JOURNAL DTPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 2e ANNÉE. N° 150. JEUDI, 6 OCTOBRE 1842. nri iu lui. FEUILLETON. .vt On s'abonne Ypres rue du Temple, 6, et chez tous les per- cepteurs des postes du royaume. prix de l'abonnement, par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 Tout ce qui concerne I. ré daction doit être adressé,franco, l'éditeur du journal, Ypres. - Le Proi/rie parait le Dimanche et le Jeudi de chaque semaine. prix des insertions. Quinze centimes par ligue. YPRES, le Ç.Octolir^. Le conseil communal delà ville d'Ypres s'est réuni lundi matin. Il a pris quelques disposi tions relatives aux élections communales pro chaines et que la loi du fractionnement et les circulaires ministérielles rendaient nécessaires. La ville d'Ypres est divisée en trois fractions (voir notre dernier n°). Il y a 8 conseflters élire. Comme il était de toute impossibilité de fractionner les conseillers sortants, comme les Chambres ont fractionné les collègesélecloraux, on a procédé au tirage au sort, pour désigner quel serait le nombre des conseillers élire par chacune des trois sections. Voici le résultat de cette opération lre section. 2 conseillers. 2e idem 3 3e idem 3 idem. idem. total. 8 conseillers. D'après les nouvelles dispositionsles élec tions ne peuvent avoir lieu dans un même local. Les opérations doivent se faire séparément dans des locaux situés dans chacune des sections. Si nous sommes bien informés, le conseil a décidé que les opérations électorales auraient lieu, pour La i" section, au Salon d'Apollon. La 2° idem au futur Palais de Justice. La 3° idem Hôtel-de-cille. Comme nous l'avions annoncé dans notre dernier n°, c'est dimanche passé qu'a eu lieu l'entrée solennelle de M. Edouard Fiers, notre jeune sculpteur, qui a obtenu l'académie de Bruxelles, le Premier Prix dans la classe de com position. Une dépulalion composée de M. Henri Carton, membre de l'académie des beaux-arts, de M. Aulricque, professeur de la même acadé mie et de notre artiste Bobm sont allés la rencontre de M. Fiers, jusqu'à la société de l'Union. M. Carton a complimenté brièvement notre jeune lauréat, qu'il a invité monter en voilure, pour rentrer Ypres, et recevoir dans sa ville natale les honnetirs de l'ovation, que la direction de l'académie, de concert avec l'ad ministration municipale se proposait de lui décerner. Une foule curieuse et fière du succès de notre jeune concitoyen encombrait la route de Menin. Le carillon et toutes les cloches de l'église Saint-Jacques, (annonçant un grand salut), étaient en branle. Le cortège composé de plusieurs voitures précédé de la musique communale et escorté d'une compagnie de pompiers, a fait son entrée par la porte de Menin et est arrivé l'Hôtel de ville. Bientôt M. le Bourgmestre, les directeurs, les professeurs, les élèves de l'Académie et plu sieurs notables de la ville se trouvèrent réunis la Salle bleue. Le chef de l'administration communale après avoir prononcé un discours remarquable, dans lequel il a fait observer que M. Fiers était depuis longtemps le seul artiste qui se fut distingué dans lart de la sculpture, a décerné au nom de la villeune médaille en vermeil au jeune lauréat dout la poitrine était ornée déjà de deux médailles, l'une donnée par l'Académie de Bruxelles, l'autre par le gouver nement. De triples salves d'applaudissements ont accueilli la remise du don offert par la ville. La distribution des prix'd'encouragement aux élèves de notre Académiea eu lieu ensuite; nous avons entendu prononcer trois fois le nom de M. Delhoor. M. Fiers a été reconduit en cortège et le soir une brillante illumination a complété la fête. Celte solennité, tout Yproise, fait honneur au jeune lauréat, qui par ses succès a su la provoquer et aux hommes éclairés qui ne né gligent aucune occasion d honorer le talent. Cette preuve de sympathie de la part de ses concitoyens paraît avoir vivement ému notre jeune artiste nous espérons qu'il ne perdra jamajs le souvenir de celte journée. Un devoir nous reste remplir envers M. Fiers nous aimons trop ce jeune artiste nous avons trop de foi dans son avenir, poui ne pas remplir notre tâche. Nous lui dirons donc: M. Fiers, que les triomphes que vous venez d'obtenir, ne vous enivrent pas vous avez beaucoup fait, mais il vous reste beaucoup faire, pour briller au premier rang; continuez être modeste, car la modestie est la compagne du talent, travaillez travaillez sans relâche, le ciel a placé en vous le feu sacré qui anime l'ar tiste ce n'est qu'à ces conditions que vous parviendrez vous faire ùn nom et faire rejaillir sur votre ville natale, la gloire que vous avez le droit d'ambitionner. M. Fiers, vos con citoyens et les magistrats qui,les représentent, ne vous abandonneront pas.,' vous avez acquis des droits leur concours qu'ils ne peuvent manquer de vous prêter Depuis quelque temps on travaille préparer la salle destinée renfermer le Musée de tableaux et les collections recueillies et recueillir par la Société des beaux-arts. Ces collections seront placées l'ancienne salle échevinale. En procé dant aux travaux de restauration, on a décou vert air, fond de la salle, en face de la grande croiséequelques peintures qui remontent une époque déjà éloignée (au 16me siècle, dit-on), et que I on attribue Karel van Ypre; ces peintures étaient recouvertes de plusieurs cou ches de badigeonnage. Ces tableaux que I on dit être pei«fs fresque, sont malheureusement fort endommagés. On distingue toutefois outre deux évangélistes trois comtes et trois comtesses de Flandres. Les inscriptions qui, d'après un ancien usage, sont peintes au-dessus de leurs têtes, portent les noms de Louis de Crécy, de Louis de Mâle, de Jean sans peur et de leurs épouses légitimes. Nous reviendrons sur celte découverte im portante sous le point de vue artistique, quand nous parlerons des travaux que l'on exécute en ce moment au local destiné au Musée. Les efforts de nos magistrats pour obtenir une augmentation de garnison ne sont pas JOURNAL D'UN OFFICIER DE LA MARINE ANGLAISE. (suite et fin.) Alors les yoix de la tempête se firent entendre le tonnerre gronda aveo un bruit épouvantable les nuages s'agitèrent, se mirent en mouvement, comme déchirés tout coup par une force invisible et des vagues écumeuses s'élevèrent de toutes parts. La cime de ces vagues, déchirée, emportée par le veut qui les parcourait, les pous sait et les entraînait sa suite, s'aplanissait sous cette foi ce terri ble; on eût dit une herse de bronze comblant ces gouffres immenses, ces sillons profonds, et changeant la plaine inégale et tumultueuse de l'Océan en une surface plane, unie, couverte d'écume. Nos ma nœuvres, nos ferremensse cassaient comme des fils d'araignée ou se ployaient comme du laiton. Câbles, agrès, cordages, cédaient l'impétuosité de l'ouraganse rompaientet leurs débris étaient emportés dans les airs. Nos mâts, dont les craquemens nous rem plissaient de terreur, se brisèrent aussi facilement que des joncs desséchés, ettombant dans la merlaissèrent notre vaisseau exposé sans défense au caprice des élémens. Au milieu de cet affreux désastre, nul remède n'était possible. La plus petite voile eût été 1 instant même mise en pièces. Nous laissions donc le bâtiment suivre l'impulsion du vent ou des vagues. Tous nos gens étaient d'ailleurs occupés, car il y avait du travail pour tout le monde les pompes faire jouer, les débris enlever, le gouvernail tenir, tâche pénible et fatigante, pour lequel une bonne partie d'entre nous suffisaient peine. Ces soins- étaient plus importans que la marche que nous pouvions suivre. Jusque-là, cependant, personne n'avait perdu cou rage, chacun se tenait ferme sou poste, quand le vieux charpentier, marin plein d'expérience, de sang-froid et de bravoure, sortit tout coup de l'entrepont. Son visage était pâle, ses cheveux blancs et hu mides flottaient par mèches dans la direction du vent, et une ex pression de désespoir se lisait dans ses yeux. Sans dire un seul mot, il marcha droit au capilaiue, qui s'était fait attacher par la ceinture au cabestan; ne pouvant plus se soutenir en l'abordant, il se laissa tomber près de lui. Plus d'espoir, s'écria-t-il alors d'une voix concentrée, plus d'es poir, capitaine l'eau nous iuoude, impossible de l'arrêter; le mât a été lanoé avec violence contre notre arrière; nous enfonçons! Non, brave Kelson, dit le capitaine d'un ton paternel, mais sé vère. Faites votre devoir, et n'alarmez pas nos gens. Une voile, vite, passez une voile sous le navire, et qu'on calfate le trou. Mais il est trop tard la première lame qui s'éleva, le navire chancelant comme un homme ivre, s'enfonça visiblement. Jetez les canons la mer. Il est trop tard, répondit le maître charpentier. A cette déclaration du vieux Kelson, l'équipage répondit par un cri unanime de détresse. Quel accent de désespoir il y avait dans cette exclamation! C était notre seutence que nous venions d'euten- dre. Le navire se balança encore quelques secondes puis tout dispa rut sous les flots. Je m'étais jeté la nage, étouffant, presque submergé par la houle heurté par des débris de notre malheureux bâtiment. Autour de moi j'apercevais des cadavres, des mourans, des visages dont les traits contractés exprimaient l'agonie la plus violente; des matelots, comme moi luttant contre la mort, s'accrochant aux planches, aux pièces de bois détachées du corps du navire. Des cris de désespoir, des imprécations ou des clameurs, arrivaient confusément mou oreille. Deux fois, dans ma douleur insensée, j'appelai au secours comme si quelqu'un eût pu m'en donner, comme si je n'eusse pas

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 1