JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 2e ANNÉE. N° 195. DIMANCHE, 12 MARS 1843. INTERIEUR. FEUILLETON. On s'abonne Ypres rue du Temple, 6, et chez tous les per cepteurs des postes du royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT par trimestre. Pour Ypresfr. 5-00 Pour les autres localités 6-00 Prix d'un numéro 0-25 Tout ce qui concerne la ré daction doit être adressé, franco, l'éditeur du journal, Ypres. - Le Progrès paraît le Dimanche et le Jeudi de chaque semaine. PRIX DES INSERTIONS. Quinze centimes pat» ligna. YPRES, le il mars. Ce que nous avions prévu, est arrivé. Des in terpellations ont été adressées M. Nolhomb, pour lui demander de mettre sur le bureau de la chambre, une liste de tous les bourgmestres nommés en dehors du conseil, ainsi que les noms des anciens bourgmestres, qui n'ont pas été continués dans leurs fonctions. M. Nothomb avait promis, pendant la discus sion de la loi qui accordait au gouvernement, le droit de choisir ces fonctionnaires en dehors du conseil.de donner tous les renseignements pos sibles la première interpellation. Voici les pa roles du ministre LegVuvernement est d'ail- leurs responsableil sera tenu la moindre interpellation devant cette chambre, de dire pourquoi tel ou tel bourgmestre a été choisi en dehors du conseil. On aurait pu croire que, d'après cette pro messe, M. Nothomb se serait empressé de faire moins que ce qu'il avait promis, puisqu'on ne lui demandait que les noms, tandis qu'il est tenu de dire les motifs pour lesquels cette no mination aurait eu lieu. Au grand ébahissement de tous ceux qui ne savent pas encore, ce que vaut une promesse de M. Nolhomb, il a refusé. Et pourquoi? Parce qu'il y voit les plus grands inconvénients. Nous croyons sans peine que la production de cette liste aurait les plus grands inconvénients pour lui, M. Nothomb. Quand on a fait la&hambre des promesses qu'on ne veut pas exécuter, afin de parvenir armer le pouvoir d'une loi impopu laire, quand surtout on a abusé de cette loi, pour assouvir les passions haineuses d'un parti, il est certain que la publicité des actes dûs de» inspirations aussi élevées, doit offrir des graves inconvénients pour le pouvoir. Quand il s'agissait de conférer au ministère une prérogative dangereuse pour la tranquillité du pays, on a fait des promesses de toute es pèce. Alors on faisait bon marché de la dignité du gouvernement, on ne craignait pas d'attirer dans la chambre des questions administrati ves. Qu'on nous vote la loi, disait le ministère au nom du parti qui le menait, et nous vous promettons tout ce qu'il vous plaira mais par forme de commentaire jésuitique, les initiés ajoutaient tout bas promesses que nous n'ac complir o ns jamais Enfin M. Nolhomb a refusé net, il faut en convenir. Il n'entre pas dans ses intentions de remplir des engagements pris une autre épo que. Tout est fini, on a emporté la loi réac tionnaire l'aide de promesses fallacieuses. Mais devons-nous en être étonnés Qu'on nous cite un engagement que M. Nolhomb n'ait pas violé, une promesse qu'il n'ait pas éludée. La profession de foi du cabinet son avènement, n'était-ce pas une déclaration hypocrite et mensongère? Enfin toute la gestion cL' M. Nothomb n'a été jusqu'ici, qu'une guerre sourde et astucieuse de la part du cabinet et du parti clérical, contre le pays qu'on s'apprête dépouiller petit bruit et en le trompant sur les manigances de nos ennemis politiques, des libertés que lui ga rantit la Constitution. Il est un engagement cependant et nous au rions tort de le nier, que le ministre de l'intérieur remplit avec exactitude et humilité, c'est d'être l'homme-lige du clergé. Son existence en dépend, et depuis longlempsM. Nothomb, pour occuper un fauteuil ministériela immolé ses antécé dents et ses litres l'estimé publique. Mais le minisire de l'intérieur n'a pas posé uil aussi grand act& de courage, qu'on pourrait le croire, en refusant si brutalement la cômmuni-, cation demandée. N'a-t-il pas pour soutien la majorité cléricale? N'est-ce pas dans l'intérêt de sa réélection qu'il a manié* la pâte électorale et opéré ces déplacements des chefs des commu- nes Nous en sommes certains, un dédaigneux or dre du jour sera la seule réponse qu'on donnera ceux qui auront compté les promesses de M. Nothomb etdu parti clérical pour quelquechose. Mais l'opinion publique qu'on a trompé si in dignement, elle, qui comptait au moins peser les motifs graves qui, aux yeux du pouvoir, avaient nécessité la destitution de tant de bourg mestres et la nomination de tant d'autres en dehors du conseil, qu'en pensera-t-elle Aura- t—elle lieu d'être satisfaite de voir ses vœux méprisés avec tant d impudeur, par un ministre amlDilieux et inféodé au parti qui ne rêve que la destruction des libertés les plus chères la Belgique. Il paraît que le ministre Nolhomb n'aura pas gagné grand'ebose en refusant la liste des bourg mestres nommés en dehors du conseil. Quelques députés indignés de ce manque tfè foise sont constitués en comité et feront les recherches nécessaires pour parvenir connaître les raisons secrètes ou publiques, qui ont motivé les actes du ministère. La Belgique n'est ni si grande, ni si étendue, qu'on ne puisse, l'aide de quelque travail, se procurer ces renseignements. Alors on pourra s'il y a lieu déchirer le masque de ce ministre, quipour plaire ses patronsrenie les promesses faites par lui au pays. Alors on pourra reprocher publiquement au pouvoiret au parti clérical, les abus commis l'aide de celte loi anti-communale. Si nous en croyons nos prévisions, les révélations les plus inattendues se feront jour et démontreront que tous ces remaniements n'ont eu lieu, qu'en vue des élections prochaines. ,-^ni Dans notre numéro du 1B du mois passé nous avons rendu compte d'un procès grave, qui se trouvait porté devant le tribunal de cette ville. Il s'agissait d'un industriel qui se plaignait d'avoir été mal traité par des médecins de cette ville eten vertu de l'article 13B2 et suivants du code civil, demandait des dommages-inté rêts pour n'avoir pas été guéri par les hommes de l'art qu'il avait appelés. 2j2'ÏS'ÏSG12 IV. une épreuve. (iSulft.) Plusieurs jours se passèrent. IJne fois en rentrant chez moi, vers tiois heures, je fus surpris de voir la porte de l'appartement toute grande ouverte. Je regardai: personne dans la première cham bre, personne dans la seconde, et partout un silence effrayant. Je pénétrai dans la dernière pièce, et là je vis évanouie sur son lit de souffrances une jeune fille dont les traits étaient altérés par la mala die, mais qui avait dû être bien belle quand elle était heureuse. Moi, d'abord, je ne consultai qu'un premier mouvement de pitié, replaçai sur l'oreiller sa téte qui penchait hors du lit; je lui fis res pirer un flacon de sels qui était sur la cheminée et je cherchai la ramener. Quand elle ouviil les yeux, je fus honteux de me trouver ainsi seul avec une jeune femme; je lui présentai mes «fltcuses et je me retirai précipitamment. La portière, que j'interrogeai, me dit que le jour même sa domestique l avait quittée. Sans m informer quelles étaient ses ressources, je fus chercher et je ramenai une, arde-malade pour la veiller. Heureusement il y avait de l'or chez elle. Mademoiselle Fanny Dumesnîl, o'est son nom, j'avais oublié de vous le dire... Jules se leva, et Ternisien, interrompant son récit le vit pâle, dé fait, le visage baigné de larmes; il regarda Mme Yalabert, et elle était tremblante, et une douleur profonde se peignait sur son visage. Jules s'approcha d'elle, il lui prit la ràain et lui dit te Adèle, mes pleurs, qui coulent malgré moi, sont une ollense pour vous. Sortez, sortez, je vous en prie, et pardonnez-moi. Elle baissa la tète et répondit voix basse, mais avec l'accent énergique du désespoir Ah! je savais bien que vous l'aimiez toujours! Ternisien s'était levé de son côté, tout interdit, et quand il fut seul'aveo Jules il ne savait plus, après la scène qui venait de se passer, s'il devait se taire ou continuer. Mais Yalabert, libre enfin de la contrainte qu'il s'était imposée, reviut vers lui Elle est morte, n'est-ce pas? s'écria-t-il. Oui. Et son enfant Mort aussi quelque temps avant sa mère. Mais cumulent savez-vous Je le sais qu'importe -h Et on lavait calomniée? Oui. Qui vous l'a dit - Elle, et une preuve irrécusable. Qu'elle est-elle? Écoutez. Plusieurs fois par jour je m'informais de sa sauté. Son agouie fut longue, et j'eus le temps de gagner sa confiance. Je passai les jours et les nuits au chevet de son lit; je la soignai comme aurait fait un père. Elle me raconta son histoire elle me dit que la veille du jour fixé pour son m a ri âgé, son amant était entré chez elle, fu rieux, égaré; qu'il l'avait accusée sur la foi d'une lettre anonyme qu'elle me fit lire. Jugez de mou trouble quand je reconnus mot pour mot la lettre qu'on m'avait fait écrire. Elle me jura que, malgré toutes les apparences qui la condamnaient, elle était innocente; et moi qui avais un tort involontaire répàrer, je la pressai de me dire le nom de celui qu'une infâme dénonciation avait trompé et qui pouvait encore reconnaître son erreur. Mais elle s'y refusa constam ment J'aurais voulu, me disait-elle, que le coup qui m'a frappée eût été reculé de quelques mois; j'aurais voulu que mon enfant sortit vivant de mes entrailles, et alors j'aurais pu encore imjSlorejr pour -lui la pitié de son père; mais maintenant je suis seule et je vais

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