable
de remplir cette tâche.
On assure que l'arrêté qui nomme le nouveau
commandant de la place d Ypres est signé de
puis quelques jours et que l'on ne tardera pas
connaître le nom de l'officier supérieur qui
doit remplacer le Colonel Louis.
Nous avons eu occasion de parler plus d'une
fois des avantages, qui nous paraissaient devoir
résulter pour notre ville, de l'établissement d'un
conseil de prud'hommes. Une loi a réglé la
matière, et un arrêté royal a déterminé, quant
la ville d'Ypres, le mode d'application de cette
loi. Aucune suite, que nous sachionsn'a été
donné jusqu'ici ces dispositions législatives.
Serait-il survenu de nouvelles difficultés? ou
une nonchalance coupable serait-elle cause de
cet incompréhensible relard?
Le bruit d'un prochain remaniement minis
tériel commence prendre une sérieuse consis
tance, et il paraîtrait qu'on n'a attendu pour
JOURNAL D'UN OFFICIER DE LA MARINE ANGLAISE.
(suite.)
Nous venions de virer, pour imiter la manœuvre du vaisseau étran
ger que nous voulions poursuivie bientôt la lune parut, et nous pû
mes voir un grand scliooner si peu de distance de nous, que, si la brise
eut été plus forte, nous nous fussions infailliblement brisés Uun
contre l'autre.
Nous étions bons voiliers; le vent soufflait du nord-ouest. Le capi
taine, joyeux, se promenait sur le pout, donnant ses ordres, se frottant
les mains; Uéquipage, en reconnaissant dans le vaisseau étranger un
objet terrestre et réel, avait repris sou courage; et nous distinguions
clairement alors le pont du navire étranger, ses agrès blanchis par la
lune.
Pas un homme sur le pont s'écria le capitaine c'est étonnant!
En effet, le pont était désert pas un être vivant ne s'y laissait
voir, si ce n'est quelque chose d'informe et de noir qu'on voyait im
mobile la poupe.
Oh du schooner oh cria le capitaine.
Pas de réponse.
Parlez, ou je vous coule bas.
Toujours même silence; on ne répond pas plus cette menace
qu'on n'avait répondu au premier appel. Ce mystère, cette obstina
tion, ce bâtiment glissant seul sur l'onde, et d'une manière surnatu
relle; ces ponts, ces agrès silencieux, déserts comme l'empire de la
mort, tout cela fit renaître les craintes superstitieuses des matelots.
Sergent Armstrong, notre meilleur tireur, l'œuvre, et descen
dez ce coquin là, sur la poupe, précisément en face de nous.
Le sergent, obéissant cet ordre, saute sur le gaillard d arrière,
ajuste son arme, et mire quelques secondes maisavant que son
doigt eût pressé la détente, une décharge partie de la poupe ennemie
lui fracasse la tête, et son cadavre roule nos pieds.
lie capitaine alors exprima sa colère par une imprécation formi
dable.
1 Maître canonuier, balayez-moi ce pont...
Et le vieux Nipper, que l'odeur de la poudre semblait ranimer,
oubliant tout coup ses tristes présages, se rendit joyeux son poste.
Pendant ce temps le schooner faisait une fausse manœuvre
comme s'il eût voulu se rendre.
Tirez, tirez, sacrebleu! s'écria le capitaine: c'est une ruse de
guerre.
Nous tirâmes; notre bordée fut violente, mais produisit peu d'ef
fet. Le schooner vira de bord avec une rapidité si étonnante, que nos
boulets sifflèrent autour du navire sans l'atteindre et le léger dom
mage que nous avions causé se trouva aussitôt réparé comme par en
chantement. Bientôt toutes les voiles du schooner se replièrent, et
une multitude d'hommes armés se montrèrent tout coup sur le
pont, qui fut alors couvert de combat tans. Cependant la supériorité
du schooner était maintenant bien évidente il s'était arrêté con
fiant sans doute dans son stratagème, et nous étions peine une
encablure de distance lorsqu'il nous envoya sa bordée terrible. Cette
décharge cribla nos manœuvres, nous démonta une pièce, et trois de
nos gens tombèrent sans vie sur le pout.
Voilà ce que c'est que de mépriser nos frères d'Amérique,
grommela tout bas M. Splinter.
11 fallut alors se résoudre prendre chasse devant l'ennemi que
nous avions poursuivi d'abord, et dont la fuite simulée nous avait
attirés dans le piège.