JOIIMAL DYPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2e ANNÉE. N° 155.
DIMANCHE, 23 OCTOBRE 1842.
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FEUILLETON.
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YPRES, 22 Octobre 1842.
AUX ÉLECTEURS LIBÉRAUX.
L'époque des élections communales est pro
che peu de jours nous restent ^our réfléchir
aux conséquences de cette lutte importante
pour les intérêts fde la cité. Il ne nous paraît
pas inutile, puisque deux partis se Irou^yren
présence et lâchent de conquérir la majorité
de faire connaître aux électeurs les désirs et les
vœux de l'opinion libérale.
Nous croyons devoir prémunir les électeurs
contre une accusation que les adversaires du
parti libéral lui lancent souvent, celle de ne
vouloir parvenir au pouvoir, que pour satisfaire
son ambition. Non, tels ne sont point nos senti
ments. Si nous désirons que notre parti ait la
majorité et dirige jles destinées du pays et de la
cité, c'est que nous croyons pouvoir le faire avec
plus d impartialité et dahnégation personnelle
et de parti, que nos adversaires.
Ne tenez point pour certainesles intentions
qu'on prêle.l'opinion libérale. Par ses éléments,
elle doit nécessairement vouloir l'ordre et le
règne des lois. On l'accuse d'être irréligieuse,
mais la religion se trouve endéhors de ces con
flits tout polit iques, et qui sont inévitables dans
un gouvernement représentatif. La religion n'est
pas opprimée et toutes les déclamations de nos
adversaires n'ont pu parvenir la faire interve
nir dans la lutte. Électeurs, n'écoulez point ceux
qui veulent vous influencer au nom des inté
rêts religieux. Ceux là désirent masquer leurs
vues ambitieuses, en prenant la défense d inté
rêts très-respectables sans doute, mais qui ne
sont point menacés.
Les libéraux veulent l'exécution pure et fran
che de la Constitution et faire jouir le pays des
libertés qu'elle consacre. Ils demandent l ordre
intérieur, le progrès du commerce et de l'in
dustrie. Le règne des lois est un de leurs vœux
les plus ardents. Enfin le parti libéral que ses
ennemis traitent souvent de faction est le vrai
défenseur de nos conquêtes de 1830que nos
adversaires ont déjà plusieurs fois tenté de dé
truire au gré de leurs intérêts départi! N'ont-ils
pas changé la loi communale parce que la ma
jorité repoussai t leur domination et que les élec
tions donnaient la commune des régences libé
rales^ iYonl-ils point faussé la Constitution et
bien d'autres lois pour parvenir au but de tous
leurs efforts, l'oppression du pays?
Electeurs, la vraie bourgeoisie de la ville ne se
l#onve point dans les rangs de nos adversaires.
Les'intérêts de la cité ne leur sont point chers
au même litre qu'à nous Prenons unanimement
pour candidats ceux qu'une assemblée de 120
citoyens électeurs ont désignés. Pour les élec
tions des chambres, nous ne réussissons pas
toujours élire des candidats qui ont la sym
pathie générale. Mais ceux-là défendent ou
sont censés défendre n0-s intérêts près du gou
vernement. Mais ici. il importe bien davantage
de faire choix «le personnes qui plaisent gé
néralement et qui jouissent de la sympathie
publique, lls'se irjjuTcfr; \oujou 'f'"" in
chargés de la gestion de nos intérêts immédiats
et toujours en contact avec leurs concitoyens.
Depuis 1836. nous avons toujours réussi àcom-
poser un conseil communal au gré de nos dé
sirs. Tâchons de maintenir celte belle conquête.
Soyons unis, votons comme un seul homme, la
victoire est ce prix
iT* -
Les électeurs communaux avaient compris
le système général de la loi communale du 30
mars 1836. et. les diverses opérations électo
rales, auxquelles ils ont pris part depuis celle
époque, les avaient familiarisés avec l'applica
tion de celle loi. La loi du fractionnementré
cemment adoptée la hâte, est venu détruire
l'économie de la législation de 1836, si bien
comprise par la généralité des électeurs.
Nous avons souvent combattu la loi du frac
tionnement dans son principe nous avons dé
montré qu'elle pouvait avoir pour résultat, de
diviser un être moral, une ville, qui ne forme
et ne doit former qu'une unité, un ensemble,
un tout; d'opposer les habitants d'un quartier
aux habitants d'un autre quartier, de créer des
intérêts divers, des exigences contraires, là ou
les intérêts ne peuvent manquer d'être les mê
mes, puisque tous les habitants d'une même
ville, sont membrès d'un même corps; en un
mot, que le fractionnement pouvait avoir pour
conséquence de détruire cet amour de la ville
natale, cette union qui a fait la force et la gloire
des antiques cités flamandescelte fraternité
enfln, qui poussa si souvent nos valeureux an
cêtres, bourgeois d'une même cité, verser leur
sang pour la défense des lieux qui les virent
naître, de leurs concitoyens (medeburgers) qu'à
juste litre ils appelaient frères.
Les électeurs de notre ville, qui sont notre
époque, ce que les bourgeois d Ypres (burgers
van Iper)élaientà uneépoque déjà loin de.nous,
se montrent dignes de leurs aïeux l'assemblée
préparatoire réunie le 17 de ee mois, en dési
gnant ses candidats non par rue, par quartier,
par fraction mais en massea décidé qu'elle
y^yiiLi'i- '"'-•'•jp'uir t nmpn entre tous et que les
candidats, élu» dans n împqllë'TjHCTrc si cirou,
seraient les représentants lès mandataires non
d'un quartier, mais de la ville d'Ypres tout en
tière. Et si elle a décidé que le bureau serait
chargé d'assigner les candidats chacune des
trois sections, c'est qu'elle a dû se soumettre
la loi qui lui en faisait une nécessité.
Nous n'avons donc pas craindre, pour notre
belle cité les effets déplorables djî fractionne
ment. Honneur et gloire aux électeurs Yprois
11 est inutile de parler davantage du principe
de la loi du fractionnement ef'des résultats que
cette loi peut amener, nous nous contenlerdns
de présenter quelques observations pratiques
sur son application.
Sous l'empire de la législation de 1836, il
arrivait souvent que tous les électeurs n'étaient
pas réunis dans un seul et même local. Il y avait
parfois, cause du grand nombre des électeurs,
deux ou plusieurs bureaux. Mais malgré celte
espèce de division, il y avait unité parfaite dans
l'ensemble de l'opération électorale, car les pré
sidents de chaque section faisaient connaître au
LES AVANTAGES, POUR UNE JEUNE FILLE, DE
CONNAITRE LE PUGILAT.
Madeleine, jeune et jolie villageoise des environs de Metz, était
venue Paris pour y réjoindre sa sœur Thérèse qu'une vieille tante
avait emmenée deux ans auparavant la grande ville.
Depuis six mois environ, Thérèse avait écrit au pays que la vieille
tante était morte en lui laissant deux ceutsécns partager avec Ma
deleine, et la bonne Thérèse appelait auprès d'elle sa jeune sœur,
pour lui compter sa part de l'héritage et pour la placer Paris. I.a
petite Madeleine arrivait donc dans la capitale, moitié pleurant la
pauvreparenle défunte, moitié joyeuse de retrouver sa sœur avec une
fortune tle 500 fr. et l'espoir de gagner de bons gages dans quelque
bouue condition. Mais en descendant de la diligeuce, dans la cour
des messageries, et au moment où un facteur lui demanda où il fal
lait la conduire et porter ses paquets, la pauvre enfant avait entière
ment oublié l'adresse de sa sœur Thérèse. Ici commence une série
d'aventures que le Droit raconte de la manière suivante
Le facteur tourna le dos Madeleine qui s'assit sur ses paquets et
se mit pleurer. Un beau monsieur qui passait par là, s'arrêta devant
la jeune fille et lui demanda pourquoi elle se désolait ainsi Hélas!
mon bon monsieyr, dit la pauvre petite, je suis venue Paris pour
joindre ma sœur Thérèse, cl v ia que j'ai oublié sa rue et son nu
méro. Et vous ne connaissez petsoune Paris? Je ne connais
que nia sœur Thérèse. Thérèse, dites-vous? attendez donc... et
que fait-elle votre sœur Thérèse? Elle est en coudiliou, chez une
dame riche dont j'ai aussi oublie le nom... Eh! mais, attendez
donc... voyez le hasard,'je connais justement une Thérèse qui est
domestique chez ma cousine... c'est peut-être votre sœur. Il serait
possible quel bonheur! Mais c'est qu'il doit y avoir plus d'une Thé
rèse Paris, et si celle de votre cousine n'était pas la mienne?
Qui sait? Voire sœur 11'est-elle pas âgée de... combien peu près?
De vingt-trois ans, aux prunes, mon bon monsieur. Aux pru
nes... c est peu ptès cela... Et n est-elle pas d'une taille... là...
comme qui dirait... A peu près de votre taille, monsieur; ob elle
est plus grande que moi et forte Un jour elle a flanqué un
soufflet Jean Moreau, qui l'ennuyait, elle lui a fait pousser une joue
grosse comme ma tète. C'est encore ça... et u'a-l-elle pas les che
veux d'une couleur approchant de... —Elle les a un peu rouges...
Je n'osais pas dire le mol... c'est tout fait ça. Et des rousseurs la
figure. Parfait... c'est son signalement exact.. Votre sœur est sang
aucun doute la Thérèse qui est au service de ma cousine. Oh 1
monsieur, quelle joie quel bonheur Dites-moi vite l'adresse de
votre cousine, que j'aille embrasser ma bonne sœur. Ma cousine
est la campagne mais je vais vous conduire sa maison, et uous y
trouverons probablement voire sœur, qui vient souvent la ville
pour les provisions et les emplettes.
Madeleine fit révérences sur révérences en signe de reconnais
sance; elle prit bien vite ses petits paquets, les plaça dans un fiacre
que le monsieur avait fait avancer, y monta avec luiet 1 ou fouetta
vers la rue de Provence.
Le monsieur fit enli'er Madeleine dans un bel appartement; un
domestique eu livrée se présenta Léon, dit le monsieur eu faisant
au valet un signe d'intelligence, ma cousine est donc encore sa
campagne de Passy Oui, monsieur, répondit Frotiu. Et Thé
rèse, sa femme de chambre, est-elle avec elle? continua le monsieur.
Avec elle, répliqua le damué Mascarille. Elle reviendra sans
doute ce soir, poursuivit le monsieur. Saus aucun doute, dit le
Scapiu. Elle vient tous les jours la ville? Tous les jours. C'est
bien, Léon, laissez-nous.
Le maraud sortit; et le monsieur, étant resté seul avec Made
leine, 1 invita s'asseoir sur un beau divau, en attendant Thérèse.