xoyancc cl la sagacité "41un homme d'état
distingué.
Nous sommes au regret de ne pouvoir repro
duire ces articles remarquablesmais si nos
lecteurs en désirent prendre connaissance
quelques fragments en ont été insérés dans
l'Observateur, nos 39 et 40.
Les feuilles cléricales de notre province disent
que dans toutes nos communes les populations
ont accueilli avec faveur les nominations des
bourgmestres faites par le roi. Nous nous em
pressons de nous associer la joie de nos
confrères, en faisant remarquer toutefois, que
tous les bourgmestres de la province de la
Flandre occidentale, l'exception d'un seul,
ont été choisis dans le sein du conseil! Ce fait
prouve donc plus pour nousque pour nos
adversaires.
9 tSrm
Parmi les objets d'art auxquels les traces du
vandalisme de la fin du siècle dernier se font le
plus remarquer, se distingue la magnifique ba
lustrade de la chapelle curiale de l'église de
S'-Martin. 11 manque en effet, celle pièce
imposante, dans chacune de ses travées, deux
demi balustres en cuivre, auxquels les pilastres
en marbre de cette espèce de compartiments
étaient attenants comme le prouvent les ves
tiges et ouvertures quadrangulaires la base
de chacune de ces pilastres de sorte que pour
réparer cette défectuositéil faudrait rétablir
dans toute la longueurde la grille, trente-deux
nouveaux demi balustres, vu qu'on compte les
travées ou compartiments au nombre de seize.
Mais toute frappante qu'est cette dégradation,
il en est une autre aussi choquante au moins,
quelques parties ouvragées du corps principal
en marbre de la balustrade. On y voit des mou
lures, des fleurages en relief remplacés par des
plaques de marbre grossières et dépourvues de
toute ciselure.
Cet ignoble rapiécetage qui démontre la bar
barie de ceux qui jadis en ont été les auteurs,
accuse d'incurie ceux qui aujourd'hui ont Je
v pouvoir de faire disparaître celte impardonna
ble anomalie artistique.
Le*..projets qu'on dit être sur le tapis, de
garnir u ne belle boiserie, le pourtour de l'in
térieur de la chapelle curiale, et de renouveler
les peintures et dorures du curieux lambris de
la voûte de cette chapelle, sont, sans conUedit,.
des projets l'exécution desquels tout hwnme
de goût applaudira mais il eût été désirer
qu'on se fût occupé, au préalable, rendre au
chef-d'œuvre de balustrade, l'état de perfection
et de splendeur qu'on y admirait autrefois.
.Quelles que soient les vues relatives aux'tra-
vaux projetés, toujours esl-il certain qu'on ne
saurait donner trop de soins la chapelle cu
riale, puisque c'est cette chapelle qui donne
l'église de S'-Martin, dans sa partie antérieure,
l'aspect d'une basilique. En effet, si I on suppri
mait, soit en les maçonnant, soit en les mas
quant les arcades ogivales de la chapelle
l'église vue de la grande nef, ne paraîtrait plus
qu'un temple ordinaire.
D'après cela, il serait désirer que les ta
bleaux des évêques d'Ypres ne fussent pas posés
sur la balustrade au milieu des arcades, car ils
n'y sont pas d'un bon effet.
Il vaudrait mieux peut-être, que ces tableaux
fussent placés sous la rosace, où se trouve le ta
bleau du crucifiment. Cette disposition offrirait
l'avantage d'exposer les vénérables prélats au
regards des saints pontifes qui figurent au ta
bleau gigantesque du triomphe de l'église. Quant
au crucifimentil est très-probable que ce ta
bleau pourrait être convenablement exposé, en
changeant de place un autre sujet de moindre
importance et dimension. {Communiqué.)
Nous appelons l'attention des intéressés sur
l'enquête de commodo et incommodo qui aura
lieu dans quelques jours, relativement au nou
veau local destiné la maison des aliénés.
DISCOURS
Prononcé sur la tombe de M.Joseph De Patin,
Échevin de la ville d'Ypres, par M. Vanderstichele
de Maubus, Bourgmestre, le 25 Janvier i8£3.
Messieurs
Un déplorable événement nous réunit en ce jour,
autour de la tombe d'un homme, qui, après avoir
parcouru une longue et honorable carrière, a su
mériter l'estime de tous ceux dont il dirigea long
temps les intérêts communs.
Il y a peu de jours encore, l'administration com
munale de la ville d'Ypres était fière de compter
M. Joseph De Patin au nombre de ses membres les
plus distingués, aujourd'hui que les dépouilles
mortelles de cet homme de bien vont être rendues
la terre", je crois devoir m'acquit 1er .de la tâche
pénible et douloureuse que ce déplorable événement
me prescrit, et payera la mémoire de celui qui fut
notre collègue, le tribut de nos légitimes regrets.
M. Joseph De Patin naquit le i3 du mois d'août
de l'année 1764. l'
Appartenant une des familles les plus honorables
de la ville d'Ypres, il s'appliqua de bonne heure
acquérir les connaissances nécessaires l'homme qui
veut parcourir une carrière utile ses concitoyens.
Après avoir terminé ses cours d'humanités, il
fréquenta les leçons données l'ancienne et célèbre
universit(i(fe»Louvain, et obtint en 1788, le diplôme
"de licencflren droit.
Rentré dans-sa ville natale, M. Joseph De Patin
futaientôt mis même d'utiliser les talents qu'il
avaif'acqn.is; il fut nominé échevin de la salle et
châteîlçnie'd'Ypres, et occupait encore cette place,
quand la révolution française vint renverser les
anciens Magistrats, et substituer aux antiques juri
dictions que les siècles précédents avaient léguées,
une organisation nouvelle.
M. Joseph De Patin rentra alors dans la vie privée,
il espérait trouver le repos et le calme!... ses espé-*
rances furent déçues
Après la prise de la ville d'Ypres par l'armée
française, une contribution de guei* considérable
fut imposée sous le titre d'emprunt.? Pour assurer
l'exécution de celte mesure inique, les vainqueurs
choisirent parmi les membres des familles les plus
honorables de la ville, quelques otages qui furent
enfermés dans la citadelle de Lille.
M. Joseph De Patin subit ainsi plusieurs mois de
prison5 cette détention fut d'autant plus pénible,
que les nombreuses et sanglantes condamnations
prononcées par le tribunal révolutionnaire, élaient
de nature inspirer de terribles angoisses aux mal
heureux prisonniers.
Les vénementsdu 9 thermidor,ellachûtedè Ro
bespierre etde Lebon amenèrent des jours plus heu
reux; les portes des prisons furent ouvertes et M.
De Patin fut rendu la liberté.
L'an IX de la république française, M. Joseph De
Patin fut nommé maire de la commune de Voorme-
zeele. Il administra cette localité jusqu'en i836,
époque laquelle les incompatibilités inscrites dans
la loi nouvellele forcèrent résigner les fonctions
de bourgmestre. Chéri et vénéré de tous, de sincères
regrets le suivirent dans sa retraite et le souvenir
du bien qu'il a fait, vit encore dans le cœur de ses
administrés
En 1 bog, nommé membre de la commission ad
ministrative de l'hospice de Messines, M. Joseph De
Patin fut en 1826, élevé la place de président de
cette assemblée; il exerça ces fonclionsjusqu'an jour
de sa mort. Sous son administration, de nombreuses
améliorations furent introduites dans le régime de
cet établissement.
Quand la paix qui suivit les guerres de i8i4et
i8i5 permit au roi des Pays-Bas de s'occuper de
l'administration intérieurede son nouveau royaume,
les régences furent organisées et M. Joseph De Patin
fut nommé échevin delà ville d'Ypres. Durant les
longues années qu'il exerça ces honorables fonctions,
celui que nous pleurons, Messieurs, eut de terribles
épreuves subir. Désigné l'époque <fl la révolution
de 183o pour remplir provisoirement la place de
bourgmestre de notre cité, il sut dans ces circon
stances difficiles préserver notre ville des calamités,
que les crises politiques entraînent leur suite.
M. Joseph De Patin, par les services éminents
qu'il rendit cette époque, se concilia la reconnais
sance de ses concitoyens et obtint la presqu'unani-
mité de leurs suffrages, dans toutes les élections
communales qui eurent lieu depuis le jour de notre
régénération politique.
Renommé constamment échevin de la ville d'Y
pres, M. Joseph De Patin a rempli ces importantes
fonctions durant plus d'un quart de siècle il se li
vrait encore avec zèle et activité, aux travaux admi
nistratifs qui lui étaient confiés, quand le 22 janvier
1843, une courte maladie vint l'enlever ses admi
nistrés, ses nombreux amis.
trouvé dans mes ruses et mon adresse, remédier sa vilenie, la
faiin m'eût tué bien des fois. j - 4
Mais, enf dépit de son savoir et de astuce, je le contre-minais
de tille façon que, toujours, ou la plupart du "temps, j'attrapais ia
meilleure part. Pour cela, je lui faisais des tours de démon, et je
vais en conter quelques-uns, quoiquefje n'tri sois pas toujours sorti
sain et sauf. Il porl^^bpain et tofit ce qu'on lui donnait, danspn
sac de toile dont l'entréeLs^ermait par une chaîne de fei avec un
cadenas; et, soit pour y m^^HÉfcit pour y prendre, il avait tant de
vigilance et de célérité, qufJiJ^mde entier n'aurait pu lui souffler
une miette. Moi,je prenais d'abord la misère qu'il me donnait et qui
avait disparu en deux bouchées puis, quand le cadenas était-fermé
et qu'il ne veillait plus sur son_sac peiulawt què jq m occupais
d'autre chose, par une couture et recousais main' 2
et mainte fois, je saignais IVvarer Copiée,et j'en tirais, non du "pain
par ratiou, mais de bons morceaux dejsird et de saucisses. JËnfin, je
perdais aucune:occasit>ij^\grëîyer l'eflioyable disette où j'étais
r
ce que je pouvais lui escroquer, je le portais ennemi-blancs
lui il recevait pn -LLjuc pour prix d'une prière, c^mme il 11e
manœuvre, pciue le donneurl avait-if hfthé^ qu'il'
|daus ma bouche et remplacé par un demi^Uanc tout
t, quelque vite que l'aveugle tendit la ffntin, l'4-
l'aumônc partagée. Le mauvais Vieillard cjoi
~|u toucher que le blanc n'él)H||^eiiticri|.
^Que diable est ceci députaavec
|<les dtiiii-bliiiKs cupartivanj
donnait que des blancs et souvent des maravédis. C'est toi qu'il
faut attribuer ce malheur* i>
Pour s'en^veûger, il* vblajt sur lés prières, et n'eu disait que la
moitié, car'iV m'avait chargé dé lé tirer par ie mauteau dès que celui
qui le faisait prier s'éioignaif-XJobéissais exactement, et tout, ap^gi**
tôt il se mettait crier: «'Qui est-ce qui vent telle ou telle oraison?)»
comme ils ont coutume de dire.
Quand noys dînions, il avait l'haL tude de mettre à-côté de luLun
pot de vin- Çùe je preçais vite pour lu^bnner tout bas une paire de
baisers, el! que je' remettais sa place; la dura peu, parce qu'il
s'aperçut du déchet aux nombres de gorgées qui restaient.
Pour mettre son vin l'abri, il ne lâchait plus le pot, et*le tenait
toujours par l'anse. Mais il n'y a pas de pierre d'aimant qui attire
mieux le fer .qu je" n'attirais le vin avec une longue paille de seigle
que j'enfbnçais dans le pot, et par laquelle je suçais tout mon aise.
Le Iraïlre fut encore assez fin pour, me deviner, car il changea toutr
à-coup d'avis; il prenait le pot-entre sesjaçybes e.t ie^fcferait avec la
main, sur de boire en paix de cette manière^ .Comme m'étais fait
au vin, j'enrageais de m'en passer. Voyant donc que l'invention de
la paille ne pouvait plus servir rien, je m'avisai de faire au fond
du pot un petit trou que je bouchais soigneusement avec, une plaque
de cireîrès-miuce. Au moment (Je dîùeiyfeignant d avoii|MkLl, je
me blotissais entre les jambes de l'aveugle, tout près du^^Hre feu
jue nous avions. La ctjpeur faisait bientôt foudre la cire,"7-Fune pe-
source de yiç pêmtnçnçait me couler dans la bouche, que je
fanais de' manière donner air diable la goui^^ui se fut perdue
Qunjjftîo pàùvre aveugle voulait boire, il ne trouvait plus rien; il
setonnait, se maudissait, et donnait au diable le pot et le vin, ne
sachant ce que ce pouvait.être. Pour cette fois, maître, lui disais-
je, vous ne m'accuserez pas de le boire, car vous n'en ôtez pas les
mains. A force de manier, de retourner et de tâtonner le pot, il
découvrit la fontaine et comprit le tour; mais il ne fit pas semblant
de s'ën être ape.rçu, et, le lendemain, sans petiser au mal qui m atten
dait, sans me doutçtf que je fusse deviné, je m'assis comme de cou
tume sous mon pot-, recevant les douces gorgées qui s'en échappaient,
le visage tourné vers le ciel, et les yeux demi fermés, pour mieux
savourer letirs délices.
- v
L'aveugle sentit .que c était le moment de se venger de moi, et le
vant deux mains ce vase!doux et amer, il le laissa tomber sur ma
bouche, en aidant sa cTiùte de toutes ses forces, de façon que le
pauvre Lazaiiîle, qui. ne s'attendait rien et goûfciw saps souci,
comme l'ordinaire, la jouissance da régnî. crut vraiment que îe
ciel tout entier s'était écroulé Sur sa tête. Le coup fut tel que en
perdis corinaissahce, fil que les éclats du pot, qui se brisa sur ma fi
gure, me la déchirèrent en plusieurs endroits et me cassèrent les
dents qui me manquent encore aujourd'hui. Depuis ce moment, je
pris jçn haine le méchant aveugle, et quoiqu'il me cajolât cl me
pausât tendrement, je vis qu il se réjouissait du cruel châtiment qu'il
avait Suâgiué. Il me lava avec du vin les coupures que le pot m'aVait
faites en se brisant, et se mettant$vrireQue t'en semble, I.aza-
rille, me disait-il? ce qui t'a fait le fnal le guérit; et mille autres
gentillesses qui n'étaient point gentilles mon auij.
- (La suite du prochain/V*.)
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