FRANCE.
Variétés.
un demi-mille la ronde, on entendit une dé
tonation sourde, pas très-bruyante, mais inten
se; la base du rocher s'élendant des deux côtés
plus de 500 pieds, s'entrouvrit et en peu de
secondes, plus d'un million de tonneaux de
calcaire fut déplacé et déposé doucement dans
•Ja mer. Des acclamations saluèrent l'opération
de toutes parts cl 21 coups de canons furent
tirés. Le çoup-d'œil était réellement magnifique.
La précision des calculs de M. Cubitt avait été
admirable, et l'opération laquelle sir John
ÎHersehell assistait, épargnera la compagnie
pour plus de 10,000 livres sterling de travaux.
Espagne. Le général Seoane a adressé
au ministre de la guerre une dépêche insérée
dans la Gazette du 4. Dans cette dépêche, da
tée du 30, il signale les symptômes alarmans
que présente la population Barcelonaise sans
cesse excitée par les prédications de la presse
et des agens d insurrection. Dans la soirée du
29 des patrouilles ont été insultées en pleine
rue et harcelées par les cris Tuons-les. Il leur
était recommandé de ne pas donner sur la po
pulace, car dans l'état d'excitation où sont de
part et d'autre les esprits, une collision aurait
d'horribles conséquences. Une autre patrouille
a été accueillie coups de pierre lancées des
balcons. Les-groupes ne se dispersent qu'à l'ar
rivée du capitaine-général, quice qu il dit
dans sa dépêche va faire usage des facultés ex
traordinaires que l'état de siège lui accorde
pour reprimer les prédications des clubs et des
feuilles incendiaires. Gazette du 4.
Le régent autorise donc Antonio Seoane
user des facultés qui lui appartiennent comme
capitaine-général de l'armée de Catalogne pour
réprimer les tentatives des séditieux. [Idem
ECNkTEKIEl'M.
Le bruil courait hier soir que le ministre des
financés et le garde-des-sceaux veulent sortir du
ministère. M. Guizot a eu beaucoup de peine
depuis quelque temps retenir dans son cabinet
MM. Lacave-Laplagne et Martin, du Nord, qui
sont, comme 011 saiten dissidence complète
avec le ministre dirigeant sur un grand nombre
de questions.
Nous remarquons que M. le maréchal
Souit. qui était toujours prêt jadis abandonner
le ministère chaque usurpation faite par M.
Guizot sur les prérogatives de la présidence du
conseil, laisse M. Guizot diriger maintenant
toutes les affaires dans l'intérieur même du mi
nistère de la guerre, sans paraître s'en embar
rasser le moins du monde. Il faut avant tout
M.Soult le titre de président du conseil. Il paraît
que le reste lui est peu près indifférent.
Il n'est plus question de rupture ouverte
avec l'Espagne, ou plutôt celle que le cabinef,
des Tuileries paraît méditer est simplement unj?
rupture diplomatique. Lés personnes les mieux
informées disent qu'en cas de refus de répara-
lion de la part du gouvernement d'Espartero
on se bornera rappeler M. Louis Decazeds qui
est un jeune homme de 25 ansquigrâce ajr
bruit que fait son nom dans les journaux, aura
de l'avancement. Il n'adviendra donc aucpne,
autre chose qu'une interruption des rappqrts
diplomatiques. i-
Le cabinet des Tuileries parle ce sujet de
s'entendre avec les grandes puissances qui n'ont
point encore retenu le gouvernement actuel de
l'Espagne. On allendra ainsi l'époque de |a ma
jorité d'Isabelle 11et l'on compte pouvoir re
prendre celte époque les projets de mariage
qui n'ont jamais été abandonnés entièrement.
Ce plan de conduite est, dit-on concerté ïtvec
Marie-Christine qui se rend régulièrement cha
que semaine plusieurs fois aux Tuileries, y passe
une grande partie de la soirée et ne retourne
son hôtel de la ruedeCourcellesque vers minuit'.
Une lettre particulière de Barcelone, re
présente l'exaspération de& esprits comme aug
mentant tous les jours. On craint chaque
instant une explosion.
C'est le 30 janvier dernier que la frégate
la Cléopcître., est partie de Brest pour la Chine,
ayant bord 3 missionnaires qu'elle déposera
Macao de là ils se dirigeront vers les missions
auxquelles ils sont destinés; la Cléopâtre est
destinée recueillir des renseignements en
Chine, afin de guider son retour les armateurs
français qui voudraient ouvrir des relations avec
la Chine.
11 est décidé que le mariage de la prin
cesse Clémentine aura lieu Fontainebleau quel
ques jours après, la fêle du roi.
On n'a encore aucun nouveau renseigne
ment sur la réponse que le cabinet espagnol
devra faire la note que M. Guizot a envoyée
en forme d'ultimatum. On assure que celle ré
ponse ne pourra pas arriver Paris avant jeudi
prochain 9 février, en supposant que le cabinet
espagnol l'envoie par retour du courrier.
Un journal prétend que le ministère, a
^l'occasion de la discussion de l'adresse, a nommé
ifn grand nombre de députés chevaliers et offi-
"ciers de la Légion d'Honneur.
Quelques journaux parlent ce matin de
la retraite immédiate d'une partie du ministère,
d'autres vont jusqu'à dire que M. Guizot lui-
même est décidé abandonner la partie, nous
croyons devoir faire une légère rectification
ces rumeurs. M. Guizot n'est pas un homme
reconnaître qu'il n'a plus la confiance des deux
chambres du parlement tant qu'un vote solennel
ne le renverra pas forcémentil trouvera lo'u-
jours moyen de déclarer que lui seul peut faire
les affaires du pays, cependant il n'en est pas
moins vrai que sa position au pouvoir est deve
nue plus précaire que jamais par suite de l^ad--
jonction de M. l'amiral Roussin et des démentis
qui ont été adressés du haut de la tribune an
glaise. La nomination de M. Taillandier dans
le 3e arrondissement a été en outre un échec
qui aura pour elîet d'augmenter les forces mo
rales de l'opposition la chambre des députés.
11 est certain que le cabinet loin de s'être raffer
mi au pouvoir par le vote de l'adresse, est plus
chancelant que jamais. te cru devoir retarder
la présentation des fonds secrets, il n'ignore pas
qu'il aura très-prochainement répondre de
très-vives interpellations la chambre des pairs.
On lui demandera s'il entend expliquer les re-
commanda lions comme la presse anglaise lui en
prêle l'intention, et s'il ne considère le parq-
graphè sur le droit de visite que comme un vœu
auquel fTeifl libre de ne pas répondre.
Nos lecteurs doivent s«£rappeler*"}jurf noùs
ayôns-atinoncé dans le lemgp, l'extra'dilitfnVl'une
religieuse du couvent de Moorslede, accusée de
leqtative d'empoisonnement sur fa-personne de
son mari;
Voici Le compte-rendu Me ce drame judiciaire
la cour d'assises du'^s-de-Calais. Reine-Sophie
Voelpoet se présenta chez moi, enceinte, pour trou
ver une place de donîïsliquc. Votre état ne me
permet guère que je vous place, lui dis-je; revenez,
vos couches faites, et nous en parlerons. Cette
femme me plut beaucoup. Je lui fis des propositions"
de mariage qu'elle accepta. C'est de là que datent
tous mes malheurs. Ma première femme n'était pas
morte de trois mois que j'épousais Reine Volpoel.
Après trois jours de mariage, elle m'abandonna. Ce
pendant je la revis; Un jour je la surpris eu flagrant
délit d'adultère, avec un réfugié hollandais. M'a foi
ces choses 11e sont guère agréables Je courus préci
pitamment chez un boucher voisin, où je pris un
instrument tranchant, et. si'ce réfugié, qui se per
mettait de me remplacer, ne s'était pas enfui, je leur
coupais la tête, ni plus ni moins.Ma lemme n'a pas
une conduite exemplaire, je pourrais vous nommer
tous ses amans.
M. le président: Nous ne voulons pas savoir les
noms.
M. Bon: Moi je les sais,bien, et je vous jure qu'il
u'en manque pas. Ma femme était disparue depuis
i833; ma foi, je necroyais pas lui devoir une fidélité
éternelle: j'eus plusieurs maîtresses. On m'annonça
la mort d'Eugénie Volpoet; je répondis: Eh bien
qu'on l'enterre, cela ne me regarde pas. Mais pas
du tout, je me croyais débarrassé, il n'en était rien.
Au mois de mai iîi'i2, une femme habillée en reli
gieuse me fait appeler au cabaret de la Chaloupe.
Me reconnaissez-vous? dit-elle. Pas le moins
du monde, et je n'ai que faire de vous. Je suis
votre femme. Ah vous n'êtes donc pas morte?
Eli bien! Dieu vous bénisse et vous conduise partout
ailleurs que chez moi. J'aimais cette femme; ses
caresses m'adoucirent; je l'amène chez moi. «Je
voudrais, m'y dit-elle, un acte qui déclarât que je
ne'suis pas votre femme.
Il faut vous dire que notre mariage n'était célé
bré qu'à l'état civil, et que cette femme, croyant la
consécration religieuse nécessaire, s'imaginait n'être
pas engagée d'un lien indissoluble. «Pourquoi laire,
lui dis-je, une déclaration semblable? vous savez
assez bien vous y prendre pour plaire aux réfugiés
hollandais ou autres, sans qu'il soit besoin que je
prête les mains vos plaisirs et mon déshonneur.
Ah! que vous me jugez mal! je veux entrer au
couvent, ine repentir et vous débarrasser de moi.
Soit L je signe des deux mains. Vous resterez donc au
couvent? Oui. J'y souscris de bon cœur. Je
vous croyais" incapable d'une bonne idée, je suis dé
trompé. J'oubliais de dire que, pour me faire con
sentir, elle m'offrit i5ofrancs que j'ai acceptés, mais
qu'elle 11e m'a pas payés. Le vicaire Delallre écrivit
l'acte suivant que j'ai signé
Je soussigné Pierre-Martin B011 déclare renoncer
tous droits-de cohabitation, sur Reine-Eugénie
Volpoet, ma femme, aussi longtemps qu'elle restera
atl couvent. Signé: Pierre-Martin Box.
Cela ne lui suffit pas; je la croyais partie; le 3
juillet 18+2, elle vint me trouver a Duiikerque. J'a
vais oublié de dire que sa mauvaise conduite publi
que. ayant fjjjïj de moi a Sàint-Omer un jouet pour
chacun, je crus devo^-jfpntter celte ville pour venir
habiter Duhkerquè, où:je sim.loin d'avoir reconquis
la placé honorable que j'Occupais dans la société dè
Sâîiit-0mer..Elle revint;do'uc, et me dit Mon-
éeiguèur l'évêque a pub.iié'de nouveaux règlements,
él je" nè 'pourrais -pas entrer en .-.communauté reli
gieuse si vous ne déclafez que je rie vous appartiens
.jforqùoi que ce soi t.'"
V Vous plaisantez, mit fiqn'ne, lui dis-je; l'auto-
ritétle Mgr l'évêq'ue ine" pâçàît fort avenl urée. Vous
d'empoisonner son "luari^v '-
Ail liati'c' de la défensé'sorjC. a s':,! s M" Debncker 'et
'Gliédieu. Le fauteuil dù miJiistère public est occupé
par M. Pouillaude dè Carnier-es, substitut du procu
reur-général. -
Après la lecture de l'arrêt de renvoi et de l'acle
d'acbùsation, op passe l'audition des témoins.
M. Bon; époux de l'accusée, est introduit.
M. le président. L'article 322 du Code d'iustruc-
tioti criminelle s'opposaut ce que ce témoin dépose
sous la foi du serment, nous l'entendrons titre de
renseignement. Veuillez, M. Bon, afin de suivre un
prdre chronologique, qui rendra plus claire votre
déposition commencer par les premières années de
votre mariage, et arriver ensuite au jour où vous
faillites être la victime d'un empoisonnement.
«Je me nomme Pierre-Martin Bon." E11 ifii.2 j'ha
bitai» Saint-rGmer, je tenais un bureau de placement
de domestiques gage; Je remplissais aussi les fonc
tions d'interprète juré pouf ta langue flamande près
une petite bouteille. -Pourquoi faire dit celle-ci.
Pour mettre une liqueur nettoyer le cuivre.
On se sert de tripoli pour ce que vous dites, et cela
se met dons du papier.. D'ailleurs vous etes logee la.
Chaloupe Royale, et si yow&éùez votre ménage, 1e
Concevrais cela;- mais au cabaret vous n'en avez nul
besoin. La Volpoet ne répondit pas et sortit. Elle
revint me voir, et nous finies ensemble une prome
nade sur les bords de la mer. Elle n'était plus vêtue
en religieuse, mais avait au contraire des vêtements
assez riches,au-dessus de.notre condition. Je ne crus
plus guère au couvent' Le long de l'estacade ou nous
nous promenâmes, j'étais entre elle et la nier. Elle
me demanda plusieurs "reprises «Y a-t-il assez
d'eau pour noyer un homme? m Et sur ma réponse
négative elle dit Allons plujf loin. Je 11e voulus
pas aller jusqu'au bout de la jetée; nous tournâmes
dans les dunes, Àh me dit-elle, ce serast'urt grand