JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
2" ANNÉE. N° 196.
INTERIEUR.
FEUILLETON.
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JEUDI, 16 MARS 1843.
YPRES, le 15 Mars.
Aux yeux de quelques représentants catholi
ques, l'omnipotence de leur parti parait si bien
établie, que rien ne leur paraît sacré. Les déci
sions les plus impartiales des tribunaux les bles
sent au vif, dès qu'elles ont pour but de rendre
justice des intérêts opposés ceux du parti
clérical.
Dans une des dernières séances de la Cham
bre, nous avons vu M. Dumorlier porter le
scandale son comble, et se permeltre en sa
qualité de représentant, de soutenir que l'état
ne peut être atteint devant les tribunaux.
Nous ne devons pas trop nous étonner de celte
sortie inconvenante de M. Dumortier. II s'agis
sait de rendre justice deux commissaires aux
recherches, nommés par l'ancien gouvernement
pour découvrir les biens domaniaux qui avaient
été célés. Ces commissaires ont dû, pour rem
plir leur mission, faire des grandes dépenses, et
quand ils étaient la veille de récolter les fruits
de leurs investigations, la révolution a éclaté
et une des premières mesures du gouvernement
provisoire a été d'arrêter toutes les poursuites
commencées contre les individus qui étaient
sur le point de devenir propriétaire l'aide de
la prescription trenlenaire, de biens immenses
auxquels ils n'avaient atiqpn droit.
Mais ces personnes qui avaient trouvé ce
moyen commode de s'enrichir, étaient et sont
encore puissantes. Le clergé surtout, avait eu
souvent des démêlés avec ces commissaires qui
impitoyablement faisaient retourner au domaine
tous les biens qui, l'époque des troubles révo
lutionnaires, avaient été célés. Inde irœ.
Quand le ministère présenta la Chambre
un projet de loi qui ouvrait un crédit de 250T
mille francs, pour payer les dommages-intérêts
dûs aux commissaires, M. Dumortier a soutenu
que la cour d'appel avait mal jugé. La passion
l'a entraîné jusqu'à attaquer la légitimité d'ar
rêts souverainement rendus.
Un autre orateur, qui n'aime la justice que
pour autant probablement, qu'elle ne blesse pas
les intérêts de son parti, est venu en aide M.
Dumorlier, et ces deux représentants ont donné
la nation l'exemple immoral et subversif de
tout ordre établi, du mépris de l'autorité de la
chose jugée.
On se rappelle que dans la séance du conseil
communal du vingt janvier dernier, il a été
donné lecture d'une lettre signée par le clergé
de la ville et les membres des deux administra-
lions charitables, pour prier le conseil de jeter
les yeux sur l'insuffisance de l'instruction pri
maire gratuite Ypres.
Une commission avait été nommée, pour en
tendre les propositions des signataires de la
lettre adressée au consei! et de lui en faire un
rapport.
Cette commission s'est assemblée vendredi
dernier. Tous les membres étaient d'accord
pour reconnaître la nécessité de l'érection d'une
école gratuite journalière en faveur des enfants
de la classe indigente. Le clergé de la ville re
présenté par les curés des quatre paroisses, a
émis'l'avis de confier la direction de la nouvelle
école, des Frères de la doctrine chrétienne. La
commission, sans émettre aucune opinion, a
déclaré qu'elle soumettrait cette proposition au
Conseil.
VILLE D'YPRES. conseil communal.
Séance publique du Samedi18 de ce mois, 4 heures
de l'après-midi.
ORDIIE DU JOUR
1° Approbation du cahier des charges pour
la location de la maison située sur la Plaine
dséxercice et de deux parcelles de terres sises
au même endroit.
(Suite.)
y.
le dessous de cartes.
Il y avait peine dix minutes que Ternisien était rentré chez lui,
lorsqu'on frappa doucement la porte de sa chambre. Ce bruit l'in
terrompit dans les recherches auxquelles il se livrait pour retrouver,
au milieu d'une liasse de vieux papiers, l'autographe que le lende
main il devait donner Jules Valabert. Mais comme il n'attendait
aucune visite et que dans sa préoccupation il n'avait pas entendu l'in
stant d'auparavant refermer la porte de la rue, il crut d'abord que
c'était le vent qui poussait dans l'escalier quelque fenêtre ouverte, et
il reprit son travail.'Une minute s'écoula il lui sembla alors distin
guer un frottement sourd qui montait et descendait le long du pan
neau de la porte, comme celui d'une main cherchanL dans l'obscurité
rencontrer le oordon de sa sonnette. Or, une sonnette était un
meuble inconnu dans le ménage de Ternisien on se décida frapper
une seconde fqis d'une manière plus ferme et plus accentuée que la
première.
Qui est là et que me veut-on? demanda Ternisien.
Il 11e reçut pas de réponse, mais on frappa de nouveau.
Revenez démain, dit le bonhomme, inquiet d'une pareille in
sistance et craignant,..s'il ouvrait, de devenir victime de quelque
guet-à-pens; revenez demain, je suis couché et je n'ai pas de lumière.»
Malheureusement la chandelle, dont on apercevait la clarté tra
vers les fentes de la porte, donnait un démenti celte assertion.
Ouvrez de grâce lui dit une voix douce et tremblante; ouvrez,
vous n'avez rien redouter de la personne qui vous prie. Ne recon
naissez-vous pas qui vous parle
Ternisien se décida ouvrir.
Une femme voilée entra précipitamment. Elle paraissait en proie
une vive agitation, et lorsqu'elle releva son voile pour respirer plus
l'aise, le vieux professeur laissa échapper une exclamation de sur
prise la vue du changement qui depuis quelques heures seulement
avait bouleversé ses traits.
<1 Fermez la porte, dit-elle.
Avant d'obéir Ternisien regarda sur l'escalier.
Seule "Vous êtes seule, madame
Personne ne sait et ne doit savoir ma présence chez Vous .'-Si
jamais on vous interroge, monsieur, jurez-moi que vous ne direz pas
que je suis venue.
Madame^ répondit Ternisien, de plus eïi plus surpris et de cette
2" Demande du sieur Cardinael pour obtenir
bail long terme, un terrain attenant la
digue de l'étang de Dickebusch I effet d y
construire un cabaret.
3° Demande de fonds pour la reconstruction
des maisons en bois du sieur Van Doorne.
4° Décision prendre sur la réclamation de
M. De Moucheron, pour la liquidation d'une
créance qui lui serait dûe par la ville.
5° Vérification des droits pareille liquidation
de MM. De Gheus et De Robiano.
6° Arrêt définitif du plan intérieur du Palais
de Justice.
7° Rapport de la commission chargée de
s'aboucher avec les administrateurs des établis
sements charitables et les curésau sujet do
l'instruction primaire gratuite.
8° Communication au sujet de l'érection
d'une école primaire supérieure.
iT-vnrjQim
Le concert au bénéfice des pauvres, donné
sous les auspices de la Société de la Concorde,
a attiré dimanche dernier un auditoire nombreux
et choisi. Tous les dileltanti de notre ville pa
raissaient s'y être donné rendez-vous.
Les jolies toilettes des dames les riches uni
formes des officiers de notre garnison, qui assis
taient en grand nombre celle soirée musicale,
offraient un coup d'oeil délicieux et varié.
Le concert a marché avec un ensemble par
fait et les morceaux exécutés ont obtenu tour
tour les applaudissements les plus vifs et les
mieux mérités.
Entreprendre de chanter des chœurs était
pour ainsi dire une innovation Ypres. Cet es
sai a été un véritable triomphe.
Nous désirerions pouvoir citer ici les noms
des dames et des amateurs qui, par leurs talents
ont si puissamment contribué au succès de ce",
œuvre philanlropique. Mais nous craignons de
blesser leur modestie, en leur donnant des élo-
visite et du mystère que cette femme y mettait; madame je n'aime
pas m'engager ainsi par des serments qu'il est quelquefois dilbcile
et pénible de tenir. Je vous donnerai la parole que vous me deman
dez, quand vous aurez eu la bonté de m'expliquer quel motif vous
amène chez moi.
- Je conçois votre prudence; mais soyez sans crainte: la discré
tion que j'exige est beaucoup plus nécessaire pour moi que pour
vous. Vous en serez juge.
Elle porta les yeux autour d'elle, et, après quelques secondes de
silence, elle ajouta
Il faut parler voix basse, n'est-ce pas; ou peut entendre côté
ce qui se dit ici.
Oui, madame; c'est de celte chambre même que, sans cherché
écouter, j'ai entendu les gémissemeuls étoufî'és de la malheureuse
Fanny. Vous n'étiez plus là, madame, quand j'ai achevé de raconter
votre mari cette triste histoire...
Oui, oui, interrompit-elle d'une voix brève et saccadée, celte
Fanny est morte, je le sais.
Après mon départ, M. Valabert a donc eu le temps de vous
instruire?....
Je ne l'ai pas revu.
i
Ignore-l-i 1 aussi que vous êtes venue me trouver?