JOURNAL DYPRES ET DE L ARRONDISSEMENT.
2e AMÉE. K° 153.
DIMANCHE, 16 OCTOBRE 1842.
INTERIEUR.
FEUILLETON.
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cepteurs des postes du royaume.
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Le Progrès paraît le Dimanche
et le Jeudi de chaque semaine.
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Quinze centimes par ligne.
igPHES, le 15 Octobre.
Depuis que le Progrès a paruil s'était
toujours abstenu d'entrer éh polémique avec le
Propagateur. Le nom de celle feuille a rare
ment pu être lu dans nois colonnes et si parfois
nous nous sommes un peu mpftyés^Je lui
c'est qu'il nous a été im possible; Tgàlgré tous
nos efforts, d'observer le sage précepte d'Horace:
Risum teneatis.
Mais aujourd'hui qu'une question vitale pour
notre ville, est la veille d'être décidée-, nous
croirions manquer aux devoirs que notre posi
tion de journal libéral nous impose si nous ne
répondions aux allaques dirigées par notre ad
versaire contre les hommes du parti auquel
nous sommes heureux et fiers d'appartenir.
II y a peu de temps, le Propagateur a lancé
un édil de proscription contre les citoyens favo
risés de la fortune, espérant sans doute acquérir
par là un peu de popularité. Vains efforts! Nos
concitoyens savent que les castes, les catégories
n'existent plus dans le siècle où nous vivons. Ce
n'est pas la naissance c'est le cœurl'indé
pendance le dévouement la patrie qui fait
l'homme. Cette sortie aussi inconvenante qu'im-
politique de la part d'un journal qui s'appuye
sur la seule caste qui prétend encore revivre,
n'a eu d'autre résultat que de lui créer pour
adversairesune grande partie de ceux qu'il
frappait d'ostracisme.
Dans son N° du 12 de ce mois, le même jour
nal donne un article des plus violents et dans
lequel il insulte tout la fois, le corps électoral,
l'administration qui régit la ville et tous les
hommes qui ne partagent pas les opinions qu'il
cherche en vain propager c'est-à-dire la
grande majorité de nos concitoyens.
Les injures les plus grossièresles épilhètes
les plus insultantes se rencontrent chaque
ligne, il ne respecte rien,, pas même la langue
française qu'il offense par les barbarismes les plus
exotiques.
Dans la fougue de leur ambition, de leur
cupidité, dit-il, dans leur haine aveugle de la
religionces libèrAires (sic) tendent proscrire
le clergé!...
Nous ne chercherons pas démontrer de
quel côté gît la cupidité et l'ambition, nous
ne dirons pas "quels sont les hommes qui veulent
dominer le p.ays, chacun le sait de reste. Mais
nous accuser d avoir juré haine la religion,
nous qui déplorons sincèrement l'abus que l'on
ne cesse d'en faire parce que cet abus ne peut
que la faire déconsidérer aux yeux du peuple;
loin de vouloir proscrire le clergétous nos
vœux tendent voir les ministres du Christ ho
norés pas tous et dignes de l'être. ces paroles
que nous avons répétées si souvent, on répon
dra Électeursmefiez-vous de ceux qui ont vo
ciféré (sic) contre les prêtres et contre la reli
gion..*. et qui semblent prêcher la modération,
■ils mentent (sic)On dit cela car on veut aveti--
gler, intimider les électeurs, on veut pouvoir
leur dire plus tard, si les candidats libéraux
triomphent, nos temples seront fermés, nos
églises détruites, nos vases sacrés vendus erî
place publique, etc. etc., et ceux qui nous lan
cent ces accusations mensongères n'en croyent
cependant pas un mot. Nous sommes trop polis
pour dire ils mentent. Seuls, dit notre adver
saire, nous voulons élever lajeunesse. Lecteurs,
demandez vos accusateurs la liste des établis
sements où l'instruction est donnée par des
laïques, comparez celte liste celle des établis
sements épiscopaux, demandez combien d écoles
soutenues par les communes ont pu depuis 10
ans résister aux efforts destructeurs de nos ad
versaires, le nombre en sera bien minime et vous
pourrez juger de quel côté il y a monopole.
On accuse l'administration de gaspiller les
deniers de la commune, parce qu'elle soutient
un collège, ej on lui fait un crime d'avoir retiré
un subside un établissement rival. Admirable
-logique!
Notre collège communal est chaque instant
le point de mire des attaques du Propagateur
les hommes de son parti n'ont rien négligé
pour le renverser, quand ils étaient au pouvoir,
et cependant avons-nous jamais discrédité le
collège de S1 Vincent de Paul De quel côté
lecteurs, a été la modération
Si le Propagateur pouvait connaître les noms
de tous les citoyens attachés notre cause
il rougirait des attaques qu'il dirige contre
elles s'il pouvait être de bonne foiil aurait
honte de dire que la majorité de nos magistrats
communaux sont les créatures (sic) d'hommes
sans principessans dogme sans morale
armés d'une, effronterie que rien n'est capable
de décontenancer. Une haine aveugle peut seule
lui faire lancer de pareilles insultes contre nos
magistrats et contre la majorité des électeurs
V qui les a choisis^.,.
Cette majorité existaitil y a-'trois àns, elle
existe encore (vous direz brutalement que nous
mentonsX. qu'importe.) Il y a trois ans, les
élections ne furent pas faussées. Mais le peuple
fatigué d'un joug qu'on faisait peser sur l'admi
nistration et par suite sur les administrés ^s'est
réveillé spontanément. D'autres motifs encore
ont contribué renverser l'ancienne adminis
tration. Nous pourrions retracer l'histoire de sa
gestion mais nous respectons ce qui n'existe
plus, paix aux morts!
Ce que les électeurs ont fait, il y a trois ans,
ils le feront encore. Us sauront déjouer les
manœuvres de leurs adversairesils triomphe
ront, malgré la loi du fractionnement, que le
Propagateur semble considérer comme la plus
belle invention des temps modernes. Nous
avons fortement blâmé cette mesure, parce
PHYSIONOMIE DES DIVERS QUARTIERS DE
LOINDRES. [Suite et Fin
Laissez-vous emporter par ce léviathan de la grande route, l'Om-
nibus. Si la chaleur, le nombre de vos cohabitans et les autres in-
conveniens de cette manière de voyager ne vous rebutent pas, tra
versez Penlonville. Eu 1812, ce faubourg était encore couvert
d arbres et de gazon, il rafraîchissait la vue il plaisait au voyageur
fatigue de son Odyssée travers une capitale fumeuse et poudreuse;
on y trouvait des champs pittoresques, des sentiers verdoyans, quel
ques ormeaux qui se balançaient sous la brise. Aujourdhuice même
espace est occupé par des rues inachevées, des édifices de briques
qui nont ni toit, ni comble, des maisons qui n onl jamais été habi
tées et qui tombent en ruines, vestige de cette raauie architecturale
qui avait saisi la fois l'Angleterre et la France, et qui a englouti
tant de fortunes, il y a peu d années. Cette grande taverne peinte en
vert que nous apercevons là-bas et où l'on fait tant de bruit, c'est le
Palais-Royal de ce quartier, le paradis de tous les apprentis de Lon
dres, IVhite-Cundik-lfouse. L'établissement de cette taverne a ré
volutionné le quartier, c'est elle qui a fait de Penlonville un rendez-
vous de plaisir et de débauche.
Les habitués des bals qui s'y donnent tous les dimanches ont ren
versé 1 ordre de la politesse ordinaire. Leur coutume, dans les jours
d été, est de danser sans habit, et le chapeau sur la tête. Ma curiosit
naturelle m'a fait assister plusieurs fois aux fêtes champêtres de
Pentonville, et je me suis plu observer de quelle manière les beaux
de l'endroit liaient connaissance avec leurs dames ordinairement
c'est en accrochant une robe, en déchirant un gigot que l'on débute;
il faut s'excuser, et, d'apologie en apologie, on arrive une invitation
en forme que la belle accepte ou refuse. Pentonville est devenu le
rendez-vous général de toute la canaille de Londres qui cherche le
plaisir. Dieu sait quelles étranges orgies, quelles révoltantes volup
tés, quelles soènes de joie turbulente ont pour théâtre la taverne de
Cundick. Pendant que l'industrie, l'intelligence et les arts s'avan
cent marches forcées, les basses classes comme vous voyez ont
aussi leurs plaisirs, et ne négligent pas les progrès; elle se sont fait
un Tivoli et un Vauxball au petit pied, de la taverne de Cundiok.
Descendons jusqu'à Baltlebridge, c'est une population encore nou
velle maçons, menuisiers, charpentiers, balayeurs, marchands de
chiens et maquignons, faiseurs de briques, tous les rouages les plus
humbles de la société se trouvent là réunis. Ce n'est pas une nation
folâtre et licencieuse, comme celle que nous observions tout l'heure^
mais un peuple pauvre, soull'reteuxvivant dans la poussière et la
mauvaise odeur.
On lit avec intérêt dans Walter Scott une description piquante
de l'Alsace, rendez-vous et lieu d'asile de touslt-s mauvais temps. La
faille esquisse que je viens de tracer prouve que Londres moderne a
encore son Alsace, 011 plutôt qu'il renferme plusieurs régions très-
distiuctes el très-singulières qui ne méritent pas moins d'être étu
diées. Dans le centre même de notre richesse, de notre puissance, de
notre orgueil, des rues, des cours, des allées, rivalisent avec les lieux,
privilégiés que le grand roman a dépeints. Près du pont de Water
loo, dans le Strand, est une taverne dont l'enseigne porte ces mots
The Shades (les ombres) là se réunissent, toutes les nuits, les es
crocs de Londres; c'est là qu'ils partagent leurs dépouilles. Cette
taverne unique ne ressemble aucune autre. Elle n'a pas d'enseigne
rien n'annonce la destination de la maison, consacrée cet usage.
Vous apercevez une barrière peinte en rouge, vous la poussez, vous
descendez plusieurs marches qui conduisent une cave des lam
pes fumeuses éclairent lesdegrés de distance en distance; vous arri
vez une espèce de rotonde où l'on danse, où l'on boit, où l'on joue
aux dominos et aux cartes. Des groupes de filles publiqueset d'hom
mes qui leur sont attachés parodient les valses et les galops la mode;
d'heure en heure ou voit descendre dans ces repaires des hommes
et des femmes qui reviennent de leurs expéditions et qui racontent
leurs associés les bénéfices de la journée, les dangers qu'ils ont
courus; quelques-uns ont gagné de neuf dix liv. st. la répartition a
lieu tout est dit.
Du côté de Saint-Gile, la population voleuse est tellement con
fondue et mêlée avec celle des ouvriers induslrieux et honnêtes,
qu'il est impossible de distinguer l'une de l'autre. Là on est voleur
comme ou est charron, comme on est menuisier, personne ne mé
prise ou ne hait celui qui a le malheur d'être appréhendé au corpi
par la justice. Le porteur d'eau, le conducteur de cabriolet, le répa-