J Avant que le bureau procède au dépouille ment des voles, M. Vandaele demande la parole et s'exprime ainsi Messieurs, nos opérations préparatoires seront terminées bientôt. Mais avant de publier le résultatdecedernier scrutin, je crois devoir faire remarquer qu'il est delà plus baute importance de promettre tous d'adopter pour candidats libéraux, les personnes qui auront réuni la majorité. Unis, nous serons forts, mais si la division se glissait dans nos rangs, la vic toire serait douteuse. Que l'union règne tou jours entre nous et que ceux dont les noms vont être proclamés, soient nos seuls candidats. Pro mettons tous de les soutenir. De vifs et unanimes applaudissements ac cueillent les paroles de l'orateur. Voici le résultat du scrutin MM. Alpli. Van deu Peereboom, a obtenu.110 «voix. Pierre Beke ex-commis greffier.114 Ernest Merghelynck. j 114 François Iweins, membre du bureau de bieufe. 111 Plusieurs électeurs proposent de faire, séance tenante, la répartition des candidats par frac tions. a Après une courte discussion, l'assemblée dé-iè cide que le bureau sera chargé d'assigner les candidats chacune des sections et dè prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer le triomphe des candidats qu'elle vient de nommer. La séance est levée. Il est difficile de comprendre depuis quelque temps les aberrations mentales du Propagateur. On dirait que l'approche des élections commu nales a développé en lui une certaine frénésie, qui lui fait voir toutes choses sous un point de vue diamétralement opposé?- la vérité. Nous laissons là ses injures et sa violence contre la majorité de ses concitoyens qu'il veut bien qualifier de coterie, de majorité fausse et passa gère. Nous lui faisons l'honneur de croire qu'il ne pense pas un mot de. tout ce qu'il avance. Il a trop bien senti que cette majorité était forte, bien unie e.t que loin de devoir employer la ruse et la ^içlence, ejje. a toujours laissé ces armes, qui blessent celui qui les emploie, la minorité cléricale. 11 ose avancer que la presque totalité des con citoyens a été oppriméeet il ajoute les actes sont là, inutile de les s'appeler. Nous trouvons celle manière d'argumenter très-facile, mais cela frise tant soit peu la calomnie. Car, si on a été opprimé, encore faut-il se donner la peine de dire en. quoiet feuilletez le Propagateur aussi longtemps qu'il vous plaira, excepté le refus du subside au collège de S' Vincent de Paul, jamais un acte d'oppression n'a été con staté par cette feuille. Et encore ce refus de subside ne peut-il passer pour un acte d'op pression puisque la chambre des représentants a résolu implicitement celte question dans le même sens que notre Conseil communal; Nous désirons donc connaître les actes d'oppression que le Propagateur reproche au conseil com-, munal, car jusqu'ici il a oublié d'en parler. Mais soutenir que la minoriléélectorale a con quis la majorité au conseil esld'une ébouriffante effronterie. Comment cette béate feuille pour rait-elle nous prouver cela et comment cette majorité cléricalepuisque son parti prétend être en majorité, a-t-elle pu se laisser vaincre par la minorité Voilà cependant les bourdes que celte feuille ose donner en pâture ses rares et faciles lecteurs. La feuille d'annonces donne la qualification de modéré au parti qu'elle défend et en présentant son apologie, c'est l'injure et la calomnie la bouche, qu'elle attaque tous ceux qui ne sont pas de son opi nion. Les conseillers les plus modérés n'ont pu trouver grâce ses yeux. Quelques-uns doivent être éliminés. Pour donner des preuves de notre modé ration, nous avions engagé les électeurs réélire tous les conseillers sortants. C'est par des in sultes qu'il accueille notre proposition. 11 ap pelle l'arithmétique son aide, pour prouver que notre modération n'est qu'apparente, et ce que nous avions mis en avant, dans un but de conciliation, il le présente, lui, comme un vil calcul de notre part. Aussi les électeurs libéraux qui paraissaient assez bien disposés voler pour tous les membres sortants, exaspérés des injures et de la violence de la feuille çM|pi-' cale, ont éliminé de leur liste un des conseillers dévoués nos adversaires. Puisque notre modération ne nous a valu que des injures, nous ne ferons plus de concessions. C'est la tête levée, que nous marcherons au combat et sous une bannière, que tous les hom mes indépendants et modérés accepteront. Arrière, hommes fanatiques et intolérants. Vous vous prétendez en majorité. Pour I hon neur de la ville d'Ypres, nous n'en croyons rien et en cela, vous soutenez la chose qui n'est pas. L'apologie du parti clérical faite par la .fouille d'annonces, doit faire sentir tous les électeurs, ce que nous aurions attendre d'une régence nommée sous (es auspices de nos ad versaires. iNous ne sommes pas sûrs, maintenant queleur langage accusetânt de violence, qu'une oppression injuste et inquisiloriale ne serait pas la conséquenced'un conseil communal, où ils se raient en majorité. Arrière donc, méchants hy pocrites qui chantez sur tous les tons que les libéraux sont des hompies immoraux, pervers, cupidesvaniteux. Nous n'eu sommes pas en core réduits au point de devoir mettre sur la liste de nos candidats, tin Beke-Beke et un Honoré Smaelen! Ç^Q) A l'occasion des élections communales, le béat journal du parti-prêtre se permet de nou velles calomnies contre le collège communal. Il n'y a point d'infamies qu'il n'ose insérer dans ses colonnes. Mais ce qu'il y a de plus infâme, c'est que d'anciens élèves de cet établissement et qui y ont reçu une partie de leur éducation, osent publier que les professeurs y donnen l'exemple de l'immoralité leurs élèves. A les entendre, ne dirait-on pas que ce collège qui a donné une instruction solide tarij île jeunes gens, est un établissement destiné vertir la jeunesse. Mais on est d'autant [Has étonné de cet acharnement de la part de ce dévot et charitable parti que ces attaques portées au nom delà moraleetde la religion, se réduisenten définitive, en unequestion d argent. Aussi longtemps que le Consëit communal a cru devoir donner un subside un établisse ment rival, un prêtre estimable donnait Pin— slrilclion religieuse et morale au collège com munal. Le subside fut refusé et l'ecclésiastique a été déplacé par l'évêque» Depuis ce temps, cet établissement et ses pro fesseurs se trouvent en butte toute espèce de calomtîîes. II n'y'if point d'infàmies qu'on n'ose répandre sur une institution utile, quia rendu et qui rend encore de grands services la jeu nesse de la ville. Voilà quoi se réduit celte croisade prêchée au nom de la morale et de la religion. Le con seil de lajfcbmmune trouva, ainsi que la cham bre des repré^jitantsdans la discussion de la .«Joi'Sur l'instruction primaire, qu'il était inutile subsidier un établissement rival du sien et contre lequel aucun reproche valable ne pou vait ôirPe-articulé. Depuis ce moment et sans qu'aucune modification intérieure du collège ait pu justifier cette manière d agir, la coopé ration d'un ecclésiastique futjugée inefficace par le chef du diocèse, et l'institution fut dénigrée par tout ce qui appartenait de près ou de loin au parti clérical. Mais nos clercs ambitieux et leurs adhérents ont beaucoup de peine ne pas laisser percer leurs mauvaises passions. Nous poserons ce di lemme aux détracteurs de l'établissement com munal. Ou le collège de la ville n'était point un établissement immoral et irréligieux, puis- qu'avanl le refus du subside, un prêtre se trou vait la tête de l'enseignement religieux et moral et s'il en était ainsice n'est ni un refus de subside, ni le départ forcé de l'ecclésiastique qui aient pu changer cet établissement en un antre de perversitéainsi qu'il vous plait de le dire souvent sans qu'aucun autre changement aiteulieu dans le corps professoral. Nousatten- dons une réponse des fameux logiciens, voire même des théologiens de la béate feuille de la Grand'Place. Voici les noms des candidats proposés par lé parti libéral MM. Vanderstichele deMaubus, bourgmestre, membre sortant. toujours été pure, qui avait exercé Douai un emploi du gouverne ment, qui possédait uue belle fortune, Lesurques ne pouvait pas être légèremeut accusé d'avoir tué un courrier et volé la malle en com pagnie de malfaiteurs. Néanmoins six témoins l'audience jurèrent sur le Christ qu'ils l'avaient vu, lui Lesurques, daus leur auberge, mangeant avec les autres coupables. On fit ensuite une fouilledans son domicile, et fatalité encore plus grande, on trouva UN EPÉRON EN ARGENT A CHAINONS identiquement semblable celui qui fut trouvé par l'autorité sur le théâtre du crime. Cette circonstance fut accablante pour lui. Il fut dès lors considéré comme coupable. Unederniere circonstance étonnante par sa fatalité acheva de per dre l'infortuné Lesurques. Il avait fait appeler, comme témoin dé charge, le bijoutier Legrand. La déposition de cet honorable négo ciant avait toujours paru suflisanle Lesurques pour motiver sa mise en liberté immédiate. Legrand arrive devant les juges, il jure avoir gardé Lesurques chez lui jusqu'à deux heures après-midi le jour du crime. 11 y avait donc impossibilité de temps et de lieu qu'il l'eût commis. Était-ce bien le 8? lui dit le président. Je le jure sur 1 honneur, preuve qu'une circonstance particu lière me rappelle ce souvenir. Ce jour-là j'ai inscrit sur mon livre une entrée de boucles d'oreilles qui me furent fournies par mon fa bricant. S il en est ainsi, dit le président, qu'on aille chercher le livre de M. Legrand, il servira de pièce justificative. Uu huissier alla chercher le régistre le président l'ouvrit. O sur prise consternation on remarque une rature, une surcharge! D'un 9 Legrand avait fait uu 8 Chacun cria la fraude! Alors Legrand se souvint pour la première fois qu'il avait com mencé son inscription de date en se trompant et en traçant tort un 9; qu'ensuite après avoir demandé la date du jour, il avait rétabli le chilfre véritable. Il fut chassé du tribunal, et alla finir ses jours dans une maison d'aliénés. Lesurques futeondamué mort. La veille de sa mort, la victime coupa elle-même ses cheveux et les partagea en tresses pour qu ils fussent envoyés sa femme et ses enfants. Avant ses derniers moments il régla avec calme ses af faires, et l'on remarqua dans ces comptes dix-huit louis au sieur Legrand qui na pas peu contribué me faire assassiner mais je lui_ pardonne. Il écrivit l'un des assassins, Dubosq, le seul qui ne fût point ar rêté: Vous au lieu duquel je vais mourir, contentez-vous de ma vie. Si jamais vous êtes traduit en justice, souvenez-vous de mes trois enfants couverts d'opprobre, de leur mère au désespoir; ne prolon gez pas tant d infortunes causées par la plus fuueste ressemblance. Il monta sur l'échafaud avec Couniol, l'un des véiitables assassins. Cutirriol dit tous Je suis coupable, mais Lesurques est innocent. Un an après sa mort, on arrêta Dubosq, et alors on reconnut gé néralement que Lesurques élait mort, victime d'une ressemblance inouïe. La figure, le son de sa voix, les manières, tout se ressemblait. Seulement Dubosq était brun'et Lesurques était blond mais la jus tice sut bientôt pourquoi cette différence ne fit pas connaître la vé rité Dubosq, lors du crime, s'était couvert la tête d'une perruque blondeafin de n'être pas reconnu. Dubosq et ses autres complices arrêtés plus lard, déclarèrent, avant de mourir, qu'ils n'avaient ja mais connu Lesurques, quil était innocent. Hélas! pendant oe temps, la malheureuse veuve de Lesurques passa ses jours à^pleurcr et demander que le nom du défunt fût ré habilité. Elle jura, du jour ou il mourut, qu'elle ne prendrait aucun repos qu'elle n'eût arraché la justice cette éclatante satisfaclion. Ses eljorts obtinrent un commencement de succès. M. de "Villèle lui ren dit une partie des biens de sa famille. Encouragée par cette pre mière victoire Mm" Lesurques continua infatigablement ses de mandes, et elle aurait sans doute obtenu ce que ses pieux désirs convoitaient, quand la mort est venue la frapper. Qu'elle fut belle mesdames cetle\euve du condamné, lorsqu'au moment de quitter jamais cette vie, elle dit ses enfants en pleurs, prosternés deVant elle Jurez de ne rien négliger pour réhabiliter le nom sacré de votre malheureux père. Qu'elle fut belle, lorsqu'après avoir reçu ce serment, elle s'endormit, ange et martyre, avec paix et confiance dans le sein du Seigneur tout-puissant. Nous, femmes de ce monde, qui n'avons pas assez de lumières pour juger si la justice d'autrefois put quelquefois se tromper; nous qui la respections, même daus ces rares erreurs, puisqu'elles furent toujours involontaires, nous avons cru devoir quelques lignes la mé moire île cette femme, qui vient de mourir de la mort la plus noble et la plus humble après avoir rempli avec tant d'éclat et de dévoue ment ses devoirs sacrés de mère et d'épouse chrétienne, et nous serons heureuses le jour où un mot, une signature viendront rendre cette ombre la grâce qu'elle a si longtemps sollicitée. Madame Clotildk de Litmac,

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Le Progrès (1841-1914) | 1842 | | pagina 2