FRANCE. Madrid, 28 septembre. Le gouverne ment n'a pas encore fait connaître officiellement le jour qu'il a choisi pour l'quverture descortès* le bruit le plus général esl^ue cette ouverture aura lieu le premier novembre. sous peu"de jours l'appareil de M. Mulon sera terminé. Jusqu'à ce moment, l'entrée dans l'enceinte de la source est interdite. M. N..., qui habite le quartier St-Marlin. était depuis quelque temps absent de Paris; mais ayant quelque sujet de croire que sa femme le trompait, il lui écrivit que son absence devait se prolonger beaucoup plus qu'il ne l'avait pensé d'abord. La lettre arriva lundi matin et le même soir il sonnai,t chez lui. Il se passa quel ques instants avant qu'on lui répondit; enfin Mme IN... vint ouvrir mais l'aspect de son mari, elle ne put s'empêcher de faire un mou vement qui annonçait la terreur plus que la surprise. Ne doutant plus de son malheur M. N... pénètre vivement dans son appartement; il n'y avait personne mais l'une des fenêtres était entrouverte, et une odeur de cigare forte ment prononcé annonçait qu'un homme y avait été récemment introduit. S'armant aussitôt d'un couteau-poignard qu'il avait l'habitude de porter en voyagele mari s'élance vers la fenêtre, l'ouvre entièrement, et apercevant en dehors un jeune homme qui se tenait cramponné la barre d'appui, il le frappa de deux coups de son couteau. L'infortuné jeune homme tomba la renverse sur le pavé, d'une hauteur de plus de 10 mètres. Relevé par les habitants du voisinagedes secours lui furent prodigués par un médecin, et lorsque le blessé eut recouvré connaissance, on le transporta chez lui, où il arriva dans un état presque désespéré. Au moment où M. N... ouvrait la fenêtre, sa femme prit la fuite; on ne sait pas ce qu'elle est devenue. M. N... s'est aussitôt constitué pri sonnier. EXTERIEUR. Le bruit s'est répandu ce malin, Paris, que la reine était assez sérieusement indisposée. On ajoute que Mme Adélaïde est aussi malade. Des communications très-fréquentes ont eu lieu depuis huit jours entre M. Guizot et le chargé d'afFaires d'Fspagne. On sait que notre gouvernement avait demandé des réparations au cabinet de Madrid l'occasion de l'insulte faite la France en la personne de M. Lefebvre. On exigeait entr'autres la destitution de Zur- bano. On dit que le cabinet espagnolaprès avoir fait attendre sa réponse pendant huit jours, a refusé de destituer le proconsul de Girone. Il esta craindre que celte affaire n'éloigne en core pour longtemps la reprise des relations di plomatiques entre les deux gouvernements. M. le ministre des travaux publics vient de publier un document très-intéressant et très- bien préparé sur les ports maritimes de com merce. Nous voyons qu'une somme de 68 millions 930,000 fr. a été accordée par diverses lois, de puis 1837, pour l'amélioration de 52 ports ré partis sur toute l'étendue de nos côtes, et rangés ainsi qu'il suit dans l'ordre géographique: Dunkerque Calais, Boulogne, St. Valery-sur Somme, le Hourdel, le Crotoy, Tréport, Dieppe, Fecamp, le Havre, Rouen, Honfleur, Caen, Cherbourg, Grand ville, Saint-»Malo, St.-Servan, Brest, Landçrnan LorientVannesRedon, Palais, Belle-Ile, IçCroisie, Nantes, Saint-Gilles, La Rochelle., RochefortBiberon Sl-Georges- du-Doubçt (Ile d'Ôléron) La Perotline Le Château Pointe-de-Grave (Bayonne), Porl- Vendres Cette, Le Ciotat, Marseille, Toulon, Cannes, Ajaccio (Corse, Ile-Rousse Sur le crédit total, une allocation de trente- huit millions, 990,656 fr. a été rendue disponi ble pour les cinq exercices 1837 1841. Les travaux sont en activité sur tous les points, et déjà, dans quelques ports, ils sont entièrement terminés. Les dépenses faites au 31 décembre 1841, s'élèvent en totalité 36,303,995 fr. Nous apprenons que de nouvelles sollici tations viennent d'être faites par deux maré chaux de France pour obtenir la place de gou verneur des Invalides, vacante depuis six mois par la mort du maréchal Moncey. A VENTURE DE DOUANES. Le Précurseur publie la lettre suivante: Grand ville, 29 septembre. Je comptais arriver Anvers pour le premier octobre, mais je me trouve retena ici par la plus singulière des aventures: mon retour de l'Ecosse, mon mari voulut absolument visiter les îles de Jersey et de Guernesey pour lesquelles je m'embar quai Portsmonlh. Jusques-là, rien de fort extraor dinaire; mais en débarquant Granville, les tribu lations commencèrent. Avant de procéder la visite de nos malles, on appela les dames part, afin de voir si elles n'avaient pas de contrebande sur elles. Je crois vops avoir dit dans l'une de mes dernières lettres que j'avais fait plusieurs emplettes d'étoffes nouvelles Londres. Je les avais faufilées et j'en avais fait plusieurs jupons que j'avais mis les uns sui tes autres. Lorsque la douanière voulut mettre la main sur moi et me tater, je me regimbai de mon mieux; mais je n'étais pas de force et je me soumis aussi gracieusement que possible. Mon châle fut trouvé suspect et mis de côté pour être soumis l'inspection de qui de droit. Jusques- là rien cfe fort embarrassant mais lorsque ma princesse m'enjoignit d'ôter ma robe sous le prétexte qu'elle était neuve et lorsqu'arrivée là, elle exigea le dépouillement de mon jupon n° i, de mon ju pon n° i, de mon jupon n" 3, de mon jupon n° 4, de mon jupon n° 5, je devins cramoisie de colère Et ma chemise qui est neuve, l'ôterez-vous égale ment, m'écriai je?Pourquoi pas, madame la mijaurée, me répondit-elle? Là dessus, je criai de toutes mes forces au secours! en appelant mon mari par son nom. Il était heureusement la portée de ma voix; il accourt lorsqu'il m'aperçut comme vous savezvoilà qu'il entre dans une colère affreuse, blasphémant, jurant comme un damné. Ni lui, ni moi ne nous aper cevions que la porte était restée entr'ouverte, et qu'une foule d'indiscrets étaient là nous examiner, car j'étais encore plus cocasse que mon mari qui ne l'était déjà pas mal. Finalement, sans pouvoir me rappeler toutes les circonstances qui accompa gnèrent cepiquant épisode,je me relrouvaià l'hôtel La Gazette de Voss nous apporte enfin des détails sur l'incendie qui a dévoré Kasan et ces détails sont horribles en moins de douze heures 1,309 maisons, 9 églises, un couvent, sont devenues d'abord la proie des flammes ensuite d'autres incendies sont venus atta quer les parties de la ville restées intacteset une foule de personnes ont perdu la vie la perte des bâtiments est évaluée 45 millions de roubles banco et la perte des marchandises pourrait bien être évaluée la même somme!.. t {Globe.) M. Maes, un des peintres qui honorent le plus la Belgique résidant depuis plusieurs années R<5ùie où il exerça son art avec une haute dÉ^inclion i vient d'arriver Gandsa ville natale. Le Handelshlad annonce que les négo- ciants.éminents de Bois-le-Duc auraient l'inten- liont.de s'adresser au gouvernement pour qu'il soit pris des mesures contre la circulation de la monnaie de cuivre beîge qui afflue, paraît-il, dans le Brabant septentrional. - On parle beaucoup de l'étrange circulaire du général Van Halen. Bien qu'il ne soit pas ques tion de destituer un général qui a rendu des services aussi éminents que le comte de Para Campson croit savoir que le goavernement désapprouve la circulaire du généralet pour éviter le scandale, il est possible que le gouver nement se soit borné de simples protestations expédiées sous forme de dépêches au capitaine- général de Catalogne. Le bruit a couru dans la journée que le gouvernement avait reçu des nouvelles très- importantes de Valence quidepuis quelque tempsest menacé de désordres très-graves. On a fait circuler le bruit qu'un soulèvement sérieux avait eu lieu et que le peuple avait proclamé le vœu que la majorité de la reine fut fixée 18 ans. Jusqu'ici, rien n'a transpiré de ces dépêches. Ainsi qu'on l'avait annoncé, un échafau dage presque aussi haut que la colonne Ven dôme se fait remarquer de loin au centre de la principale cour de l'abattoir de Grenelle, au- dessus de la source artésienne. Déjà un long tube de tôle parlant du niveau du sol et s'élevantà 33 mètres dans l'intérieur de l'échafaud, vient d'être posé. Au sommet de cetéchafaud, on va placer un bassin pour recevoir l'eau sa chute par l'ori fice supérieur du tube puis de ce bassin jus qu'au solon va aussi disposer un second tube pour la décharge des eaux dans l'acqueduc d'é coulement. Enfin du bas en haut de cet échafaudage, M. Mulot fait construire un escalier paliers afin de faciliter aux savants l'accès du nouvel orifice au sommet de l'échafaudage, pour y faire telles expériences qu ils jugeront convenables; qui l'avoisinent. Chacun d'eux porte une cage d'osier qui con tient un grand nombre de pigeons. Parvenus l'élévation qu'ils ont cherchée, ils ouvrent leurcage et tous les oiseaux prennent l'essor. C'est un assez beau spectacle que de voir tous ces oiseaux, dont la forme est gracieuse et le plumage chatoyant, d'écrire dans l'air plu sieurs spirales, reconnaître çaetTàles objets qui leur sont familiers, puis s'élever en ligne droite et voler d'uu seul trait vers le lieu de leur résidence habituelle. Comment ce goût a-t-il pu se développer parmi leshabitans de White-Chapel, dont toutes les idées se diri gent ordinairement vers le désir du gain, vers le besoin d'exploiter et d'amasser? C'est une de ces mille anomalies qu'on rencontre dans toutes les classes de la société, et qu'il est plus facile de concevoir que d'expliquer. Le boucher de White-Chapel est le beau idéal de son état, c'est le type du boucher jamais dans aucun autre quartier de Londres vous ne trouverez rien de semblable lui c'est encore le boucher du seizième siècle, tel que Ben-Jonson l'a placé dans ses drames comi ques. Le tablier de cuir ne le quitte jamais, ses bras sont toujours nus, il ne connaît pas de dimanche. En général, il y a cinquante années de distance entre les habitans de ce quartier et les autres habitans de Londres. Les maison - sont vieilles et pignon les portes sont basses et étroites; les toits sont hauts et pointus; les rues peti tes et tortueuses. Cependant qui le croirait? Shakspeare dont les pièces ne se jouent Drury-Lane et Covent-Gardeu qu'en faveur de quelques nouvelles actrices ou de quelques acteurs aimés du pu blic, Shakspeare est encore l'idole des White-Chapelieus; ils ont conservé pour lui l'antique vénération du peuple anglais pour le roi de son théâtre et cette vénération n'est pas une admiration sur parole, ni le résultat d'une analyse littéraire. C'est de bonne foi et dans toute la sincérité de leur esprit qu'ils croient au génie du grand homme, et qu'ils applaudissent ses œuvres. Plus ils sont arriérés dans la civilisation, plus il leur est facile de comprendre le géant du seizième siècle. S'ils ne soumettent pas ses beautés une critique subtile, ils le sentent et comprennent par instinct. C'est le petit théâ tre nommé le Pavillon qui retentit chaque soir des applaudissemens les plus sincères et les plus bruyants en l'houneur du vieux poète. Ainsi la poésie ne meurt pas. Quand les hautes classes la répudient, le bas peuple recueille sa douce rosée et s'en nourrit avec délices. Passons une région non moins spéciale et examinons les champs de Saint-George St-Georye's Fields.) C'est le pays des petits gar çons et des petites filles. Je ne saurais dire pourquoi tout ce qui entre dans la puberté, tout ce qui sort de l'adolcsceuce, tout cc qui mauie uue paume, une balle, une raquette, afflue des divers quartiers de Londres dans les champs de Saint Georges. Observez ce groupe oisif qui occupe le coin de la roule de Londres; le plus âgé n'a pas dix- neuf ans. Pourquoi cette foule de petits garçons couverts de haillons se presse-t-elle autour de cet adolescent dont le chapeau bien brossé, dont l'habit noir et le pantalon noir semblent indiquer qu'il appar tient une famille aisée et honorable? C'est une troupe d'appreutis- voleurs qui dans quelques années fera retentir Londres de ses ex ploits; ces enfans de quatorze ans, couverts de boue, sans souliers, sans chapeau, se laissent conduire la potence ou la déportation par leurs guides on ne sait par qui le quartier est dévalisé la police fait de vaines recherches, les perruques poudrées de la magistrature s'ébranlent avec indignation, et personne ne sait quel est ce nid de dépravation et de vol où. toute une génération de petits brigands est couvée par d'autres brigands plus avancés. C'est de ce quartier que sont sorties les célébrés bandes des quarante voleurs et des pattes noires qui ont mis toute la police eu désarroi. Qu'est-ce en efTet qu'une police qui ne surveille même pas ces collèges, où l'éducation du vice s'accomplit presque sous ses yeux (La suite au prochain

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Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 3