JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2e ANNÉE. N° 183.
DIMANCHE, 29 JANVIER 1843.
INTERIEUR.
second: Où le clergé belge va-t-il?
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YPRES, le 28 Janvier.
Les leçons de l'histoire profitent rarement
aux partis politiques; c'est une vérité souvent
démontrée par l'expérience. Mais pour aucun,
elle n'est plus vraie que pour celui qui naguère,
visait avec tant d'arrogance, la domination en
Belgique.
Le parti clérical se trouve actuellement dans
une position peu près identique avec celle du
parti-prêtre français, dans les derniers temps de
la restauration. Sentant faiblir son influence,
ce dernier recourut aux moyens les plus vils
pour conserver sa prépondérance.
Là aussi, des fraudes scandaleuses furent pra
tiquées on s'avisa même d'étayer sa domination
politique par une corruption organisée sur une
large échelle. Rien n'y fit. La restauration, pré
cipitée dans l'arbitraire par des partis anti-natio
naux, vit un jour la France se soulever contre elle
et l'exil devint le partage de cette race de rois,
qui ne sont remontés sur le trône et n'en ont été
renversés, que pour prouvera l'Europe qu'à tout
jamais, l'ancien régime avait fait son temps.
Jusqu'ici on ne s'est point aperçu que le
clergé belge se soit préoccupé le moins du
monde, de la catastrophe attirée sur la France
par la conduite du clergé français. La manière
d'agir des prêtres belges tend le prouver. Car
les erreurs du clergé de la restauration n'ont
pas ouvert les yeux nos prélats les mêmes es
pérances de domination les agitent et les préci
pitent dans l'arène politique.
Déjà le clergé belgeimitant l'exemple du
parti théocratique en France, a voulu asseoir
son influence ébranlée sur une base imhiorale.
Nous voulons parler des fraudes électorales.
Mais là ne se borneront point les efForts du
parti clérical. Si la fraude ne réussit point au
gré de ses désirs, on tentera de corrompre et
de démoraliser le corps électoral. Pratiquée
d'une façon large et étendue, celte corruption
produira une plaie profonde dans notre état
social.
On a commencé par le dol, on finira par la
dépravation et ce sera le parti qui se dit le dé
fenseur zélé du vertueux et de l'honnête, qui
donnera cet exemple un pays jusqu'ici réputé
pour sa moralité
11 manque notre avi^une qualité essentielle
au parti clérical, c'est ceiie de savoir apprécier
sainement la situation. Jl doit cependant com
prendre que le dol et la corruption employés par
un parti pour vaincre, ne font que précipiter
sa défaite et que pour subsister l'éfat de parti
influent, il faut autre chose qtyLjie se faire
craindre il faut savoir se faire estwnerv
M. Nolhomb vient de poser un jalon pour
faciliter un nouvel empiétement-dû clergé. Une
dépêche du ministre de l'intérieur relative aux
lieux de sépulture et aux places distinctes qui-
doivertt y être attribuées chaque culte, vient
de passer inaperçue.
M. le ministre prélude, en admettant les
prétentions du clergé, exorbitantes en celte
matière comme en beaucoup d'autres, ravir
aux autorités communales la police des lieux
desépulture, qui leur est formelleinëntaltribuée
par le décret du 23 prairial an XII. (art. 16.) v
Déjà les communes par qfn arrêté de M, de
Theux, ont été dépouillées de la propriété des
anciens cimetières. Les fabriques d'église s'en
sont emparé. Les autorités communales qui ont
vdjilu défendre les droits et privilèges qui ont
été confiés leur vigilance, ont dû entamer des
procès ruineux pour les finances de la com
mune.
La police exclusive des cimetières est un des
droits des communes ardemment convoités par
le clergé. Depuis longtemps il a fait tous ses
efforts, pour faire rapporter ce décret. Ce
clergé belge si humblesi tolérant et nullement
ambitieux a trouvé dans le ministre Nothomb,
l'homme qui après avoir ravi aux communes
leurs antiques franchises lâchera de les dé
pouiller d'une prérogative essentielle, pour en
doter l'autorité ecclésiastique.
La section centrale vient de terminer son
rapport sur le traité conclu avec la Hollande.
Il a été distribué aux membres de la chambre,
mercredi soir.
La distribution n'en a pas été faite trop tôt,
car on commence la discussion du traité au-
jourd hui.
Les conclusions du rapport sont pour 1 ac
ceptation. Néanmoins la commission ne sest
point dissimulé que les stipulations sont loin
d'être toutes favorables la Belgique.
Si la Hollande nous fait des concessions sous
le rapport des tarifs de navigation intérieure,
notre patrie a dû se soumettre supporter de
:dùr» sacrifices sous le rapport financier. Dans
cette dernière partie du traité des concessions
importantes ont été faites la Hollande.
Bien considéré, le traité est acceptable comme
transaction. Si des de>*x côtés on était resté in
traitable sur des questions difficiles et compli
quées, jamais un traité n'eut été conclu.
La section centrale adopte également la con
vention intervenue entre le gouvernement et la
Société Générale, mais ajoutant la clause
que la forêt de Soignes d* être vendue.
-fia O r
Une livraison de la Revue Nationale vient
de paraître. Elle contient deux articles sur la po
litique intérieure, le premier intitulé: Du tiers-
parti l1réral '^t d'un ministère tiers-parti, le
Jamais le publicisteauteur de ces articles,
n'a fait preuve de plus de logique, ni d'une
plus haute raison. On y voit percer la pré-
FEUILLETOÎY.
LA.ZA.RILLE 1)E TORMES.
comment lazarille se mit au service d'un ayeugle
et des aventures Qu'll eut avec lui.
Dans ce temps-là, un aveugle vint loger notre auberge; et me
trouvant bon pour le conduire; il me demanda rua jnère qui me
recommanda de sou mieux, disant que pétais, fils d'un homme qui
avait été se faire tuer la bataille des Gelves pour la défense de la
foi, Elle ajouta qu'elle espérait en Dieu que je ne serais pas pire que
mon père, et qu'elle le priait de me bien traiter et de veillersur moi,
puisque j'étais orphelin. 11 répondit qu'elle fui tranquille, et qu'il me
prenait, no. pour son valet, mais pour sou Gis. Je commençai donc
servir et conduire ce vieil et nouveau maître.
Nous restâmes quelques jours Salamanquc; mais l'a - j, trou
vant que la recette n'allait pas son gré, résolut de s'en aller ailleurs.
Au moment de partir, j'allai voir ma mère; nous nous mîmes tous
deux pleurer elle me donna sa bénédiction en me disant Mon
enfant, je ne te reverrai plus. Tâche d etre honnête homme, et que
Dieu te conduise. Je t'ai élevé, je t'ai donné un bon maître, fais-en
ton profit. Là-dessus, je rejoignis mou maître qui m'attendait.
Noussorlîmes de Salamanque,et nous arrivâmes au pont l'entrée
duquet est un animal de pierre qui a peu près la forme d'un tau
reau. L'aveugle me fit approcjter tout près de l'animal, et me dit
Lazare, mets l'oreille contre taureau, et tu entendras un grand
bruit dans son corps. JVIoi, s"- ,>te quej étais, je le crus et-j'appro
chai; mais, dès que l'ave/^^ entit que ma tété toêchait presquè
la pierre, il me poussa i l'ûc t-cûedj contre le mzrudit taureau, que la
douleur du toujfde corne men dura trois jours, t» Sot-que tu es, me
dil-ii, en riant atïx éclals du tour<qu*il m'avait jouéj apprends qu'un
garçou d'avéifr!e*doit en savoir un point de plus que le diable.
11 me sembla'qu'en cet instant je sortais du sommeil del'enfance,
où j'avais été jusqu'alors plongé, et je me dis Il a ma foi, raison
car je suisseu' faut m'aviser, ouvrir les yeux et penser nos af
faires.
Nous commençâmes notre route, et en peu de jours il me montra
le jargon du métier. Me trouvant de l'esprit, il s'applaudissait et me
disait Lazare, je ne peux te donner ni or ni argent, mais des con
seils pot b eii vivre, une foule. Et c'était vrai, car, après Dieu, ce
fut 1<_^ ^ta^'donna la vie, et qui, quoique aveugle, m'éclaira et me
guida *®;TÎa carrière du monde. Je m'amuse vous conter ces en
fantillages, pour vous montrer quelle vertu c'est aux hommes de s'é^
lever quand ils sont bas, et quel vice de s'abaisser quand ils sont
haut. ^r'r' -
Revenant aùfc affaires de m<jn aveugle, il faut qpe Vou^>saol.iez
que, depuis que le monde exi;£e, Dieu n'en a pas fait de plus fin et
de plus ruse. C'était un aigle daus son métier '^savait plus de cent
oraisons par çœur et les disait d1un Ion ^ra¥è et sonore qui faisait
retentir l'église, avec unç posture hum- t dévote, mais sans faire,
comme,taiit-t^'autres, des grimace ontorsions, sans tourner
la bouche et rouler les yeux. Il aval?, en duire, mille rubriques pour
attraper de l'argent; il savait des prières outes sortes d'effets, pour
les femmes stériles, pour les femmes en couche, pour les femmes maL
mariées, afin qt^Teurs q^«i|je|jj-*n£ssent. Aux femmes enceintes,
il prédisait si sso ^^tW^ res desquelles portaient. Il avait
des recettespo^a sanlé d^iLi les^pâmoisons, et toutes sortes de
maladies; car enfer rèdoùL médecine, Gallien n'était qu'un
novice au pri* P£"vayancc ssi it/^PBnne ne pouvait se plain
lui de quelque v, i Que cIè ce fut qu'il ne lui dit aussitôt neuf
ceci, faites cela/ ilIcz^telle*herbe, prenez telle racine, tctllts
cela, tout le.qionde courait lui, Surtout les femmes qui ij| rcpp|»j£
et ne juraient que paf leur aveugle. Aussi, en lirait-il
par fous art&ices, et gaguait-il, eu un mois, pluwoikc jJ*' y
jlulCo8t< IIC. I il
i- r - dejoJrnaux.
Cependant je dois vous dire qu avec tout ce
qu'il [vJjWLè, c'était Men l'homme U" P'SU>let 8em-
ttre qu» eût vo*; tellement t^'il me TV'l et aUSS1 4Uel"
au nécessaire. Je le d&Ct